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Chapitre 6

    Les grognements se réverbérèrent parmi les nombreux creux et murs que comportaient ces longs couloirs de roche. Un créature approchait et, pendant un instant, tous s'attendirent à retrouver les chiens qui les avaient attaqués précédemment. Impossible, ils s'étaient avancés bien trop profondément dans ce dédale inconnu des habitants de la Caverne. L'étaient-ils vraiment ? Quelqu'un aurait-il finalement pu explorer ses couloirs sans en avertir les anciens ? L'instant n'étaient pas à la réflexion, il leur fallait fuir au plus vite. Dans la lumière constante et laiteuse se détachait une créature énorme, bien plus grosse que les pauvres canidés. Un bête poilue dont la gueule aux crocs acérés bavait tandis que ses yeux globuleux fixaient leurs nouvelles victimes avec une rage que Ergo avait déjà eu l'occasion de contempler par le passé. Ses craintes se confirmèrent quand il constata les lambeaux de peau pourrie laissant apercevoir une chaire putride et insane de ce qui était autrefois un ours.

    Sophie poussa un cri d'horreur, elle tentait tant bien que mal de faire se redresser son amie, mais il n'y avait plus le temps pour la délicatesse. Même Zéro portait de grands yeux hagards face à la bête qui le dépassait de plusieurs têtes lorsqu'il rugît du haut de ses pattes arrières. Ergo souleva la gamine sans aucune retenue. Soit elle bougeait, soit elle mourait déchiquetée par la créature.

— Courez ! ordonna le chef en suivant lui-même son ordre.

    La logique aurait voulu que le groupe restât sur place face à la créature dans l'espoir de lui montrer qu'ils ne représentaient pas une menace, courir ne faisait que confirmer leur statut de proie. Mais ce monstre changé n'avait plus rien de l'animal qu'il put être autrefois. Pour un changé, animal ou humain, plus rien ne comptait que cette rage aveugle, seul réaction logique à laquelle le cerveau pouvait adhérer face à toute la souffrance qu'ils enduraient. Rester sur place signait leur arrêt de mort, courir signait leur arrêt de mort. La créature les rattraperait sans effort et le dédale ne semblait pas avoir de fin.

    Pourtant, il leur semblait apercevoir un léger changement dans l'aura habituel de la grotte, quelque chose de plus diffus, de plus clair, comme si la lumière se faisait plus insistance à la fin fin du couloir. Le groupe se fixa sur cet objectif. Ergo supportait une Maelys à bout de souffle en tête de cortège, Sophie suivait derrière tandis que Zéro ralentissait l'allure pour rester en arrière. Cet homme avait beau être une brute irréfléchie, il savait que si la bête l'attrapait en premier, ses camarades gagneraient un peu de temps qui se révèlerait peut-être salvateur.

    Une silhouette se détacha dans le lointain, puis une deuxième et ergo sentit vibrer l'air près de lui. Un trait rapide fendit l'air, faisant tressauter une mèche de cheveux. Pris de surprise, son cerveau lui envoya une impulsion qui lui paru la seule logique, il se jeta à terre, emportant Maelys et Sophie dans sa course. Zéro ne tarda pas à les rejoindre alors que leurs oreilles vibraient toujours des sifflements aigus que produisaient les flèches envoyées en rafales. La bête grogna, un râle caverneux, le dernier qu'elle poussa avant de s'effondrer. Son corps massif émit une secousse alors qu'il s'écroula, maintenant allongé aux cotés du petit groupe dont l'adrénaline ne cessait d'affluer dans leurs veines. Ils ne comprirent réellement ce qu'il venait de se passer que lorsqu'ils aperçurent cinq arcs pointés sur leurs corps. Un morceau de tissu noué cachait la têtes et une partie du visage de leurs propriétaires, mais cela n'empêchait pas d'entendre la voix grave et quelque peu éraillée de la première personne qui se tenait devant eux.

— Est-ce que ça va ? demanda-t-elle en fixant Maelys du regard.

— Ca va, débuta Ergo, les mains levées. On a...

— C'est aux jeunes filles que je posait la question, trancha la voix sans ménagement.

    Ergo aperçut alors avec plus de précision vers qui pointaient ces flèches acérées. Les cinq arcs bandés étaient prêt à être lâchés, et leur flèches atterriraient directement dans son cœur et celui de Zéro. Elles ne visaient qu'eux, les deux gamines semblaient ne pas subir le même traitement. Ce fut alors qu'il détailla plus avant les cinq personnages. Si leurs tenues amples ne laissaient rien paraître, leurs regards doux, leurs tailles et la force légèrement gracieuse avec laquelle ils bandaient leurs arcs... Ergo en vint à se demander s'ils n'avaient pas à faire à cinq femmes. Leur méfiance envers deux hommes accompagnant deux jeunes filles dans les dédales méconnus n'en devint que plus évidente. Finalement, Sophie prit la paroles lorsqu'elle saisit à son tour vers qui la menace se dirigeait.

— Nous allons bien, assura-t-elle avec tout l'entrain dont elle se sentait capable malgré la fatigue et le manque évident de soleil qui sapait son énergie depuis plusieurs jours. Elle... Je crois qu'elle a fait une crise, mais ça à l'air de s'améliorer.

    Sa main reposait sur les épaules de Maelys dont la poitrine se soulevait à présent de manière plus régulière. Elle finit par acquiescer mollement, retrouvant peu à peu la maîtrise de son corps. 

— Et eux ? demanda à nouveaux la femme à la voix rocailleuse en pointant à nouveaux les deux hommes.

— Ils sont avec nous, répondit rapidement Sophie, ils nous accompagne pour nous amener à la Cave.

— Drôle d'itinéraire, rétorqua l'une des archères à leur droite. 

    La menace se fit plus intense.

— On a eu un accident ! renchérit-elle en se redressant.

    La peur de voir l'un de ses camarades transpercé par une flèche la faisait réagir. Bien qu'elle n'eût pas particulièrement de sentiment pour les deux hommes qui les accompagnaient pour de l'argent, elle n'oubliait toutefois pas qu'ils avaient sauvés leurs vies à deux reprises. S'ils n'avaient pas été là, elles se seraient probablement perdu dès leur arrivée dans cette grotte infâme.

— Nous nous sommes fait attaquer par une meute de chiens enragés, reprit la jeune fille, il y a eu un tremblement de terre et le sol s'est dérobé sous nos pieds... Nous avons atterris ici sans vraiment savoir où aller...

— Des sans âmes ?

    Sophie lança un regard interrogatif à ses camarades, ne sachant pas vraiment que répondre.

— Non... assura Ergo.

    Sans en avoir la certitude, le chef des Taupes déduisit qu'il devait s'agir de Changé. Il trouvait néanmoins étrange qu'un autre terme fût utilisé, celui-ci était particulièrement commun et ancré pour tous les habitants aux alentours de la Caverne.

    Il fallut quelques temps avant que la tension sur les cordes ne s'estompât, et que les flèches se dirigeassent lentement vers le sol. 

    D'un ordre sec et rauque, la grande femme encapuchonnée leur intima de les suivre. Les quatre compagnons purent à nouveau jouir de leur liberté de mouvement. Mais leur répit semblait bien éphémère, et libre, ils ne l'étaient sûrement pas tandis que leur chemin se poursuivait entouré de cinq archères aux intentions inconnues.

    Le chemin se poursuivit dans un silence de plomb. Bien que reconnaissantes de les avoir secourues de leur perdition, Maëlys et Sophie se sentaient à présent peu à l'aise aux cotés de ces cinq femmes aux allures de guerrières sorties d'une histoire qu'elles n'auraient sûrement pas aimé écouter. Allait-on seulement leur dire où ils étaient emmenés ? Ergo avait tenté de poser la question au début de leur trajet, mais il n'eut qu'un regard en biais pour toute réponse.

    Un  courant d'air frais semblait imprégner le couloir et tous sentirent le froid s'immiscer sous leurs vêtements. Maëlys se plut à espérer que cette fraîcheur fût le signe d'un accès vers l'extérieur, mais ses illusions se confrontait à une réalité bien présente. Pourquoi diable quelqu'un se trouverait-il dans ce dédale si un accès à l'air libre se situait réellement tout près d'ici ? encore un évènement inexplicable dans cette grotte infernale... Plus ils avançaient dans leur voyage vers l'inconnu, plus la morsure du gel se faisait sentir, enveloppante et agressive. Les deux jeunes filles s'étaient instinctivement rapprochées, bras contre bras, espérant vainement trouver un peu de chaleur qui leur manquait. Chaque respiration entraînait un nuage de buée, testament de leur température corporelle qui s'évaporait petit à petit, quand soudain, à l'approche d'un coude rocheux, une longue traînée blanchâtre immacula le sol terreux. L'incompréhension empêchait tout raisonnement logique quant à la nature de ce qu'ils voyaient. Pourtant, lorsque leurs yeux se posèrent sur le paysage qui s'offrît à eux au détour du tunnel, ils ne purent qu'être stupéfiés par le spectacle.

    Le long d'une large plaine, une neige d'un blanc brillant s'amoncelait comme une couverture immaculée. De ci de là, des arbres décharnés ressortaient tels des stalagmites, les quelques branches restantes recouvertes de neige. On pouvait apercevoir à certains endroit les trace de pas caractéristique de petits animaux s'arrêtant parfois net, signes de l'entrée d'un terrier chaud et réconfortant. Malgré la beauté atypique du paysage, l'horizon s'en trouvait entaché par ce qu'ils redoutaient le plus. Un long mur rocheux s'étendait à perte de vue et montait jusqu'à ce perdre dans la noirceur de l'obscurité.

— Qu'est-ce que c'est que ça ? s'ébahit Ergo sans détacher les yeux du paysage.

    Il ne neigeait pas souvent sur l'île de l'Oural. Le peu de fois où cela se produisait traduisait un hiver rude et difficile, s'accompagnant de nombreuses mort tragique, de faim ou de froid. Ce manteau blanc, malgré sa beauté, était souvent de mauvaise augure, et les habitant de l'Oural appréciait plus volontiers une pluie, certes froide, mais nourrissante, plutôt que cette glace recouvrant tout et ne laissant que peu de chance de survie aux plantations.

— Ne trainez pas, se contenta de répondre la guerrière à la voix rauque. Le froid vous enveloppe rapidement dans cette partie de la grotte. Nous vivons à quelques minutes d'ici, vous y trouverez de quoi vous réchauffer.

    Personne ne répondit à la question d'Ergo. Avaient-elles seulement une réponse à lui donner ? Au même titre que la lumière éternelle qui baignait la Caverne à toute heure, la neige tombait ici. C'était un fait, voilà tout.

    Sans en attendre davantage, la guerrière jeta son long manteau matelassé sur le dos des deux jeunes filles qui la remercièrent chaudement, avant de se remettre en marche.

    Cet ultime trajet ne dura en effet pas plus de dix minutes. Le groupe avait rejoint le mur latéral sur leur droite afin de le suivre sans discontinuer jusqu'à ce qui semblait être un nouveau dédale. Alors qu'elles marchaient au centre du cortège, quelque chose en chemin frappa Maëlys. Au milieu de la neige, dans ce tableau désolé d'où la vie semblait être absente, ou pour le moins cachée, poussait une marguerite aux pétales si blanches qu'elle se demanda comment elle avait pu s'apercevoir de sa présence. La fine tige d'un vert pastel semblait un fil délicat sur la neige. Ses pétales ouvertes ne supportait aucune neige, comme si quelqu'un l'en avait débarrassée où que les flocons évitait d'eux-mêmes ce petit bout de nature persistant. Elle hésita quelques instant à cueillir la fleur. La marguerite lui fit penser à sa mère pour qui c'était les fleurs préférées et dont Maëlys avait entrepris d'en couvrir la sépulture, mais elle s'en retint. Malgré ses bottes, sa robe ne lui permettait pas de résister au froid, et ses jambes commençait à perdre en vigueur, transi par ce froid mordant.

    La guerrière s'approcha et se renseigna sur la raison de cet arrêt. Maëlys s'en trouva confuse, stopper ainsi tout le cortège pour une simple fleur... Elle lui expliqua brièvement la futilité de ses pensées, assurant qu'il valait mieux reprendre la marche. Toutefois, la guerrière se baissa et piqua la délicate fleur avant de l'observer avec interrogation.

— il s'agit d'une marguerite, constata-t-elle sans s'adresser à personne en particulier.

— Ce sont les fleurs favorites de ma mère, ne put s'empêcher de préciser la jeune fille. Elle a disparu il y a plusieurs années.

    La guerrière posa ses yeux froid sur elle, et Maëlys sentit un instant un malaise s'imposer entre elle, comme si elle tentait de lire à travers son esprit. Elle ne put supporter son regard plus longtemps. Finalement, la guerrière lui tendit la fleur.

— Ta mère dis-tu ? Garde là, on ne sait jamais.

    Puis elle se remit en route, intimant sans même un son à toute la troupe la reprise de la marche jusqu'au prochain couloir de glace. 

    Le petit groupe parvint enfin à un village pittoresque aux maisons de pierre dont les toits de chaumes supportaient difficilement la neige qui s'abattait sur eux. Les bâtiments branlants s'amoncelaient autour d'une minuscule place où un puit trônait au centre. Si elle faisait abstraction des parois de la grotte tout autour, Maëlys aurait presque pu y sentir la chaleur et le charme de son village natal.

    Durant le trajet difficile où leur corps engourdis suppliaient d'obtenir un peu de repos, une fine neige poudreuse s'était mise à tomber du ciel. Tout du moins du plafond de la grotte. Pouvait on encore parler de ciel ? Maëlys balaya ces réflexions inutiles qui ne lui amenaient qu'une angoisse supplémentaire sur tout ce qu'elle était condamnée à ne jamais revoir...

    Sans ralentir le pas, les cinq archères les menèrent au centre de cette place et se dirigèrent vers l'une des maisons. Rien ne laissait supposer qu'elle pût être un bâtiment important du village. Au contraire de la tente fastueuse de l'Ancêtre à la Caverne, aucune maison ne détonnait des autres en qualité, bien que leur construction maladroite les rendait toutes uniques. Alors qu'ils atteignaient le pas de la porte, trois de leurs sauveuses ordonnèrent à Ergo et Zéro de les suivre, leurs arcs toujours en main, prête à en faire l'usage si le besoin s'en faisait ressentir. Zéro maugréait alors qu'il espérait déjà se vautrer dans un fauteuil au chaud, tandis qu'Ergo lançait un regard soupçonneux envers leurs protectrices, mais ne contesta pas. À quoi bon s'opposer ? À cinq contre deux, voire plus si d'autres guerrières de ce genre se tranchaient dans les maisons environnantes, Ergo ne donnait pas cher de leurs peaux. Il fit néanmoins un signe de tête à Maëlys et Sophie qui parurent plus inquiètes que ravies de cette séparation.

    Les deux amies suivirent leurs guides restants dans la maison. A peine entrées, un élan de chaleur à la fois lourd et salvateur les enveloppa de plein fouet. Maëlys ne put retenir un sourire de bien être tandis qu'elle et Sophie ôtaient leurs bottines trempées par la neige. La guerrière à la voix rauque demanda à sa camarade de préparer un théière afin que toutes puissent se réchauffer davantage, et les deux amis s'en trouvèrent plus rassurée lorsqu'une tasse fumante atterrit dans leurs mains endolories.

    Le petit salon ne payait pas de mine, sur l'un des côtés une vaste cheminée faisait craquer un bois sombre qui chauffait une marmite en cuivre. Son pourtour de pierre affichait quelques clous d'où pendaient casseroles usées et légumes en tout genre. Il n'en fallut pas plus pour lui mettre l'eau à la bouche. Non loin d'elle, un lourd buffet occupait la majeur partie du mur opposé sur lequel un petit animal empaillé semblait l'observer. Un lapin. Maëlys eut un pincement au cœur. Elle mangeait du lapin, bien sûr, mais cet aspect du monde animal l'avait toujours horrifiée. Manger ou être manger. L'espace d'un instant, elle se demanda ce qu'il serait advenu de son corps si le Changé était parvenu à mettre fin à leurs jours. Aurait-elle fini comme un vulgaire morceau de viande, à jamais diffuse dans les organes de cette monstruosité autrefois humaine ? Cette idée lui donna le tournis et la maison chaleureuse perdit un peu de son éclat.

    Une miche de pain froide arriva au centre de la tablée, accompagné de fromage à la peau dure, et la guerrière à la voix rauque s'installa face à elle. Alors qu'elle ôtait le châle qui lui protégeait le visage, les deux amis ne purent qu'apercevoir la longue marque de griffe qui lui barrait la gorge en deux. La cicatrice aux contours boursouflés paraissait ancienne mais la douleur qu'elle avait dû infliger résonnait encore.

— Un ours, indiqua-t-elle sans même daigner préciser de quoi elle parlait.

    Les deux amies n'insistèrent pas. La guerrière les mettait quelque peu mal à l'aise, un mélange d'admiration et de crainte face à cette femme qui paraissait avoir vécu l'enfer. Elle se présenta comme étant Adélaïde, représentante du conseil du village. Elle se garda bien d'utiliser les termes mairesse ou encore ancêtre comme pour la caverne.

— Où sont nos amis ? demanda Maëlys sans agressivité.

— Ils ont été invités ailleurs, répondit Adélaïde sur le même ton. Aucun homme n'a le droit de pénétrer cette demeure.

    Portant son regard un peu plus loin, la jeune fille aperçut une salle supplémentaire meublée d'un grande table ronde. Visiblement, cette maison semblait être utilisées pour les décisions importantes du village. Elle but une gorgée de thé bouillant qui manquait un peu de sucre, mais dont la chaleur se répercuta dans son organisme.

    S'en suivit un interrogatoire fournit sans pour autant sembler invasif. Depuis combien de temps était-elle disparues ? Comment avaient-elle rencontré les deux hommes qui les accompagnaient ? Les deux amis leurs racontèrent les semaines effroyables qu'elles avaient menées dans la Caverne, leur rencontre avec les Taupes Enragées qui s'affirmaient bien moins rustres qu'ils n'en avaient l'air de premiers abords. Leurs confrontation avec la lueur tandis qu'elle rentrait de la fête des oubliés.

Son père, quelque part...

    Adélaïde l'écoutait avec attention, hochant de la tête à chacun de ses propos comme si elle lui racontait une histoire qu'elle avait maintes fois entendue.

— Et tu dis que ton père ne se trouvait pas au même endroit que vous à votre réveil ? interrogea finalement la guerrière en méditant sur la question.

— Non, annonça Maëlys à voix basse. Ergo et Zéro nous emmenaient vers la Cave pour tenter de le retrouver en échange de quelques billes.

    Adélaïde eut un rictus de dégout à ces paroles.

— Le contraire m'aurait étonné... railla-t-elle en lançant un regard à sa camarade. Les hommes et leurs billes pour enfant...

— Avez-vous quelqu'un qui tient un registre des arrivés ? demanda soudainement Sophie. Comme l'ancêtre à la Caverne ! Peut-être que l'on pourrait y trouver le nom du père de Maëlys !

    Les yeux de la petite brune se remplirent d'espoir, bien qu'elle s'interdisait de le laisser l'envahir. Mieux valait un scepticisme froid qu'une violente déception.

— Nous n'avons pas de registre, expliqua Adélaïde, et encore moins d'ancêtre.

    Elle attrapa la tasse chaude face à elle et entreprit d'en boire lentement le contenu, comme si elle réfléchissait aux prochaines paroles qu'elle donnerait aux deux jeunes filles.

— A vrai dire, vous ne trouverez aucun homme dans cette ville.

    La guerrière se leva lentement et, du pas gracieux de celle qui maîtrise son corps, se déplaça jusqu'à la fenêtre d'où brillait la lumière blafarde qui baignait la place.

— Ce village a été crée il y a plus de cinquante ans par un groupe de femme qui ont préféré échapper aux lois et marchandages puérils des hommes de la Cave et de la Caverne. L'oppression masculine y est forte, mais vous l'aviez sans doute déjà remarqué.

    Maëlys et Sophie s'observèrent un instant, aucune des deux n'étaient réellement surprise par cette révélation. Elle savait que le petit village d'Izalia n'avait pas compté de mairesse depuis bien longtemps, de même que les villes voisines.

— L'ancêtre de la Caverne avait pourtant l'air très gentil et à l'écoute lorsqu'il nous a accueillis, admit Maëlys. Il nous a même aidé à trouver du travail pour nous payer à manger.

— Ne vous fiez pas aux ancêtres, trancha Adélaïde en se retournant. On ne peut pas leur faire confiance. En aucun cas.

    Les deux amis furent surprise de la véhémence de son propos, comme si quelque chose se dissimulait derrière. Quelque chose qu'Adélaïde paraissait avoir vécu.

— Pourquoi ça ? demandèrent-elle en cœur.

    La guerrière caressa la longue cicatrice qui lui barrait le coup, souvenir d'une blessure qui n'avait visiblement jamais guérie.

— Ils ne sont pas ce qu'ils prétendent être, murmura-t-elle. Ils sont au service du mal qui frappe ce monde.

— Quel mal ? chuchota Maëlys qui n'osait parler plus fort que son interlocutrice, de peur de réveiller quoi que ce fut que cette discussion aurait pu attirer.

— Le démon.

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2 Comments

1 month
Tu intrigues avec cette notion de demon ... J'y pense mais tu connais la passeuse de mot ? Tu devrais lire si tu ne connais pas. Dans l'ambiance je trouve certaine similitudes avec ton texte. 😊
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1 month
Je l'ai souvent vu passer ce livre mais jamais lu. J'irais voir ça ! 😁
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