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Hanae_Ecriture
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Chapitre 5 - Le secret du lac (2/2)

Je restai en retrait, adossé contre le mur, figé dans l’ombre de la pièce, observant sans mot dire, ma respiration suspendue. Le bruit de mon cœur battant à tout rompre remplissait mes oreilles, un tambour lourd et régulier dans ma poitrine, amplifiant chaque frémissement de l’air, chaque souffle retenu. Le silence était dense, presque suffocant, comme si la moindre parole était trop lourde à prononcer. L’idée que le shérif Miller, enfin, brise ce mutisme pesant, qu’il nous livre les secrets qu’il dissimulait, me nouait l’estomac dans un tourbillon d’angoisse. La peur, profonde et sourde, m’envahissait lentement. Et si ce qu’il allait dire dépassait tout ce que nous avions imaginé ? Si la vérité était plus noire, plus douloureuse que ce que nous avions osé envisager ? L’idée d’affronter des réalités insoupçonnées me glaçait les entrailles. Chaque seconde qui passait s’étirait, lourdement suspendue dans l’air, comme un fil tendu à l’extrême, sur le point de céder sous le poids de l’attente.

— Tu sais que pendant la guerre froide, il se passait des choses étranges dans ce pays, dit-il d'une voix grave. Le gouvernement menait toutes sortes d'expériences. Certaines sur des armes, d'autres sur... des choses plus mystérieuses. Le Lac Noir n'a pas toujours été un endroit tranquille. Ils ont choisi cet endroit parce qu'il était isolé, à l'écart des regards.

Ethan fronça les sourcils, l’air perplexe.

— Des expériences ? Quel genre d'expériences ?

— Des trucs que même moi, j'ai du mal à croire, répondit son père, l'air sombre. Ils essayaient de créer un lien avec quelque chose de l'autre côté. Pas un pays, pas des ennemis humains. Quelque chose de beaucoup plus grand. Ils cherchaient à manipuler des forces qu'ils ne comprenaient pas.

Mon estomac se serra à l'écoute de ces paroles. Je sentais déjà que la suite allait être encore pire.

— Ils ont ouvert une brèche, Ethan, continua le shérif. Ils ont réveillé une entité qui était là depuis des millénaires. Une créature ancienne, tapie sous les profondeurs du lac. Ce n'était pas censé se passer comme ça, mais les choses ont mal tourné. Très mal. Cette chose s'est nourrie de la peur, de la terreur des gens. Et elle s'est renforcée.

Je vis Ethan serrer les poings, les veines de son cou saillant sous l'effet de la colère et de l'incrédulité.

— Et toi, tu n'as rien fait ? Tu savais que des gens mouraient à cause de ça, et tu as laissé faire ?

Le shérif détourna les yeux, sa voix se brisant légèrement.

— Ce n'était pas aussi simple. On était pieds et poings liés. Le gouvernement avait tout verrouillé, tout effacé. Quiconque parlait disparaissait. Alors, j'ai fait ce que je pouvais pour protéger ceux que j'aimais. Toi, ta mère... J'ai dû faire des choix difficiles.

Un silence pesant s’installa. Ethan se leva brusquement, sa chaise raclant le sol.

— Tout ce temps, tu savais que Tom avait été pris par cette... chose, et tu n’as rien dit ?

Le shérif hocha lentement la tête, le regard plein de regrets.

— Je suis désolé, Ethan. Je n'ai jamais voulu que tu sois mêlé à ça. Mais maintenant, c'est trop tard. Cette créature est là, et elle ne s'arrêtera pas.

Une vague d'angoisse monta en moi, grandissante et implacable, telle une marée prête à m’engloutir. Chaque pensée était emportée par cette montée de terreur, comme si tout autour de moi devenait flou, insaisissable. L’idée d’une créature surnaturelle, une entité se nourrissant de nos peurs, attirant les âmes vers le lac, s’imposa dans mon esprit avec une force inouïe. Au départ, cette idée m'était apparue comme une légende, un conte de fées terrifiant. Mais à présent, elle était tellement plus réelle, comme si l’air autour de nous en était imprégné. Un frisson de certitude glacée me traversa, une conviction intime : tout cela n’était pas le fruit d’une imagination débordante, c'était bien réel.

Nous l’avions tous ressenti, cette présence insidieuse, un poids invisible mais lourd, comme une main glacée pressée contre notre poitrine. C'était comme si quelque chose d'invisible nous observait, prêt à surgir de l'ombre. Les frissons qui dévalaient ma peau étaient la preuve que nos peurs n’étaient pas des fantasmes. Elles avaient une substance, une forme, un parfum même, qui s’insinuaient en nous. Le monde autour de moi, tout à coup, semblait se resserrer, comme si l’air lui-même devenait plus dense, plus chargé de terreur. Une terreur collective, une peur partagée, vibrante dans l’atmosphère, nous unissait tous dans ce malaise grandissant. Les battements de mon cœur résonnaient dans mes tempes, un tambour sourd qui accompagnait le frisson glacé qui parcourait mon échine. Chaque respiration devenait plus lourde, comme si l’atmosphère se densifiait à chaque instant, nous enserrant un peu plus.

— On peut l’arrêter ? Demandai-je d'une voix faible, brisant enfin mon silence.

Le shérif me regarda, son expression grave.

— Je ne sais pas, répondit-il honnêtement. Mais ce que je sais, c'est que plus vous vous approchez, plus elle vous attire. Elle sait que vous êtes ici. Elle vous a déjà vus.

Un frisson glacé parcourut ma colonne vertébrale. L'idée que cette chose puisse nous surveiller, nous épier, me terrifiait.

— Alors, qu'est-ce qu'on fait ? Demanda Ethan d'une voix rauque, la colère se dissipant un peu pour laisser place à la peur.

Le shérif resta silencieux un moment, réfléchissant.

— Il y a peut-être un moyen. Quelque chose dans ces légendes que j'ai lues. Une ancienne barrière, un rituel pour sceller l'entité. Mais il faut être prudent. Très prudent.

Ethan hocha la tête, résolu.

— On fera ce qu'il faut. On ne peut pas laisser ça continuer.

Je jetai un regard furtif à Ethan, et malgré la terreur qui me tenaillait, une certitude silencieuse m’envahit. Il avait raison. Le poids de ce que nous venions de découvrir s'alourdissait à chaque instant, un fardeau que je ne pouvais plus ignorer. C'était comme si un nuage sombre, menaçant, s'était déployé au-dessus de nous, envahissant chaque pensée, chaque recoin de mon esprit. Nous avions franchi une ligne invisible, un seuil irréversible, et il était désormais impossible de revenir en arrière. La créature du Lac Noir ne se retirerait pas d'elle-même ; elle était là, présente, tapie dans l’ombre, attendant patiemment le moment propice pour frapper. Chaque souffle du vent, chaque bruissement dans l’air semblait confirmer cette vérité, une vérité qui s’enracinait dans notre réalité avec une force inouïe, impossible à ignorer.

Si cette entité se nourrissait de nos peurs, il n’y avait plus de place pour l’hésitation. Il fallait l’affronter, la démasquer avant qu’elle ne nous engloutisse. Il fallait faire face à ce mal, sinon il nous écraserait. Mais une question persistait, comme une ombre dans mon esprit, un écho répétitif qui résonnait dans le silence de la nuit : jusqu’où serions-nous prêts à aller pour affronter cette horreur qui nous rongeait peu à peu ? L’idée de s’enfoncer davantage dans les ténèbres, de confronter cette créature et ses mystères, me glaçait d’effroi. Pourtant, une force irrépressible m'attirait, me poussait à avancer. C’était une curiosité brûlante, un besoin vital de comprendre, de connaître la vérité, peu importe le prix à payer. Mes pensées se mêlaient dans une spirale d'angoisse et de détermination, chaque émotion se bousculant, enchevêtrée, alors que je réalisais que le moment fatidique était proche.

Nous n'étions pas seuls dans ce combat. À travers cette épreuve, les liens d’amitié qui nous unissaient se resserraient, se forgeaient dans la chaleur du défi. Mais à quel point chacun de nous serait-il prêt à se sacrifier pour découvrir les secrets enfouis dans les profondeurs de ce lac maudit ? Cette pensée me hantait, me troublait, et je n’arrivais pas à détourner mon esprit de ce dilemme qui approchait à grands pas.

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