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Hanae_Ecriture
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Chapitre 4 - Le premier contact (2/2)

Il n'y avait plus le moindre doute. Une créature, ou quelque chose de bien plus étrange, nous observait, silencieuse et implacable. L'ombre gigantesque se déplaçait lentement, ondulant sous l'eau avec une fluidité presque surnaturelle, une masse noire et menaçante qui remplissait l'espace autour de nous. Une pression étouffante s'installa, pesant sur l'air, comme si chaque mouvement de l'ombre faisait resserrer l'étreinte invisible qui nous emprisonnait. C'était comme si cette entité inquiétante scrutait chacun de nos gestes, suivant la cadence de nos respirations, captant les battements frénétiques de nos cœurs. Un frisson glacé dégringola le long de mon dos, envahissant mes pensées d'une angoisse sourde, profonde, qui s'enroulait autour de mon esprit. J'avais l'impression de sentir les yeux de cette présence se poser sur nous, lourds, inévitables, comme ceux d'un prédateur calculant le moment parfait pour frapper. Nous étions enfermés dans son territoire, à la merci de ce qu’elle représentait. Autour de nous, la mer, d’apparence calme et sereine, s’était transformée en un champ de bataille silencieux, où nos peurs s’entrechoquaient avec une curiosité insoutenable, une envie irrésistible de comprendre ce qui se cachait sous la surface.

— On doit partir, maintenant, lança Ethan en reculant précipitamment.

Je me contentai de hocher la tête, un geste presque automatique, comme si mon corps agissait sans que je puisse le contrôler, paralysé par l'angoisse qui m'étreignait. Une sensation de panique m'envahit, chaque fibre de mon être me hurlant de fuir, de m'éloigner de cet endroit devenu trop menaçant. Et pourtant, Sarah restait là, immobile, les yeux rivés sur la surface noire de l'eau, une expression fixée sur son visage qui me glaça le sang. Il y avait une intensité presque inquiétante dans son regard, un mélange de fascination pure et de peur muette qui m’étouffait. Son visage, pâle comme la cire, était presque irréel, comme si une force invisible la maintenait clouée à cet endroit, l'empêchant de se détourner.

Je sentais une urge irrésistible de la saisir par le bras, de la tirer en arrière, loin de cette mer d’obscurité. Mais quelque chose dans l’éclat de ses yeux me figeait sur place. C'était comme si une part d'elle voulait découvrir ce que cachait cette eau noire, à la recherche d'un mystère enfoui dans ses profondeurs, une vérité qu’elle ne pouvait ignorer. Mon cœur battait la chamade, lourd dans ma poitrine, pris entre deux forces opposées : l'envie brûlante de la protéger, de la préserver de cette menace invisible, et la terreur sourde de ce que ce regard signifiait, comme un présage d’une révélation que je n'osais affronter.

— Tom... Je sais que c’est toi, répéta-t-elle, mais sa voix se brisait de plus en plus.

— Sarah, bouge ! Ordonnai-je, la panique grimpant en moi.

Un éclat de lumière surgit soudainement des profondeurs, cette fois plus intense, plus percutant que le précédent. La clarté blafarde inonda l’espace autour de nous, baignant le lac dans une lumière presque irréelle, comme si l’aube n’avait pas encore été autorisée à percer l’obscurité. Dans cette lueur déformée, la silhouette sous l’eau, autrefois floue et incertaine, commença à se redresser lentement, grandissant, se dessinant avec une majesté inquiétante. C’était comme si quelque chose d’ancien, de puissant, émergeait des abysses pour réclamer sa place à la surface, une force inexorable qui n’avait que faire de notre présence.

Le sol sous mes pieds se déroba soudainement. Un grondement sourd, comme un frisson grondant venant du fond du lac, résonna à travers mon corps, me secouant violemment. L’écho de ce son vibra jusque dans mes os, m’envahissant d’un malaise glacé qui fit vaciller ma certitude. Un frisson d’horreur s’enroula autour de mon cœur, sa morsure pénétrant mon être tout entier. Cette terreur, indescriptible, presque surnaturelle, se répandit en moi comme une ombre glacée, me faisant sentir l’étreinte froide de l’inconnu, m’enveloppant dans une obscurité qui était plus tangible que l’air lui-même.

À mes côtés, Sarah chancela avant de s’effondrer brusquement à genoux, son corps tremblant sous le poids de la peur. Ses mains se plaquèrent contre ses oreilles dans un geste désespéré, comme si elle tentait de se protéger d’un bruit que seul son esprit était capable d’entendre. Son visage, pâle comme la lune, avait pris un teint cireux, ses traits tendus par une terreur palpable, presque irréelle. Je pouvais presque percevoir chaque battement de son cœur, rapide et affolé, comme un écho dans l’air épais. Les larmes perlaient au coin de ses yeux, brillantes comme des diamants sous la lumière blafarde, trahissant l’intensité de son angoisse. Cette douleur silencieuse, cette peur crue, me fit frémir. Nous étions liés, elle et moi, par cette terreur qui se tordait en nous, une terreur qui nous paralysait, un sentiment de vulnérabilité extrême, presque irréversible.

La brume qui flottait au-dessus du lac, légère et flottante à l’origine, commença à se densifier, à se resserrer autour de nous comme un voile mystérieux et inextricable. Elle s’enroulait autour de nos corps comme une étreinte étouffante, tout en effaçant peu à peu les frontières entre ce qui était réel et ce qui appartenait à un autre monde, plus obscur. Ce voile brumeux nous emprisonnait, nous isolant de la réalité, nous piégeant dans un entre-deux où nous ne savions plus si nous étions encore sur la terre ferme ou déjà plongés dans les ténèbres. Nous étions suspendus entre deux mondes, celui de la réalité, de la terre et de la vie, et celui des terreurs anciennes, enfouies, prêtes à ressurgir de l’obscurité pour nous engloutir. Et dans cette étrange limbes, il n’y avaitaucune échappatoire.

— Sarah ! Criai-je en me précipitant vers elle.

Je l’aidai à se relever, mes mains tremblant légèrement, incapables de dissimuler l'agitation qui m’envahissait. Mes jambes aussi vacillaient sous le poids lourd de la peur, prête à me faire plier. Ethan nous devançait déjà, s’élançant à toute vitesse, hurlant que c’était de la folie, sa voix vibrante d'une terreur pure, presque irréelle. À mes côtés, Megan, pourtant toujours si calme, affichait un visage défiguré par l'effroi. Ses yeux, d’ordinaire si sereins, étaient maintenant écarquillés, brillants d'une inquiétude indéniable qui trahissait l’ouragan d’émotions qu’elle tentait de réprimer.

Chaque seconde qui s’égrenait alourdissait l’air de cette angoisse sourde et oppressante, comme une force invisible nous comprimant, nous enserrant de plus en plus. Je pouvais sentir cette vague de panique déferler sur nous, s’étendant lentement de l’un à l’autre, telle une onde qui emportait tout sur son passage. Le besoin de fuir devenait insoutenable, chaque battement de mon cœur résonnant comme le tambour battant d’un avertissement. Mes pensées se précipitaient, mais aucune d’elles ne parvenait à se formuler, car la seule chose qui comptait à cet instant était d’échapper à cette sensation suffocante, à ce danger imminent. Tout autour de nous voulait nous engloutir, et l’air, devenu lourd, nous poussait vers une issue que je ne voulais même pas envisager.

— Il faut s’en aller ! Hurlai-je, ma voix perdue dans le vacarme.

C’est exactement ce que nous fîmes. Nous nous élancâmes à travers la nuit, nos corps se mouvant dans une fuite désordonnée, le souffle court et saccadé, comme si chaque inspiration était un effort insurmontable. La panique nous suivait, tapie derrière nous, presque palpable, se faufilant à nos côtés, prête à nous engloutir à tout instant. Derrière, les éclats de lumière se faisaient de plus en plus vifs, comme des éclairs dans la nuit, illuminant les arbres tordus et projetant des ombres frémissantes sur le sol. Le paysage autour de nous devenait irréel, presque surnaturel, déformé par cette lueur intense qui déchirait l’obscurité. Et cette présence… toujours là, sous la surface du lac, nous épiait dans un silence implacable, sa patience infinie prête à éclater dès qu'elle jugerait le moment venu.

Nous atteignîmes enfin la route, les jambes en feu, chaque muscle hurlant de fatigue, mais aucune douleur ne pouvait surpasser l’urgence de notre fuite. Nos cœurs battaient si fort qu’ils en résonnaient contre nos côtes, dans une synchronie effrayante. Le bruit de nos pas précipités, du sol que nous foulions, s’effaçaient dans le silence lourd qui s’abattit sur nous une fois arrivés à l'embranchement. Ce silence était assourdissant, presque suffocant, comme un voile d'étouffement tombé soudainement entre nous et la réalité. Chacun de nous luttait pour retrouver son souffle, mais l'air était trop dense, trop saturé de terreur, et aucun de nous n’arrivait à chasser l’image de ce que nous venions de fuir. Les bruits de la forêt, pourtant familiers, se faisaient étrangement forts. Chaque craquement de branche, chaque souffle du vent dans les arbres résonnait comme un écho de nos propres peurs, amplifié par la tension qui nous étreignait.

Sarah se releva lentement, les mains tremblantes, le corps épuisé, comme si chaque mouvement lui demandait un effort titanesque. Son visage était marqué par la terreur, ses traits tirés, striés de larmes qui brillaient faiblement sous la lumière de la lune, comme des perles oubliées. Elle secoua la tête frénétiquement, comme pour chasser l’angoisse qui l’envahissait encore, comme si elle tentait de lutter contre le souvenir de cette sensation glacée qui lui avait paralysé l'âme. Ses yeux, habituellement pleins de vie et d'énergie, brillaient désormais d’une lueur perdue, d’une incompréhension profonde, et d’un désespoir qui m’arracha le cœur. C’était dans ce moment précis, dans cette fragilité pure, que je compris que nous n’étions pas prêts à affronter ce qui se cachait dans l’obscurité du lac. Nous n’avions pas la moindre idée de ce que nous venions de déranger, et l’inquiétude persistait, collée à nous comme une brume visqueuse. La promesse de secrets enfouis, inavoués, restait suspendue dans l’air, prête à resurgir au moment le plus inattendu, à déchirer à nouveau l’illusion d’une tranquillité que nous n’avions jamais vraiment connue.

— Il est là, murmura-t-elle enfin. Je l’ai entendu. Tom est piégé là-bas. Il est avec cette... chose.

Je n’avais aucune réponse à lui offrir, rien qui puisse atténuer l'angoisse qui se lisait dans ses yeux. Tout ce que je savais, c’était que ce lac, ce monstre tapi dans ses profondeurs – ou peu importe ce qu’il était – ne nous laisserait pas en paix. Sa présence était là, palpable, un poids lourd suspendu au-dessus de nous, comme un nuage menaçant qu’on pressentait prêt à éclater. Je la ressentais, cette pression invisible, dans chaque fibre de mon corps, comme si l’air lui-même était devenu plus dense, plus lourd, et qu’aucune de nos actions ne suffirait à nous délivrer tant que nous n’aurions pas percé le mystère.

Et puis, l’idée, glacée et inévitable, m’envahit comme une marée froide : nous étions allés trop loin pour reculer. La vérité de notre situation, longtemps restée floue, se dessinait peu à peu, s’imposant à moi comme une silhouette qui prenait forme dans la brume. Les événements des jours passés se superposaient dans ma mémoire, chaque moment, chaque mot, chaque geste, retrouvait une nouvelle résonance, un sens caché que je n’avais pas vu. L’angoisse, la curiosité, et même l’espoir, avaient tissé autour de nous un enchevêtrement indissoluble, et je savais que, désormais, faire demi-tour serait impossible. Nous étions piégés dans une toile invisible, et nous ne pouvions que suivre le fil, inéluctablement.

Une vague de détermination s’éleva en moi, portée par une peur sourde qui battait à mes tempes, comme une mer calme avant la tempête. Nous étions liés à ce mystère, comme des naufragés accrochés à un morceau de bois, incapables de se défaire de la mer qui les engloutissait. La peur, bien que présente, ne pouvait plus m’arrêter. Chaque seconde passée à regarder l’eau m’enfonçait plus profondément dans cette conviction qui devenait presque irrépressible. Je savais qu’il y avait quelque chose sous cette surface noire, une vérité que nous devions découvrir, peu importe les ténèbres qui se cachaient dans ses profondeurs. Le besoin de comprendre, de confronter ce monstre qui attendait, m’aspirait de plus en plus fort, comme un courant invisible, me poussant vers ce que je redoutais et désirais tout à la fois. La peur était là, omniprésente, mais elle n’était plus un obstacle, seulement un rappel constant des dangers à venir. Et malgré tout, je me sentais prêt à plonger.

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