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Hanae_Ecriture
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Épilogue - Les ombres du passé

Le soleil se levait doucement sur Silver Pines, baignant la ville d’une lumière dorée, comme un pinceau délicat effleurant une toile vierge. Pourtant, malgré la splendeur de ce matin tranquille, une lourde présence persistait, les ombres du passé, menaçantes et insidieuses, se glissaient encore parmi nous. Quelques semaines s’étaient écoulées depuis notre confrontation avec la créature, et bien que tout paraisse calme en apparence, la ville portait encore les traces indélébiles des épreuves qu’elle avait traversées.

Je me tenais là, seul sur le ponton, mes pieds nus touchant le bois frais et rugueux, absorbant la texture brutale de cette surface, tandis que mes yeux se perdaient dans le lac devant moi. Sa surface, lisse comme un miroir, reflétait un ciel d’un bleu pur, sans nuage, implacable dans sa sérénité. Pourtant, cette tranquillité m’était devenue étrangère. Elle n’était qu’une façade, un calme suspendu, fragile comme une fine couche de glace prête à céder sous un poids invisible. Les souvenirs de la bataille, l'angoisse poignante, la peur dévorante, me revenaient par vagues, m'envahissant comme un écho lointain, mais tenace. Les visages de mes amis, marqués par l’intensité du combat, se dessinaient dans mon esprit. Je revivais leurs expressions déformées par la terreur, mais aussi la force qu’ils avaient puisée dans notre lien, dans l’espoir de surmonter l’impossible.

Une brise légère souleva quelques gouttes d’eau, et je fermai les yeux, espérant capturer le parfum frais de la nature. Mais même cette senteur, autrefois douce et apaisante, m'arrivait maintenant teintée d’un arrière-goût amer. Tom. Son visage. Sa voix, qui s’éteignait peu à peu, au rythme de notre défaite contre les ténèbres qui nous engloutissaient. Son rire, cette mélodie légère, si vivante, si pleine de joie, était maintenant une douce cacophonie dans mon esprit, se transformant en un poids lourd qui m'enserrait le cœur à chaque pensée. Il ne reviendrait pas.

Je fixai les vagues qui se brisaient lentement contre le ponton, un mouvement apaisant, presque hypnotique. Mais en moi, une prise de conscience profonde se fit jour : le chemin vers la guérison ne serait pas facile. Il serait long, semé de doutes et de souffrances, de moments où l’on se demanderait si l’on arriverait un jour à vraiment guérir. Chaque jour nous rapprochait d’un semblant de normalité, mais je savais que les fantômes du passé, bien qu'ils s’estompent peu à peu, ne disparaîtraient jamais totalement. La lutte que nous avions menée n’avait pas seulement été contre une créature des ténèbres, mais contre nos propres peurs, nos regrets, nos incertitudes.

Je pris une profonde inspiration, m’efforçant de remplir mes poumons de l’air frais du matin. La lumière dorée caressait ma peau, douce et chaude, un souvenir de ce que la vie pouvait offrir de plus beau, même au cœur du chagrin. Le lac, calme et trompeur, m’offrait un instant de répit, comme s’il m’invitait à espérer qu’un jour, la paix reviendrait. Je serrai les poings, sentant la détermination s’éveiller en moi. Il me faudrait porter le poids de nos souvenirs, de ce que nous avions perdu, avec dignité et fierté. À chaque pas que je ferais sur ce chemin difficile, je rendrais hommage à Tom, et je ferais en sorte que son souvenir, sa lumière, ne disparaisse pas dans l’ombre.

— T’es sûr de vouloir partir, Ben ? Demanda Megan, s'approchant lentement.

Elle avait décidé de rester à Silver Pines, de se plonger dans l'étude des légendes locales.

— Je dois comprendre ce qu'on a affronté, répondis-je, le regard fixé sur l'horizon. Le lac a ses secrets, et j'ai besoin de les découvrir.

Ethan, qui se tenait un peu plus loin, contemplait l'eau avec une expression de tourment.

— Et moi, je n'ai pas fini avec ce lac, murmura-t-il, la voix chargée d'inquiétude. J'ai encore des questions.

Je lui lançai un regard compréhensif. Ethan, traumatisé par ce qu'il avait vu, était resté ici, persuadé que la créature n'avait pas totalement disparu.

— Peut-être que ce n'est pas fini, mais nous avons survécu, dis-je. Ça compte.

Megan croisa les bras, son regard se perdant dans le lointain.

— Je vais écrire sur ce que nous avons vécu. Les gens doivent connaître la vérité.

Je hochai la tête, admirant sa détermination.

— Tu devrais, Megan. Les légendes peuvent nous enseigner beaucoup.

Je pris une profonde inspiration, puis me retournai pour quitter le ponton.

— Prends soin de toi, ajoutai-je.

Alors que je marchais vers ma voiture, j'entendis une voix derrière moi.

— Ben, attends !

Je me retournai, et Sarah apparut, le visage marqué par un mélange de tristesse et de force.

— Je veux que tu saches que je n'oublierai jamais Tom, dit-elle, les larmes aux yeux.

— Ni moi, répondais-je, la voix chargée d'émotion. Mais on doit avancer.

Nous échangâmes un dernier regard, un regard qui en disait plus que mille mots. Il était chargé de compréhension, de mélancolie, d’un poids silencieux. Dans ce simple échange, tout un monde de souvenirs, de promesses non dites et de liens tissés dans les épreuves se cachait. Chaque fraction de seconde était suspendue, comme si l'air autour de nous s'était épaissi, imprégné de la gravité de notre séparation. Nos cœurs battaient à l'unisson, mais nos chemins divergeaient, irrémédiablement.

Alors que je prenais la route, un tourbillon d’émotions s’empara de moi. Un mélange complexe de soulagement et de tristesse m’envahit. Silver Pines, enfin débarrassée de l’ombre qui l’avait assiégée, respirerait à nouveau, mais je savais que ses cicatrices resteraient. Elles se graveraient profondément dans les cœurs et les esprits de ceux qui avaient survécu, comme des marques indélébiles qu’aucun vent ne pourrait effacer. La lutte contre la créature n’avait pas seulement été une bataille pour nos vies, mais aussi une confrontation brutalement intime avec nos propres vulnérabilités, nos peurs enfouies.

Derrière moi, à travers le rétroviseur, je vis le lac s'effacer lentement à l’horizon, ses eaux sombres se retirant comme un souvenir douloureux, aussi profond et lourd qu’un chapitre que l’on hésite à tourner. Ce lac, jadis synonyme de rires et de moments de bonheur, portait désormais en lui des ombres. Des souvenirs amers, des fragments de joie perdue que je savais impossibles à effacer. Chaque reflet à la surface de l’eau, chaque éclat du soleil sur son calme trompeur, ravivait des images que j’aurais préféré oublier.

Quelques heures plus tard, alors que le soleil déclinait lentement, une nouvelle famille s’installa près du lac. Leurs voix joyeuses, remplies d’une insouciance que j’avais oubliée, se mêlaient aux brises légères du soir. Un petit garçon courait sur le ponton, ses rires cristallins flottant dans l’air, purs et pleins de vie, comme un écho d’une époque révolue. Il ne savait rien des ténèbres qui, sous la surface de l’eau, guettaient leur moment.

Puis, soudain, une ombre gigantesque émergea lentement des profondeurs du lac, une masse sombre qui fit trembler l’eau et provoqua une onde de choc qui secoua le bois du ponton sous les pieds du garçon. Mon cœur se serra. C’était comme si le temps s’était arrêté, suspendu entre l’innocence de l’enfant et le danger imminent, entre le passé et le futur. Je le voyais, ce moment fragile, cet instant suspendu où la joie se heurtait à la réalité impitoyable du monde.

Le rire de l’enfant s’éteignit en un instant, englouti par un silence lourd, oppressant. Il y avait quelque chose de terrifiant dans cette suspension, quelque chose de profondément dérangeant. Le lac, bien qu’il parût calme à la surface, dissimulait encore ses ténèbres. Celles-ci se cachaient, invisibles et patientes, attendant l’heure propice pour replonger dans les eaux claires et dévorer l’innocence d’un nouveau jour.

La ville de Silver Pines, malgré son apparence tranquille, vivait toujours sous l’ombre du passé. La peur de l’inconnu, cette peur qui ne s’efface jamais tout à fait, continuait de hanter ses habitants. Un écho du passé, persistante et sourde, résonnait dans les rues désertes et dans les cœurs des survivants. Et à travers chaque sourire retrouvé, chaque pas hésitant vers l’avenir, il y avait ce rappel constant : les cicatrices laissées par la peur peuvent être plus profondes que celles qu’on voit. Parfois, elles ne se voient que dans le silence.

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