Nous limitons trop souvent notre réalité à ce que nous voyons, mais à ce moment précis, alors que ses yeux ne pouvaient rien distinguer, le parquet qui craquait lui hurlait qu’il est là.
Sans le voir, elle le percevait. Des pas lourds qui se rapprochaient et elle, paralysée dans son lit. Elle aimerait se réveiller, mais elle savait que le monde autour d’elle était réel, alors ce qui s’approchait aussi. Elle ignorait sa taille, son apparence, mais la peur que la chose lui faisait ressentir indiquait une chose imposante.
Sous la couette, nous nous sentons en sécurité. Protégé des monstres tapis sous le lit qui n’attendent qu’un pied pour surgir et étreindre nos chevilles. Mais quand la couette devient l’étau qui nous étouffe, la chambre une salle de torture, plus aucun endroit, plus jamais, ne te laissera un sentiment de sécurité.
Le matelas se tordit. Il monta sur le lit. Elle le sent. Juste au-dessus d’elle. Autour de ses poignets, des mains squelettiques, comme des liens, l’enserrent. Elle ne pouvait toujours pas se dégager et la prise que la chose avait sur elle était atroce. Il lui grimpa dessus. Sa poitrine écrasée sous le poids de cette ombre. Elle ne pouvait plus respirer, et le peu d’air qu’elle inspirait, était putride. Elle le distingua clairement, sa gueule béante, un espace infini constellé de dents blanches.
Elle bougea enfin, sauta de son lit. Dégagea de sa chambre puis se laissa tomber contre le mur sur le carrelage froid. Elle était moite de sueur, son cœur lui défonçait la poitrine et seule dans son appartement, elle sanglota.
Voilà ce qu’étaient devenues ses nuits, des cauchemars perpétuelles.