Loading...
Link copied
Loading...
Loading...
Mark all as read
You have no notification
Original
Fanfiction
Trending tags

Log In

or
@
DevotNeedler
Share the book

Chapitre 14

Jamais elle n’avait traversé en dehors des clous. Quand on grandit sans mère, avec un père qui essaye de faire son maximum, le respect des lois est primordiale. Tant de gens scrute le comportement d’un enfant dont la mère est folle. Le moindre écart est fatal. L’exemplarité, nécessaire.

Mona avait toujours veillé à respecter les lois. Quand à l’adolescence, ses amis défiaient l’autorité, elle endossait le rôle de rabat-joie et rappelait la nécessité des règles. Même les plus injustes. Elle savait que ce comportement provoqué l’irritation de certain. Elle avait conscience que c'était en partie pour cette raison qu’elle perdait irrémédiablement ses amis. Et pourtant elle ne pouvait pas agir autrement. Quand le désir d’enfreindre une règle se faisait ressentir. Elle se heurtait à une barrière invisible. Un mur de conditionnement infranchissable. La loi primordiale : tu obéiras aux règles.

Alors Mona se demandait quand et comment avait-elle franchi cette barrière ? Était-ce là un pouvoir que lui octroyait son pendentif ? Une force qui lui permettait de se libérer de sa camisole de bonne conduite ? Car sous ses yeux, le texto d’Amandine : « On est prête », signifiait qu’elle avait bondi dans la délinquance.

Le plan était simple. Il fallait occuper l’officier Laurent, qui toujours trainait dans le coin, afin de s’approcher d’Isabelle Dubois. Seulement, il n’était pas le seul sur place, deux policiers tournaient autour de la maison. Mona se doutait que l’officier leur avait signalé de ne pas la laisser s’approcher alors, elle n’avait pas d’autre choix que de s’infiltrer discrètement.

La maison des Dubois se situait entre deux maisons identiques. Pour ne pas se faire repérer, Mona décida de traverser par la deuxième maison à droite. Pas de voiture garée. Nonchalamment, elle entra dans l’allée et après un bref regard aux alentours, s’enfonça dans le jardin. Elle courut jusqu’au grillage qu’elle n’eut aucun mal à escalader.

Elle s’étonnait de la facilité avec laquelle, elle transgressait la loi. Comme si elle avait fait ça toute sa vie. Il y avait toujours cette voix qui l’implorait de renoncer à son projet, de revenir sur le droit chemin mais le stress et l’adrénaline suffisait à la faire taire.

En arrivant sur le gazon tondu des voisins direct des Dubois, Mona espéra que personne ne sorte. Elle ignorait si quelqu’un était présent. Elle longea la clôture, le regard vissé sur la bâtisse, les genoux pliés pour se faire la plus petite possible. N’existait-il pas une potion d’invisibilité ou une cape ou n’importe quel artéfact qui lui permettrait de s’oublier au monde ? De se sentir en sécurité, car loin des conséquences. Si on venait à la trouver, que devrait-elle faire ? Mentir ? Prétexter de s’être égaré malgré l’invraisemblable de la situation ? Fuir comme une dératée ? Partir loin sans se retourner, oublier cette histoire et recommencer une nouvelle vie ? Peut-être qu’elle se découvrirait grande espionne et neutraliserait les voisins d’un geste vif et précis.

Elle délirait. Comme toujours quand elle était mal à l’aise, elle se réfugiait derrière ses rêves. Cependant, les aboiements d’un chien la ramenèrent à la réalité. Bientôt, ce fut son souffle qu’elle perçut. L’animal courait dans sa direction. Mona resta pétrifiée, certaine d’être, dans le meilleur des cas, découverte, sinon dévoré par un chien qui protégeait son territoire. Dans l’histoire, elle était en tort. Le chien ne faisait qu’obéir. Il protégeait son territoire.

Elle se jeta derrière un buisson et très vite, elle entendit le grognement du chien. Son museau apparut en même temps que les babines retroussées qui dévoilaient ses crocs.

Le grand méchant loup.

Petite, sa mère puis sa grand-mère lui lisait des histoires. Les contes de Grimm ou de Perrault pour la plupart. Si aujourd’hui certaines de ces histoires feraient cauchemarder n’importe quel enfant, elle en était pas moins nécessaire à l’éducation. Chaque conte était porteur d’une morale, d’une leçon. Ne pas les suivre signifiait de prendre le risque de croiser le grand méchant loup. La conséquence de l’immoralité.

Et voilà, devant elle, sa punition. La sentence pour s’être affranchi des règles. Pour s’être élevé au-dessus des lois. Sous les formes d’un chien, sa condamnation.

Le pendentif brulait sous son pull. Lui aussi tenait-il à la punir pour son comportement ? Elle se concentra sur la sensation s’efforçant de ne pas penser au chien en face d’elle. Oubliant qu’à tout moment les propriétaire débouleraient pour l’emmener directement au poste. Une énergie la traversa et une force anima ses mouvements. Elle tendit la main au chien qui se calma aussitôt. Sous les caresses, il se roula sur le sol pour en demander plus. Mona obtempéra, une oreille tendue, à l’attention du moindre bruit provenant de la maison. Quand enfin il en eu marre, le chien s’éloigna.

Elle ne prit pas le temps de comprendre ce qu’il venait de se passer. Encore sous le choc, elle reprit son chemin et passa le dernier grillage. Le plus dur restait à faire. Convaincre Mme Dubois qu’elle pouvait l’aider. C’était sa dernière chance d’abandonner avant que son délit ne soit immuable. Sans personne pour en témoigner, elle restait innocente.

Ses jambes décidèrent pour elle et avant qu’elle ne comprenne comment, elle se trouvait dans le salon des Dubois. Des gerbes de fleurs recouvraient une grande table en bois. Des piles de papier et de documents trainaient sur le bureau. Elle osait à peine respirer de peur de se faire découvrir. Elle se sentait comme une cambrioleuse, une délinquante. Elle l’était. Non pas à des fins personnelles et cupides comme les autres, mais malgré tout, malgré que ses bonnes motivations, elle n’en restait pas moins une délinquante devant la loi. Et devant les yeux de Mme Dubois qui venait de se figer devant elle.

—      Qui êtes-vous ?

Le regard horrifié, elle esquissa un mouvement en direction de la porte. D'ici à quelques instants, elle serait dans l’allée à hurler aux policiers d’arrêter cette intruse.

—      Attendez. Je viens de la part d’Ambre. Je ne vous veux aucun mal.

—      Vous en voulez à mon argent.

La femme se dirigeait surement en direction de la porte. Son pendentif réchauffa son cœur et par la porte-fenêtre entrouverte, elle sentit le souffle du vent.

—      Votre fille voulait jouer au parc.

Mme Dubois se figea. Mona reprit.

—      Juste avant sa disparition. Elle était venue vous voir pour aller au parc.

Quand la mère se retourna ce fut les yeux débordant de larme.

—      Comment savez-vous ça ?

—      Je ne sais pas. J’ignore ce qu’il m’arrive. Je ne saurai vous l’expliquer. Votre fille, Ambre, elle m’apparait. J’ignore où elle est, mais je sais qu’elle est vivante. Il fallait que je vienne vous parlez. Je suis certaine qu’ensemble, nous pouvons la retrouver.

—      Combien ça va me couter ?

—      Rien. Je veux juste vous aider. Je vous le promets.

Mme Dubois prit place sur un fauteuil et invita Mona à se joindre à elle.

—      Je veux bien vous écouter.

À ses côtés, Ambre souriait. Et ce sourire dissipa toute la tension accumulée dans le cœur de Mona. C’était un sourire de pardon. Mona comprit qu’elle n’était et ne serait jamais une délinquante. Les lois, elle y était toujours soumise. Seulement, ce n’était plus celle des Hommes.

Comment this paragraph

Comment

No comment yet