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DevotNeedler
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Chapitre 15

Le monde devenait si grand au travers des yeux d’une petite fille. La chambre rose recelait de mille merveilles. Sous les rayons de l’aube, des caisses à jouet dont la plupart éparpillés aux quatre coins de la chambre. Ambre se leva, tirant avec elle sa couverture qui était aussi son doudou. Elle l’abandonna à la porte se rappelant que sa mère n’appréciait pas qu’elle se promène dans le couloir. Entendre les voix de ses parents la rassura, tout comme l’odeur de pain grillé et de café. Dans le salon, la lumière du jour l’éblouie. L’idée de se rendre à la cuisine s’effaça à la vue du canapé et du bol de popcorn qui restait de la veille.

Elle escalada le canapé, trouva la télécommande et se blottit sous les plaids, son coin douillé. Elle alluma la télé et grignota ses popcorns. Par chance, c’était Miraculous. Obnubilée par l’écran, elle ne remarqua pas sa mère, seulement son rire. Puis, elle vint lui apporter un verre de jus d’orange. Dans le grand verre qu’elle adorait. Son verre raiponce.

Quand ce fut les pubs, Ambre observa le jardin. Son chat courait dehors. Elle aussi voulait s’amuser. Le parc ! Cela faisait longtemps qu’elle n’y était pas allée. Elle adorait aller là-bas pourtant. Il y avait toujours plein d’amis avec qui s’amuser dans les jeux. Le grand toboggan qui brulait quand il y avait trop de soleil et les cordes qu’elle montait pour l’atteindre. Elle aimait surtout la balançoire. Son rêve était de faire un tour complet même si elle avait un peu peur. Mais avec ses petites jambes, elle n’arrivait jamais à monter très haut. Sauf quand son père poussait. Il l’envoyait tellement haut qu’elle pouvait presque toucher les nuages.

Sa mère s’avança dans le salon.

—      Maman ? On peut aller au parc ?

—      Non désolée, ma chérie. Pas aujourd’hui.

—      Pourquoi ?

—      J’ai trop de choses à faire. Un autre jour. Promis.

—      S'il te plait. Je veux aller jouer au parc.

—      Non ! Et va t’habiller.

Elle n’aimait pas cette voix. La voix autoritaire. Celle qui précédait les cris. Elle ne comprenait jamais pourquoi sa mère criait aussi souvent alors qu’on lui interdisait de le faire. On lui interdisait toujours tout, ne pas courir, ne pas crier, ne pleurer, ne pas toucher. Pourquoi ? On était le mal de rejoindre le point voulu en courant pour être plus rapide ? Sa mère le faisait bien en voiture. On était le mal de faire entendre son désaccord ? Sa mère et son père n’étaient pas les derniers à lever la voix à la moindre contrariété. Et devant d’innombrables merveilles, elle se devait de garder les mains dans les poches ?

Les ordres, il y en avait trop. Elle aimerait tellement être libre. Libre comme les oiseaux que son chat chassait. Ou mieux, libre comme son chat. On ne lui disait jamais rien à lui. On lui obéissait même. Un miaulement ou un regard et la baie vitrée s’ouvrait. Il se permettait même de poser ses pattes sales contre la vitre, la maculant de crasse. Alors qu’on la grondait pour la moindre trace de doigt, sans parler de l’accueil qu’elle recevrait si elle venait à entrer dans le salon, les chaussures pleines de boue. Ce qu’elle avait fait, il y a quelque temps. Il avait suffi à sa mère de suivre la trainée jusqu’à sa chambre pour connaitre la coupable. Pourtant, ce n’était pas faute d’avoir essayé de dissimuler ses bottes.  

Son chat pouvait aller et venir comme il le souhaitait. Un jour, elle ne l’avait pas revu pendant plusieurs jours et quand il était réapparu, sa mère l’avait récompensé par une bonne pâtée. Sa décision était prise. Elle irait au parc. C’est ce que son chat ferait et c’est ce que Marinette ferait aussi. Elle prit alors son sac à dos Ladybug, des bonbons et une compote à boire qu’elle conservait dans sa réserve, et son yoyo Miraculous.

Elle sortit de sa chambre. Sa mère se préparait dans la salle de bain. Elle entendait l’eau de la douche couler et sa maman chanter. Elle ne chantait pas aussi bien que les gens à la télé, mais elle aimait bien quand même. Surtout quand elle chantait pour l’endormir. Elle faisait toujours de beaux rêves dans ces cas-là.

Elle enfila ses bottes toutes propres et ouvrit la porte. Elle n’arriva pas à la refermer correctement alors, elle la laissa entrouverte. Elle ne croisa personne. Elle se retournait souvent pour regarder en direction de sa maison. Qu’est-ce qui lui faisait le plus peur ? Découvrir le visage de sa mère déformé par la colère d’être ainsi partie ? Ou de ne plus voir cette maison, sa cabane et se sentir perdue ? Non, elle était une grande fille maintenant. Elle pouvait se débrouiller.

Quand elle vit les enfants jouant sur les structures, elle n’éprouva pas la joie qu’elle avait imaginée. Les larmes lui montaient. Les mamans et les papas attendaient sur les bancs en discutant. Les enfants couraient vers eux pour dévoiler une blessure guérie en un simple bisou magique. Qui la soignerait si elle se blessait ? Arrivée au but, elle se trouvait effrayée, incapable de profiter de l’instant, incapable de s’amuser. Elle pensa à retourner chez elle, mais l’idée même du chemin de retour la terrorisa.

Les arbres autour d’elle devinrent si grands. Les allées si longues. Elle ne reverrait plus sa mère. C’était une évidence. Elle sentit une main sur son épaule. Le reflet du soleil sur les lunettes.

Mona perdait le contrôle. Elle sentait sa respiration s’affoler. Elle se concentra davantage. Elle sera la peluche entre ses doigts. Elle y était presque. Ce n’était pas le moment de lâcher.

Un voyage en voiture. La peur de ne pas reconnaitre ce qu’il y avait de l’autre côté de la vitre. Des champs d’abord. Puis une forêt de pin. Elle reconnut Val Suzon. Encore un long trajet. Elle sanglotait. Elle comprenait son erreur. La voiture s’arrêta. Un étang et une petite maison.

—      Je croyais avoir été clair ! hurla l’officier Laurent.

Mona ouvrit les yeux, embrumé de larme.

—      Je sais où elle est.

L’agent ignora les plaintes de la mère qui ne demandait qu’à savoir. Il tira Mona jusqu’à la porte et l’envoya dehors. Là, un autre agent la réceptionna.

—      Emmenez là loin d’ici. Je ne veux jamais plus la revoir dans le coin !

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