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DevotNeedler
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Chapitre 4

À une autre époque, Pandore se trouvait dans la même situation qu’elle. Devant une boite, emprise d’un doute. L’ouvrir ou la laisser fermer ? Elle était pour elle. Ça ne faisait aucun doute. Son nom en grosse lettre, l’écriture de sa grand-mère attestait de sa dernière volonté. Alors pourquoi elle n’arrivait pas à l’ouvrir ?

Ses mains tremblaient, s’approchèrent de la boite et au dernier moment, abandonnèrent pour retomber sur la table. Elle ne pouvait pas. Cette boite représentait son ultime contact avec celle qui fut comme sa mère. Plus que sa mère, seulement par sa présence. L’ouvrir serait lui dire, pour toujours, adieu. Elle ne pouvait pas, sa grand-mère était toujours là, près d’elle. Elle sentait sa présence, humait parfois son parfum et, quand le silence était d’or, entendait son doux rire qui suffisait à apaiser tous ses maux.

Mona posa ses paumes sur la grosse boite en espérant percer son contenu. Elle alla prendre un café dans la cuisine. Elle se stoppa, la cuiller bombée de poudre. Une étrange sensation. Des frissons qui lui parcoururent le dos. Elle se retourna. Le café s’étala sur le sol.

Sur la table, la boite. Elle ne l’avait pas emmené ! Elle ne s’en rappelait pas ! Comment une simple boite avait-elle pu venir jusque qu’ici ?

Elle la prit pour la reposer sur la table en verre de salon. Puis partit réparer les dégâts dans sa cuisine. Quand elle revint, la boite se trouvait sur le sol.

Elle devenait folle ! C’était l’unique solution. Elle reprit la boite, la posa de nouveau sur la table et la fixa, la défiant de bouger encore.

Dehors, un orage gronda. De rapides nuages fuyaient sous la lueur de la lune, comme poursuivit par son halo omniscient. Mona revint à sa boite. Le salon, seule pièce éclairée dans son appartement, semblait l’unique lieu existant dans son monde. La cuisine, dévorée par un obscur silence, et sa chambre dont la porte fermée ne laissait rien passer, paraissait ne plus appartenir à sa dimension. Elle ne s’étonnerait pas qu’en passant le pas-de-porte, elle pénétrât dans un monde complétement différent du sien. Ou plutôt qu’elle revienne dans celui qui était le sien.

Elle l’aperçut, comme le reflet de la Lune, comme une brume de lumière. Sa grand-mère. Dans sa tête, elle s’élança vers elle, la prit dans ses bras et retrouva son parfum, et la caressa de ses longs cheveux blanc. Dans ce monde étrange qu’était devenu le sien, elle restait immobile, presque incapable de prononcer le moindre mot, juste lâcher comme un soupir :

—      Mamie ?

Elle ne répondit rien. Ni par des mots, les mots toujours juste qu’elle partageait autrefois, ni par un regard, dont la tendresse ne paraissait plus derrière le brouillard de froidure.

Une ligne blanchâtre se leva, son bras, une forme floue dont les contours se devinaient, elle pointa la boite toujours sur la table.

Mona s’en désintéressa. Peu importait ce qui se trouvait à l’intérieur, l’unique chose qu’elle désirait se tenait devant elle.

—      Mamie, c’est moi, Mona. Je t’en supplie Mamie, regarde-moi, vois-moi !

Le spectre épaissit la brume de son bras, comme un amas de poussière de Lune scintillante.

—      Tu me manques. Je veux que tu reviennes.

La boite s’éleva.

—      Je ne veux pas de cette boite ! Je te veux toi ! Elle t’appartient, viens la reprendre ! Mamie, j’ai besoin de toi. S'il te plait réponds-moi, j’ai besoin d’entendre ta voix.

La boite tourna sur-elle-même dans un vrombissement infernal. Elle cria pour couvrir le bruit.

—      Écoute-moi ! Tu étais la seule qui le faisait. Tu étais la seule sur qui je pouvais compter. Depuis que tu n’es plus là, je ne sais plus quoi faire. Je me sens comme divisée. Sans ma mie. Reviens ! Pour moi ! Ou emmène-moi avec toi ! Je m’en fous. Sans toi, je n’ai plus rien.

Le spectre resta figé à pointer la boite qui tournoyait dans son salon.

Dans le couloir, Mona entendit des pas. La fenêtre s’ouvrit, et une bourrasque de vent et de pluie s’engouffra dans son salon. Pour la première fois, le spectre changea d’attitude. Elle paniquait. Son halo faiblit. La boite retomba sur la table et la brisa. Les fragments de verre se noyaient dans la moquette trempée. Le spectre se dissipa. Un nuage sombre dissimula la Lune. Mona se précipita sur la boite, oubliant la douleur des entailles sur ses pieds.

—      Je l’ouvre ! Regarde ! Je l’ouvre ! Ne t’en vas pas!

Elle hurlait, car la pluie se fracassait contre les vitres, car le vent hurlait sa fureur, car les portes claquaient et qu’on tambourinait à l’entrée. Elle hurlait, car les morceaux de verre perçaient la plante de ses pieds et qu’elle savait que la douleur de perdre sa grand-mère une deuxième fois, serait pire.

Dans la boite, un pendentif. Le spectre se dissolut dans la pluie. Elle l’enfila et le métal au contact de sa peau la brula. Elle hurla de plus belle. Puis le spectre, sa grand-mère, s’évanouit complétement. Comme une brise chaude dans cette tempête glaciale, elle entendit à son oreille, un chatoiement :

—      Tu comprendras. Je t’aime.

—      Adieu, murmura-t-elle.

Puis le noir.

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