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Chapitre 21 - Kieran

Je me suis endormi dans le lit de Bree, et j'avais pas prévu du tout un truc pareil. Franchement, je me sens complètement idiot. Je sais que je suis crevé et que je vais hiberner pendant dix jours dès qu'il sera parti, mais se retrouver à sombrer dans le sommeil comme ça c'est invraisemblable.

Je retourne dans ma chambre pour pouvoir préparer rapidement mes affaires. Je suis du genre bordélique, alors quand j'observe l'étendue du travail adossé contre la porte, un soupir quitte mes lèvres. Je ramasse les vêtements sales abandonnés en tas au-dessus de la valise, rassemble les différents produits de beauté que j'utilise dans la trousse de toilette, fais le tri dans les différentes choses que j'avais apporté pour dîner ou petit-déjeuner. Un salon c'est toujours une organisation particulière quand je sors de chez moi. J'ai besoin d'avoir des vêtements qui ne sont pas trop chauds que je puisse compléter avec un pull ou un gilet en cas de grand froid, un manteau imperméable parce qu'on adore le temps londonien, la bonne paire de chaussure qui sera à la fois confortable pour courir dans tous les sens mais suffisamment propre pour paraître habillée. Côté santé, il faut prévoir les pastilles au miel, le baume à lèvre, une crème hydratante et une boîte de paracétamol parce que les halls d'expositions sont toujours des nids à courants d'air et plein de poussière qui irritent la peau et la gorge. Un sac de document et matériels informatiques, comme des clés USB, des chargeurs de téléphone ou d'ordinateur portable. Et pour finir, le plus important : le kit de survie. Bonbons, gâteaux, coca zéro, compotes. Parce qu'on a envie de grappiller le plus d'heures de sommeil qu'on le peut le matin, alors les petits-déjeuners des hôtels sont peu souvent utilisés. On grignote toute la journée, on ne prend pas de réelle pause, alors on survit avec ce qu'on a.

Mon sac est donc énorme alors que je n'ai pas utilisé grand-chose. D'autant plus sur cette édition de l'événement vu que j'ai suivi Bree à la trace, je n'ai pas vraiment pu manger quoi que ce soit en dehors des repas fixes. J'enfouis toutes mes affaires aussi rapidement que je le peux dans la valise cabine que j'ai utilisée et j'attrape la tenue que j'avais prévue pour aujourd'hui. Comme je ne pensais pas devoir côtoyer Bree ce dernier jour, je n'ai pas pris de chemise. J'ai juste un jean noir et une marinière à col roulé, mais je n'ai pas vraiment le choix. J'espère simplement que Bree ne m'en tiendra pas rigueur. Il a beau dire que je ne dois pas paniquer sur cette journée, il suffit qu'une chose ne lui convienne pas pour qu'il change d'avis. Je me sais injuste sur le sujet, mais je n'arrive pas à juste faire confiance. Trois jours plus tôt, il me faisait vivre un enfer, puis il était adorable, puis il m'a fait subir sa colère. Autant j'aimerais croire que c'était juste une histoire de contexte, autant j'aime mieux me préparer au pire.

Une fois douché, habillé et prêt à quitter la pièce, je jette un œil à la réservation sur mon téléphone. Je n'ai pas vraiment le temps de prendre un petit-déjeuner. Alors j'hésite un instant et me présente devant la porte de Bree une demi-heure après l'avoir quitté. Lorsqu'il ouvre, je prends un peu plus le temps de l'observer qu'en me levant tout à l'heure. Lui aussi est déjà en tenue pour prendre l'avion, et je ne peux pas le blâmer. J'aimerais dire que son style vestimentaire me laisse indifférent mais son jean lui fait une silhouette gracile qui est cassée par un hoodie à capuche noir un peu oversize qui donne envie de venir se blottir contre lui.

— Déjà prêt ?
— Non, du tout ! Je voulais te dire que j'allais finalement sauter le petit-déjeuner. Il est déjà tard et si je veux qu'on passe une journée sans courir je vais aller chercher la voiture de location. Je reviens te chercher à la réception quand c'est bon ? Ou tu préfères rester ici ?
— Vu la mésaventure d'hier soir, je t'avoue que je serais plus en sécurité ici.
— Oh, oui, bien sûr, je suis bête. OK alors je viens te chercher ici dans une grosse demi-heure.
— Ça marche, à tout à l'heure.

Lorsque j'arrive à l'hôtel avec la voiture de location, je la laisse devant l'hôtel sur une place dépose minute et je m'avance vers l'accueil pour récupérer le panier que j'ai demandé la veille. La réceptionniste disparaît un moment et revient dix minutes plus tard avec ma commande que je charge tout de suite à l'arrière de la voiture. Je monte ensuite chercher Bree, observant avec impatience les chiffres de l'ascenseur qui me séparait de son étage. . Lorsque les portes s'ouvrent, je vois immédiatement que la chambre de Bree est ouverte et que deux personnes sont devant. Bree et Aldo sont en train de discuter, ou de se disputer. C'est toujours difficile à dire avec l'italien qui cache souvent très bien son jeu. Je m'approche aussi silencieusement que possible pour tenter d'écouter un bout de leur conversation.

— Je pensais que tu voulais une journée tranquille aujourd'hui ?
— Oui, c'est ce que j'ai demandé. Mais pas une journée enfermée à l'hôtel, Aldo.
— Je pensais qu'on pourrait se... Reposer.
— Eh bien tu as mal pensé. J'ai besoin de sortir d'ici, de sortir de la ville le temps d'un moment. J'ai demandé à Kieran d'organiser quelque chose, il ne devrait plus tarder.
— Kieran ?
— Oui ? N'était-il pas là pour ça ?
— Oui, entre autres. Mais tu passes beaucoup de temps avec lui sur votre temps libre.
— Tu te fiches de moi Aldo ? Ils m'ont collé une baby-sitter, dès le départ, tu savais que j'allais me le coltiner pendant tout le séjour !
— Je ne pensais pas que tu demanderais de le te le coltiner. Vous avez passé la soirée d'hier ensemble, la fin d'après-midi.
— Tu me fais quoi là ? Une crise de jalousie ? Se marra gentiment Bree.
— Mais non, ne fais pas l'enfant. Je suis juste inquiet, j'espère que tu fais attention avec lui et que tu ne lui fournis pas plus d'informations qu'il ne devrait en avoir.
— Qu'est-ce qu'il en ferait de toute manière ?
— Tu ne trouves pas ça étrange cette histoire avec cette nana hier ?
— Aldo, tu n'imagines pas que Kieran l'a rencardé ?
— Bizarrement on ne trouve pas d'où vient la fuite.
— Je n'y crois pas.

Je sentis mon cœur se serrer. Je me demandais si Aldo avait vraiment des soupçons sur ma personne ou s'il essaye simplement de me décrédibiliser. Je finis par avancer, je n'ai pas envie d'en entendre plus. Je souris légèrement, comme si je venais d'arriver, et salut Aldo d'un geste de la tête.

— Monsieur Ciccone, bonjour.
— Monsieur Parker.
— Je n'avais pas eu l'information qu'il fallait gérer votre présence et votre programme aujourd'hui alors j'ai organisé quelque chose assez rapidement, j'espère que ça ira.
— Je suis sûr que ce sera parfait, me soutint Bree.
— Évidemment, enchaîna Aldo avec un sourire en coin.
— Vous vous joignez à nous ?
— Non, je vais rester à l'hôtel le plus tard possible et j'irais travailler dans le lounge ensuite. On se retrouve à l'aéroport, Bree ?
— Ouaip, vingt heures.
— Parfait. Monsieur Tucker, ce fut un plaisir de travailler avec vous.
— Partagé. N'hésitez pas à revenir vers moi si vous avez la moindre question par la suite.
— Je n'y manquerai pas. Bonne journée.

Son regard était si froid, si dur, que je dus me faire violence pour ne pas détourner les yeux. Mais j'étais dans un contexte professionnel, je refusais d'avoir l'air faible. Et puis, une part de moi avait envie de montrer à Bree que je savais faire. Que j'étais digne de confiance. Alors je me concentrais sur la suite de l'opération et me tournai vers Bree, un sourire aux lèvres.

— Prêt ?
— Oui, j'attrape mes affaires.
— Je peux t'aider ?
— Ça ira.

Il ressort de sa chambre quelques minutes plus tard, un manteau en laine par-dessus son hoodie et une valise à roulette à ses pieds. Nous descendons jusqu'à la voiture dans laquelle nous chargeons ses affaires avant de nous mettre en route.

— Alors, quel est le programme ?
— Je me suis dit qu'on pourrait aller à l'extérieur de Londres et profiter d'un endroit boisé dans lequel on pourrait pique-niquer. On a de la chance qu'il fasse beau aujourd'hui, un peu froid, mais j'ai pris des plaids à l'hôtel.

Le silence qui me répond me tend petit à petit. Je finis par lui jeter un regard en coin et je le vois réfléchir longuement.

— Bree ?
— Oui ?
— Ça te va ?
— Bien sûr, oui ! Pardon, c'est parfait.
— Faut pas me faire peur comme ça, j'ai un cœur fragile.
— Pauvre petit chat.

Mes joues s'empourprent un peu et je ne saurais dire si c'est de gêne ou d'agacement. Je finis par lever les yeux au ciel et hausse les épaules.

— On a une heure de route, mais on va dans la même direction que l'aéroport donc ça devrait aller pour ce soir, et puis on prendra une marge d'erreur.
— Franchement vingt heures c'est déjà une belle marge d'erreur vu que je ne suis pas censé être là-bas avant vingt-et-une heures.
— Oui, mais je préfère que tu y sois en avance et que tu végètes dans la salle d'embarquement plutôt que tu loupes ton vol.
— Menteur, je suis sûr que tu serais absolument ravi que je sois coincé ici avec toi.

Je ne peux pas répondre, pas tout de suite, pas maintenant. Parce que ma gorge se serre et qu'il n'a pas tort. J'ai envie qu'on conserve cette connexion qu'on a commencé à construire depuis lundi, j'ai envie qu'on continue de discuter, de rire, de regarder des vieux films nuls. Mais il ne faut pas se leurrer, une fois que Bree sera à nouveau aux États-Unis, il n'y aura plus rien de tout ça entre nous. Et je ne peux pas lui en vouloir pour ça. Alors imaginer qu'il soit bloqué à Londres encore quelques jours ne me déplairait pas, si ce n'est que j'ai besoin de repos. De dormir, de ne voir personne pendant des jours entiers et de faire l'asocial jusqu'à ce que soit venu le temps de retourner travailler.

— Je suis navré de te décevoir mais mon sommeil réparateur est plus important que ta présence à l'heure actuelle.
— Tu me blesses.
— Tu m'as empêché de dormir. Trois nuits de suite. Et tu n'as même pas été capable de faire ça de manière agréable.
— C'est un défi, Parker ?
— Tu aimerais bien, Tucker.

Un sourire en coin étire nos lèvres et je me reconcentre sur la route après lui avoir balancé mon téléphone sur les genoux.

— Ne le débranche pas mais je te laisse jouer le DJ pour le trajet. J'ai un abonnement Spotify donc tu peux choisir ce que tu veux.
— Quel luxe, plaisanta-t-il d'un air taquin.
— Que veux-tu, il faut bien que ta venue serve à quelque chose.

Reconcentré sur la route, je suis les indications du GPS qui me guide jusqu'à Addington Hills, dans la banlieue de Croydon. J'étais un peu inquiet quant à ce que Bree pourrait penser de cet endroit parce que j'y avais grandi. J'aimai Addington Hills parce que j'avais passé des étés entiers à en sillonner les sentiers avec Cat et que, franchement, c'était mes meilleurs souvenirs de cet endroit. Même encore maintenant, quand je me sens submergé et que les jours sont durs, nous venons ici avec ma meilleure amie, comme un retour aux sources nécessaire.

Le trajet se déroule dans la bonne humeur, Bree fait défiler les chansons de mes playlists, se moquant parfois de moi, mais finissant toujours pas chanter avec moi à tue-tête. Il évite quand même certains artistes et ça me fait sourire. Nous discutons aussi, de ce qu'il a pensé du salon en dehors de ses soucis avec son public et son image, de sa manière de vivre à Los Angeles, de ce qu'il aime dans le basket, de ce que j'aime dans les comédies musicales, de notre relation, aussi. Il me redit que ma disparition l'a touché plus qu'il ne l'aurait voulu alors qu'il a pris du recul avec les réseaux sociaux. Je m'en veux un peu, je suis honnête. Mais je sais aussi que je l'ai fais pour ma propre préservation et que c'est ce qui m'a semblé juste à ce moment-là. Et s'il comprend, je sais que ça lui fait quand même de la peine. Parce que j'ai fait comme tous les autres : je l'ai résumé à son métier d'acteur en oubliant qui il était réellement.

Au bout d'une heure, je fini par me garer sur le parking, devant un restaurant chinois qui est là depuis plus longtemps que moi. Je descends et attraper le panier pendant qu'il observe les alentours. Comme ça, ça ne vend pas du rêve, je dois bien l'avouer. C'est un parking bétonné au cœur d'une forêt, on se demande ce qu'on a encore fait à la nature. J'attends qu'il revienne vers moi et je lui désigne la direction du doigt. Le sentier s'enfonce un peu dans la montagne sur quelques mètres. J'enfouis mon nez dans mon écharpe, heureux d'avoir opter pour des vêtements chauds lorsque j'ai fais ma valise. L'endroit où je veux l'emmener n'est pas très loin et, en été, c'est souvent chargé en visiteur. Mais l'hiver, en pleine semaine comme aujourd'hui, nous ne risquons pas de croiser grand monde.

Bree doit s'en rendre compte car il range ses lunettes de soleil dans sa banane et avance à mes côtés en bavassant joyeusement. L'ambiance est paisible, on entend à peine le bruit de la ville et les oiseaux chantent librement entre les branches, laissant parfois tomber une feuille au sol en s'envolant. Et franchement, après le week-end et le début de semaine qu'on vient de passer, je suis content que Bree m'ait demandé d'organiser cette journée. C'est agréable de prendre du temps pour soi, de pouvoir s'évader un moment au calme.

— Alors, pourquoi ce lieu ?
— Tu voulais quelque chose où on pouvait être posé et tranquille. Voilà.
— Je suis sûre qu'il y avait des options plus proches, il a une histoire ce lieu ?
— Peut-être...
— Crache le morceau Kieran, rit-il, impatient.
— J'ai grandi en ville, alors on venait souvent ici avec Cat. C'est le lieu qui m'est venu lorsque tu m'as parlé de repos.
— Je vois.
— Ca te plaît ? Me risquai-je à demander, sachant très bien que la réponse pourrait me mettre dans tous mes états.
— C'est absolument parfait. 

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