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AlexandraEndersen
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15. I Kaoset, Hittar Jag Dig

— 𝑋𝑉 —

I Kaoset, Hittar Jag Dig

Je frissonne légèrement lorsque ses doigts effleurent ma peau, une chaleur douce contrastant avec l'air encore frais du matin. Chaque contact me fait frémir, et je me perds dans la sensation de sa main qui trace des cercles lents sur mon bras. Je me sens en sécurité, enveloppée par sa présence, et pourtant une part de moi brûle d'un feu nouveau.

Je lève les yeux vers lui, mon cœur battant plus fort en croisant son regard. Il me scrute avec une intensité troublante, comme s'il tentait de lire en moi. Mon souffle s'accélère quand il se penche doucement, son visage à quelques centimètres du mien. J'hésite un instant, puis je ferme les yeux et me laisse aller.

Ses lèvres effleurent les miennes, légères, presque hésitantes. Mon corps se tend sous la vague d'émotions qui me traverse. Je réponds à son baiser, timidement d'abord, puis avec plus d'assurance lorsqu'il approfondit l'échange. Ses bras m'enlacent, et je me sens basculer dans quelque chose de nouveau, d'inconnu et pourtant terriblement enivrant.

Le temps semble suspendu, le monde réduit à cet instant, à ce baiser. Puis il recule légèrement, son front contre le mien, son souffle caressant ma peau. J'ouvre les yeux et plonge dans les siens. Aucun mot n'est nécessaire.

Lorsque nous sortons pour nous balader dans le Camping, l'air est lourd et chargé d'humidité. J'apprécie le silence tranquille entre nous, entrecoupé de rires et de quelques remarques sur les vacanciers que nous croisons. Mais rapidement, le vent se lève, et le ciel s'assombrit d'une manière presque menaçante.

Une première goutte de pluie s'écrase sur ma joue. Puis une autre. En quelques secondes, une averse s'abat sur nous. Je pousse un cri de surprise et attrape son bras.

— On devrait courir !

Il acquiesce, et nous nous mettons à courir sous la pluie battante, riant comme des enfants. L'eau dégouline sur mon visage, mes cheveux collent à ma peau, mais je n'y prête pas attention. Tout ce qui compte, c'est cette course effrénée, nos souffles courts et le bruit de la pluie autour de nous.

Enfin, nous atteignons la hytte d'Ørjan. Il ouvre la porte à la volée et je me précipite à l'intérieur, trempée jusqu'aux os. J'éclate de rire en le regardant refermer la porte derrière nous. Ses cheveux gouttent et sont plaqués sur son visage, et ses vêtements lui collent à la peau.

— Eh bien... on ne pouvait pas faire pire timing ! dis-je en essuyant l'eau de mon front.

Il rit aussi, essoufflé. Mon cœur tambourine encore dans ma poitrine, mais ce n'est pas seulement à cause de la course. L'intimité de la hytte, l'orage qui gronde dehors... tout semble amplifier ce que je ressens pour lui. Je frissonne légèrement, et il remarque aussitôt.

— Attends, je vais te trouver une serviette.

Je le regarde disparaître vers un placard, réalisant que je suis là, seule avec lui, dans cet espace confiné, avec la pluie qui frappe contre les fenêtres. Mon ventre se noue d'une anticipation douce et électrisante.

Il revient quelques instants plus tard, une serviette entre les mains. Il me la tend avec un sourire en coin.

— Tiens. Avant que tu n'attrapes froid.

— Merci.

Je frotte rapidement mes cheveux et mes bras, essayant de me réchauffer un peu. Ørjan s'assoit sur son lit et attrape sa guitare posée contre le mur. Il en effleure les cordes du bout des doigts, un son grave et profond résonne dans la hytte. Je l'observe, fascinée par la facilité avec laquelle ses mains glissent sur l'instrument.

— Tu veux essayer ? demande-t-il en me lançant un regard pétillant.

— Honnêtement, je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée, réplique-je en fronçant légèrement les sourcils, incertaine. Je suis nulle en musique.

— C'est encore mieux, répond-il avec un sourire amusé. Allez, viens.

Il tapote l'espace à côté de lui et je m'installe, légèrement hésitante. Il place doucement la guitare sur mes genoux, ses bras venant encadrer les miens tandis qu'il me montre comment poser mes doigts sur le manche.

— Ok, commence par ça. Mets ton index ici... Non, un peu plus haut. Voilà.

Sa voix est basse, concentrée, et la chaleur de son corps contre mon dos me trouble légèrement. Je tente de gratter les cordes comme il me l'indique, mais au lieu d'un son harmonieux, un bruit complètement dissonant s'échappe de l'instrument.

Je grimace.

— Ah, je t'avais prévenu !

Ørjan éclate de rire, et son rire est contagieux. J'essaie à nouveau, mais le son est encore pire, un mélange de grincement et de notes mal accordées. Cette fois, c'est moi qui éclate de rire. Je me penche légèrement en avant, riant à en avoir mal au ventre.

— Mon dieu, c'est une catastrophe !

— Absolument, confirme-t-il entre deux éclats de rire. Mais attends, on va y arriver.

Il tente de repositionner mes doigts, mais je suis déjà trop secouée de rires pour me concentrer. Nos épaules se touchent, et l'espace entre nous semble rétrécir à mesure que nous continuons à nous amuser de mon manque total de talent musical.

— Bon, j'avoue que toi et la musique ça fait deux, dit-il enfin, essuyant une larme au coin de son œil à force de rire.

— Sans blague, souffle-je encore en train de rire.

Un silence s'installe entre nous, léger, confortable. Il repose la guitare à côté de lui et tourne la tête vers moi, un sourire encore accroché à ses lèvres.

— Mais c'était quand même drôle.

— Oui, très, réponds-je en secouant la tête amusée.

Et alors que la pluie continue de battre contre les vitres, je me rends compte que je n'ai jamais ressenti une telle légèreté. Un moment suspendu, hors du temps, où tout semble simple et beau.

— Si un jour tu fais un concert, je viendrai, mais seulement si tu promets de ne pas me faire monter sur scène, dis-je, un sourire malicieux dans les yeux.

— Deal, mais uniquement si tu cries mon nom comme une groupie, répond-il, les yeux brillant d'amusement.

Je lève les yeux au ciel en riant, puis lui donne un léger coup d'épaule, la chaleur de son rire résonnant dans l'air autour de nous.

— Alors là ! Même pas en rêve. Mais j'applaudirai... peut-être, réplique-je en souriant, un éclat de tendresse dans la voix.

Il fait une moue exagérée, faussement vexée, avant de secouer doucement la tête, un sourire amusé aux lèvres.

— Bon, j'ai une dernière mission pour toi.

— Je crains le pire, dis-je, mi-intriguée, mi-pensive.

— Joue une seule note correcte et je t'offre une récompense, lance-t-il, son regard brillant de malice.

— Une récompense ? demande-je en fronçant les sourcils, amusée par son défi. Quel genre ? poursuis-je, un léger sourire se formant sur mes lèvres.

Il hausse les épaules, un sourire mystérieux flottant sur ses lèvres.

— Essaie et tu verras, murmure-t-il espiègle.

Je soupire, amusée par son défi, puis je prends la guitare avec une légère appréhension. Je tente une nouvelle fois de faire vibrer les cordes. Cette fois, un son plus clair s'échappe de l'instrument. Je lève les bras, un sourire éclatant sur le visage.

— J'ai réussi !

— Plus ou moins, concède-t-il en riant doucement. Mais comme je suis magnanime...

Je le regarde, le cœur un peu plus lourd d'attente, me demandant ce qu'il a bien pu préparer comme récompense. Il se penche alors légèrement vers moi, son regard capturant le mien avec une intensité douce, puis, sans que je puisse m'y attendre, il dépose un baiser léger et furtif sur ma joue. Simple. Doux. Mais d'une douceur enivrante. Je reste figée un instant, le cœur battant plus fort, mes joues s'empourprant sous l'effet de son geste. Il se retire légèrement, son sourire en coin trahissant un brin de malice.

— Bien joué, murmure-t-il d'une voix douce, mais pleine d'une tendresse palpable.

Je souris à mon tour, les joues en feu, mon esprit encore perdu dans la douceur de ce baiser.

— Je devrais peut-être essayer une autre note, alors... murmure-je, comme pour briser la tension qui monte en moi.

Il éclate de rire, un rire franc, puis prend la guitare pour la poser plus loin, se rapprochant un peu plus de moi.

— Qui sait, peut-être que ta prochaine note méritera encore mieux, dit-il avec un regard qui glisse lentement sur mon visage.

Et alors que la pluie tambourine contre les fenêtres, un silence plus lourd s'installe, une tension douce mais palpable. Quelque chose d'inexprimable flotte entre nous, une sensation qui semble à la fois tendue et un peu plus intime, quelque chose que ni l'un ni l'autre ne semble vouloir briser.

J'accepte le défit, me penche, reprends la guitare et tente un autre accord, qui cette fois sonne presque parfaitement, me faisant lever un regard plein de malice vers Ørjan.

— Alors ?

Il ne dit rien, mais ses doigts glissent lentement dans mes cheveux, les repoussant derrière mon oreille. Je me presse contre lui, contre sa chaleur, contre l'odeur de tabac et de nuit qui lui colle à la peau. Mes ongles s'accrochent à sa nuque, à son dos, et son souffle effleure ma bouche. Je devrais l'embrasser. Ou parler. Ou faire quelque chose. Mais je reste là, suspendue à la tension qu'il ne dissipe pas.

— Ørjan ?

— Hm ? 

Sa voix est douce, un peu rauque. J'hésite. Puis j'y vais. Tant pis.

— Est-ce que tu... est-ce que tu aimes ça ?

— Quoi ? demande-t-il en arquant un sourcil, sans doute surpris par ma question.

— Le sexe.

Il ne s'y attendait pas, je le vois. Pourtant, il ne perd rien de son assurance. Un sourire effleure sa bouche. Ni moqueur, ni tendre. Juste Ørjan. Sincère.

— Je suppose, répond-il en haussant vaguement les épaules. Un peu plus que ça, peut-être. Pourquoi ?

Je ferme les yeux. Putain. J'aurais du apprendre à réfléchir avant de parler. Trop tard.

— Parce que j'ai très, très envie de toi, avoue-je d'un souffle. Ça ne m'est jamais arrivé comme ça. Ça ne m'est jamais arrivé tout court... J'ai toujours préféré l'idée de faire l'amour à l'acte en lui-même. Comme si j'étais amoureuse du concept, pas de la réalité. Et j'ai peur... peur de gâcher quelque chose. Peur de te perdre.

Ma voix faiblit, mes yeux picotent. Ørjan relève mon menton du bout des doigts.

— J'en ai envie aussi, murmure-t-il. Mais pas plus que de te savoir bien et heureuse, avec ou sans moi. Idéalement avec, mais ça, ça ne dépend que de toi. De ce que tu as envie.

— J'ai peur d'être encore une fois brisée. Humiliée, souffle-je et secoue la tête, la gorge nouée. Je ne veux pas te décevoir. Excuse-moi.

— T'excuser de quoi ? Tu n'as rien fait de mal, Amalie. Et jamais, jamais je n'exigerais ça de toi. Ni ça, ni rien d'autre.

Je me colle un peu plus contre lui, enfouis mon visage dans son épaule.

— Je ne veux pas te perdre, répète-je.

— Tu ne me perdras pas.

Sa main se referme dans mes cheveux, sa chaleur contre ma peau. Je ferme les yeux.

— J'aimerais être comme toi.

— Je ne souhaiterais pas à mon pire ennemi d'être ne serait-ce qu'un dixième de ce que je suis.

— D'être le phare dans la nuit ?

Il secoue la tête, un sourire triste au coin des lèvres.

— N'inverse pas les rôles. Si j'ai l'air de savoir ce que je fais, c'est parce que je n'ai jamais eu d'autre choix. Mais à l'intérieur, je suis comme toi. Terrifié.

Son pouce effleure ma pommette. Il inspire.

— Je n'ai jamais aimé personne avant toi, Amalie. Du moins, pas comme ça.

Mon cœur se serre. Son sang pulse sous ma paume, en écho au mien. Il s'immobilise, s'avance vers moi. Les mèches de ses cheveux glissent lentement autour de son visage, tamisant l'éclat fauve de ses iris. Son sourire effleure ses lèvres, à peine esquissé, et pourtant, il consume tout. J'en oublie ma respiration. Tout mon corps vibre sous son regard, sous cette tension qui serpente entre nous, électrique, implacable.

Ma confiance reprend le dessus, sous son regard et ses mots, sincère, brut, vrais. Ceux qui jusqu'à ce que je rencontre Ørjan, semblaient faux et manipulateur. Je me hisse sur ses jambes, à califourchon, agrippe son t-shirt entre mes doigts tremblants. Son odeur m'enveloppe. La chaleur qui émane de lui, la sensation de sa peau sous le tissu fin, tout me fait perdre pied.

Il me repousse doucement, ses paumes effleurant mes bras dans un geste qui fait frissonner chaque centimètre de ma peau. Son t-shirt glisse au sol, et moi, pantelante, je bascule en arrière, les paupières mi-closes, captivée par la vision qu'il m'offre.

Le tintement métallique de sa ceinture résonne dans la pièce. Il écarte son jean d'un mouvement nonchalant, ses hanches sculptées par la lueur tamisée du ciel pluvieux. Je suis incapable de détourner les yeux – la ligne nette de ses clavicules, la courbe de ses épaules, le sillon qui longe son ventre. Un corps d'archange façonné par l'ombre et la lumière.

Et moi, je reste là, offerte à ses yeux, vulnérable et frémissante. Dévorée par le désir.

Mes doigts glissent sous l'élastique de mon short que je fais descendre le long de mes cuisses, sans le quitter des yeux. Ses pupilles s'accrochent aux miennes, brûlantes, avides. Il se penche sur moi, ses lèvres effleurent les miennes, me frôlent à peine avant que je ne les capture, les mordille. Un grondement sourd vibre dans sa gorge. Ses dents se promènent sur mon cou, effleurent ma peau avant d'y enfoncer légèrement leurs pointes. Mon dos s'arque sous la caresse, et déjà sa main s'infiltre sous mon t-shirt, s'attarde contre mon ventre. Mon souffle se brise. Je bascule en arrière, l'entraîne avec moi. Mes cuisses s'écartent instinctivement lorsqu'il s'abat sur moi, son poids m'ancre au matelas. Son torse nu contre le mien, la brûlure de sa peau sur la mienne. Ses battements de cœur résonnent contre ma cage thoracique, lourds, frénétiques. Mes ongles tracent une ligne le long de son dos, soulignent la tension de ses muscles, effleurent la saillie de ses vertèbres alors qu'il courbe l'échine au-dessus de moi. Ses doigts glissent plus haut sous mon t-shirt. Une décharge me traverse lorsqu'ils frôlent la courbe de mon sein, effleurent sa pointe, si tendue que le simple contact du tissu m'arrache un gémissement.

Je sens son sourire contre ma gorge.

Mes mains s'activent, fébriles, se pressent contre ses épaules, l'aident à m'arracher ce bout de tissu superflu. Il se redresse à peine, contemple ma poitrine offerte, soupire entre ses dents, se mord la lèvre.

Je brûle.

Je glisse mes doigts dans ses cheveux, les empoigne, les tords pour le rapprocher de moi. Il obtempère, une main se referme sur mon sein droit, sa bouche se pose sur le gauche, brûlante, avide. Sa langue glisse, tournoie, se fait supplice autant que délivrance. Un frisson me secoue de la tête aux pieds lorsqu'il mordille la pointe, s'en empare avec une lenteur exaspérante.

Je fonds sous lui.

Mes jambes se resserrent autour de sa taille, l'emprisonnent contre moi. Je le sens, dur, pressé contre mon ventre. Un deuxième cœur bat au creux de mes entrailles, là où la douleur se mêle au désir, là où je l'attends.

— Ørjan...

C'est un souffle, une prière.

Je le veux.

Corps et âme.

Va y plaque la, là !

Je le repousse brusquement. Mon geste est vif, incontrôlé, presque violent, et pourtant, ce n'est pas contre lui que je me bats. C'est contre ce souvenir. Ce cauchemar. Celui qui s'infiltre, rampant, insidieux, jusque dans les moments les plus doux, les plus vulnérables. Celui qui s'accroche comme une tache d'encre sur du coton, impossible à effacer. La panique pulse dans mes tempes. Mon souffle s'emballe, haché, irrégulier. Mon cœur cogne si fort qu'il me semble occuper tout l'espace entre mes côtes. Mes doigts tremblent, trahissant la tempête intérieure que je m'efforce de contenir.

Ørjan reste figé. Il ne tente pas de s'approcher, ne cherche pas à comprendre trop vite. Il attend. Juste assez proche pour que je le sente là, juste assez loin pour ne pas m'envahir.

— Est-ce que j'ai...

Sa voix est rauque, brisée par une inquiétude réelle. Elle s'étrangle en plein vol, suspendue, comme si les mots eux-mêmes lui brûlaient la gorge. Il ne termine pas sa phrase, mais je sais ce qu'il veut demander. Ce qu'il craint d'avoir fait. Ce qu'il redoute d'avoir déclenché.

— Non, le coupe-je aussitôt.

Je me redresse légèrement, les bras toujours raidis par le choc. Je secoue la tête, rapidement, pour chasser l'image qui me hante. Ma voix se casse, fragile et âpre à la fois.

— C'est un... un souvenir. Un cauchemar qui a ressurgi au pire moment.

Les mots me semblent rugueux, à peine audibles, comme s'ils refusaient de sortir. Ma gorge se serre, douloureuse, et je lutte pour ne pas détourner les yeux. Pour ne pas me replier sur moi-même comme une bête blessée. Il acquiesce lentement, son regard ancré au mien. Pas de reproche. Pas de pitié. Juste cette intensité calme, cet ancrage qui me fait vaciller plus sûrement qu'un cri.

— Je suis désolé, dit-il enfin, avant de marquer une pause, puis de reprendre sa voix plus basse, plus grave, et son regard s'adoucit, sans pour autant perdre son intensité. Tu veux m'en parler ? demande-t-il, la voix prudente, presque murmurée.

Un instant, je me fige. L'idée me heurte. Me faire violence pour tout sortir ? Exposer les morceaux fracturés de mon passé ? Et pourtant...

— Les mauvais rêves ne peuvent pas revenir nous hanter, si on les raconte, ajoute-t-il après un silence.

Je lève les yeux vers lui, troublée. L'ombre d'un sourire triste effleure mes lèvres.

Verkligen ? souffle-je.

— Disons que ça aide. Ça permet d'avancer... Je ne te jugerai pas. Jamais, dit-il, ses prunelles me scrutant, guettant un signe, un mot, une fissure.

Ses mots s'infiltrent en moi comme une lumière douce dans un recoin que j'avais laissé à l'abandon. Quelque chose se dénoue dans ma poitrine. Lentement. Doucement. Et le monde cesse de tanguer. Il tend la main, doucement, sans forcer le contact. D'un geste infiniment délicat, il dégage une mèche encore humide de mon front, comme s'il avait peur de m'effrayer, puis y pose son menton. Sa peau contre la mienne, son souffle régulier contre ma tempe, comme un ancrage dans l'instant. Il me garde tout contre lui, sans pression, sans attente. Je ferme les paupières. Mon souffle cherche le sien, s'y accroche. Lentement. Prudemment. Mon corps se détend, comme un animal qui aurait enfin trouvé un abri. Ma main vient se poser sur sa taille, hésitante d'abord, puis plus fermement. Mes doigts s'y accrochent, comme pour m'assurer qu'il est réel. Qu'il ne va pas disparaître. Qu'il n'est pas une chimère, un mirage destiné à se dissiper au moindre battement de cils.

Feindre de prendre mon pied. Prétendre que tout allait bien. Laisser couler, ravaler, endurer. Ça m'a semblé être la seule solution pendant des années. Jouer un rôle. Porter un masque.

Mais ça n'a fait que me détruire un peu plus.

Peut-être est-il temps d'essayer autre chose.

Peut-être est-il temps d'être honnête.

— Ma vie c'est arrêtée qu'en j'avais 14 ans. J'ai essayée de remonter la pente tant bien que mal. Le truc c'est que je ne me sens jamais vraiment en confiance. J'ai peur que ça dérape, qu'on ne m'écoute pas, d'avoir mal, de ne pas satisfaire... Tu as déjà dû devoir prendre des pincettes avec une nana avant ?

— S'assurer que sa partenaire va bien, ça m'a toujours semblé être le B.A-BA. Non ? Quand à la douleur, je ne peux pas te garantir que ça ne sera pas le cas, si tu veux qu'on essaye un jour. Quant tu en auras envie, que tu te sentiras prête. Mais je ne ferais jamais rien sans ta permission. »

Ses mots s'ancrent en moi comme une promesse qu'on n'ose pas espérer. Une promesse de douceur, de patience, de réapprentissage. Mes doigts se resserrent un peu plus contre lui, et je sens ses bras me répondre, me contenir. Me protéger sans m'enfermer. Il ne cherche pas à combler mes silences, ni à m'en distraire. Il les accueille, simplement. Comme s'ils faisaient partie de moi. Comme s'ils avaient leur place, eux aussi.

— Tu dis ça, mais... et si j'étais cassée pour de bon ? souffle-je, la gorge nouée.

Il ne répond pas tout de suite. Je sens sa main se poser doucement dans mon dos, là où la tension s'accroche encore. Puis ses doigts remontent lentement jusqu'à ma nuque, massant avec une tendresse qui me fait presque trembler. Quand il relève mon visage, je me laisse faire. Son regard est grave, mais pas inquiet. C'est un regard qui connaît les ombres, mais qui choisit malgré tout de rester.

— Alors je t'attendrai, dit-il, d'une voix douce mais assurée. Et si tu n'es jamais prête, je resterai quand même. Parce que tu n'as rien à me prouver. Rien à me donner pour être aimée.

Il dit ça avec une telle simplicité que ça me désarme. Pas comme une réplique bien pensée, pas comme une phrase qu'on sort pour rassurer. Non. Juste une vérité. La sienne. Une vérité qu'il me tend, comme un abri.

Un battement. Puis deux.

Et quelque chose en moi craque. Pas une cassure douloureuse. Plutôt une faille qui s'ouvre enfin pour laisser passer un peu de lumière. Mes yeux picotent, mais je retiens mes larmes. Ce n'est pas le moment de pleurer. C'est le moment de respirer.

Je baisse les yeux, un sourire timide au bord des lèvres.

— Tu dis toujours des trucs comme ça, ou c'est moi qui t'inspire ? tente-je d'ironiser.

Je sens son souffle s'attarder contre ma peau, sa bouche effleurer ma joue avant de glisser jusqu'à mon oreille.

— Tu veux la vérité ? souffle-t-il. J'étais un mec vachement plus chiant avant toi, ironise-t-il.

Je ris, surprise, et le rire se glisse entre nous comme une vague chaude. Il m'embrasse juste en dessous de l'oreille, là où ma peau frissonne instantanément. Puis encore un peu plus bas, comme une caresse à peine esquissée.

— Et maintenant ? murmure-je.

— Maintenant, répondit-il en relevant la tête un sourire en coin, les yeux brillants d'un éclat malicieux. J'ai très envie de t'embrasser. Mais je me retiens. Parce que j'ai dit que je prendrais mon temps. Je veux juste qu'on reste comme ça encore un moment. Collés. Vrais. Et un peu foutus, peut-être. Mais ensemble.

Un silence s'installe. Doux. Apaisant. Puis, comme s'il avait besoin de dégonfler un peu l'intensité, il ajoute avec un petit rire :

— Et entre nous, je sais pas ce que tu t'imagines, mais j'ai clairement pas la gueule du Dom Juan idéal, car ça, dit-t-il en désignant ses cheveux, couplés aux t-shirts de groupes de black, ça annule l'effet du type mystérieux sexy. Oui, j'ai déjà couché avec des filles, mais non, elles ne se sont jamais bousculées au portillon.

— Elles sont stupides alors.

Il ricane doucement, mais son regard redevient sérieux. Il me scrute, un peu plus longtemps.

— Et tes mecs précédents... c'étaient des putains de salopards. Incapables de te regarder comme tu le mérites. Incapables de t'écouter vraiment. De prendre soin de toi.

Un frisson me traverse. Il ne cherche pas à faire le mec parfait. Il ne promet pas l'impossible. Mais ses mots, eux, me paraissent vrais. Je tends la main vers lui, attrape la sienne, et murmure :

— J'crois que j'ai envie d'y croire. À toi. À maintenant. Même si ça fait peur.

— Alors on y va doucement, dit-il en glissant sa main contre ma joue, son pouce effleurant la ligne de ma mâchoire. À ton rythme. Et si t'as besoin qu'on s'arrête, même en plein vol, je freine. Tu dis le mot, je m'arrête. Mais en aucun cas, je ne t'abandonnerai. »

Je ferme les yeux, me laisse envelopper par cette promesse si simple, si rare. Et quand ses lèvres viennent effleurer les miennes, ce n'est pas pour conquérir, ni pour posséder.

C'est pour dire : Je suis là. Je t'écoute. Et je reste.

_________________________

Note de l'auteure

Bien le bonjour ! Comment allez-vous ? 🌸💖

Alors, alors... vous aussi, vous avez senti cette tension douce et électrisante vous traverser comme une décharge au creux du ventre ? 😳🔥 Parce qu'écrire ce chapitre, c'était comme danser sous une averse d'émotions — tendresse, rires, frissons, et cette délicieuse maladresse qui donne envie de tout recommencer, juste pour prolonger l'instant...

Entre un premier baiser, une course sous la pluie, une guitare qui souffre (courage à elle 💀) et des petits défis tout doux... on est pile dans le mood « rom-com suédois trop cute  », non ? 😂 Est-ce que ça vous a fait sourire ? Rêver un peu ? Ou rougir beaucoup ? (Allez, avouez... 😏)

Perso, je suis fan des moments gênants mais adorables où rien ne se passe vraiment comme il faut... et qui pourtant change tout. 🫠 Vous aussi, vous avez vécu ce genre d'instant suspendu avec quelqu'un ? Une pluie surprise, une maladresse mignonne, un frisson mal dissimulé ? Racontez-moi vos anecdotes pleines de douceur ! ☁️💬

La suite arrive très vite... et spoiler : on n'est pas prêts pour ce qui les attend. Parce que parfois, après la pluie... le ciel reste chargé d'émotiong. 👀

Avec tout mon amour (et une serviette bien sèche)

A.E 🌧️🖤

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