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AlexandraEndersen
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17. Une Nuit Sous Les Étoiles

— 𝑋𝑉𝐼𝐼 —

Une Nuit Sous Les Étoiles

[Amalie]

Les discussions autour du feu sont bien trop bonnes pour les éviter. C'est tout l'esprit du truc, non ? Un peu de bière, beaucoup de rires, quelques anecdotes ridicules sur le passé d'Henrik (je me demande bien s'il en reste une qui n'a pas été racontée deux mille fois), et bien sûr, tout le monde qui essaie de réinventer le concept du "feu de camp parfait". Mais ce soir, j'ai l'impression que l'air est un peu plus lourd que d'habitude. Peut-être à cause du soleil qui ne veut jamais vraiment disparaître, ou parce que mes pensées ont besoin de se dégourdir ailleurs.

C'est alors qu'Ørjan se penche vers moi, un regard qui ne trompe pas. Il a cette façon de faire, un peu furtive, presque comme si on était sur le point de partir en mission secrète.

— Tu veux qu'on s'échappe un moment ? 

Et tout à coup, ça me semble tellement évident. Un coup d'œil à la bande, qui est parfaitement occupée à débattre sur le meilleur type de saucisse pour le barbecue (ça aussi, je ne m'en lasserai jamais), et je n'hésite pas une seconde. Je tire Ørjan par la main, l'arrachant à sa position de spectateur autour du feu de camp où tout le monde refait le monde en sirotant des bières. Je les adore, ils sont incroyables, mais ce soir, j'ai juste envie de me couper du reste du monde. Juste un instant.

On s'éloigne doucement du cercle, sans vraiment faire de bruit. Le sable est encore chaud sous nos pieds, et je respire un peu plus profondément. La brise marine fait briller l'eau du lac dans une lumière douce, comme si le monde lui-même était en train de se détendre sous les étoiles. Le ciel est magnifique ici en été, il n'est jamais vraiment noir, juste un bleu profond et saturé, avec des éclats de lumière partout. Une nuit où tu n'as jamais l'impression qu'elle va tomber, où chaque étoile semble scintiller sans jamais s'éteindre. Le genre de nuit qui te fait sentir un peu plus vivant.

La plage est presque déserte. L'air est frais, et le sable s'étend devant moi comme une mer de calme. Le lac Tiveden se perd à l'horizon, presque translucide sous cette lumière pâle, créant une harmonie tranquille entre le ciel et l'eau. C'est comme si tout se fondait dans une sérénité infinie, un paysage qui rend tout le reste insignifiant. Ou du moins, c'est ce que j'aime croire.

— Tu crois que quelqu'un va remarquer qu'on a disparu ? demande-je en jetant un coup d'œil en arrière.

Mais, en toute honnêteté, la question n'a aucune importance. Si quelqu'un s'en soucie, il viendra nous chercher. Ørjan me regarde, presque surpris par la question.

— Honnêtement ? Non. 

Il a cette manière de voir les choses qui me plaît toujours : pas de panique, pas de plan, juste l'instant présent.

Il y a quelque chose de simple, presque d'apaisant, à être là, loin des regards et des conversations bruyantes. Le sable sous mes pieds est frais, agréable. Je ferme les yeux un instant, écoutant les vagues qui viennent se briser contre le rivage. C'est ce genre de moment où tout s'arrête. Pas besoin de parler, pas besoin d'expliquer. C'est calme. C'est exactement ce que je voulais. Et c'est là que Ørjan, comme un enfant, se met à courir dans le sable sans prévenir.

— Eh ! proteste-je, mais il est déjà trop loin, en train de faire des zigzags dans le sable comme si c'était un terrain de jeu.

Je soupire, amusée malgré moi. C'est exactement le genre d'idées qu'il a quand il est tranquille. J'aurais dû m'en douter. Il me regarde et, sans un mot, se met à courir vers moi, armé de sable dans la main. Je n'ai pas le temps de réagir. Les gains frappent mon corps avec l'intensité d'une attaque surprise. Je suis sur le point de lui répondre, mais il éclate de rire. Je crois qu'il me fait volontairement perdre la face. Il me provoque. C'est une invitation à la bagarre. Ça, il le sait très bien. Je me secoue et, dans un élan de rébellion, je lui balance à mon tour une poignée de sable, le prenant au dépourvu. C'est une guerre sans règles. Et moi, je sais comment jouer.

Il me regarde, un instant surpris, puis nous voilà à courir l'un après l'autre, à faire de ce sable un champ de bataille. Sauf qu'au lieu de se retrouver dans un duel épique digne d'un film, on finit par s'étaler dans le sable, à moitié éclatés de rire, couverts de sable. C'est ridicule, et en même temps, c'est exactement ce qu'il me fallait ce lâcher prise.

J'arrête finalement de lutter, et je lève les yeux vers les étoiles. Le sable colle à ma peau, mais je m'en fous. C'est comme si le temps s'était suspendu ici, dans cette petite bulle de tranquillité. L'univers s'étend autour de nous, vaste et indifférent, et pourtant, je ne veux pas quitter cet instant.

— C'est une bonne manière de tuer le temps, non ? dis-je à Ørjan, en observant les étoiles qui brillent au-dessus de nous.

Je n'attends pas vraiment de réponse, mais il se tourne vers moi et je vois un sourire discret se dessiner sur ses lèvres. Un sourire complice, de ceux qui en disent long sans avoir à dire grand-chose.

Je ne sais pas combien de temps on reste là, mais tout à coup, la voix d'Henrik s'élèvent accompagné de la bande.

— Ben alors, qu'est-ce que vous faites, là ? lance-t-il, un sourire en coin, tout en bougeant un sourcil.

— Vous avez l'air de deux gamins, se marre Erik.

Astrid, quand elle, nous observe simplement, un sourire presque attendrie sur les lèvres. Elle sait que tout ça, c'est plus un prétexte qu'autre chose. Une excuse pour fuir la réalité, pour que l'on se retrouve ensemble.

— On s'amuse. C'est pas interdit, non ? dis-je en me redressant et en souriant. Vous n'avez qu'à nous rejoindre si vous en avez assez de votre conversation sur les oiseaux migrateurs et la bière artisanale.

— L'idée est tentante, mais je passe mon tour, répond Marcus.

— Vous aviez l'air de bien vous éclater. Ça vous a fait du bien, de sortir un peu de votre tourbillon émotionnel ? 

J'hoche la tête, même si la question semble presque absurde. On sait tous pourquoi on est là. Pas pour discuter du sens de la vie ou de l'avenir de nos carrières, mais simplement pour fuir, juste un instant, tout ce qui nous pèse. La soirée se transforme en ce genre de moment suspendu, où le monde extérieur s'éloigne, presque imperceptible.

J'observe Ørjan, qui s'est assis un peu plus loin, les bras croisés, une expression de contentement sur le visage. Il me fait toujours cet effet-là : il est présent, mais dans un silence qui en dit plus que des mots. J'ai toujours trouvé ça fascinant, chez lui. Et, pendant que je suis en train de m'égarer dans mes pensées, Henrik brise le silence.

— Alors, vous deux... un truc à nous dire ? lâche-t-il avec un sourire amusé, les yeux pétillants.

Je sens le rouge me monter aux joues, mais je tente de le masquer en prenant une grande inspiration.

— Non, rien à déclarer. Juste un peu de sable et des étoiles, répond-je d'un clin d'œil pour être sûre qu'il capte l'ironie de la situation.

Ørjan hausse les épaules et me lance un sourire taquin, un regard qui dit tout. La complicité entre nous est évidente, et pourtant, rien n'est dit. Pas besoin de le verbaliser pour comprendre ce qui est là. C'est cette simplicité, ce genre de vérité non exprimée qui me plaît dans ce moment, dans cette atmosphère.

Henrik, toujours aussi curieux, jette un coup d'œil vers le lac, où la lumière de la lune, douce et persistante, danse sur l'eau calme.

— C'est bien ici, non ? demande-t-il avant de marquer une pause, puis se tourne vers nous. Vous pensez qu'une fois les vacances fini... ça tiendra, entre vous deux ? 

Un frisson de nervosité m'envahit instantanément. C'est pas une question à laquelle j'ai vraiment envie de répondre, mais je m'efforce de garder mon calme. Je jette un regard à Ørjan, un peu gênée, mais il me rassure d'un simple sourire. Ce genre de sourire qui dit "tout va bien".

— Je pense que c'est comme le lac, répond-il finalement, sans se départir de son calme habituel. Parfois calme, parfois un peu plus agité. Mais ça reste toujours là, stable, sous la surface. 

Il me regarde avec un éclat dans les yeux qui me fait sourire, un sourire qui dit bien plus que ce qu'il vient de dire. Les autres semblent satisfaits par cette réponse, et le sujet de la relation se dissipe aussi vite qu'il est venu. Tout le monde se met à discuter à nouveau, à plaisanter sur des anecdotes d'adolescence, des histoires de camping, et des souvenirs partagés. Les rires fusent à nouveau, comme une mélodie joyeuse qui accompagne notre moment.

Un peu plus tard, la brise se lève légèrement, agitant les cheveux d'Ørjan et les miens. Je ferme les yeux, me laissant emporter par cette douceur, par cette sensation de sérénité qui enveloppe tout. Le vent, les vagues, les voix lointaines... tout se fond. Il est comme une couverture protectrice, un moment hors du temps, où rien d'autre n'a d'importance.

— On pourrait rester là pour toujours, murmure Ørjan à mon oreille, presque comme un secret. C'est tout ce qu'on veut, non ? Pas besoin de chercher ailleurs. 

Je le regarde, un sourire sincère sur les lèvres.

— En effet... Sauf si tu as une meilleure idée pour passer le temps. 

Il me répond par un regard profond, un de ceux qui glissent sous la peau, qui laissent une chaleur douce s'infiltrer là où je ne m'y attends pas. Et dans ce regard, je vois qu'il sait exactement ce que je ressens. Un frisson me parcourt, pas à cause du vent, mais à cause de cette connexion invisible qui se tisse entre nous, plus forte que tout.

Les rires autour de nous, les bruits des vagues, tout s'estompe. Tout ce qui reste, c'est ce silence. Ce silence entre nous, lourd de sens, électrisant, comme si l'air était chargé d'une tension qu'on ne peut ignorer. Ørjan et moi, ici, ensemble, dans cette intimité naissante, où chaque mouvement prend un sens différent, chaque sourire a un goût plus sucré.

Je me rapproche un peu plus de lui, sans un mot, mes doigts effleurant les siens, juste assez pour que la chaleur de sa peau se diffuse dans la mienne. La brise légère danse autour de nous, mais tout ce que je ressens, c'est cette proximité, cet instant suspendu.

Ce soir, la nuit est comme une promesse, un voile léger tissé d'étoiles et de silence, un murmure doux et intime. Une nuit qui restera gravée dans nos mémoires, comme un secret partagé, un souvenir qu'on ne laissera jamais s'échapper, enfoui dans le sable chaud, là où seuls nos regards se comprennent.

❀ ❀ ❀

Le sauna du camping de Trolldheim est petit, presque intime. Rond, avec des murs en bois lisses qui semblent se réchauffer sous la chaleur de la vapeur. L'espace est si clos, si confortable, qu'on se sent presque enveloppé par l'air chaud et dense qui flotte autour de nous. Les bancs en bois clair, usés par le temps, sont parfaitement faits pour s'y glisser et se détendre. La lumière tamisée filtre à travers les fentes dans les murs, projetant des ombres dansantes sur le sol. Chaque souffle de vapeur me semble presque palpable, lourd et enivrant.

Je suis là, étendue sur un banc, mes jambes allongées et ma peau chaude, collée à la chaleur étouffante du sauna. Ørjan est juste à côté de moi, si proche, mais sans que nos corps ne se touchent encore. Il est à un petit mètre de moi, mais sa présence me semble déjà trop forte. Son regard, posé sur moi, est aussi brûlant que la chaleur qui nous entoure. L'air semble plus lourd quand il est près de moi.

— Tu n'as pas trop chaud, toi ? 

Ma voix sort plus grave que d'habitude, presque rauque, comme si je cherchais à envoûter l'instant. Il n'y a rien de simple dans cette chaleur. Elle me fait sentir vivante, et c'est à peine si je tiens à contenir ce désir qui brûle en moi. Ørjan me regarde, un sourire en coin, et le fait durer trop longtemps, juste assez pour qu'il me déstabilise. Il s'approche un peu plus, si lentement que ça en devient presque insupportable, et je sens son souffle, brûlant, se poser contre ma peau. Mes muscles se tendent involontairement.

— Si, un peu trop même, dit-il, sa voix calme, mais je devine une lueur taquine derrière son calme apparent. Mais je me demande si c'est la chaleur du sauna, ou la chaleur entre nous, qui rend tout ça... si... intense. 

Je le sens se rapprocher davantage, sa peau effleurant la mienne, juste un frôlement suffisant pour envoyer une décharge de désir le long de mon corps. La pièce est si étouffante, mais c'est lui qui me fait suffoquer.

Le silence qui s'installe entre nous est lourd, presque pesant. Je peux presque sentir le frisson qui parcourt sa peau, tout comme le mien. Ce n'est pas juste la chaleur du sauna, c'est cette tension, cette anticipation qui nous envahit. Il me fait languir, me garde juste assez éloignée pour qu'un simple contact en devienne un besoin.

— Démon, ajoute-je les yeux pétillants de désir.

Il s'arrête. Et je le sens, enfin, se pencher vers moi, lentement, comme si chaque mouvement était minuté, calculé pour augmenter la chaleur, le désir. Ses lèvres frôlent les miennes, d'abord doucement, avant qu'il ne les presse plus fermement contre les miennes. Le baiser est si tendre qu'il est presque cruel. Chaque caresse de ses lèvres contre les miennes est comme une promesse, un petit morceau d'extase retardée.

Je gémis légèrement contre sa bouche, sentant ma peau brûler sous la chaleur de ses gestes. Le silence est total, le monde autour de nous n'existe plus. Rien que lui, rien que nous, dans ce sauna trop petit pour contenir la montée de notre désir. Il se retire légèrement, et je le regarde, un peu hébétée, avant qu'il ne plonge ses yeux dans les miens, plus sombres, plus intenses qu'avant. La chaleur autour de nous n'est plus qu'un prétexte. Nous sommes deux, enfermés dans cette pièce, dans cette chaleur, et tout ce qui existe, c'est l'intensité de ce moment.

Je me redresse un peu, ma main glissant lentement le long de son bras. Un frisson parcourt ma peau à chaque mouvement, chaque contact. Il me regarde, un sourire en coin, mais je vois bien que tout, chez lui, trahit un désir tout aussi puissant que le mien.

La chaleur du sauna, la sueur sur nos corps, tout semble se mêler et se confondre, jusqu'à ce que je ne sois plus qu'un brasier de désir. Je sens mon cœur battre plus vite, et chaque seconde qui passe me rapproche de la folie douce qui m'envahit à son contact. Je me laisse aller, me plonge dans cet instant, le corps et l'esprit perdus dans la chaleur du sauna, et dans la chaleur de lui. Ce n'est plus la vapeur qui nous enroule, c'est nous qui sommes tout feu tout flamme.

Nous sortons finalement du sauna, la peau encore moite, les cheveux humides et les sens en éveil. La fraîcheur de cette fin d'après-midi contraste brutalement avec la chaleur qui nous habite encore. On ne parle pas. Nos regards suffisent. Il y a quelque chose de suspendu, quelque chose qui brûle doucement, et je sens chaque battement de mon cœur comme un tambour dans ma poitrine.

Je prétexte avoir froid pour me changer rapidement, mais en réalité, j'ai juste besoin d'un instant pour respirer, pour apprivoiser ce frisson qui n'a rien à voir avec la température extérieure. J'enfile simplement le sweat d'Ørjan celui-qu'il m'avait prêté et que je ne lui ai jamais rendue. Le tissu glisse sur ma peau encore chaude, couvrant juste assez mes fesses pour ne flasher personne, puis je rejoins Ørjan dehors, sur la petite terrasse en bois.

Il est là, assis sur les marches, torse nu, sa serviette autour de la taille. Il regarde devant lui, l'air absent, mais je sais qu'il m'a entendue arriver. La lumière de la hytte derrière lui découpe ses épaules et fait briller les perles d'eau dans son dos s'échappent de ses cheveux.

Je m'approche sans un mot et m'assois à ses côtés. Il tourne la tête vers moi, un sourire en coin sur les lèvres. Pas besoin de parler. L'atmosphère est chargée. L'air entre nous vibre, tendu, comme une corde sur le point de rompre.

Je tends la main, effleure sa clavicule du bout des doigts. Il ne bouge pas, mais je vois sa mâchoire se contracter. Ma main descend lentement, dessine la ligne de son torse, et je le sens frissonner sous mon toucher. Puis plonge son regard dans le mien, chaque mouvement devenant une promesse silencieuse.

— Tu te souviens de ce qu'on a ressenti hier soir et tout à l'heure ? demande-je en prenant soin de marquer une courte pause. Tu crois qu'on peut garder ça juste comme un souvenir, ou... il y a encore un peu de sable, de vapeur et de nuit à explorer ?

Il se redresse alors, tout en douceur, mais son regard devient soudainement plus intense, plus déterminé. Il se penche un peu, ses lèvres effleurant les miennes sans jamais vraiment se poser, juste assez près pour que la chaleur de son corps m'enveloppe.

— Pourquoi se contenter d'un souvenir, Amalie ?

Sa voix est grave, remplie de cette tension palpable qui m'enveloppe et me fait frissonner.

— Si on peut en avoir plus. Si tu en a envie.

Et puis, tout bascule.

Nos bouches se rencontrent avec une urgence à peine contenue, un besoin brut, viscéral. Ses mains glissent sous mon haut, découvrent ma peau avec lenteur, comme s'il voulait tout retenir, tout graver. Je le pousse doucement à l'intérieur de ma hytte, et le bois grince sous nos pas pressés.

Dans le lit, les gestes deviennent plus tendres, plus assurés. Nos corps s'explorent, se découvrent, se cherchent et se trouvent avec une fluidité presque troublante. Je me perds dans ses soupirs, dans la pression de ses doigts sur ma peau, dans la chaleur de sa bouche sur ma gorge. C'est à la fois doux et sauvage, tendre et fou. Chaque mouvement est un aveu, chaque gémissement, une offrande.

Je tremble légèrement. Non de froid, mais d'un mélange d'émotions trop grandes pour mon corps. Elles débordent : la peur, l'envie, le doute. Et cette étrange chaleur dans ma poitrine, ce sentiment inédit de sécurité, presque irréel. Ici, dans ses bras, je me sens différente. Plus douce. Plus forte, aussi.

Ørjan glisse les doigts le long de ma taille, sa paume chaude suivant la courbe de ma hanche, remontant lentement jusqu'à la naissance de mon sein. Il me touche avec une précaution déconcertante, comme s'il avait peur de me briser.

— Si tu veux qu'on arrête, tu me le dis, d'accord ? murmure-t-il, ses lèvres frôlant ma peau.

J'hoche la tête, incapable de parler. J'ai la gorge nouée. Mais je comprends. Et je sais, profondément, que je peux lui faire confiance. Ce n'est pas comme avant. Ce n'est pas eux. Ce n'est pas violent, ni pressé, ni flou. C'est précis. Clair. Choisi. Mon corps a longtemps été un champ de bataille. On m'a prise sans me demander mon avis, utilisée, abîmée. Mais là, ici, maintenant... c'est moi qui décide.

Je laisse mes doigts descendre timidement sur son torse. Sa peau est tiède, parcourue de légers frissons à chacun de mes gestes. Mon cœur bat à tout rompre. J'ai l'impression que mon corps hésite entre fuir et s'ouvrir. Je ne veux pas avoir peur. Pas avec lui.

Mes doigts s'aventurent plus bas, hésitent, puis l'attrapent doucement. Mon souffle se bloque dans ma poitrine. Mon ventre se contracte, et une pensée me traverse comme une lame fine : est-ce que je vais bien faire ?

Je lève les yeux. Ørjan me regarde avec une tendresse infinie, comme si j'étais la chose la plus précieuse qu'il ait jamais tenue entre ses mains.

— T'as rien à prouver, Amalie, dit-il en me caressant la hanche. C'est toi. C'est déjà parfait.

Ses mots m'enveloppent. Me calment. J'inspire profondément, et je le sens, là, sous moi, prêt à m'accueillir. C'est moi qui décide. Je suis actrice, pas victime. Pour une fois, c'est moi qui choisis.

Je m'installe lentement, mes cuisses autour de ses hanches, mon souffle tremblant. Mon corps est tendu, raide d'appréhension. Je m'abaisse avec une infinie précaution, sentant chaque millimètre comme une onde inconnue. Mes muscles se crispent, malgré moi.

Il pose ses mains sur mes hanches, douces, rassurantes, fermes. Il m'aide à m'ajuster, à trouver l'angle qui me convient.

— Ça va ? demande-t-il, le regard planté dans le mien.

Je hoche à nouveau la tête, cette fois plus sûre de moi. Ma voix est faible, mais présente.

— Continue de me parler. J'ai besoin de t'entendre. 

Il me souffle des mots à l'oreille. Des mots que je ne retiens pas tous, mais dont je capte la chaleur, la douceur. Mon cœur ralentit. Mon corps, lentement, s'ouvre. La douleur est là, au début, légère, mais elle ne domine pas. Elle laisse vite place à une autre sensation : celle d'être entièrement habitée.

Un gémissement m'échappe. Je me tends, puis me relâche, portée par les gestes patients d'Ørjan, par la façon dont il me soutient, dont il me regarde — comme si j'étais à la fois sacrée et désirable.

Je commence à bouger. Lentement. Je prends le temps. J'apprends. J'explore. Mes mouvements sont d'abord maladroits, hésitants. Mais à mesure que je le sens frémir sous moi, que ses mains m'encouragent doucement, je gagne en confiance. Mon bassin trouve un rythme. Mes mains s'ancrent sur ses épaules. J'ai chaud. J'ai le cœur qui cogne, mais ce n'est plus la peur. C'est la vie.

— Montre-moi... soufflé-je, haletante, mon front posé contre le sien. Comment tu fais...

Il m'aide, me guide. Haut, bas. Ses mains ne m'imposent rien, elles me suivent, m'invitent. Et tout devient plus fluide. Je ressens. Vraiment. Son corps dans le mien. Sa chaleur. Sa présence. La mienne aussi.

Je suis là.

Entière.

Je me sens belle. Je me sens vraie.

Je ne sais pas si j'atteindrai l'orgasme, mais je suis déjà ailleurs. Dans un espace où je ne suis plus définie par la douleur. Où je me réapproprie tout. Mon souffle. Mon corps. Mon sexe. Ma peau.

Je suis libre.

Avec lui.

Je t'aime Ørjan.

Quand tout se calme, nous restons un moment l'un contre l'autre, haletants, encore enveloppés par cette chaleur qui n'a rien à voir avec le sauna.

La fraîcheur du matin ne fait que raviver le souvenir de la nuit. La moiteur du sauna, sa peau contre la mienne, le goût de son souffle encore ancré sur mes lèvres... Tout semble encore flotter dans l'air. Je suis allongée sur le dos, les yeux fermés, bercée par les bruits lointains du camping : des voix calmes, le crissement d'un vélo sur le gravier, une casserole qu'on pose sur une table en bois. Le quotidien reprend, paisible, indifférent à ce qui s'est joué entre nous la veille.

Le soleil est haut, mais l'air reste frais, un contraste saisissant avec la chaleur de la nuit passée. Un souffle léger vient caresser ma peau nue, étendue sous un drap que je n'ai même pas pris la peine de remonter. Je sens encore le picotement de ses doigts sur mes hanches, comme une empreinte douce et invisible qui refuse de s'effacer.

Ørjan.

Je le sens avant même d'ouvrir les yeux, cette présence familière, dense, magnétique. Il est là, quelque part près de moi, à quelques mètres à peine. Quand je tourne doucement la tête, je le vois : assis au bord de la terrasse, le regard perdu dans les arbres. Son torse nu capte la lumière du matin, et ses cheveux long tombent en cascade dans son dos. Il semble ailleurs. Mais je sais que son esprit n'est jamais bien loin du mien.

Je m'étire avec lenteur, mes muscles encore engourdis par la chaleur de la nuit, et je laisse un soupir s'échapper. Mes doigts effleurent la couverture, comme s'ils cherchaient à retrouver la trace de ses mains.

Il ne m'a pas encore entendue. Tant mieux. Je sors, silencieuse, et m'approche à pas lents. Mon regard glisse sur son dos, sur la ligne douce de ses omoplates. Il est magnifique, dans cette lumière-là. Brut. Vrai. Naturellement désirable.

Quand je suis assez proche, je tends la main et laisse mes doigts se poser sur son épaule. Une caresse à peine perceptible. Il sursaute à peine, comme s'il m'attendait. Son sourire en coin s'esquisse, et ses yeux, d'un bleu acier, viennent chercher les miens.

Il ne dit rien. Ce silence... c'est une promesse en suspens. Un souffle qui attend d'éclater. Il me fixe. Ce regard... Mon dieu qu'il est beau.

— Tu cherches quelque chose, Amalie ? 

Sa voix est rauque, un peu cassée par le contraste entre le chaud et le froid. Je m'approche encore, mon corps frôlant presque le sien, et je penche la tête vers son oreille, mon souffle chaud contre sa peau.

— Non. Je l'ai trouvé, chuchote-je, mes lèvres tout près des siennes.

Je fais glisser mes doigts le long de son bras, lentement, en une danse douce et contrôlée. Ses lèvres se déposent enfin sur les miennes, lentes, presque exploratoires, comme si chaque seconde comptait, chaque mouvement avait son propre poids. Mes mains se glissent dans ses cheveux, le tirant un peu plus vers moi, alors que sa main se pose sur mon dos, me rapprochant de lui avec une telle force que je n'ose même pas lutter. Ce n'est pas une simple étreinte. C'est plus... c'est un besoin, une urgence douce et brûlante.

Quand il se détache enfin, je suis presque à bout de souffle, mon cœur battant à tout rompre dans ma poitrine. Je sais que cette fois, je suis prête à tout. À aller plus loin, à savourer ce qu'il me propose sans me poser de questions. Parce qu'à cet instant, il n'y a plus de doute. Ce que nous partageons, c'est plus qu'un simple souvenir.

C'est une folie douce, une sensualité naissante qui grandit en nous à chaque seconde, à chaque geste.

____________________________

Note de l'auteure : 

Alors... qui aurait cru qu'un feu de camp, quelques bières et un peu de sable pouvaient créer une bulle aussi douce ? 😌🌊 Ce chapitre, c'est un petit souffle. Un moment suspendu entre deux éclats de rire, deux regards qui veulent tout dire sans vraiment oser. Vous aussi vous avez senti la chaleur du sable, le calme du lac, et ce petit frisson quand quelqu'un vous regarde un peu trop longtemps ? 😏

Mais ce chapitre... c'est aussi le point de bascule. Entre les tensions qui explosent, les regards qui brûlent, les vérités qui font mal... et ce moment intense entre Ørjan et Amalie (oui, ce moment 🔥). Je savais en l'écrivant que je ne reviendrais plus en arrière. Que plus rien ne serait jamais comme avant pour eux. Pour Vous. Je l'ai écrit le cœur battant, en me demandant si vous seriez aussi secoués que moi. 

Aller on termine sur note légère avec mes habituelles questions : c'était quand, votre dernier moment de pure simplicité ? Celui où tout était suspendu, un peu flou, mais profondément juste ? 💫 J'adore lire vos anecdotes (et vos petites confidences 👀), alors lâchez-vous !

En attendant, prenez soin de vous, respirez, et on se retrouve la semaine prochaine pour un chapitre sous le signe de la célébration ! 🌸🌿🇸🇪

A.E 💖

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