[Résumé : Glenn a essayé de s'en prendre à Markus en utilisant ses phéromones, Markus a réussi instinctivement à utiliser les siennes pour se protéger et fuir. Jasper en a rajouté une couche et Glenn a été jeté dehors. Jasper a ensuite pris soin de les débarrasser tous les deux de toute trace de phéromone de Glenn. Ils sortent de la douche et Markus panique à l'idée que Jasper puisse penser qu'il a « provoqué » son agression.]
***
— Je sais, Bébé.
Jasper embrassa le crâne de son amoureux puis le souleva et l'emporta à travers l'étage. Markus enroula ses bras et ses jambes autour de lui, mu par l'habitude. Dans leur chambre, il déposa son Oméga sur leur lit et tira la couette avant de se glisser contre lui et de l'attirer entre ses bras. En diffusant des phéromones apaisantes. Beaucoup. Longtemps.
— Tu n'as pas besoin de m'expliquer si tu ne veux pas. Tout le monde a vu qu'il avait essayé de t'agresser, et que tu t'étais pas laissé faire. Je crois que pour Teddy tu vas être une sorte de héros, tu sais ? Tu n'es pas obligé de me raconter si tu ne veux pas. Il est parti. Tout va bien. Tu es en sécurité.
— Mais tu étais si en colère...
— Après moi, chéri. De ne pas avoir su te protéger. Après lui, surtout. D'être un si glauque connard. Et puis tu n'as pas eu besoin de moi. Tu l'as cogné dur, il a mis des plombes à se relever.
— Je l'ai pas touché. Je... j'ai... Je crois que j'ai utilisé mes phéromones... Jasper il, il avait déjà senti les miennes ! Il sait !
Jasper jura intérieurement et resserra son étreinte sur son amoureux, comme si ses bras pouvaient le protéger du monde extérieur... et de son père, surtout. Il gronda tout bas, les lèvres se retroussant sur ses canines. C'est parce que Markus releva le visage vers lui, intrigué par le son, qu'il le réalisa. Et se reprit bien vite, faisant taire son instinct animal en se mordant la lèvre.
— Chaque chose en son temps. Ce soir, tu te reposes. Demain... nous verrons.
— Mmh.
Cela n'allait pas changer grand-chose à leur façon de faire, finalement. Il ne restait plus qu'une dizaine de jours de vacances avant la reprise des cours, et il n'était pas question pour eux de louper la rentrée universitaire. Le retour serait peut-être juste un peu plus compliqué que prévu... Parce que très sincèrement, Jasper avait envisagé d'aller s'agenouiller aux pieds du Ministre de la Défense pour le supplier de lui donner son fils en mariage, contre tout l'argent possible fourni par la famille Tahéal. Il était prêt à renoncer à tous ses principes pour peu que Markus puisse rester à ses côtés. Voire même à fuir à l'étranger. Voilà, c'était peut-être la solution. Il fallait qu'ils fuient. Dans un pays où on ne les retrouverait pas. Là où ils ne craindraient rien et...
— Eho, Jasper ? Jas ?
Il réalisa que ses pensées l'avaient emmené bien trop loin, une fois encore. Markus était collé à lui, et son corps était brûlant. Le léger mouvement de son bassin contre sa hanche lui arracha un soupir et il se tourna vers son Oméga, dont les yeux luisaient de fièvre.
— Pardon, Bébé. J'ai du mal à me concentrer sur le positif aussi. Mais ça va aller. On va trouver des solutions. T'inquiètes p... Markus ?
Le jeune homme avait basculé pour grimper sur lui, et plongé ses doigts dans les boucles châtaines de l'Alpha. Son regard était embrumé, incertain, et semblait avoir du mal à focaliser. Ses pupilles étaient trop dilatées, et son corps était chaud. Si chaud.
— Oh, bon sang...
Il enlaça l'Oméga et l'embrassa tout en se penchant vers la table de chevet, exercice rendu d'autant plus périlleux qu'il lui fallait ensuite rapprocher d'eux la trousse de médicaments de son amant et... un verre d'eau.
— Markus ? Markus, Bébé, regarde-moi.
Il lui saisit le menton et plongea son regard dans celui de son amoureux.
— Il a déclenché des chaleurs, tu as besoin de médicaments.
— Ou alors tu peux me faire un bébé.
— Oh, bon sang...
Jasper inspira et mordit son poing pour ne pas crier sa frustration. Markus avait déjà abandonné toute espèce de cohérence, ça allait être un calvaire de lui faire prendre un inhibiteur. Et même si Jasper avait un peu de pratique, développant des trésors d'imagination pour ne serait-ce que faire boire de l'eau à Markus lorsqu'il perdait l'esprit, c'était vraiment la dernière chose qu'il avait envie de faire ce soir. Enfin, l'avant-dernière. La dernière, c'était de faire l'amour à son Oméga parce qu'une autre Alpha avait déclenché ses chaleurs, alors même que ce dernier était encore choqué par cette agression.
Il réussit à glisser le médicament dans la bouche de son amoureux entre deux baisers fiévreux, et à le lui faire avaler avec un peu d'eau. Voilà. Il n'y avait plus qu'à attendre en faisant patienter l'Oméga tout en ne perdant pas le contrôle de ses propres émotions sous l'assaut constant des phéromones. Une broutille !
***
— Pardon !
Markus était encore sur lui, mais il venait de mettre fin à un baiser pour enfouir son visage dans le cou de Jasper, qui se teinta rapidement d'humidité.
— Je suis désolé Jas, je... Je...
L'Alpha l'enlaça un peu plus étroitement, se voulant rassurant, et diffusa des phéromones apaisantes, à très faible dose.
— Tu n'as rien fait de mal, Markus.
— Mais je... je... j'ai perdu le contrôle alors que ça n'aurait pas dû être maintenant et c'est... Si je n'avais pas... si j'avais été plus vite pour me laver les mains ou si j'avais été à la cuisine ou...
— Markus bordel !
Jasper s'en voulut aussitôt d'avoir haussé la voix. Heureusement, il n'avait pas en plus perdu le contrôle de ses phéromones. Il releva le visage inondé de larmes de son amant et plongea son regard dans le sien, en essuyant ses joues des deux pouces. Il reprit, d'une voix plus calme :
— Tu n'as RIEN fait de mal. Rien. Tu as été victime d'une agression. C'est lui. C'est à cause de lui, pas à cause de toi. C'est lui qui est un connard mal éduqué. Pas toi. Tu n'as rien fait. Du tout.
Il poussa un soupir et caressa encore les joues de son amant un instant, avant de lui planter un baiser sur le front et de l'attirer à nouveau contre lui.
— Dans n'importe quel autre contexte, je t'aurais déjà embarqué à la gendarmerie pour porter plainte. Mais...
— Mais je ne tiens pas à avoir mon nom dans les journaux. Ni toi le tien.
— Bébé, je m'en contrefous de mon nom dans les journaux. J'voudrais crier à la Terre entière que t'es à moi. Si je t'avais marqué, on n'en serait pas...
Jasper ferma les yeux et renversa la tête vers l'arrière, se maudissant intérieurement. Depuis qu'il s'était laissé emporter par ses émotions et avait mordu la nuque protégée de son Oméga sans même lui demander son avis, le sujet n'était jamais revenu dans la discussion. Ils l'évitaient. Ils évitaient tout ce qui pouvait provoquer de l'angoisse quant à leur avenir. Ils ne vivaient que pour le « ici » et le « maintenant ».
Markus se lova contre lui et caressa son cou du bout des doigts, murmurant tout bas :
— Encore quatre à six mois.
Jasper se redressa et rouvrit les yeux, cherchant le regard de Markus.
— Comment ça ?
— Le collier va rester collé encore quatre à six mois. Si on tient bon jusque-là, tu pourras enfin me mordre.
— Je... Tu... Tu veux que j'te morde ? souffla Jasper, les joues écarlates.
— Ben... Oui ? On en a déjà parlé pourtant mais... enfin non mais je... Je... j'ai dû mal comprendre, désolé.
Markus se glissa hors de l'étreinte de l'Alpha et se coucha sous la couette, lui tournant le dos. Ses joues était d'une couleur rivalisant avec celles de Jasper, qui se dépêcha de se coller dans son dos pour l'enlacer à nouveau. Et embrasser cette nuque qu'il désirait mordre.
— Je crève d'envie de te mordre, Markus. Mais à mes yeux on n'avait jamais vraiment évoqué... Ni ça, ni aucun autre sujet concernant notre avenir. On a passé l'été à éviter d'en parler et à vivre au jour le jour. Je pensais que... qu'on n'avait pas vraiment le droit de faire des projets d'avenir, dans la mesure où ton père en a déjà d'autres pour toi et...
L'Oméga se retourna brutalement entre ses bras, pour lui faire face, les yeux voilés de larmes à nouveau.
— Ça me terrifie, Jas. Je crois que j'pourrais plus vivre sans toi. Je... Je ne comprends pas ce qu'il se passe.
— J'ai peur aussi.
Tellement peur qu'il était encore en train d'envisager une fuite à l'étranger il y a quelques minutes.
— J'ai peur aussi, Bébé. Mais on va trouver. On va forcément trouver.
Il referma ses bras sur lui. Et diffusa plus de phéromones. Il frissonna quand il sentit celles de Markus se mêler aux siennes.