Le silence dans le hangar était lourd. Après l’accord de Kane, tout le monde s’était éparpillé, chacun retournant à ses affaires. Mais Lyana sentait que l’ambiance avait changé.  

Ils n’étaient pas simplement des invités. Ils étaient des pions dans un jeu qu’elle ne maîtrisait pas.  

Kane les avait laissés dans une pièce à l’arrière, un ancien bureau aux murs délabrés, mais suffisamment éloigné pour qu’ils ne croisent pas les autres hommes trop souvent. Un vieux canapé traînait dans un coin, accompagné d’une table bancale et d’une lampe à la lumière vacillante.  

— lâcha Aileen en croisant les bras.  

Ezra était appuyé contre un mur, les bras croisés, le regard perdu dans le vide.  

—   

Lyana, assise sur le canapé, regardait tour à tour l’un et l’autre.  

— demanda-t-elle enfin.  

Ezra tourna lentement la tête vers elle.  

—   

Aileen souffla bruyamment.  

—   

Ezra eut un sourire amer.  

—   

Un silence s’installa.  

Lyana sentait que quelque chose leur échappait.  

Elle était fatiguée, son corps endolori par la nuit qu’ils venaient de passer, mais elle refusait de se laisser entraîner dans ce plan sans en comprendre les enjeux.  

—   

Ezra la fixa, comme s’il hésitait à lui dire.  

Mais il finit par répondre.  

—   

Lyana se redressa légèrement.  

—   

— corrigea Ezra. Kane fait partie du réseau. Il entend des choses, capte des rumeurs. Si Daemon prépare quelque chose, il le saura avant nous.  

Aileen secoua la tête.  

—   

Ezra haussa les épaules.  

—   

Lyana sentit son estomac se nouer.  

Ils étaient en train de se lier à un criminel.  

Mais avaient-ils réellement le choix ?  

***  

Quelques heures plus tard, Kane revint les voir.  

Il entra sans frapper, son éternelle cigarette au coin des lèvres, et jeta un dossier sur la table devant Ezra.  

—   

Ezra ouvrit le dossier sans un mot.  

Lyana se pencha légèrement pour voir ce qu’il contenait. Des photos, des noms, des lieux.  

Des preuves.  

Kane s’appuya contre le mur en les regardant feuilleter les documents.  

— expliqua-t-il. Un transfert.  

Ezra releva la tête.  

—   

Kane eut un sourire amusé.  

—   

Aileen grogna.  

—   

—   

Kane posa son regard sur Ezra.  

—   

Un silence pesant s’abattit sur la pièce.  

Ezra resta immobile, les yeux fixés sur les documents.  

Lyana sentit son cœur battre plus fort.  

— demanda Ezra.  

Kane écrasa sa cigarette dans un vieux cendrier.  

—   

Aileen siffla entre ses dents.  

—   

— répondit Kane en haussant les épaules.  

Ezra ferma les yeux une seconde, comme pour peser le pour et le contre.  

Puis il les rouvrit.  

—   

***  

La nuit suivante, ils étaient prêts.  

Le plan était simple, mais risqué.  

Daemon devait superviser un transfert d’armes clandestin dans un entrepôt à l’est de la ville. L’Ordre serait là. Des hommes armés, des alliés de Daemon.  

Mais Kane avait ses propres ressources.  

— expliqua Ezra en enfilant un gilet pare-balles. Aileen et Lyana, vous restez en retrait, prêtes à couvrir notre sortie si ça tourne mal. Kane et moi, on s’occupe d’entrer.  

Lyana serra les poings.  

—   

Ezra la fixa, l’air indéchiffrable.  

—   

—   

—   

Elle ouvrit la bouche pour répliquer, mais le regard qu’il lui lança lui coupa toute envie d’argumenter.  

Ce n’était pas une simple mission.  

C’était une guerre.  

Et il ne voulait pas qu’elle soit en première ligne.  

Elle serra les dents, mais acquiesça.  

***  

L’entrepôt était immense, une structure délabrée aux vitres brisées et aux murs tagués. L’air était lourd, chargé de l’odeur d’huile et de métal.  

Lyana, cachée avec Aileen sur un toit voisin, observait à travers une paire de jumelles.  

En bas, Ezra et Kane s’approchaient discrètement de l’entrée.  

— marmonna Aileen à côté d’elle.  

Lyana ne répondit pas.  

Son regard était rivé sur Ezra.  

Il avançait dans l’ombre, silencieux, jusqu’à atteindre une porte latérale. Kane la crocheta en quelques secondes, et ils disparurent à l’intérieur.  

Lyana retint son souffle.  

L’attente était insupportable.  

Elle pouvait voir des silhouettes à l’intérieur du hangar, entendre des voix étouffées par la distance.  

Puis, un bruit sourd.  

Un coup de feu.  

Et tout bascula.