Le feu crépitait doucement dans la cheminée du chalet, projetant des ombres vacillantes sur les murs en bois. Lyana était assise sur le canapé, une couverture enroulée autour de ses épaules, regardant les flammes danser. Pourtant, son esprit était ailleurs.  

Roman.  

Ce nom lui tournait en boucle dans la tête. Il n’était pas juste un ennemi de plus. Il était un fantôme du passé d’Ezra. Un passé qui revenait maintenant les hanter.  

Elle entendit des pas derrière elle, puis une tasse chaude fut placée dans ses mains.  

—   

La voix d’Ezra était douce, grave, presque caressante.  

Elle releva les yeux vers lui. Il s’était assis à côté d’elle, son regard bleu scrutant le sien avec cette intensité troublante.  

— admit-elle en portant la tasse à ses lèvres.  

Le goût du thé noir se répandit sur sa langue, l’apaisant légèrement.  

—   

Elle hésita un instant avant de répondre.  

—   

Ezra s’adossa au canapé, passant une main dans ses cheveux noirs.  

—   

Elle attendit qu’il continue.  

Il n’était pas du genre à se confier facilement, mais elle sentait que, cette fois, il voulait parler.  

— reprit-il après un instant. C’était plus qu’un ami, c’était un frère. Lui et moi, on avait les mêmes rêves, les mêmes ambitions. Mais on a pris des routes différentes.  

Elle posa doucement sa tasse sur la table basse et tourna son corps vers lui.  

—   

Ezra la regarda un long moment avant de répondre.  

—   

Lyana sentit une pointe de tristesse dans sa voix.  

—   

Ezra esquissa un sourire amer.  

—   

Ce surnom.  

Il l’avait encore dit.  

Et cette fois, il n’y avait pas de doute : c’était intentionnel.  

Elle sentit son cœur se serrer légèrement, troublée par l’intimité qu’il mettait dans ces mots.  

— murmura-t-elle.  

—   

—   

Ezra se redressa légèrement, posant une main sur sa joue.  

—   

Elle hocha la tête. Bien sûr qu’elle le savait. Mais ça ne changeait rien à ce qu’elle ressentait maintenant.  

—   

—   

Un silence pesa entre eux.  

Lyana serra les poings.  

—   

Un sourire effleura les lèvres d’Ezra.  

—   

Elle planta son regard dans le sien.  

—   

—   

Encore ces mots.  

Elle aurait pu lui dire d’arrêter. Lui demander pourquoi il l’appelait ainsi.  

Mais au lieu de ça, elle se laissa simplement aller contre lui, posant sa tête contre son épaule.  

Ezra ne bougea pas tout de suite. Puis, lentement, il passa un bras autour d’elle, l’attirant un peu plus près.  

— murmura-t-il contre ses cheveux.  

Elle ferma les yeux.  

Elle le croyait.  

***  

Le lendemain matin, ils quittèrent le chalet tôt.  

Ezra avait une idée.  

—   

Lyana hocha la tête en montant dans la voiture.  

Ils roulèrent en silence, chacun perdu dans ses pensées.  

Ezra conduisait avec cette concentration froide qu’elle lui connaissait bien.  

Finalement, ils s’arrêtèrent devant un immeuble délabré à la périphérie de la ville.  

— demanda Lyana.  

—   

Ils descendirent de la voiture, avançant prudemment vers l’entrée.  

Ezra frappa deux coups brefs sur la porte.  

Elle s’ouvrit sur un homme au visage dur, la quarantaine, les yeux fatigués.  

Il reconnut immédiatement Ezra.  

—   

—   

L’homme les fit entrer sans un mot.  

L’appartement était miteux, une odeur de tabac flottant dans l’air.  

— dit Dave en allumant une cigarette.  

Ezra croisa les bras.  

—   

Dave expira une bouffée de fumée, son regard passant de lui à Lyana.  

—   

Ezra ne broncha pas.  

—   

Dave rit doucement avant d’écraser sa cigarette dans un cendrier.  

—   

Lyana sentit une rage froide monter en elle.  

Ezra, lui, resta impassible.  

—   

Dave hésita.  

—   

Ezra hocha la tête.  

—   

Dave se leva et s’approcha d’eux.  

—   

—   

—   

Ezra esquissa un sourire sans joie.  

—   

Ils quittèrent l’appartement, Lyana à ses côtés.  

Sur le chemin de la voiture, elle sentit Ezra poser une main sur le bas de son dos, un geste protecteur, presque possessif.  

— déclara-t-il.  

Elle releva les yeux vers lui.  

—   

Un éclat brilla dans son regard.  

Il s’approcha légèrement, glissant une mèche de cheveux derrière son oreille.  

—   

Et cette fois, elle n’eut pas besoin de mots.  

Elle savait que, quoi qu’il arrive, ils se battraient ensemble.