Le moteur de la voiture rugissait dans la nuit alors que Nolan appuyait sur l’accélérateur. Lyana, le souffle court, regardait le paysage défiler à toute vitesse à travers la vitre. Son cœur battait encore à un rythme affolé après ce qui venait de se passer.  

À côté d’elle, Ezra rechargeait son arme, le regard rivé sur la route derrière eux. Il s’attendait à voir des phares les poursuivre, mais pour l’instant, ils semblaient avoir pris une avance suffisante.  

— demanda Lyana, tentant de calmer sa respiration.  

— répondit Nolan en serrant les mains sur le volant. On ne peut pas retourner à notre planque. Ils vont la fouiller dès qu’ils comprendront qui on est vraiment.  

Ezra hocha la tête, son esprit déjà en train d’élaborer un nouveau plan.  

—   

Nolan hésita avant de répondre :  

—   

Ezra échangea un regard avec Lyana, cherchant son approbation.  

— murmura-t-elle.  

Ils roulèrent pendant près d’une heure sans un mot de plus. Le silence était pesant, chargé de tension et de fatigue. Lyana se massa les tempes, essayant de remettre ses pensées en ordre.  

Ce qui s’était passé au club avait tout changé.  

Ils n’étaient plus juste en fuite.  

Ils avaient officiellement déclenché une guerre.  

***  

La maison était exactement comme Nolan l’avait décrite : une bâtisse ancienne, perdue au milieu d’un terrain vague, ses murs couverts de lierre et son toit à moitié effondré.  

Ezra fut le premier à descendre, son arme en main, prêt à vérifier les lieux.  

—   

Lyana le regarda s’éloigner dans l’obscurité, une ombre parmi les ombres.  

Elle frissonna légèrement, non pas à cause du froid, mais à cause de cette tension qui ne la quittait plus depuis qu’elle avait mis un pied dans ce monde.  

Quelques minutes plus tard, Ezra revint et fit signe que tout était clair.  

—   

L’intérieur de la maison était poussiéreux, mais encore en bon état. Il y avait des meubles couverts de draps, une cheminée qui semblait pouvoir fonctionner, et surtout, aucune trace de présence récente.  

Nolan alluma une lampe qu’il avait récupérée dans la voiture, projetant une lueur vacillante sur les murs décrépis.  

—   

Lyana laissa échapper un soupir de soulagement et s’affala sur un vieux canapé.  

—   

Ezra la regarda avec un sourire en coin, puis il s’agenouilla devant elle.  

—   

Elle fronça les sourcils avant de se rappeler la coupure qu’elle s’était faite lors de leur fuite.  

— protesta-t-elle, mais il attrapa doucement son poignet et releva la manche de sa robe.  

Une fine ligne rouge barrait sa peau. Ce n’était pas profond, mais suffisant pour saigner encore légèrement.  

Ezra sortit un chiffon propre de sa poche et le passa doucement sur la blessure.  

—   

Lyana l’observa en silence. Il était toujours comme ça : brutal et impitoyable avec ses ennemis, mais étrangement doux avec elle.  

Quand il eut fini, il releva la tête et croisa son regard.  

—   

Elle hocha la tête.  

—   

Il hésita un instant avant de caresser sa joue du bout des doigts.  

—   

Elle ferma les yeux sous son contact, appréciant cette rare tendresse dans leur monde en perpétuelle tempête.  

— murmura-t-elle.  

—   

Bien sûr qu’il en avait. Ezra ne s’arrêtait jamais.  

***  

Nolan s’était installé dans un coin de la pièce, vérifiant les armes et réfléchissant à leur prochaine étape.  

Ezra, lui, s’éloigna de Lyana et sortit sur le porche, l’esprit agité.  

Il alluma une cigarette, la portant à ses lèvres sans vraiment y penser.  

Ils avaient frappé fort ce soir, mais Anton Vasquez n’était pas un homme à se laisser abattre aussi facilement.  

Il viendrait pour eux.  

Et cette fois, il ne ferait pas d’erreurs.  

Ezra était plongé dans ses pensées lorsqu’il sentit une présence derrière lui.  

— dit-il sans se retourner.  

Lyana vint s’appuyer contre la rambarde à côté de lui.  

—   

Il sourit légèrement, secouant la tête.  

—   

Un silence s’installa entre eux, seulement troublé par le vent qui faisait bruisser les feuilles mortes au sol.  

Puis, à voix basse, Lyana murmura :  

—   

Ezra tourna la tête vers elle.  

Il pouvait voir l’inquiétude dans ses yeux, cette peur qu’elle essayait de cacher derrière sa détermination.  

Il jeta sa cigarette et s’approcha d’elle, posant ses mains sur ses bras nus.  

—   

Son cœur manqua un battement.  

C’était la deuxième fois qu’il l’appelait ainsi.  

Elle leva la tête vers lui, troublée.  

—   

Il resta silencieux un instant, cherchant ses mots.  

—   

Un ange.  

Mais pas un ange fragile.  

Un ange tombé dans l’enfer du chaos, et pourtant toujours debout.  

Elle le regarda, incertaine.  

—   

Il ne répondit pas tout de suite.  

Au lieu de ça, il baissa légèrement la tête et posa son front contre le sien, ses doigts se resserrant doucement sur ses bras.  

—   

Il inspira profondément, sentant son souffle contre le sien.  

—   

Il recula légèrement pour plonger son regard dans le sien.  

—   

Elle frissonna sous la promesse contenue dans ces mots.  

Elle aurait dû être terrifiée.  

Mais au lieu de ça, une étrange chaleur se répandit en elle.  

Elle savait qu’ils marchaient sur une ligne dangereuse.  

Mais pour la première fois depuis longtemps, elle se sentit en sécurité.  

Avec lui.