L’asphalte défilait sous leurs yeux comme une ligne de fuite vers l’inconnu. Depuis qu’ils avaient quitté le chalet, Ezra avait roulé sans s’arrêter, à l’exception de brefs arrêts pour faire le plein d’essence. Le silence dans la voiture n’était pas pesant, mais chargé d’une tension sourde.
Lyana le regardait discrètement, observant la façon dont ses doigts se resserraient sur le volant à chaque fois qu’un autre véhicule passait trop près. Sa vigilance était constante, presque obsessionnelle.
Elle savait qu’il était en alerte, que chaque mouvement sur la route était pour lui une menace potentielle.
— dit-elle doucement.
Ezra ne détourna pas le regard de la route.
—
—
—
Elle soupira et s’enfonça dans son siège.
Il était borné. Il l’avait toujours été.
Mais elle aussi.
—
Cette fois, il tourna légèrement la tête vers elle, ses yeux sombres rencontrant les siens.
Elle vit dans son regard une ombre fugace. Une fatigue qu’il ne voulait pas reconnaître.
Finalement, après quelques secondes, il expira bruyamment et fit clignoter son clignotant pour prendre la sortie suivante.
***
Ils trouvèrent un motel à la sortie d’une petite ville paumée. L’endroit était délabré, les néons de l’enseigne clignotant par intermittence. Mais il y avait peu de monde, ce qui signifiait qu’ils pourraient s’y cacher un moment.
Ezra coupa le moteur et jeta un coup d’œil autour d’eux avant de descendre.
— ordonna-t-il.
—
—
Elle le regarda entrer dans l’accueil du motel, son dos droit, son pas assuré. Même épuisé, il restait sur ses gardes.
Quelques minutes plus tard, il revint avec une clé et ouvrit la porte de la chambre 14.
—
Lyana prit son sac et le suivit à l’intérieur.
La pièce était petite, avec un lit double aux draps douteux, une vieille télévision et une salle de bain minuscule.
— ironisa-t-elle.
Ezra referma la porte derrière eux, verrouillant immédiatement les serrures et fermant les rideaux.
— corrigea-t-il.
Elle posa son sac et s’assit sur le lit, observant ses mouvements alors qu’il vérifiait la fenêtre, puis la porte, puis la salle de bain.
— demanda-t-elle.
Il ne répondit pas.
Il continua d’inspecter la pièce, comme si un danger invisible pouvait surgir à tout instant.
Finalement, quand il n’eut plus rien à vérifier, il se laissa tomber sur le lit à côté d’elle.
Elle se tourna vers lui.
—
—
—
Il ferma les yeux un instant.
—
Elle hésita, puis posa une main sur son bras.
—
Il ouvrit les yeux et la fixa.
Puis, lentement, il tendit la main et caressa son visage.
—
Son cœur manqua un battement.
Elle connaissait Ezra.
Elle savait qu’il ne se laissait jamais aller à la vulnérabilité.
Mais là, à cet instant, il se dévoilait un peu plus.
Elle posa sa main sur la sienne.
—
Il la regarda un long moment, puis il se pencha lentement vers elle.
Leur souffle se mêla, et cette fois, c’est lui qui l’embrassa en premier.
Un baiser lent, profond.
Un baiser qui disait tout ce qu’il n’arrivait pas à exprimer avec des mots.
Quand ils se séparèrent, son front resta appuyé contre le sien.
— murmura-t-elle.
Il hésita.
Puis, finalement, il hocha la tête.
Ils s’allongèrent ensemble, leurs corps entrelacés.
Et pour la première fois depuis des jours, Ezra ferma les yeux.
***
Quand Lyana se réveilla, la chambre était plongée dans l’obscurité.
Elle sentit la chaleur du corps d’Ezra à côté d’elle, son souffle lent et profond contre sa peau.
Elle sourit doucement.
Il dormait.
Vraiment dormait.
Elle resta immobile, savourant ce moment rare où il semblait enfin en paix.
Mais cette paix ne dura pas.
Quelques minutes plus tard, Ezra sursauta, son corps se tendant brusquement.
— murmura-t-elle.
Il haletait, son regard trouble, perdu entre cauchemar et réalité.
Elle posa une main sur sa joue.
—
Il cligna des yeux, puis son regard se fixa sur elle.
Il était encore tremblant.
Elle le serra contre elle.
—
Il passa une main dans ses cheveux, inspirant profondément.
— avoua-t-il dans un souffle.
Elle sentit son cœur se serrer.
—
Elle caressa son dos, murmurant des mots apaisants.
Il enfouit son visage dans son cou, et elle sentit son corps se détendre lentement.
Ils restèrent ainsi un long moment, avant qu’il ne murmure :
—
Elle ferma les yeux, se serrant un peu plus contre lui.
Parce qu’elle savait que, malgré tous les dangers qui les entouraient, ici, dans ses bras, elle était en sécurité.