Le chalet était plongé dans un calme presque irréel quand ils revinrent du lac. Lyana ressentait encore la fraîcheur de la nuit sur sa peau, et l’écho du baiser échangé avec Ezra hantait son esprit. Elle ne savait pas exactement ce que cela signifiait, ni ce que l’avenir leur réservait, mais une chose était certaine : quelque chose avait changé.
Elle poussa doucement la porte de sa chambre, s’attendant à ce qu’Ezra la suive. Mais il s’arrêta sur le seuil, la regardant avec cette intensité qui la troublait toujours autant.
— murmura-t-il.
Elle fronça légèrement les sourcils. Une partie d’elle s’attendait à ce qu’il reste, à ce qu’il franchisse ce pas supplémentaire. Mais non. Il la laissait décider.
— répondit-elle après un court silence.
Elle referma doucement la porte derrière elle et se laissa tomber sur le lit. Son corps était fatigué, mais son esprit était en ébullition. Pour la première fois depuis longtemps, ses pensées n’étaient pas uniquement hantées par le passé et la vengeance.
Elle s’endormit avec le goût de sa liberté nouvelle sur les lèvres.
***
Le lendemain matin, Lyana se réveilla avec une sensation étrange. Un mélange de paix et d’appréhension. Comme si elle marchait sur une corde raide entre un passé qu’elle connaissait trop bien et un futur incertain.
Elle s’étira, passant une main dans ses cheveux emmêlés, et se leva. Elle ouvrit la fenêtre, laissant l’air frais du matin envahir la pièce. Le soleil commençait à percer entre les arbres, projetant des lueurs dorées sur le sol en bois.
Elle savait que la tranquillité ne durerait pas éternellement.
Daemon était mort, mais cela ne signifiait pas que tout danger était écarté. Il avait des hommes, des alliés, des ennemis qui voudraient peut-être venger sa mort.
Mais aujourd’hui, elle voulait s’accorder un instant de répit.
Après une douche rapide, elle enfila un jean et un pull léger avant de descendre au rez-de-chaussée.
Elle trouva Ezra dans la cuisine, une tasse de café à la main, appuyé contre le plan de travail.
— fit-elle remarquer en s’approchant.
Il haussa un sourcil.
—
Elle leva les yeux au ciel et attrapa une tasse pour se servir du café.
Un silence s’installa entre eux.
Un silence qui, étrangement, n’était pas inconfortable.
Après quelques instants, Ezra brisa finalement le calme.
—
Lyana prit une gorgée de café et hocha la tête.
—
Ezra la fixa, visiblement pas surpris par sa réponse.
—
Elle le regarda droit dans les yeux.
—
Un sourire fugace passa sur les lèvres d’Ezra.
—
Elle sentit son cœur rater un battement, mais elle se contenta de finir son café avant de se lever.
—
***
La ville était étrangement calme.
Assis dans la voiture, Lyana observait les rues à travers la vitre, cherchant des signes d’activité inhabituelle.
Ezra conduisait d’un air détendu, mais elle savait qu’il était sur ses gardes.
Ils s’arrêtèrent devant un café discret, un endroit qu’ils avaient déjà utilisé comme point de rencontre par le passé.
— murmura Ezra en coupant le moteur.
Lyana hocha la tête et sortit du véhicule.
L’intérieur du café était presque vide. Une serveuse fatiguée essuyait le comptoir tandis qu’un homme en costume lisait un journal près de la fenêtre.
Ils prirent place à une table dans un coin, leurs regards balayant discrètement la pièce.
— demanda Lyana en fixant Ezra.
Il haussa les épaules.
—
Lyana observa autour d’elle.
Rien ne semblait anormal.
Mais une sensation désagréable s’installait dans son ventre.
Comme si quelque chose n’allait pas.
Et elle avait appris à faire confiance à son instinct.
Elle s’apprêtait à le dire à Ezra quand la clochette de la porte retentit.
Un homme entra, grand, vêtu d’une veste en cuir sombre.
Son regard balaya la pièce rapidement avant de s’arrêter sur eux.
Un sourire lent étira ses lèvres.
—
Lyana sentit Ezra se raidir à côté d’elle.
Elle ne connaissait pas cet homme, mais il connaissait Ezra.
Et il n’était clairement pas un ami.
L’homme s’approcha lentement de leur table, posant une main sur le dossier d’une chaise en face d’eux.
—
Ezra le fixa sans ciller.
—
L’homme rit, s’installant sans y être invité.
—
Lyana garda son expression neutre, mais son corps était tendu, prêt à réagir au moindre mouvement suspect.
Ezra, lui, restait impassible.
—
L’homme, Roman, haussa un sourcil.
—
Lyana sentit son estomac se contracter.
Elle échangea un bref regard avec Ezra.
Roman s’adossa à sa chaise et croisa les bras.
—
Ezra ne répondit rien, mais Lyana pouvait voir la tension dans sa mâchoire.
Roman sourit.
—
Puis il se leva, inclina légèrement la tête vers Lyana et disparut aussi vite qu’il était arrivé.
Elle attendit quelques secondes avant de souffler :
—
Ezra fixa la porte un instant avant de se lever.
—
Ils quittèrent le café sans un mot, le poids de la menace planant au-dessus d’eux comme une ombre.
La guerre n’était peut-être pas terminée, après tout.