Le matin s’était levé sur le chalet, baignant la pièce d’une lueur pâle et froide. Le silence régnait encore, seulement troublé par le bruit du café qui gouttait lentement dans la cafetière. Lyana s’était réveillée tôt, incapable de retrouver le sommeil après la nuit agitée qu’elle venait de vivre.  

Elle s’adossa au plan de travail de la cuisine, serrant sa tasse brûlante entre ses mains, perdue dans ses pensées.  

La veille, quelque chose avait changé.  

Elle et Ezra avaient franchi une frontière invisible, et maintenant, tout semblait différent.  

Un frisson lui parcourut l’échine en repensant à son souffle contre sa peau, à la chaleur de ses lèvres sur les siennes. C’était irréel et, pourtant, cela lui semblait inévitable.  

Elle sursauta légèrement à la voix grave d’Ezra derrière elle.  

—   

Elle se retourna pour le voir entrer dans la pièce, torse nu sous un pantalon de jogging, ses cheveux encore en bataille.  

Son regard s’attarda une seconde de trop sur ses épaules larges et ses abdominaux sculptés avant qu’elle ne détourne les yeux, se réprimandant mentalement.  

— répondit-elle en portant sa tasse à ses lèvres.  

Il esquissa un sourire en coin et s’approcha d’elle, prenant une tasse dans le placard sans la quitter des yeux.  

—   

Elle savait exactement ce qu’il voulait dire.  

Il s’adossa à côté d’elle, si proche qu’elle pouvait sentir la chaleur de son corps malgré l’espace infime qui les séparait.  

—   

Elle fixa le liquide sombre dans sa tasse, évitant son regard.  

—   

—   

Elle serra les dents.  

—   

—   

Elle releva enfin les yeux vers lui, croisant son regard intense.  

—   

Il posa sa tasse sur le comptoir et se tourna complètement vers elle, l’obligeant à faire de même.  

—   

Elle baissa la tête, troublée.  

—   

Il passa une main sur sa nuque, caressant doucement sa peau du bout des doigts, la forçant à relever les yeux.  

—   

Elle aurait voulu répondre, lui dire que c’était la meilleure chose à faire, qu’ils devaient garder la tête froide. Mais elle savait que ce serait un mensonge.  

Au lieu de ça, elle posa doucement une main sur son torse, sentant les battements de son cœur sous sa paume.  

— souffla-t-elle.  

Il posa son front contre le sien, son souffle chaud effleurant ses lèvres.  

—   

Ils restèrent ainsi un moment, figés dans une bulle hors du temps, jusqu’à ce qu’un bruit de pas précipités vienne briser l’instant.  

Aileen entra dans la cuisine, le regard fatigué et son téléphone à la main.  

—   

Instantanément, la bulle d’intimité éclata. Lyana s’écarta d’Ezra et se redressa.  

—   

Aileen leur montra l’écran.  

—   

Kane entra à son tour, le regard sombre.  

—   

Ezra attrapa la carte posée sur la table et y planta son doigt.  

—   

Lyana observa la carte, son cerveau analysant chaque possibilité.  

—   

Aileen hocha la tête.  

—   

— déclara Kane.  

Ezra croisa les bras, son regard se durcissant.  

—   

Un frisson parcourut Lyana.  

L’affrontement final approchait.  

Et cette fois, il n’y aurait pas de retour en arrière.  

***  

La nuit était tombée quand ils quittèrent le chalet.  

Le plan était simple : infiltrer l’entrepôt par une issue secondaire pendant que Kane et Aileen faisaient diversion à l’avant.  

Lyana et Ezra avancèrent prudemment dans l’obscurité, évitant les patrouilles.  

Ils s’étaient faufilés à l’arrière du bâtiment, là où Aileen avait repéré une vieille sortie de secours.  

Ezra se tourna vers elle et chuchota :  

—   

Elle serra son arme et hocha la tête.  

—   

Il sourit légèrement et posa une main sur sa joue, une caresse brève mais intense.  

—   

Elle acquiesça, serrant les dents.  

Il ouvrit doucement la porte de secours et jeta un coup d’œil à l’intérieur.  

Un long couloir faiblement éclairé s’étendait devant eux.  

Ils avancèrent lentement, leurs pas étouffés par le bruit lointain des hommes de Daemon qui s’agitaient à l’avant du bâtiment.  

Puis, soudain, une voix retentit derrière eux.  

—   

Lyana pivota immédiatement, levant son arme.  

Mais Ezra fut plus rapide.  

Il attrapa l’homme par le col et lui plaqua une main sur la bouche avant d’enfoncer son couteau dans sa gorge.  

Le corps s’effondra dans un gargouillement sourd.  

Ezra essuya la lame sur sa chemise et lui lança un regard.  

—   

Lyana sentit un mélange de fascination et de crainte l’envahir.  

Il était rapide. Précis. Mortel.  

Et pourtant, il venait de promettre de ne jamais la perdre.  

Elle se demanda alors si elle était prête à accepter tout ce qu’il était.  

Mais une chose était sûre : cette nuit, tout allait changer.