Le silence régnait dans l’entrepôt.
Daemon gisait sur le sol, son sang s’infiltrant dans les fissures du béton.
Lyana était restée immobile, figée, comme si elle n’était pas encore capable de réaliser que c’était réellement terminé. Tout ce qu’elle avait poursuivi pendant des années s’était achevé en un seul coup de feu.
Ezra était resté près d’elle, sa main sur son bras, comme une ancre la retenant dans le présent.
Elle ne savait pas combien de temps ils restèrent ainsi, au milieu de la pièce froide et sombre, mais ce fut la voix de Kane qui brisa enfin le silence.
—
Lyana cligna des yeux et se tourna vers lui. Kane et Aileen étaient entrés dans la pièce, essoufflés, leurs vêtements couverts de poussière et de sang.
Aileen la regarda avec une expression indéchiffrable avant de poser les yeux sur le corps de Daemon.
— souffla-t-elle.
Kane ne perdit pas de temps. Il attrapa une radio et murmura un message codé.
—
Lyana inspira profondément et hocha la tête.
—
Mais alors qu’ils quittaient la pièce, elle sentit une tension persistante dans son corps, une sorte de vide qu’elle n’arrivait pas à définir.
Ezra posa une main dans son dos et la guida doucement hors de la pièce.
— murmura-t-il.
Trois mots simples.
Mais ils eurent un effet étrange sur elle.
Parce que pour la première fois depuis longtemps, elle n’était pas seule.
***
Le trajet de retour jusqu’au chalet se fit dans un silence lourd.
Assise à l’arrière de la voiture, Lyana fixait le paysage qui défilait à travers la vitre, son esprit encore embrouillé par les événements de la nuit.
Elle sentait Ezra à côté d’elle, sa présence à la fois rassurante et troublante.
Daemon était mort.
Elle aurait dû ressentir une satisfaction immense. Une délivrance.
Mais tout ce qu’elle ressentait, c’était un vide abyssal.
Elle n’avait jamais envisagé ce qui viendrait après.
Elle sentit le regard d’Ezra sur elle, mais il ne dit rien.
Et quelque part, elle lui en était reconnaissante.
***
Lorsque la voiture s’arrêta enfin devant le chalet, Lyana descendit sans attendre et s’engouffra à l’intérieur.
Elle avait besoin d’air.
Besoin d’être seule.
Elle monta les escaliers à toute vitesse et s’enferma dans sa chambre, son souffle court.
Mais quelques minutes plus tard, quelqu’un frappa doucement à la porte.
—
La voix d’Ezra.
Elle ferma les yeux.
—
Un silence.
Puis la porte s’ouvrit doucement.
Elle aurait dû s’y attendre. Ezra n’était pas du genre à obéir aux ordres qu’il n’approuvait pas.
Il entra et referma la porte derrière lui.
—
Elle rit doucement, sans humour.
—
Ezra s’approcha, sans la brusquer, comme s’il attendait qu’elle décide de la suite.
—
Elle inspira profondément et se tourna enfin vers lui.
Son regard était intense, perçant, mais il n’y avait ni jugement ni pitié. Juste cette présence constante, cette force tranquille qu’il semblait toujours dégager.
— murmura-t-elle.
Ezra hocha la tête.
—
Elle secoua la tête et détourna le regard.
—
Elle sentit Ezra s’approcher encore.
Puis sa main effleura doucement son bras.
— dit-il simplement.
Elle leva les yeux vers lui, surprise par la certitude dans sa voix.
—
Elle voulut protester, lui dire qu’il ne comprenait pas.
Mais il était là, si près, si réel.
Et quand il baissa légèrement la tête, ses lèvres frôlant presque les siennes, elle n’eut plus la force de résister.
Elle combla l’espace entre eux.
Le baiser fut d’abord hésitant, doux, comme s’ils testaient enfin ce qui avait toujours été là, caché sous la surface.
Mais en une seconde, il devint plus intense.
Les mains d’Ezra glissèrent sur ses hanches, l’attirant contre lui, tandis qu’elle passait ses bras autour de son cou.
Elle s’accrochait à lui comme s’il était la seule chose tangible dans ce chaos.
Il était tout ce qui comptait en cet instant.
Lorsqu’ils se séparèrent enfin, leurs souffles entrelacés, Ezra posa son front contre le sien.
—
Elle ferma les yeux, laissant ces mots s’imprimer en elle.
Et cette fois, elle le crut.
***
Ils restèrent ainsi, l’un contre l’autre, pendant de longues minutes.
Lyana sentait la chaleur du corps d’Ezra, sa respiration encore légèrement saccadée.
Elle savait que ce moment n’effacerait pas tout ce qu’elle avait vécu.
Mais c’était un début.
— demanda-t-il doucement.
Elle hésita.
Tout en elle lui criait de dire non.
De rester seule, comme elle l’avait toujours fait.
Mais lorsqu’elle ouvrit les yeux et croisa son regard, elle sut que c’était différent cette fois.
Elle hocha la tête.
Ezra ne dit rien.
Il se contenta de s’asseoir sur le lit à côté d’elle, son bras frôlant le sien.
Aucun mot n’était nécessaire.
Pour la première fois depuis longtemps, Lyana sentit un semblant de paix s’installer en elle.
Et elle savait que tant qu’il serait là, elle ne serait plus jamais seule.