Le silence du chalet était apaisant, presque irréel après la nuit de chaos qu'ils avaient vécue. Mais malgré la sécurité temporaire qu’offrait cet endroit isolé, Lyana savait qu’ils ne pourraient pas rester ici éternellement.
Allongée sur le lit, elle observait Ezra, qui était toujours assis sur le rebord, torse nu, son regard perdu dans le vide. Il n’avait pas dormi. Elle pouvait voir la tension dans ses épaules, le léger tremblement de sa main lorsqu’il la passait machinalement dans ses cheveux.
Elle s’approcha lentement, sa couverture glissant le long de son corps alors qu’elle s’agenouillait derrière lui.
— murmura-t-elle en posant une main sur son dos.
Il ne bougea pas tout de suite, mais elle sentit sa respiration se calmer sous son toucher.
—
—
Il tourna légèrement la tête vers elle, son regard sombre capturant le sien.
—
Elle comprit immédiatement. Il ne parlait pas seulement de Roman, de ceux qu’il avait tués cette nuit-là. Il parlait de tous ceux qu’il avait envoyés dans la tombe avant ça.
Lyana se mordit la lèvre.
Elle ne pouvait pas prétendre comprendre ce qu’il ressentait.
Mais elle pouvait être là.
Elle glissa ses bras autour de lui, pressant son front contre son dos.
— murmura-t-elle.
Il laissa échapper un léger rire amer.
—
Elle ferma les yeux à ses mots, se laissant imprégner de sa chaleur, de la réalité de sa présence.
— souffla-t-elle.
Ezra pivota pour lui faire face, et ses mains se refermèrent doucement sur son visage, le forçant à le regarder dans les yeux.
—
Son cœur rata un battement.
Elle aurait pu lui dire qu’elle ne comptait aller nulle part.
Mais ils savaient tous les deux que le monde ne les laisserait jamais être en paix.
Alors elle fit la seule chose qui avait du sens.
Elle l’embrassa.
***
Le matin les trouva toujours éveillés, allongés l’un contre l’autre sous les couvertures. Lyana traçait du bout des doigts les lignes des cicatrices sur le torse d’Ezra, fascinée et attristée par ce qu’elles racontaient.
— murmura-t-elle.
Il observa sa main glisser sur sa peau, puis répondit d’un ton détaché :
—
Elle hocha la tête, respectant son silence.
Mais elle voulait en savoir plus.
Pas sur ses cicatrices physiques, mais sur lui.
—
Il rit doucement.
—
Elle roula des yeux.
—
Il poussa un soupir et détourna le regard.
—
Elle sentit un pincement au cœur.
Ezra n’avait jamais eu le choix.
Il avait été façonné par la violence avant même d’être capable de comprendre ce qu’elle signifiait.
Elle posa sa main sur la sienne.
Il la regarda et, à cet instant, elle vit quelque chose de différent dans son regard.
Quelque chose de vulnérable.
— dit-il doucement.
Elle resserra sa prise sur sa main.
—
Il ne répondit pas.
Parce qu’il savait que c’était vrai.
Et malgré tout, elle était toujours là.
***
Quelques heures plus tard, ils quittèrent le chalet.
Ils ne pouvaient pas rester.
L’ombre de Roman était peut-être effacée, mais d’autres prendraient sa place.
— demanda Lyana alors qu’ils roulaient sur une route déserte, loin de la ville.
Ezra gardait les yeux fixés sur la route, son expression fermée.
—
Elle hocha la tête.
Elle aurait dû avoir peur.
De ce qu’ils fuyaient. De ce qui les attendait.
Mais quand elle regardait Ezra, elle savait une chose avec certitude.
Peu importe où ils allaient, tant qu’ils étaient ensemble…
Elle était prête à affronter l’enfer.
***
Ils roulèrent pendant des heures, ne s'arrêtant que pour prendre de l'essence. À chaque pause, Ezra scrutait les alentours, méfiant. Il ne lui disait rien, mais elle savait qu’il s’attendait à ce qu’on les traque.
— souffla-t-elle en reprenant place dans la voiture.
Ezra posa un regard intense sur elle avant de remettre le moteur en marche.
—
—
Il ne répondit pas immédiatement.
Puis, finalement, il murmura :
—
Son cœur se serra.
Ezra ne cherchait pas seulement à la protéger.
Il cherchait à lui donner une chance.
Une chance d’avoir une vie loin de tout ça.
— dit-elle en croisant les bras.
Un sourire amusé effleura ses lèvres, mais son regard restait grave.
—
—
Il serra les mâchoires.
Elle posa une main sur son bras.
—
Il soupira et reporta son attention sur la route.
Mais elle savait qu’il l’avait entendue.
Et qu’un jour, il n’aurait plus d’autre choix que d’accepter la vérité.
Elle n’irait nulle part sans lui.