Le lycée Saint-Charles avait cette odeur typique de couloir trop propres et des secrets mal nettoyés.
Tout le monde parlait des nouveaux élèves.Un frère, une sœur. Des jumeaux. Transferts de dernière minute, sortis de nulle part, parachutés dans une classe de terminale comme deux éclairs noirs dans un ciel déjà gris.
Ils s'appellent Elio et Lyana Moretti.
Même nop, même regard - un gris presque métallique, tranchant comme des lames. Mais il y avait quelque chose d’inversement symétrique en eux. Elio souriait rarement, Lyana souriait trop. Lui, c'était le calme glacial. Elle, l'ouragan silencieux.
Personne savaient d'où ils venaient vraiment. Certains disaient d'Italie, d'autres d’un pensionnat. Une rumeur plus sombre, murmurait qu'ils avaient été exclus d'un autre lycée…après une histoire floue de vengeance.
Mais ce matin-là, quand ils ont franchi les portes du lycée, plus rien à compter. Ils ont marché côte à côte, comme s'ils possédaient déjà l'endroit. Pas arrogants. Juste…inatteignables.
« C'est eux, les Moretti ?» chuchota une fille à sa voisine en les voyant passer dans le hall.
« Ouais. Paraît qu'ils sont genre…super riches. Et chelous.»
Elio s'est tourné vers elle, l'espace d'une seconde. Elle a baissé les yeux immédiatement, comme si elle venait de croiser la mort du regard.
Ce n'est que vers midi que Noa, un petit gars de première connu pour être la cible régulière de moqueries a osé approcher Lyana dans la cour.
« Salut…je peux m'asseoir ?»
Elle a relevé les yeux de son carnet, a observé ses mains tremblantes, ses cernes. Elle a juste hoché la tête. Il s'est assis, soulagé.
« Ils te font chier, hein ?» a-t-elle murmurée
« C’est rien. Je gère.»
« Mens encore une fois et je me lève.»
Il a rougi. Baissé les yeux. Ne rien dire,c'était plus facile. Mais avec elle, c'était inutile.
Elle a sorti un petit papier de sa poche, plié en quatre. Un nom y était écrit. Elle l’a posé devant lui.
« Lui. C'est fini pour lui. Demain, il t'approchera plus.»
Noa a levé les yeux, confus. Et un peu terrifié.
« Tu…vas lui faire quoi ? »
Lyana a souri. Doucement. Trop doucement.
« Rien qu'il ne mérite pas.»
À quelques mètres, Elio observait la scène. Il tenait son téléphone d'une main, et de l'autre, il tournait lentement un couteau papillon entre ses doigts.