Léna n'avait pas quitté sa chambre depuis l'échange avec Elio. Son cœur battait encore à contretemps. Elle avait cru qu'en découvrant la vérité, elle se sentirait forte, éclairée. Mais la vérité... ça brûlait. Ça laissait des traces. Et ça soulevait mille autres questions.
Elle fixait la clé USB posée sur sa table de chevet, comme si elle pouvait encore l'interroger.
Un coup léger à la porte. Puis un second, plus insistant.
« Ouvre, Léna. C'est Lisa. Je suis pas venue te torturer. Promis. »
Léna hésita, puis tourna lentement la poignée.
Lisa entra en première, suivie de Lyana. Les deux étaient calmes, mais déterminées. Il y avait une gravité silencieuse dans leurs gestes.
Lisa tendit une petite boîte en métal. Léna l'ouvrit sans un mot.
À l'intérieur, une série de clichés. Des polaroïds.
« Tu reconnais ce garçon ? » demanda Lyana.
Elle hocha lentement la tête. C'était la victime du harcèlement, celui de la vidéo. Sauf que sur les photos, il souriait. Il était entouré de deux adultes - ses parents, sûrement. Des scènes du quotidien, normales, douces.
« Il a disparu il y a deux ans. Officiellement, il a changé de lycée. Officieusement... on ne l'a plus jamais revu. » ajouta Lisa.
« Vous croyez qu'il est... ? » Léna n'osa pas terminer sa phrase.
« On ne croit rien. On cherche. Et tu vas chercher avec nous. » répondit Lyana.
Elle sortit un autre élément de son sac : un carnet. Usé, corné. Un journal intime, sans doute.
Léna le prit, hésitante. Elle reconnut l'écriture tremblante d'un adolescent.
« Il m'a encore appelé dans son bureau. Il dit que si je parle, il détruira ma famille. Je crois qu'il le peut. Je ne veux pas y aller demain. »
Léna ferma le carnet brusquement.
« Pourquoi vous ne donnez pas ça à la police ? » murmura-t-elle, la gorge serrée.
Lisa haussa les épaules.
« Tu crois qu'ils ne savent pas ? Tu crois que ce genre d'homme n'a pas déjà enterré des tonnes de preuves ? »
Lyana croisa les bras, fixant Léna comme on évalue une recrue.
« Ce dossier, on ne l'a pas laissé par hasard. On t'a choisie. Parce que tu as ce que les autres n'ont pas : tu ne fais pas semblant. »
Léna sentait son monde chanceler. Mais au milieu du chaos, une certitude naissait. Si elle reculait maintenant, ce n'était pas sa paix qu'elle perdrait. C'était sa capacité à se regarder dans un miroir.
« D'accord. Je continue. » souffla-t-elle.
Lisa esquissa un sourire franc, pour la première fois.
« Bienvenue dans le cercle, » Léna.