La pluie battait les vitres depuis des heures. Un déluge sans fin, parfait pour enterrer les doutes. Ou les faire remonter.

Dans le salon à demi-éclairé, Léna était assise sur le tapis, les jambes croisées, un carnet entre les mains. Elle prenait des notes sur ce qu'ils avaient découvert. Chaque détail comptait. Chaque mot pouvait devenir une arme.

Lyana entra sans bruit, une tasse fumante dans les mains.

« T'aimes le thé au gingembre ? » demanda-t-elle sans détour.

Léna leva les yeux, surprise.

« Euh... je sais pas. J'ai jamais goûté. »

« Alors il est temps d'apprendre, » dit Lyana en lui tendant la tasse.

Léna sourit timidement. Ce n'était pas juste une boisson. C'était un petit pont. Un geste simple, mais sincère.

Quelques minutes plus tard, Elio descendit, à moitié endormi, une couverture sur les épaules.

« Vous travaillez ou vous méditez là ? Parce que j'peux revenir avec de l'encens et des mantras, » proposa-t-il en bâillant.

« On discute, » répondit Léna.

« Discuter ? Avec Lyana ? Tu joues à un jeu dangereux. »

Lyana lui lança un coussin sans même lever les yeux.

« Et toi, retourne dans ton cercueil, Dracula. »

Il ricana, s'approcha et s'assit en face d'elles.

« Tu bosses encore sur le dossier ? » demanda-t-il à Léna, plus sérieux.

« Oui. Je recoupe les infos. Mais... je me demandais. Pourquoi vous vous êtes lancés là-dedans ? Ce combat. »

Les jumeaux échangèrent un regard. Long. Chargé d'un passé qu'ils n'avaient jamais verbalisé.

« Parce qu'on aurait aimé que quelqu'un le fasse pour nous, » répondit Lyana doucement.

Elio hocha la tête.

« On était seuls. Différents. Et ça, ça attire les ordures. »

« Mais vous vous étiez, tous les deux, » souffla Léna.

« Ouais. Mais deux c'est pas assez, parfois. Maintenant on est quatre. Cinq avec toi. Et c'est nouveau. »

Un silence confortable s'installa.

» On s'est juré, que jamais on ne laisserait une victime sans voix. Et toi, t'as choisi de parler. Alors tu fais partie du pacte. Que ça te plaise ou non. » dit Lyana

« Vous avez un pacte ? » ironisa Léna.

« Avec une signature en sang, et une chanson thème, » plaisanta Elio.

« Et des sweats personnalisés, » ajouta Lyana.

« Sérieux ? » demanda Léna, mi-intriguée, mi-amusée.

« Non. Mais maintenant que t'as mordu à l'hameçon, tu vas pas pouvoir faire marche arrière. »

Léna rit doucement. Un rire franc. Rare.

Et pour la première fois, elle sentit qu'elle n'était plus en périphérie.

Elle était au centre.

Avec eux.

Un fil invisible s'était noué, discret mais solide. Ils étaient trois, désormais. Trois à porter le même silence. Trois à avancer dans l'ombre, ensemble.