La pièce était sombre. Seule la lumière bleutée de l'écran d'ordinateur éclairait le visage de Léna, crispé, tendu. Elle n'avait pas fermé l'œil depuis des heures. Le dossier, toujours, la hantait. Mais ce soir, quelque chose avait changé.
Une clé USB avait mystérieusement atterri sur son lit, dans une enveloppe noire. Sans mot. Sans trace. Mais elle savait. Elle savait que c'était eux.
Elle hésita. Puis elle brancha la clé.
Un unique fichier. Vidéo. Elle cliqua.
L'image était floue au début. Des couloirs familiers. Un lycée. Le leur. Filmé par une caméra de surveillance ou un téléphone discret. Des rires étouffés. Puis des cris.
Le cœur de Léna se serra.
Une scène de harcèlement brutal. Trois élèves contre un. Un adolescent projeté contre les casiers, sa tête frappant le métal dans un bruit sourd. Personne n'intervenait. Tout le monde passait.
Mais ce n'était pas ça le pire.
Le pire, c'était l'identité de l'un des harceleurs.
Son souffle s'arrêta net.
Elle mit pause. Recule. Regarde encore.
Un visage. Flou, mais reconnaissable.
Un professeur.
Non... pas n'importe lequel. Le directeur adjoint. Celui qui prônait la discipline, l'ordre. Celui qui sermonnait sur l'exemplarité. Il était là. Pas en train d'aider. En train de regarder. Et d'encourager. D'un sourire.
Léna retira violemment ses écouteurs.
Une sueur froide coulait le long de sa nuque. Elle se leva, chercha de l'air, tituba dans le couloir.
Ils voulaient qu'elle voie ça. Ils le savaient. Ils l'avaient fait exprès.
Et elle comprenait maintenant : ce dossier... ce n'était pas une simple affaire de justice scolaire. C'était une chasse plus vaste, plus sale. Une toile tissée dans l'ombre, où les véritables monstres portaient des masques d'autorité.
En descendant dans le salon, elle trouva Elio seul, adossé au canapé, un verre d'eau à la main. Comme s'il l'attendait.
« Tu l'as vue, » dit-il sans lever les yeux.
Elle hocha la tête.
« Pourquoi ? Pourquoi me montrer ça ? Pourquoi moi ? » souffla-t-elle.
Elio planta son regard dans le sien. Glacial. Impénétrable.
« Parce que tu n'es pas comme les autres. Parce que toi... tu ne détournes pas le regard. »
Un silence.
« Et maintenant ? » demanda-t-elle, la voix brisée.
Il esquissa un sourire à peine perceptible.
« Maintenant, tu choisis : tu fermes les yeux... ou tu continues de voir. »