Jour 3.
Ce jour-là, ils avaient décidé d'agir. Plus de demi-mesures. Il fallait accéder aux archives du lycée : les dossiers disciplinaires, les courriels internes, les vidéos de surveillance.
Un orage lourd planait au-dessus du toit du bâtiment, comme une annonce dramatique de ce qui allait suivre.
Chris et Lisa avaient fait diversion en provoquant une fausse dispute dans le hall d'entrée, suffisamment spectaculaire pour que deux surveillants et la secrétaire quittent leur poste.
— Trois minutes, pas une de plus, prévint Chris dans l'oreillette. Tu entres, tu scannes tout, et tu ressors. On te couvre.
Léna hocha la tête, enfonça sa casquette sur ses cheveux, et s'élança.
La clé USB tremblait dans sa main moite alors qu'elle entrait dans le bureau administratif, seule. L'odeur du vieux mobilier et des dossiers lui donna la nausée. C'était ici que tout se jouait.
Elle se connecta au vieil ordinateur, ignorant le bourdonnement de l'unité centrale.
2 minutes.
Les fichiers s'ouvraient lentement, comme s'ils résistaient eux-mêmes à la vérité. Et là, parmi des centaines de noms et de signalements, elle le vit : un dossier dissimulé dans un sous-répertoire.
Nom de code : "Cas A".
Elle hésita, puis cliqua.
Ses yeux parcoururent les lignes : accusations de harcèlement étouffées, transferts injustifiés, témoignages supprimés... et une vidéo. Une preuve accablante.
— Léna, sort de là maintenant ! siffla Lyana dans l'oreillette. Un prof revient !
Mais Léna resta figée. La vidéo tournait.
Et au milieu du flou, elle reconnut un visage familier.
Un des professeurs les plus respectés du lycée. Un "allié" supposé.
Un frisson glacé lui parcourut l'échine.
Elle prit tout ce qu'elle pouvait. Puis courut.
Soir — retour à la maison.
Ils étaient tous réunis dans le salon, les yeux rivés sur l'écran pendant que Léna leur montrait ce qu'elle avait trouvé.
Personne ne parlait. Même Chris avait perdu son sourire.
Lisa fut la première à rompre le silence :
— Je vais vomir.
— Il a toujours joué le rôle du type parfait, ajouta Lyana, la mâchoire crispée. Et pendant tout ce temps... il les protégeait.
— Il les utilisait, corrigea Elio d'une voix sombre.
Léna, elle, tremblait encore. Elle avait vu, compris... et maintenant, elle ne pourrait plus faire marche arrière.
Chris tenta un sourire pour détendre l'atmosphère :
— Je sais que c'était intense, mais quelqu'un peut expliquer pourquoi cette vidéo a la qualité d'une patate en 2006 ?
Lisa éclata de rire, nerveuse, puis le frappa doucement à l'épaule.
— T'es bête.
— Faut bien détendre l'ambiance, non ? À moins que vous préfériez les rituels sacrificiels silencieux...
Malgré la tension, un mince sourire traversa les visages. Même Léna.
Mais ce qu'ils avaient découvert allait tout changer.
Et les jours suivants... seraient les plus dangereux.