La nuit était tombée, enveloppant la maison dans une pénombre paisible. Les garçons étaient restés sur le toit, silencieux. Mais dans la chambre de Lisa, une lumière douce baignait les murs de teintes orangées.

Léna, enroulée dans une couverture, observait le plafond. Lisa, jambes croisées, finissait d'enduire ses ongles d'un vernis noir étincelant. Lyana, adossée au mur, avait gardé le silence tout du long, le regard tourné vers la fenêtre.

Et puis Lisa soupira :

— Tu sais, Léna... au début, je pouvais pas te blairer.

Léna haussa les sourcils, surprise. Lyana laissa échapper un petit rire nasal.

— Honnêteté 100 % Lisa, murmura-t-elle.

— Mais j'étais jalouse, reprit-elle. T'es arrivée comme ça, toute droite, toute sérieuse, genre "je suis là pour le dossier". T'avais un calme qui m'agaçait. Tu ressemblais à une héroïne d'un roman noir.

— Ennuyeuse ? glissa Léna, un sourire timide en coin.

— Non, réaliste. Et... stable. Tu m'as renvoyée à tout ce que je déteste chez moi. Moi je crie, je frappe, je parle trop. Toi t'écoutes, tu notes, tu disparais. C'est frustrant. Et fascinant à la fois.

Lyana se redressa un peu, bras croisés.

— Moi, c'est l'inverse. T'avais quelque chose de... familier. Je sais pas, ton regard. Comme si t'étais là sans vraiment être là.

Léna tourna lentement la tête vers elle.

— J'ai souvent eu cette impression aussi. Comme si j'étais spectatrice de ma propre vie.

— Tu te caches, constata Lisa à mi-voix.

— Peut-être... Mais vous aussi. À votre manière.

Un silence. Mais pas pesant. Un silence qui respirait.

Lisa se rapprocha, assise en tailleur au pied du lit.

— Tu sais que tu fais partie du cercle, maintenant ?

— Le "cercle" ? répéta Léna, intriguée.

— Notre chaos contrôlé. Notre famille déglinguée. Une fois que t'y es, y'a plus de retour possible.

— Et y'a des règles ? demanda-t-elle en souriant.

Lyana hocha la tête.

— Juste une : on tombe ensemble. Ou pas du tout.

Léna baissa les yeux, touchée.

Lisa tendit la main, paume ouverte.

— Deal ?

Léna hésita une seconde, puis posa la sienne contre la sienne.

Lyana les rejoignit et posa la sienne au-dessus.

Trois mains, trois cœurs. Un pacte silencieux.

— Bon, dit Lisa en se redressant, maintenant qu'on a scellé notre alliance, j'exige une soirée pyjama avec masques à l'argile, playlist émotionnelle et potins secrets. Pas de plans, pas de vengeance, pas de regards assassins. Juste... nous.

— C'est quoi une playlist émotionnelle ? demanda Léna.

— Ah ma chérie, tu vas découvrir le pouvoir thérapeutique de Céline Dion et Olivia Rodrigo, dit Lisa en lançant une enceinte.

Lyana éclata de rire.

Et cette nuit-là, entre deux fous rires et des aveux murmurés dans l'obscurité, quelque chose se noua entre elles. Une sororité. Une force nouvelle.

Parce que parfois, pour affronter les ténèbres... il faut d'abord trouver la lumière dans les autres.