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Chapitre 18 : Moment d'égarement

            Je garde le silence pendant un long moment. Je me suis légèrement perdu dans mes pensées, mais quand je relève les yeux, je croise directement les siens. Face à son regard, je suis plutôt perplexe. Devrais-je faire attention en lui posant la question ? Devrais-je la dire aussi brusquement que dans mes pensées ou dois-je prendre des pincettes. Peu importe finalement. Je soupire un peu résigné, puis pose la question.
            — Et toi, tu m'en veux ?
            Je vois sa mâchoire se contracter d'un léger mouvement, mais il ne répond pas tout de suite. Son regard se perd dans le vide, comme s'il était en conflit avec lui-même. Une sorte de lutte silencieuse qu'il tente de réprimer dans sa petite tête. Il lève la main légèrement, puis effleure sa nuque à plusieurs reprises, avant de porter son regard sur moi.
            — Non. répond-il d'une voix rauque avant de marquer une pause. Son regard se durcit brièvement, puis il s'approche lentement pour effacer la distance. Parce que... tu ne peux pas me fuir, Elyanna. 
            Il ne dit rien de plus, mais son ton résonne d'un message plus profond. Je détourne le regard, incapable de soutenir l'intensité de ses yeux. 
            Qu'est-ce que je suis censée répondre à ça ? Qu'est-ce qu'une personne sensée devrait dire ?  Personnellement, j'ai l'impression que ses mots résonnent totalement comme une cage que j'essaye perdument d'éviter. Mais aussi bizarre que ça le soit, venant de lui, ça semble un peu différent. Ça ressemble autant à une promesse, qu'à une menace.. fin bref, un peu des deux, je crois.. Mais pourquoi derrière toutes ces pensées, j'y trouve une forme de protection ? Je suis totalement déséquilibré du cerveau.
            Je ferme lentement les yeux, puis je respire profondément, essayant d'apaiser la tempête qui gronde en moi, comme un murmure intérieur.
            — Je... commencé-je, mais les mots se coincent dans ma gorge, refusant de sortir.
            Ok, j'ai fui... mais... bordel.. ouai, je flippe ! C'est pas normal d'avoir autant de proximité avec un mec sorti de nul part.. merde.. 
            — Tu sais, commence-t-il, sa voix se fait plus douce. Je veux simplement te protéger. Je ne voulais pas de tout ça. 
            C'est étrange de l'entendre parler ainsi, comme si tout ce qu'il ressentait était devenu un fardeau, un échec qu'il ne savait pas comment gérer. Et contre toute attente, ça me touche plus profondément que je ne veux le reconnaître. Alors, je baisse les yeux de culpabilité.
            Ce n'était pas ce que je voulais non plus, ce n'était pas le but... Mais à chaque fois que je me rapproche de lui, cette peur grandit en moi, ce besoin irrépressible de m'éloigner avant que tout ne devienne trop réel.
            — Je sais, c'est juste que... j'ai peur que ça me détruise... toi, tout ça, murmuré-je, à peine un souffle.
            Il ne dit rien sur le coup, mais ses yeux, ces bras invisibles, semblent prêts à m'enlacer dans la confusion de mes propres sentiments.
            — Je n'avais jamais pensé que ça pourrait être comme ça... Que tout ce que je voulais pour toi finirait par nous faire autant de mal, murmure-t-il presque pour lui-même.
            Je le fixe perplexe malgré moi. Le voir aussi vulnérable sous cette couche de froideur qu'il s'efforce de garder me perturbe. J'ai l'impression que je pourrais toucher son vrai moi du bout des doigts. Il baisse la tête puis s'adosse lentement contre le canapé. Ses yeux glissent sur moi dans un regard attentif alors que ses doigts tapotent nerveusement contre le canapé.
            — On va s'en sortir, d'accord ?
            J'aimerais pouvoir croire ces mots... ceux que j'ai entendus maintes fois, mais qui n'ont jamais été suivis d'actes. Le monde est cruel, Deaven... et toi, tu fais partie de ceux qui le rendent encore plus dangereux. Je soupire lourdement et me laisse aller, ma tête se pose sur son épaule. 
            — Quand tu dis "on", tu parles forcément de la blonde, pas vrai ? murmuré-je presque pour moi-même, ma voix trahissant une pointe de jalousie.
            Son corps se tend légèrement sous ma tête, un geste subtil, presque imperceptible, mais que je perçois. Il essaie de déchiffrer ce que je sous-entends. 
            — Tu veux vraiment qu'on parle de ça ? lâche-t-il, son ton se faisant plus froid, presque distant. Parce que cette histoire de blonde, c'est loin d'être ce que tu crois. Il se redresse légèrement : C'était juste... un moyen de garder le contrôle. De maintenir cette distance entre toi et moi.  Il détourne les yeux un instant, et ce bref moment suffit à dévoiler l'orage qui gronde en lui. Tu comprends, non ? 
            Il baisse la tête, son regard s'éteignant un instant avant de revenir vers moi, chargé de cette vulnérabilité qu'il ne montre presque jamais.
            — C'est plus facile de me perdre dans des conneries comme ça que d'affronter... ça. Il fait un vague geste entre nous, son visage fermé, mais ses yeux criant une vérité qu'il ne sait pas comment formuler. Parce que ça, Ely, ça me fait flipper. Ça me fout en l'air.
            Je le regarde capturer sa lèvre avec ses dents, une frustration visible dans la crispation de ses traits. Alors, je me redresse, mon corps lourd de douleur, mes pensées plus chaotiques que jamais. Les mots de Deaven résonnent en moi, mais au lieu de m'apaiser, ils attisent une colère sourde et brûlante. Une partie de moi crie à la trahison, mais une autre comprend sa fuite. C'est sa manière à lui de se protéger, de ne pas s'exposer.
            Mais pourquoi, putain, fallait-il que ça l'implique elle ?
            OUAIS ! Je suis jalouse. 
            — Me protéger, hein ? rétorqué-je presque acide alors qu'un ricanement amer m'échappe avant que je ne détourne le regard. C'est ça ? Me protéger en me faisant croire que tu pouvais être avec elle ? 
            Je m'efforce de maintenir cette façade, même si, au fond, je suis déchirée. Ça me touche, bien plus que je ne veux l'admettre. Je déteste ce que je ressens, je déteste la faiblesse que j'éprouve, mais surtout, je déteste qu'il ait ce pouvoir sur moi. Il reste silencieux, son regard perdu entre moi et ses pensées. Je le vois lutter pour trouver les mots, les peser, les mesurer pour ne pas empirer la situation.
            — Ce n'était pas toi que je cherchais, finit-il par dire, sa voix plus tendue. Tu sais bien que je... s'interrompt-il, son regard s'assombrissant et prenant une dureté glaciale. J'ai juste... pas su comment faire autrement.
            Je le fixe intensément, et cette rage qui grondait en moi commence à se dissiper, remplacée par une lourdeur que je ne sais pas nommer.
            Peut-être qu'il dit la vérité.
            Le silence s'étire entre nous, creusant un gouffre invisible entre nous, un fossé insurmontable qui menace de nous séparer un peu plus à chaque seconde. Et mon âme, me crie de bouger mon cul pour faire quelque chose, n'importe quoi.
            — Embrasse-moi, rétorqué-je faiblement. Avant que je le regrette.
            Ses yeux se rivent sur les miens, fixes, brûlants. Ses poings se contractent, sa mâchoires se crispe, et je peux presque entendre l'écho de son combat intérieur. Ses lèvres bougent imperceptiblement, comme si elles s'apprêtaient à prononcer des mots. Mais rien ne vient. Pas un son. Juste ce foutu silence, qui s'étire comme une corde prête à se rompre entre nous.
            Est-ce que c'était une erreur ?
            Je baisse les yeux, prise au piège de mes propres mots, de cette limite que j'ai osé franchir. Mon cœur bat à tout rompre, une mélodie d'incertitude. Ce n'est pas la peur qui m'angoisse, non, c'est bien pire. 
            Je le sens se rapprocher. Son corps se penche vers le mien, ses mains fermes s'emparant de mes joues. Je n'ai pas le temps de réfléchir, de protester, de respirer qu'il m'attire à lui, ses gestes empreints d'urgence. Ses lèvres trouvent les miennes. D'abord hésitantes, elles effleurent doucement, comme une question murmurée. Puis, le doute disparaît, remplacé par une intensité dévorante qu'il m'offre. Son baiser devient affamé. Ses mains glissent, explorent, m'ancrent contre lui comme s'il ne pouvait me lâcher sous peine de tout perdre. Alors, je m'y abandonne et me perds dans cette chaleur, cette passion brûlante qu'il insuffle en moi.
            J'oublie tout.
            Mes peurs.
            Mes hésitations.
            Tout ce qui compte, c'est lui, c'est moi.
            Ses gestes sont si voraces qu'ils effacent tout ce qui nous séparait. Sa langue s'entrelace à la mienne, avide, en quête d'une intensité que ni lui ni moi n'avions anticipée. Il est là, tout à la fois tendre et sauvage, m'entraînant dans cette spirale dont je ne veux plus sortir. Mes mains glissent sur son dos, explorant la dureté de ses muscles bandés. Et puis, comme une éternité qui se dissipe, il se retire. Son souffle brûlant effleure ma peau, et ses lèvres frôlent mon cou, me laissant un frisson qui se propage comme une onde de choc. Ses yeux plongent dans les miens, une lueur indéchiffrable, mais pleine de quelque chose que je ressens au fond de moi.
            — T'es sûre de vouloir ça ? murmure-t-il d'une voix rauque.
            J'hoche la tête, sans une once d'hésitation. Je n'ai pas besoin de mots supplémentaires, pas maintenant, mais je le fais quand même. 
            — Laisse-moi craquer... juste aujourd'hui, Deaven...
            Il se fige un instant, sa mâchoire se tend sous la pression de son désir. 
            — Juste cette fois, princesa... 
            Sa main glisse et caresse doucement ma joue, comme pour s'assurer que c'est bien moi, là, dans ses bras, dans cette folie. Puis, ses lèvres retrouvent les miennes de nouveau et se transforment en un baiser où se mêlent passion et douceur. Un baiser à la fois exaltant et risqué. Lorsqu'il se retire pour me scruter, tout entre nous vibre. Chaque millimètre qui nous sépare devient insupportable, comme si l'air lui-même était en feu sous l'effet de notre désir. Ses mains explorent lentement mon corps, me remplissant de sa chaleur, tandis que les miennes se posent sur ses abdos. La sensation de sa peau contre la mienne, même à travers le tissu de son t-shirt, me fait frissonner.
            Ses lèvres viennent effleurer ma mâchoire, puis mon cou, avec une tendresse qui fait bouillir le sang dans mes veines. Je ferme les yeux et me laisse porter par ses caresses. Je laisse ma main glisser sur sa nuque. Ses baisers descendent lentement, touchent ma clavicule, puis se faufilent encore plus bas. Il soulève légèrement mon haut, et un moment d'hésitation me crispe. Mais lorsque ses lèvres se posent doucement sur mon ventre, la sensation se dissipe et me fait frémir.
            — Deaven ! s'écrit une voix tranchante de jalousie et de frustration, un cri qui fait éclater la magie du moment.
            On sursaute tous deux avant de nous immobiliser dans cette semi-rêverie. Mes bras toujours autour de lui le serrent davantage. Quand je relève enfin les yeux, je distingue les silhouettes de Mélissa, suivie de Tiago et de Ninia. 
            — Qu'est-ce que tu fais, Deaven ?! peste sa voix aiguë et énervante.
            Elle lance un regard sur Deaven, puis à moi, et je vois la jalousie s'allumer dans ses yeux, prête à exploser. Tiago, lui, n'a aucune gêne. Il observe la scène avec un sourire amusé.
            — Ça va ? Faut que j'appelle les secours ou vous gérez ça entre vous ? nous taquine-t-il d'un ton moqueur.
            Ninia, elle, reste plus en retrait. Mais je sens bien la gêne qui émane d'elle, une frustration subtile mais bien présente. Elle me regarde, puis jette un œil au tatoué. Dans son regard, je devine une nouvelle déception. Deaven, lui, toujours au-dessus de moi, grogne de frustration, son regard s'assombrit, son corps se tend à la vue des trois intrus. Même s'il ne me quitte pas des yeux. Ses poings se ferment, la colère ancrée dans chacun de ses gestes. Il semble prêt à tuer pour ne pas que ce moment lui file entre les doigts.
            Le silence s'étire, jusqu'à ce qu'on entende des pas dans le couloir. Roy apparaît à l'angle de la porte, sa silhouette imposante venant encore alourdir l'atmosphère déjà électrique. Il scrute la pièce un instant, son regard glissant sur le groupe, avant de se poser sur Deaven et moi. Il prend son temps pour observer les réactions de chacun. Mais contrairement aux autres, il s'en fiche. Mélissa, figée dans l'encadrement de la porte, les yeux pleins de rage, se tourne lentement vers lui, comme si elle attendait qu'il prenne position, qu'il réagisse dans cette tension déjà insupportable.
            — Tu vois ce qui se passe ici ? fulmine-t-elle en colère.
            — Quoi ? C'est lui le boss, il fait ce qu'il veut. Il fait un petit geste de la main et, d'un ton presque détaché, il ajoute : Pas de raison de m'en mêler. 
            Deaven se redresse légèrement, ses yeux ne me quittant pas. Il hésite, avant de poser une main sur mon épaule, avant de me maintenir à ses côtés.
            — C'est à toi de choisir, Ely. murmure-t-il d'une voix basse et rauque.
            Il cherche une réponse, mais son regard trahit aussi une incertitude. Mais avant que je puisse réagir, la voix de Mélissa résonne à nouveau, pleine de rage et de rejet.
            — Tu crois que je vais accepter ça ? 
            Elle avance d'un pas furieux, ses mains tremblant de colère. Son regard, fou de détermination. Mais avant qu'elle ne puisse aller plus loin, Roy s'avance rapidement et la prend par le bras, la repoussant en arrière.
            — Mélissa, tu oublies qui il est. Et ce qu'il représente. Sa voix se veut calme mais ferme. Mais Mélissa, trop en colère, se dégage violemment de sa prise.
            — Non ! Tu vas me dire que tu valides ça ?! crache-t-elle, et son regard passe successivement de Deaven à moi, puis s'attarde sur lui. 
            Il hausse les épaules, sans un mot de plus, mais son regard glisse sur la scène avec une indifférence presque tranquille. Deaven, lui, grogne à peine, un son bas et lourd de menace. 
            — Mélissa... grogne-t-il d'un ton menaçant.
            Cette dernière prête à exploser me fixe, son regard perçant comme un couteau.
            — Tu es vraiment en train de jouer avec lui, Ely ? Tu te—
            — Tu crois vraiment savoir ce que je fais ? la coupé-je d'une voix tranchante.
            Je laisse un silence lourd s'installer avant de soupirer. Mes yeux se portent lentement sur Deaven, et sans vraiment y réfléchir, mes doigts glissent sur sa joue, un geste presque automatique. Son souffle se coupe un instant, mais il ne bouge pas alors que je le laisse sans réponse. Puis, sans réfléchir, mon doigt se pose légèrement sur sa lèvre. 
            — On est adultes, non ? affirmé-je d'une voix presque indifférente. Je sens un sourire fugace sur ses lèvres, mais il ne dit rien. Je me tourne alors vers Mélissa, un sourire insolent aux lèvres, un sourire qui n'a rien d'innocent.
            — Qu'est-ce que ça peut te faire que je me le tape ou non ? T'es même pas avec..
            Je peine à voir son visage à cause du vertige qui m'attaque brutalement, mais je peux déceler de la colère. La douleur soudaine dans ma tête me rappelle cruellement l'accident, la fatigue, les blessures invisibles qui me rattrapent.
            Inconsciemment, je baisse les yeux un instant, ma main se posant sur ma tempe, là où la douleur est la plus vive. Mon instinct me hurle de rester forte et de ne pas flancher, mais je suis prête à tout lâcher.
             — Ely, tu devrais t'asseoir. murmure Ninia, douce mais emplie de préoccupation,
             Je croise le regard de Deaven en relevant la tête. Il a la mâchoire crispée. Mélissa me fixe toujours, mais je l'ignore. Mes gestes deviennent mécaniques, comme si mon corps fonctionnait sans moi. Je prends une cigarette, mes mains tremblent légèrement alors que je l'allume. La première bouffée me brûle la gorge, mais elle m'ancre un peu plus dans le présent.
            — Ça va, je gère, murmuré-je d'une voix rauque, vide de toute conviction.
            Tous les regards sont rivés sur moi lorsque je m'éloigne vers l'extérieur. Une fois dehors, je m'appuie contre le mur, la cigarette entre les doigts. La douleur dans ma tête persiste, mais au moins, je suis seule. Juste moi et ce vide constant qui me ronge.
            —Tu sais que tu joues avec ta vie, pas vrai ?— 
            Et alors ?
            Faut bien crever de quelque chose..non ?
            Les mots résonnent dans ma tête, mais je les laisse filer, comme d'habitude. Pas le moment de m'y attarder. Je fixe la lueur rougeoyante de la cigarette qui se consume entre mes doigts. Les bruits venant de l'intérieur m'atteignent à peine, mais j'essaye tout de même d'écouter. Des éclats de voix, des murmures d'une confrontation que je n'ai ni la force ni l'envie de gérer. Alors je ferme les yeux, et laisse le silence de la nuit me submerger.
            Après plusieurs minutes, une présence derrière moi se détache, avant même d'entendre des pas. Et je n'ai pas besoin de me retourner pour savoir de qui il s'agit.
            Deaven..


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