Je me réveil en sursaut, le poids de l'anxiété pesant déjà sur ma poitrine dès le rêveille. Cette sensation désagréable d'étouffement est toujours présente, tenace et inéluctable, comme si elle s'était installée en moi depuis quelques jours, semaines, voire des années maintenant.
Cette boule dans ma gorge semble prête à éclater au moindre écart de pensée. Je ne peux pas rester ici. Cet appartement, qui me semblait autrefois un refuge, s'est métamorphosé en une cage oppressante. J'ai mal dormi, affreusement.. Et je ne comprends pas pourquoi.. Alors, d'un geste vif, je me redresse et repousse les draps. Mes mouvements sont hâtifs, presque instinctifs, comme si mon corps avait décidé de fuir avant que mon esprit n'ait eu le temps de réfléchir.
— Cours..poussin. —
Mon cœur bat la chamade, mais j'essaie de garder mon calme. Mes mains s'affairent à saisir des vêtements que je mets en un éclair dans la salle de bain, avant de me diriger vers la porte de l'extérieur.
Je ne sais pas quelle heure il est.
Et franchement, c'est le cadet de mes soucis.
Dès que je franchis le seuil, le vent frais me frappe de plein fouet. Lui qui est censé me rassurer et me recentrer fait tout le contraire. Fait-chier.. C'est comme si le monde extérieur se moquait de ma volonté de fuir.
Je devrais rendre visite à Ninia, comme à chaque fois que l'angoisse me submerge. Mais mes pas me trahissent et me dirigent vers un autre endroit. Un lieu où je n'ai aucune envie d'aller, et dont je ne comprends même pas la raison de ma présence. Mais avant même que mon esprit puisse crier "ne fais pas ça", mes pieds m'ont déjà conduite devant la boîte de nuit.
Je l'aperçois rapidement appuyé contre le mur, avec Tiago à ses côtés. Les deux ressemblent à deux fauves sur le point de bondir sur tout ce qui bouge. Leurs corps sont tendus et leurs postures sont en alerte. Le grand tatoué détourne soudainement son regard... puis se concentre immédiatement sur moi. On dirait presque qu'il m'attendait. Ses yeux se braquent sur les miens avec une intensité troublante. Rien d'étonnant, pas vrai ? Cet homme a une manière d'affirmer sa présence et de remplir l'espace, même sans un geste.
Ça m'exaspère tellement, c'est insupportable.
Un frisson d'excitation me traverse le corps et, avant même de m'en rendre compte, un sourire moqueur étire mes lèvres. Ce sourire qui dit tout, qui hurle mon irritation et mon envie d'en découdre.
Il veut jouer ?
Parfait, jouons !
Je fais un pas en avant et, avec une lenteur réfléchie, je fais glisser la sangle de mon sac sur mon épaule. Mes doigts caressent le bas de ma robe pour la relever légèrement, juste assez pour dévoiler un peu de mes cuisses. Pas trop, mais juste ce qu'il faut.
Tu vois ? moi aussi je te vois, et moi aussi je peux jouer à ça.
Je continue d'accrocher son regard qui pourrait me transpercer s'il en était capable.. Satisfaite, j'affiche un petit sourire, un de ces sourires trop candides pour être authentiques, un peu trop audacieux pour passer inaperçu. Et l'effet que ça lui fait me fait sourire et m'aide à capter le changement dans son regard immédiatement. Une lueur qui vacille, remplacée par une hésitation à peine visible sous cette mâchoire qui se contracte.
Ce tremblement fugace me fait sourire intérieurement.. Mais ô combien grisante. Il veut garder le contrôle, mais je vois tout. Et cette petite emprise, aussi infime soit-elle, me donne un plaisir que je ne saurais nier.
Alors, je ne détache pas mon regard du sien. Mais lui le détache, et je remarque ce petit regard furtif qu'il jette sur ma cuisse avant de remonter lentement pour ancrer ses yeux dans les miens, avec une intensité troublante qui me fait presque vaciller.
Presque, mais jamais assez.
Son expression reste aussi glacée que la glace, mais je vois les détails qu'il essaie de cacher. Je sais que je l'ai ébranlé, même un tout petit peu. Et c'est déjà une victoire, une victoire que je dissimule sous un sourire innocent.
Je me glisse devant lui d'un mouvement fluide, le frôlant à peine telle une caresse furtive. Mon pas est léger et insouciant. Oui, je me moque intérieurement de ce besoin de jouer à la fille mignonne. Car, aussi étrange que ça puisse le paraître, je trouve un plaisir presque malsain dans cette provocation que je lui donne. Mais mon corps peut feindre l'indifférence, mon esprit, lui, est parfaitement conscient de mes intentions.
Sans plus attendre, je pénètre dans le bâtiment en adressant un clin d'œil à l'homme, suffisamment discret pour qu'il soit le seul à le remarquer.
À l'intérieur, je me dirige vers le vestaire sans regarder derrière moi. Après tout, le monde extérieur et tout ce qu'il attend de moi, peuvent bien attendre. Une fois dans le vestiaire, je me débarrasse de ma robe à longues manches dans un geste théâtral. Mes doigts effleurent mes cuisses, et pendant une fraction de seconde, je me perds dans l'image que j'ai laissée derrière. Je me rhabille d'un t-shirt simple et d'un short noir. Basique, presque minimaliste, mais c'est ce qui me va. Une fois terminé, je jette un dernier coup d'œil dans le miroir, juste histoire de vérifier mes cheveux. Mes boucles se libèrent, tombant en cascade autour de mon visage, comme une dernière touche. Je fais un dernier détour, avant de traverser le vestiaire, puis rejoins la salle d'entraînement.
Dans la salle, la musique résonne déjà à travers les haut-parleurs. Ce n'est pas ce à quoi je m'attendais, mais elle colle parfaitement à ce que je dois faire. Donc, sans hésiter, je m'avance vers le centre de la pièce. Ferme les yeux, puis me laisse porter par la musique. Mes hanches se balancent doucement au rythme, pendant que mes talons glissent sur le parquet avec une aisance presque trop fluide et naturelle.
Chaque mouvement se fond dans la mélodie, mes mains suivent le même flux, mes doigts se dessinent dans l'air. Mon corps, lui, épouse chaque pulsation du morceau et des vibrations. La danse se transforme rapidement en une échappatoire.
Un repère..
Une cachette.
Mon esprit se dissipe tout en s'évaporant dans cet espace qui m'isole de tout ce qui m'entoure. Mais ça, c'était avant que cette sensation étrange me fasse frissonner. Je me redresse légèrement et jette un regard furtif vers le miroir, et c'est là que je le vois. Il est adossé contre le mur, les bras croisés sur la poitrine. Son regard braqué sur moi sans le détourner une seule seconde.
Il est captivé, c'est sûr et évident.
Je souris intérieurement, me contraignant à garder un masque de neutralité.
Pourquoi ai-je l'impression qu'il me regarde comme si j'étais déjà sienne ?
— Petit joueur... —
Totalement..
Je continue ma danse sans lui accorder un seul regard de plus. Je poursuis ma danse sensuelle en me penchant davantage, laissant mon bassin épouser le rythme à nouveau. Chaque mouvement accentuant mes courbes, surtout dans le reflet du miroir. Mon corps devient une extension parfaite de la musique, une invitation silencieuse, irrésistible.
Mes cheveux tombent en cascade autour de mon visage. Je me penche à nouveau, mes hanches se déhanchant avec une élégance naturelle.
**
Après quelques minutes, je me redresse en prenant un instant pour reprendre mon souffle. Mon cœur bat un peu plus vite, toujours emporté par l'énergie de la danse. Je m'éloigne lentement vers la chaise où se trouve ma serviette. Je la récupère, puis la passe rapidement sur mon front avant de me retourner vers lui.
Nos regards se croisent et, pendant un bref instant, une étincelle surgit entre nous. Je le vois brièvement mordre l'intérieur de sa joue, même si c'est discret. Peut-être pour réprimer un sourire furtif.
En m'approchant de lui pour passer, je laisse mes doigts effleurer légèrement son épaule dans un contact délicat. Juste assez pour le taquiner, juste assez pour le torturer lui aussi. Il reste immobile, mais son regard me traverse comme une chaleur qui s'étend le long de mon dos.
Un soupir lourd, peut-être frustré, s'échappe de ses lèvres, bien trop fort pour être discret.
Touché.
Je le regarde un instant avec un sourire léger qui effleure mes lèvres. Je baisse la tête pour cacher mon sourire, parce que je sais sans l'ombre d'un doute qu'il ne va pas rester là à rien faire.
Et putain, j'aime ça.
Je dois complètement être masochiste.. ou inconsciente..je sais pas encore.
Mon cœur s'emballe dans ma poitrine. Je fais un pas en arrière pour me retourner vers lui, mes yeux rivés sur les siens. Chaque mouvement me rapproche de l'armoire, durant lequel l'adrénaline me frappe comme un coup de poing dans le bide. Mon corps est en pleine vigilance, prêt à réagir à ce qu'il pourrait faire. Mais lorsque mes jambes atteignent l'armoire, mon cœur bat de plus en plus vite. L'adrénaline, elle a déjà envahi chaque fibre de mon être en alerte.
Voyons combien de temps tu vas tenir.
J'ai à peine le temps de réagir que, sans la moindre hésitation, il me soulève d'un geste sûr et sans effort pour me déposer sur le plan du meuble. Son emprise est complète, sans qu'il ait à fournir le moindre effort. Je deviens un simple objet entre ses mains, et pourtant, cette situation me bouleverse profondément et m'excite. Pourtant son sourire, mi-joueur, mi-défiant, me donne presque envie de lui arracher des lèvres et de lui faire regretter son assurance.
Vas-y.
J'ose, alors jouons..
Une étincelle d'excitation traverse mon corps à l'instant où je me penche vers lui. Mon souffle se fait plus court avant que mes cuisses effleurent ses hanches. Une proximité qui rend soudainement l'air beaucoup plus brûlant, voire suffocant. Je cherche à capter sa réaction, à voir jusqu'où il est prêt à me suivre.
C'est ça que tu veux ? Regarde..
Et vois comment ça marche.
Je fais doucement glisser mes doigts le long de son cou, chaque geste maîtrisé pour le rendre fou, tel une caresse laissant des marques invisibles. Je le sens se tendre lorsque je rapproche son visage du mien. Ses yeux, chargés de désir, m'envoûtent, comme un piège dont il m'est impossible de m'échapper. Mais, il peut courir.. Je me rapproche lentement, mes lèvres effleurant à peine les siennes, chaque frôlement amplifiant cette tension.
Putain, c'est trop...
Puis, sans prévenir, je le repousse de mon talon contre son torse, juste assez fort pour qu'il saisisse l'intention derrière ce geste.
Alors, ça te fait quoi ? hm ?
Je profite de l'instant où sa mâchoire se serre sous la frustration, le regard intense et sauvage. Il est comme un lion en cage, prêt à bondir, et cette scène me donne un étrange sentiment de satisfaction.
— Tu vois. Moi aussi, je peux jouer à ce jeu.
Et avant qu'il n'ait le temps de réagir ou de répondre, je tire la langue, un geste apparemment innocent, mais mon regard, lui, dit tout.
J'ai gagné cette manche.
Ses yeux, emplis de frustration et de désir, m'arrachent un sourire intérieur.
C'est exactement ce que j'attendais.
L'audace monte en moi comme une confiance éclatante. Je me tourne lentement vers lui, un sourire malicieux aux lèvres, et je commence à me changer, parfaitement consciente de chaque regard qu'il pose sur moi, presque obsessionnel. Le t-shirt léger, le short qui souligne mes courbes... Il veut tout voir, mais il ne verra rien.
Je prends mon temps, laissant ma robe glisser lentement le long de mes bras, le tissu se dérobant autour de moi comme un secret que je dévoile par petites touches.
Je sais ce que tu veux voir, mais dans tes rêves.
Je ralentis encore, me mettant sous le meilleur de mes angles, savourant la façon dont ses yeux suivent chaque détail. Mes hanches se balancent subtilement, mes cheveux tombent en cascade sur mes épaules. Et, avant de sortir, je jette un dernier regard par-dessus mon épaule en affichant un sourire sur mes lèvres.
Regarde bien ce que tu rates.
Le message est clair, et même si la tension est prête à exploser là maintenant, je le laisse totalement impuissant avant de sortir du vestiaire.
Il reste là, coincé avec ses pensées tumultueuses et ses désirs insatisfaits de fantasmes non réalisés.
Ce n'est que le commencement, mon cher. Parce que ce jeu ne fait que commencer. Et chaque seconde de cette tension, chaque mouvement, chaque regard échangé, je vais les savourer.