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Chapitre 20 : Tensions et Provocations

            Quand il finit par me relâcher, je le fixe, la respiration haletante et complètement désorientée. Il reste silencieux, son visage impassible, une expression que je n'arrive pas à déchiffrer. Mais dans ses yeux, il y a quelque chose de différent, une satisfaction discrète. Je fuis son regard brûlant, mes lèvres encore marquées par son contact alors que je me sens aussi fragile qu'un éclat de verre, prêt à se briser sous la moindre pression.
            Après plusieurs secondes de long silence, il se penche légèrement vers moi, effleurant ma joue de son souffle tellement il est proche.
            — Je l'ai fait taire ? murmure-t-il d'une voix suave.
            Je reste figée un instant, encore sous l'emprise du baiser, la chaleur de sa présence brûlant mes lèvres. 
            Je l'ai fait taire ?
            Ma tête tourne vers lui, le regard embué, cherchant une réponse que je n'ai pas. La voix dans ma tête est noyée sous la puissance de ce qu'il vient de faire, de cette chaleur directe qu'il m'a imposée.
            — Oui... soufflé-je à peine audible.
            Un sourire fugace apparaît sur son visage sérieux avant qu'il ne m'attire vers lui. Son étreinte me presse contre son torse, ses bras m'enveloppent avec douceur. Il se redresse lentement et, d'un geste assuré, ses mains puissantes me soulèvent. Je me laisse porter en dépit de la fatigue qui pèse sur mon corps. Il dit rien, mais sa prise se resserre légèrement lorsqu'il se redresse. Une fois debout, il m'emmène jusqu'au lit, puis m'installe tout contre lui après s'être installé.
            — Essaie de dormir maintenant..
            Je ferme les yeux lentement alors que mon souffle s'alourdit sous ses papouilles.
            — D'accord...
            Avant que je ne puisse dire un mot de plus, le monde se dissipe, et je m'enfonce dans l'obscurité du sommeil, loin de tout ce bruit, de toute cette douleur.
            Enfin, un peu de paix.

**

            Quand je me réveille, mes yeux s'ouvrent dans un brouillard de fatigue. Un poids pesant alourdit mes paupières. Je plisse les sourcils, essayant de comprendre où je me trouve. Puis, au travers de la brume de mon esprit encore embrumé par le sommeil, je sens sa présence à mes côtés. Il est perché sur le bord du lit, son corps massif tendu comme une créature prête à surgir.
            La lumière de l'aube traverse la pièce, projetant des ombres douces sur ses traits sévères. Et quand je le détaille, un peu mieux, je peux déceler une cigarette entre ses doigts dont la fumée monte en volutes dans l'air. Il ne me regarde pas, son attention est détournée ailleurs, perdue possiblement dans ses pensées. Pour ma part, je reste immobile. Il est aussi calme que la dernière fois que je l'ai vu, mais l'intensité dans ses yeux me dit qu'il n'est jamais vraiment détendu.
            Peut-être ne l'a-t-il jamais été.
            — T'es toujours la, murmuré-je, ma voix rauque et brisée par le sommeil.
            Il lève légèrement les yeux vers moi en expirant la fumée de sa cigarette, son regard me frôlant presque comme une caresse, mais sans vraiment me voir.
            — J'ai dit que je resterais.
            C'est étrange, mais d'une certaine manière, ça me rassure d'être à ses côtés. Comment l'expliquer ? Un soupir m'échappe lorsque je me redresse afin de m'asseoir sur le lit en tailleur. Mes muscles crient un peu, étant donné qu'ils sont un peu endoloris à cause de la position de sommeil. 
            — Tu m'observais dormir ?
            Un sourire discret se forme sur ses lèvres. Un sourire qui exprime beaucoup de choses tout en disant peu. Il se redresse, porte sa cigarette à ses lèvres, puis laisse échapper la fumée.
            — Non, j'étais juste là. 
            J'acquiesce de la tête, puis détourne finalement le regard en observant la pièce. Le temps semble suspendu, et je sais qu'il y a encore tellement de choses que je n'ai pas comprises. Mais pour l'instant, ça n'a plus d'importance. Alors, je détourne les yeux un instant, comme si je cherchais à échapper à l'intensité de sa présence, mais quelque chose m'attire de nouveau vers lui. Puis, une impulsion soudaine me traverse et, sans réfléchir, je m'incline légèrement en avant, mes doigts effleurant ses lèvres pour lui voler sa cigarette. Il me regarde, un peu surpris. Mais je ne me sens même pas coupable en la portant à mes lèvres.
            — Ça t'embête ? taquiné-je,
            Il ne répond pas tout de suite, mais ses yeux m'analysent. Puis, il laisse échapper un petit rire, faible, presque inaudible.
            — Si tu crois vraiment que c'est ça qui va m'ennuyer..
            Il laisse sa réponse planer dans l'air avant de se pencher pour reprendre sa cigarette. Il n'y a aucune colère dans ce geste, juste une façon désinvolte de s'approprier ce qui lui revient. Sans vraiment m'en empêcher, un sourire se dessine sur mes lèvres pendant que je l'observe. Puis finalement, je me lève du lit, bien qu'il faut se l'avouer, la chaleur du lit ne m'en donne pas l'envie.. Je le regarde en biais, puis me dirige vers la porte. 
            — Je vais au salon.
            Ce n'est pas une question, ni une demande. C'est une simple annonce, prononcée d'une voix calme et distante. Je n'ai pas besoin de savoir s'il va me suivre ou non, mais je sens qu'il m'observe, comme toujours. J'attrape la poignée de la porte et l'ouvre pour sortir.
            Dès que je franchis le seuil de la chambre, un soupir s'échappe de mes lèvres. L'espace plus ouvert du salon me paraît beaucoup plus agréable. Je traverse la pièce en regardant de droite à gauche. Le lieu est plutôt moderne, sympathique, même s'il est dépourvu pour la plupart des pièces de couleur chaleureuse. Ouai. Cette villa, lui, ressemble pas mal, pour dire vrai.
            Une fois le salon atteint, je m'approche du canapé et m'y installe. Une fois installé, je tends la main vers la table basse à la recherche d'une cigarette. Je la saisis, puis la porte à mes lèvres avant d'inhaler la fumée tout en fermant les yeux, rejetant la tête en arrière sur le coussin.
            Le silence autour de moi est presque total, jusqu'à ce que des pas lourds résonnent dans le couloir. En fermant les yeux, j'arrive presque à distinguer un petit cliquetis métallique. Peut-être une chaîne ou un verrou...? Je lève un sourcil sans ouvrir les yeux, laissant les sons glisser autour de moi de manière distante, comme si le monde pouvait exister sans moi. Ce qui n'est pas tout à fait faux. Puis, aussi soudainement que le bruit qui est arrivé, un frisson d'agitation s'installe dans l'air, comme un souffle suspendu qu'on garderait au fond de la gorge. Le silence persiste avant que la voix de Deaven se fasse entendre, tendue et presque frémissante comme une note d'alarme.
            — Silas, ne t'approche pas. Laisse-la tranquille. 
            Le simple fait d'entendre son ton, la manière dont il s'adresse à "ce truc" me glace. Une brève seconde de confusion me traverse, avant que la tension dans l'air ne me frappe de plein fouet. Je ne sais pas ce qui se passe, mais l'ombre d'un danger se dessine. Fin c'est ce que je pensais avant d'entendre un bond brusque contre moi, suivi d'une masse corporelle qui s'écrase sur mon ventre. Face à ce poids soudain, j'évite de faire comme la plupart réagirait.. paniquer. Alors, avec calme, j'entrouvre les yeux sur le dit problème.
            Un pitbull..?
            Le chien se pose sur mon ventre avec une telle force que je me sens momentanément écrasée. Son pelage noir, presque luisant sous la faible lumière, contraste avec l'obscurité autour de nous. Ses pattes avant sont tendues, comme s'il cherchait à me protéger ou à m'étouffer, je ne sais trop. Fin bon.. Au moins, il me bouffe pas. Je me contente de le fixer, en restant totalement immobile face à la situation étrange. Le chien, lui, me regarde avec des yeux perçants qui me transpercent jusqu'au fond des os.
            Qu'est-ce qu'il attend de moi ? Il veut me croquer ?
            J'hésite.. mais pas trop longtemps quand même. Je tends la main sans réfléchir davantage, puis la pose lentement sur sa tête. Son pelage est doux, réconfortant sous mes doigts. Quand je redresse la tête, je perçois les deux idiots perplexes. Deaven et Roy, la bouche grande ouverte. Roy est le premier à tourner la tête vers Deaven, et ce dernier fait de même. Ils se regardent comme des cons dans l'embrasure de la porte. Mais ce que je dois noter. C'est que si le chien avait eu envie de me déchicter la gueule. BAH il l'aurait fait !
            — Qu'est-ce qu'il fout là ? demande Deaven.
            — Il va là bouffer, non ? rétorque Roy.
            — Hé, dis pas de la merde... déglutit le tatoué en chuchotant. Reste là.. 
            Je le regarde s'approcher, son expression figée, comme s'il essayait de rester calme. Il scrute d'abord le pitbull avant de poser son regard vers moi, comme s'il essayait de comprendre ce qui se passe. J'hausse les épaules face à sa mine, puis tire une bouffée de ma cigarette tout en caressant la tête du chien, comme si de rien n'était. Le silence continue de s'installer pendant plusieurs dizaines de minutes, rempli d'incompréhension et de tension. Mais perso, je m'en fiche, alors je grille une nouvelle bouffée avant de laisser échapper la fumée d'entre mes lèvres. 
            — Ely... murmure sa voix plus basse. Il n'est pas du genre à s'inquiéter ouvertement, mais je sens qu'il est sur le qui-vive : Ce chien... Il n'a jamais agi comme ça avec quelqu'un.
            Je relève les yeux vers lui, sans retirer ma main du fameux "Chien dangereux". Il fait quelques pas vers moi, sa main presque suspendue, comme si un mouvement de plus pouvait déclencher quelque chose de dangereux. Mais moi, je n'ai aucune intention de bouger.
            — Je sais pas... soufflé-je en tirant une nouvelle bouffée : Peut-être qu'il a décidé de me protéger de toi.
            Un sourire fugace effleure mes lèvres, presque imperceptible. Avant que mon regard ne se fixe sur la fumée de ma cigarette, tout en évitant soigneusement le leur. Mais Deaven, lui, continue de s'avancer, ses yeux plongés dans ceux de vilain chien. Il est tendu, prêt à intervenir, mais je le calme d'un simple geste.
            — C'est bon, Deaven. Il ne va pas me mordre. 
            Roy, de son côté, demeure en retrait, les bras croisés. Mais bien qu'il ne dise rien, son regard laisse transparaître une confusion. Lui aussi semble attendre quelque chose. Peut-être espère-t-il que je me lève ou que je fasse un mouvement pour rompre ce moment particulier. Mais je reste immobile, presque comme une partie du paysage. Je me sens étrangement calme, comme si la cigarette et le chien me mettaient à l'abri du monde extérieur. Ce n'est pas le cas, mais qui s'en soucie ? Je soupire, puis poursuis mes caresses sur le pitbull, mes doigts glissant doucement de sa tête aux oreilles. 
            — Tu es sûre que ça va ? murmure-t-il avec une pointe d'inquiétude.
            — Ouais, ça va. T'inquiète pas. rétorqué-je en soupirant avant de pivoter mon visage vers lui.
            Je tire une autre bouffée de ma cigarette, le regard plongé dans l'immensité de la pièce. Le pitbull fait un léger mouvement avant que ses pattes se glissent un peu plus sur mon ventre. 
            — Ely, tu sais que ce chien est... dangereux ? hésite-t-il. Il ne se laisse toucher par personne, vraiment personne...
            Je le fixe un instant, sans ciller.
            — Et alors ? Je m'appuie un peu plus contre le canapé avant d'étirer mes jambes. C'est juste un chien, comme un autre.
            Sa mâchoire se crispe, son regard habituellement implacable, trahit maintenant un éclat d'incertitude. Il reste immobile comme un prédateur en veille, hésitant entre l'instinct d'agir ou celui d'attente. Mais je sais qu'il n'y a rien à craindre. Je m'incline légèrement en avant, puis écrase ma cigarette dans le cendrier.   
            — J'ai faim, alors je vais aller manger. 
            En réalité, je n'ai même pas vraiment envie de manger. Mais il faut bien dire quelque chose, non ? Rester là à rien faire et attendre, ce n'est vraiment pas mon style.
            Je jette un coup d'œil furtif à Silas qui ne bouge pas.
            Trop calme, pour un chien qui est censé être dangereux. Je laisse mes doigts glisser sur sa fourrure, un geste presque automatique, mais qui m'apaise.
            — Ça va. 
            Je croise les bras, ma tête légèrement penchée. Ce dernier me fixe sans dire un mot, mais cette fois, son regard me dérange plus que d'habitude. J'ai envie de briser ce moment, de briser cette tension. Mais quoi dire de plus ? Alors, d'un geste affirmé, je m'avance doucement vers lui, puis me place à une distance raisonnable de son corps. Je laisse mon regarde glisser sur le pitbull, puis sur lui, avant de prendre une profonde inspiration. 
            — Rassure-moi... t'es pas jaloux du chien ? taquiné-je.
            Il prend une longue bouffée de sa cigarette, comme s'il essayait de garder son calme face à mon audace. 
            — Jaloux du chien ? répète-t-il : Non. Mais je n'aime pas que tu sois aussi... proche de lui.
            Je fronce les sourcils. C'est une réponse indirecte, et je ne sais pas si je dois m'en amuser ou le prendre au sérieux.
            — De la possessivité, alors ? 
            Il me fixe à nouveau, un léger sourire effleurant ses lèvres sans se montrer pleinement bien qu'il reste difficile à lire. Je soupire face à son silence, puis me faufile lentement entre lui et le canapé, mes yeux fixés sur les siens. Son corps frémissant face au mien, à mon passage. Une réaction qui ne fait que me faire sourire davantage.
            — T'étais dans mon passage. lui lancé-je dans une douce provocation avant de pivoter pour rejoindre la cuisine.
            Leurs regards sont toujours sur moi, mais je m'en détache. Je ne veux pas me laisser happer par ce silence de merde. Le chien, visiblement du même avis que moi, me suit. Et je ne peux m'empêcher de sourire en le voyant. Je lui fais un geste de tête en direction de la cuisine et sans une once d'hésitation, ce dernier s'y glisse et s'installe à mes pieds dès que j'atteins l'armoire.
            Arrivée dans la cuisine, je commence à fouiller les étagères pour chercher quelque chose à grignoter. Mais même en faisant un truc banal, mon esprit reste encore embrouillé à cause d'hier. Je secoue la tête pour dégager ses pensées, puis laisse mes doigts effleurer les pots, jusqu'à atteindre un pot de Nutella au fond. Je le tire, dévisse le couvercle, puis plonge une cuillère à l'intérieur. Chaque bouchée me calme, mais je sais que ça ne durera pas.
            Rien n'a jamais duré.
            Je jette un coup d'œil furtif vers l'entrée de la cuisine avec un brin de curiosité. Les bruits lointains des pas de Deaven et Roy me parviennent faiblement, mais tout est suspendu dans cet instant de solitude. Alors un peu plus rassuré maintenant, je me laisse aller contre le comptoir, le pitbull allongé près de mes pieds. La douceur du Nutella qui me réconforte.
           Mais, même malgré tout ça, le sentiment de vide dans ma poitrine, cette sensation de ne jamais pouvoir être en paix et surtout, cette sensation de ne pas pouvoir échapper à cette vie.. Reste.

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