Les jours passent et je vois Mia de plus en plus distante, comme si une part d'elle était restée bloquée dans ce moment avec Valentin. Chaque fois que je la croise dans les couloirs, elle évite son regard, comme si elle craignait que son passé ne vienne l'engloutir à nouveau. Elle se force à sourire, mais il y a une fragilité dans ses gestes, dans la manière dont elle s'éclipse dès qu'il y a trop de monde autour. Je la comprends, même si j'aimerais pouvoir faire plus.

Et puis, il y a Valentin. Chaque fois qu'il fait son apparition, je vois Mia se raidir. C'est comme une petite douleur qu'elle essaie de cacher, mais que tout le monde peut voir, si on prête attention. Il est là, avec Alexia, tout sourire et main dans la main. Ils font presque leur petit numéro, comme si tout allait bien, comme si Mia n'avait jamais compté pour lui. C'est comme si le monde entier, le lycée tout entier, avait oublié qu'il y a quelques jours c'est elle qu'il embrassait. Et je sais que ça fait mal à Mia. Même si elle ne le dit pas, même si elle feint de s'en moquer.

Les filles, Solène et Julia, semblent comprendre mieux que personne. Elles sont là pour elle, chaque jour. Parfois, elles essaient de la distraire, de lui changer les idées avec des blagues ou des sorties improvisées. Mais, même si elles font tout pour la soutenir, je sens qu'il y a des choses qu'elles ne peuvent pas effacer.

Quant à moi, je ne dis rien, mais je la regarde. Je la vois se forcer à être indifférente, à sourire quand il faut, à rire même quand c'est un peu forcé. Je la vois faire des efforts pour être forte, pour passer à autre chose, mais je sais que ça lui coûte. Je ne peux pas m'empêcher de vouloir l'aider, de lui montrer qu'il y a encore quelqu'un qui tient à elle, quelqu'un qui n'est pas là pour juger, mais juste pour être là.

Nous n'avons pas reparler de ce qu'il s'est passé chez moi, ou plutôt de ce qu'il s'est presque passé. J'ai vu la distance qu'elle mettait doucement entre nous, ça me dérange plus que je n'aurais cru mais sa situation n'a rien de facile en ce moment, je n'ai pas envie de me lancer dans des sujets qui rajouteraient des complications à sa vie. Je reste à ma place d'ami, je veille sur elle et l'écoute quand elle a besoin. 

Ce matin, après la pause, je la trouve dans la cour, assise sur un banc, la tête baissée. Ses cheveux tombent sur son visage, comme une sorte de voile, comme si elle voulait se cacher du monde. Je m'approche doucement.

- Mia ? Ça va ?

Ma voix est plus douce que je ne l'aurais voulu. Elle relève la tête, et il y a quelque chose dans ses yeux que je ne reconnais pas tout de suite. De la tristesse ? De la résignation ? Je ne sais pas. Elle essaie de sourire, mais ça ne prend pas.

- Ça va, je commence juste à avoir du mal à subir sa tout les jours...

- Je le vois tu sais
Je lui dis en m'asseyant à côté d'elle

- Quoi ?

- Que tu te forces à aller bien. Je commences à bien te connaître
Je lui souris

- Je suis complètement stupide d'être mal à se point alors que lui n'en a rien à faire, il se pavane avec sa greluche au bras partout dans le lycée comme si elle ne pouvait pas respirer sans lui, et le pire c'est que je sais qu'il déteste ça, être collé à se point, que c'est pour m'atteindre et le pire dans tout ça c'est que ça fonctionne. Je viens d'avoir un 5 à mon contrôle de Maths, je ne peux pas foirer mon année à cause de lui !

- Tu n'es pas stupide Mia je te l'ai déjà dit, tu ne peux pas aller à l'encontre de ce que tu ressens, tu peux juste faire en sorte que ça passe.

- Je n'arrive pas à faire que ça passe et comment je pourrais en les voyants tous les jours...

- Je sais c'est compliqué, mais ont est là pour t'aider

- Les filles je comprends mais toi ? Je comprends pas pourquoi tu passe ton temps à me réconforter et me remonter le moral, surtout depuis l'autre fois chez toi...

C'est la première fois qu'elle reparle de ça

- J'ai bien vu la distance que tu mets entre nous, j'ai compris que tu n'avais pas le temps de gérer quoi que ce soit d'autre en plus alors je me contente d'être présent pour toi, d'être ton ami

Ce mot m'écorche la bouche mais il n'y a rien de mieux à dire en ce moment.