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GelaWon
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4 - BENJAMIN

En sortant du lycée, mon regard est attiré, malgré moi, par les deux tourtereaux en pleine dispute. Encore. Ça semble être une habitude chez eux. J'entends les éclats de voix, vois les gestes saccadés, et je me répète que ce ne sont pas mes affaires. Mon père a été clair : les problèmes, c'est fini.

J'attends mon bus pendant dix minutes, agacé. L'envie de rester planté là me gonfle, alors je décide de marcher. J'enfile mes écouteurs et prends machinalement le chemin qui passe derrière l'arrêt de bus, une ruelle que je n'emprunte pas souvent. En général, elle est déserte. Pourtant, aujourd'hui, il y a du mouvement.

D'abord, je ne fais pas attention. Puis, au fur et à mesure que je me rapproche, je les reconnais. Mia et Valentin. Encore eux. Un soupir m'échappe, mais un truc me met mal à l'aise. J'enlève un écouteur, plisse les yeux. Cette dispute-là n'a rien à voir avec celle devant le lycée.

Mia est plaquée contre un mur, et Valentin lui fait face. De loin, on pourrait croire à une scène banale, un couple qui flirte à l'abri des regards. Mais d'ici, je vois l'éclat mauvais dans son regard, les traits crispés de Mia. Il n'y a rien de romantique là-dedans. Elle est figée, lui est hors de lui.

Mon malaise se transforme en alerte rouge.

Et quand je le vois l'attraper par la gorge, mon sang ne fait qu'un tour.

Désolé, papa, mais je vais encore merder.

Je cours sans réfléchir. La bulle autour d'eux éclate quand j'attrape Valentin par le bras, le forçant à lâcher Mia. Il bascule en arrière et s'étale au sol.

- Oh, tu fous quoi, là ?! crache-t-il en se redressant.

Je me place entre lui et Mia. Il est furieux. Moi aussi.

- Comment ça, je fous quoi ?! T'étais en train de l'étrangler, espèce de taré !

- C'est juste une pute. Elle mérite que ça !

Ma mâchoire se contracte si fort que je pourrais en broyer mes dents.

- T'as un grain, ma parole. Casse-toi avant que je m'énerve.

- Vas-y, viens ! Énerve-toi ! crache-t-il en s'approchant. Vas-y, Beaulieu, frappe !

Je sens mes poings se serrer d'eux-mêmes.

- Dégage.

- Ouais, ouais... Défends ta pute, je te la laisse. T'inquiète, elle baise pas trop mal. De toute façon, y'a que le train qui lui est pas encore passé dessus.

Le coup part tout seul. Mon poing s'écrase contre sa mâchoire, un bruit sourd résonne. Valentin vacille et porte immédiatement les mains à son nez, d'où le sang commence à couler.

- Barre-toi avant que je t'envoie dans le mur.

Il me jauge, hésite. Puis il comprend que je ne bluffe pas et finit par tourner les talons, jurant entre ses dents.

Dès qu'il disparaît, je me retourne vers Mia.

Elle n'a pas bougé d'un millimètre. Toujours collée au mur, le regard vide, les joues trempées de larmes, une main serrée autour de sa gorge.

- Mia, ça va ? Il t'a fait mal ?

Aucune réponse. Juste un sanglot plus fort, plus douloureux. Elle suffoque à force de pleurer.

Merde.

Je m'approche doucement, sans être sûr de ce que je fais. J'ai l'impression qu'elle pourrait se briser si je suis trop brusque. Quand je l'a prends dans mes bras, elle ne bouge pas. Puis, au bout de quelques secondes, elle agrippe ma veste, s'y accroche comme à une bouée de sauvetage.

Je frissonne. Un putain de courant électrique me traverse, mais ce n'est pas le moment d'y penser.

- Mia... parle-moi.

Ma voix est plus douce, presque une supplication. Mais elle ne fait que secouer la tête contre mon torse, incapable de sortir un mot.

Je ravale ma colère contre Valentin et me concentre sur elle.

- Viens, je te raccompagne.

Elle se fige. Puis, d'un coup, elle se décolle de moi, reculant de quelques pas.

- Non !

Son cri me prend de court. Je ne m'attendais pas à ça.

Elle voit mon étonnement et baisse d'un ton, plus hésitante :

- Mon père est à la maison...

Je comprends. Il ne sait pas. Ou alors elle ne veut pas qu'il sache. Et elle n'a clairement pas la force d'affronter ses questions.

- Alors viens chez moi, je ne te laisse pas toute seule ici.

Elle me fixe, hésite. Ses yeux cherchent quelque chose dans les miens, comme si elle tentait de deviner si elle peut me faire confiance. Puis, dans un souffle :

- Merci...

- Me remercie pas. Viens, j'habite pas loin. Tu peux marcher ?

- Oui.

Elle a la voix cassée, faible, mais déterminée. Alors on marche en silence. Moi, parce que je ne sais pas quoi dire, parce que j'ai peur de poser les mauvaises questions. Elle, parce qu'elle n'a plus la force de parler.

Quand on arrive devant ma maison, elle s'arrête, mal à l'aise. Je capte vite le problème : son visage est marqué par les larmes, son mascara a coulé, et son cou porte encore les traces rouges de Valentin.

- Mes parents ne sont pas là, dis-je simplement. Ils rentrent tard.

Elle me scrute une dernière fois, puis finit par entrer.

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