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18 - BENJAMIN

Je ne sais pas combien de temps je reste là, les bras autour de Mia, mon visage enfoui dans le creux de son cou. Assez longtemps pour que mes larmes sèchent sur sa peau, pour que ma respiration s'apaise un peu, pour que le poids écrasant sur ma poitrine se fasse légèrement moins oppressant.

Elle ne dit rien. Elle ne cherche pas à me réconforter avec des mots creux qui sonneraient faux. Elle est juste là, immobile, son étreinte ferme et douce à la fois. Et je crois que c'est la seule chose dont j'ai besoin.

Finalement, c'est moi qui recule légèrement, brisant notre étreinte sans pour autant m'éloigner complètement. Je renifle discrètement et essuie mon visage du revers de ma manche. J'ai honte. Pas d'avoir pleuré, j'en suis plus à ça près, mais d'être dans cet état-là, incapable de faire quoi que ce soit d'autre que m'effondrer sur la première personne qui me tend la main.

Mia ne bouge pas, elle attend que je parle, que je décide de quoi faire ensuite.

- Je... J'suis désolé, je lâche d'une voix rauque.

Elle fronce les sourcils.

- Désolé de quoi ?

Je secoue la tête, incapable de mettre des mots sur ce que je ressens. Désolé d'être comme ça, désolé d'avoir craqué, désolé de lui imposer ma douleur. Désolé d'exister, peut-être.

Un soupir tremblant s'échappe de ma bouche. Je me passe une main dans les cheveux et détourne le regard.

- J'sais pas quoi faire, Mia.

Ma voix est si faible que j'ai presque l'impression qu'elle ne m'appartient pas.

Elle m'observe quelques secondes, puis elle hoche doucement la tête.

- Tu n'as pas à savoir.

Je relève les yeux vers elle.

- Ça va faire mal. Et ça va faire mal longtemps, reprend-elle. Mais t'es pas obligé d'affronter ça tout seul.

Je serre la mâchoire. Tout seul. C'est exactement comme je me sens. Mon père est un bloc de glace, ma mère... Je ne veux même pas penser à elle. Et moi, je suis là, perdu au milieu d'un gouffre sans fond, incapable de savoir comment remonter à la surface.

Un frisson me traverse, et Mia le remarque aussitôt.

- Tu veux qu'on aille ailleurs ?

Je hausse les épaules. J'en ai rien à foutre d'où on va. Tout ce que je sais, c'est que je n'ai pas envie de rentrer chez moi.

Mia se lève, puis me tend la main. Hésitant, je finis par l'attraper et elle m'aide à me relever.

- Viens, dit-elle doucement.

Je la suis, sans poser de questions. Je n'ai plus l'énergie de réfléchir.

On marche côte à côte dans la rue, sans se parler. L'air est frais, mais pas désagréable. Ça me vide un peu la tête.

Après plusieurs minutes, je me rends compte qu'on se dirige vers chez elle.

- Ton père... Il va t'engueuler, non ?

Elle grimace légèrement.

- Ouais, probablement.

- Alors pourquoi tu fais ça ?

Elle tourne la tête vers moi, et ses yeux croisent les miens.

- Parce que je veux pas te laisser seul.

Je détourne rapidement le regard, une boule coincée dans la gorge. J'ai l'impression d'être un foutu gamin qui a besoin qu'on le surveille pour pas qu'il se perde.

Quand on arrive devant chez elle, Mia s'arrête et sort ses clés de sa poche.

- Mon père n'est pas encore rentré, précise-t-elle en ouvrant la porte.

Je la suis à l'intérieur, un peu hésitant. L'endroit est chaleureux, vivant. Ça n'a rien à voir avec ma maison.

- Assieds-toi, je vais te chercher un truc à boire.

J'obéis, m'installant sur le canapé du salon. L'endroit sent la vanille et quelque chose de sucré que je n'arrive pas à identifier.

Mia revient avec deux tasses fumantes et me tend l'une d'elles.

- C'est du thé, dit-elle.

Je la fixe un instant, avant de prendre la tasse entre mes mains.

- Merci.

Un silence s'installe. Je fixe le liquide ambré, sans vraiment le voir.

- Tu veux en parler ? demande-t-elle doucement.

Je prends une inspiration.

- Non.

Elle ne me force pas. Elle se contente d'hocher la tête et de boire une gorgée de son thé.

Et bizarrement, ça me fait du bien.

Ne pas parler, ne pas expliquer, juste être là, avec quelqu'un qui comprend que certaines douleurs ne peuvent pas être mises en mots.

Le silence s'étire entre nous, mais ce n'est pas un silence pesant. C'est juste... calme. Comme si, pour la première fois depuis que j'ai quitté l'hôpital, je pouvais respirer un peu.

Je tiens ma tasse entre mes mains, la chaleur me picotant les doigts. Je ne bois pas, je me contente de fixer le liquide, perdu dans mes pensées.

Louis est mort.

L'idée tourne en boucle dans ma tête, encore et encore, comme une putain de sentence dont je n'arrive pas à me défaire. C'est irréel. Impossible. Il était là, il y a encore quelques jours. Je l'ai vu courir dans la maison, rire, me poser mille questions sur la boxe avec ses grands yeux curieux. Et maintenant...

Je ferme les yeux, mais l'image revient immédiatement. Mon père, raide et silencieux. Ma mère, effondrée. Le médecin qui prononce les mots que je n'aurais jamais voulu entendre.

« Nous avons fait tout ce que nous pouvions. »

Un frisson glacé me traverse, et sans m'en rendre compte, je serre un peu trop fort la tasse entre mes mains.

Mia est assise juste à côté de moi, ses jambes repliées sous elle, la tasse posée sur la table basse. Elle ne parle toujours pas, et c'est peut-être ce qui me permet de tenir.

- J'ai l'impression que je vais exploser, finis-je par murmurer.

Ma voix est rauque, abîmée par tout ce que je retiens depuis des heures.

Mia tourne la tête vers moi, ses yeux noisette plongés dans les miens.

- Alors laisse sortir ce que tu ressens.

Je lâche un rire amer.

- Tu crois que c'est aussi simple ?

- Non, admet-elle. Mais garder tout à l'intérieur, ça va juste te bouffer vivant.

Je passe une main dans mes cheveux, complètement paumé.

- J'ai envie de tout casser.

Elle ne réagit pas, ne me regarde pas comme si j'étais un monstre, comme si c'était mal de ressentir ça. Elle se contente de hocher la tête.

- T'as pas envie de rentrer chez toi, hein ?

Je secoue la tête immédiatement.

- J'peux pas. Pas maintenant.

Elle mordille sa lèvre inférieure, comme si elle hésitait.

- Tu veux rester ici ce soir ?

Je relève les yeux vers elle, surpris.

- Ton père va péter un câble si tu fais dormir un mec chez toi.

Elle hausse une épaule.

- Il comprendra.

Je fronce les sourcils.

- Mia...

- Je vais pas te laisser seul, Benjamin.

Sa voix est douce mais ferme, et je comprends que je n'ai pas vraiment le choix. Elle l'a déjà décidé pour moi.

Et pour la première fois depuis que tout a basculé, je ressens quelque chose qui ressemble à du soulagement.

- Ok, je murmure.

Elle esquisse un léger sourire, puis se lève.

- Viens, on va s'installer dans ma chambre.

Je la suis sans protester. Parce que ce soir, j'ai juste besoin de ça. De ne pas être seul.

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