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16 - BENJAMIN

La lumière blafarde de l'hôpital me brûle les yeux. Je n'ai pas dormi depuis des heures, peut-être même depuis des jours. Le temps s'est brouillé depuis que je suis arrivé ici, aspiré dans une spirale où chaque minute semble durer une éternité, où chaque battement de mon cœur me rappelle pourquoi je suis là.

Pourquoi nous sommes là.

Mon père est assis à côté de moi, le dos droit, les coudes appuyés sur ses genoux, les mains jointes devant son visage. Il n'a presque pas bougé depuis qu'on nous a fait sortir de la chambre de Louis. Depuis qu'ils nous ont dit qu'ils faisaient tout leur possible. Depuis qu'ils nous ont dit d'attendre. Ma mère fait les cents pas sans arrêt.

J'ai attendu.

J'ai attendu qu'ils viennent nous annoncer une amélioration. J'ai attendu qu'ils nous disent que Louis allait se réveiller, qu'il allait ouvrir ses grands yeux fatigués et demander s'il pouvait rentrer à la maison.

J'ai attendu... mais ce n'est pas ce qu'ils sont venus nous dire.

Une porte s'ouvre quelque part dans le couloir, un bruit de pas résonne, puis une voix.

- Monsieur et Madame Beaulieu ?

Je relève la tête en même temps que mon père, ma mère cesse enfin ses aller retour incessants. Un médecin est là , debout devant nous, le visage fermé et compatissant. Je n'ai pas besoin d'entendre la suite. Je sais déjà.

- Nous avons fait tout ce que nous pouvions mais l'hémorragie était trop importante.

Le silence s'abat sur moi comme une chape de plomb. Le monde entier s'arrête.

- Louis est décédé, je suis désolé.

« Je suis désolé ». Trois mots. Trois foutus mots qui ne veulent rien dire. Trois mots qui ne changeront rien au fait que Louis ne rentrera pas avec nous.

Qu'il ne rentrera plus jamais.

Je reste figé, incapable de respirer. Mon père, lui, se lève lentement. Son visage reste impassible, mais je vois ses poings trembler. Ma mère hurle de façon hystérique jusqu'à ne plus tenir debout.

Le médecin continue de parler, mais je n'entends plus rien. Son regard compatissant me donne envie de hurler. Qu'est-ce que je suis censé faire maintenant que mon monde s'écroule ?

Louis n'avais que cinq ans. Cinq ans bordel. Il avait encore tellement de choses à vivre. Il devait apprendre à lire, à faire du vélo sans les petites roues, il devait grandir, rire, tomber amoureux un jour. Comment tout a pu basculer si vite.

Je serre les poings à m'en faire mal. Mon cœur cogne dans ma poitrine, ma respiration se fait plus saccadée. La douleur est insoutenable,un trou béant qui s'ouvre en moi, me déchire de l'intérieur qui se remplit doucement de colère. Elle n'avait qu'une chose à faire, une seule. Surveiller son fils. Je l'imagine assise sur un banc, loin des jeux d'enfants, plongé dans son téléphone sans cesse connecté à son travail. C'était pareil quand j'étais petit. Mes parents passaient leur temps à travailler et même quand ils étaient là, il n'étaient pas là à cent pour cent.

Mon regard se dirige vers elle, toujours entrain de hurler à genoux au sol, des infirmières essayant de la calmer.

- C'est de ta faute ! Je hurle sans m'en rendre compte.

Mon père se place devant moi.

- Rentre à la maison, Benjamin.

Sa voix est froide, tranchante. Comme si ce qui venait de se passer n'était rien de plus qu'un désagrément. Il ne pleure pas, il ne montre rien.

- Rentre, répète-t-il.

Un rire amer m'échappe. Comme si c'était si simple. Comme si je pouvais juste rentrer et faire comme si rien ne s'était passé.

Je quitte la pièce brusquement, sans un mot de plus. L'air me manque. Les murs de l'hôpital m'étouffent. Je traverse les couloirs sans savoir ou je vais, sans savoir quoi faire.

À l'extérieur, le monde continue de tourner, indifférent.

Il fait froid. Le vent me mord la peau, mais je n'en ai rien à foutre.

Je sors mon téléphone et l'allume machinalement. Des notifications s'affichent. Des messages. Mia.

Je lis ses mots, et une infime partie de moi se raccroche à ça, à elle.

Elle me demande ce qu'il se passe. Elle s'inquiète.

Je pourrais l'ignorer.

Mais j'en suis incapable.

- Désolé, je n'ai pas regardé mon téléphone avant maintenant. Je ne vais pas revenir en cours de la semaine. Je passe les pires journées de ma vie.

J'appuie sur « envoyer » et baisse la tête. J'étends mon cœur battre dans mes tempes, un bruit sourd, douloureux.

Son message arrive presque immédiatement

- Tu veux m'en parler ?

Je fixe l'écran, incapable de répondre. Je commence des mots puis les efface. Comment est-ce qu'on dit à quelqu'un que son petit frère vient de mourir ? Je ne peux pas.

- J'arrive

Je reste figé.
« J'arrive ». Pas de questions, pas d'hésitation. Juste ces deux mots.

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