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GelaWon
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5 - MIA

- Tu veux boire quelque chose ? Tu as faim ?

- Je n'ai pas faim, mais je veux bien de l'eau, s'il te plaît...

- Je t'apporte ça. Installe-toi sur le canapé si tu veux, j'arrive.

Benjamin disparaît dans la cuisine ouverte sur le salon. L'endroit est impeccable, rangé au millimètre près, et une douce odeur flotte dans l'air. Tout est harmonieux, élégant. Le canapé est grand, d'un beige clair qui invite à s'y lover. Un tapis légèrement plus foncé repose sous une table basse blanche, sur laquelle trônent plusieurs bougies aux formes géométriques. C'est chaleureux, mais impersonnel. Trop parfait pour être un véritable foyer.

Je m'assois lentement, encore fébrile. Quand Benjamin revient, il s'installe à côté de moi et me tend un verre d'eau.

- Tiens.

Je le remercie d'une voix faible avant de boire une gorgée. L'eau fraîche apaise ma gorge en feu, mais en avalant, je grimace sous la douleur.

- Il a serré si fort que ça ?

Sa question est posée d'une voix calme, mais je perçois la tension sous-jacente. Je serre le verre entre mes mains, fixant l'eau qui y danse légèrement.

- Non, ça va...

- Mia, réponds-moi. C'est la première fois ?

Son regard accroche le mien et me cloue sur place. J'ai envie de détourner les yeux, mais je n'y arrive pas.

- Pourquoi tu restes avec un mec qui te traite comme ça ?

- Il n'est pas tout le temps comme ça...

- Une seule fois, c'est déjà trop. Tu te rends compte de ce qu'il vient de se passer ? Et si je n'avais pas été là ?

Je baisse la tête. J'en ai conscience. Trop bien.

- Je sais... Merci d'être intervenu...

- Je ne dis pas ça pour que tu me remercies, Mia. Tu ne peux pas laisser passer des trucs comme ça. Il t'a déjà fait mal combien de fois ?

Je me mords l'intérieur de la joue.

- Ce n'est pas important... J'avais cherché à l'énerver et

- Arrête.

Sa voix est tranchante.

- Être énervé n'a jamais été une excuse pour étrangler quelqu'un. Qu'est-ce qui s'est passé ?

Je prends une inspiration tremblante avant de murmurer :

- Après les cours, je l'ai vu draguer une fille. Ce n'est pas la première fois... On s'est disputés. Il m'a dit qu'il ne faisait que parler, alors j'ai répondu que dans ce cas, moi aussi j'avais le droit. Et je suis partie. J'étais juste sur le chemin du retour quand j'ai croisé un ami. On a discuté un peu, puis j'ai repris ma route. Valentin m'a rattrapée dans la ruelle... Il a pété un câble, persuadé que j'avais fait exprès de le provoquer. Il... il n'aime pas que j'aie des amis garçons.

Je me sens pathétique en racontant ça à voix haute.

- Tu n'as rien fait de mal. Et encore moins quelque chose qui justifie ce qu'il a fait.

Un silence s'installe. J'hésite, puis finis par lâcher :

- Ce qu'il a dit... c'est faux.

- Sur quoi ?

Je sens mes yeux me brûler. Ma gorge se serre à nouveau.

- Sur le fait que je couche avec tout le monde...

Une larme roule sur ma joue. Je l'écrase aussitôt du bout des doigts, comme si ça pouvait effacer les accusations de Valentin.

- Tu n'as pas besoin de me le dire. Je n'y ai pas cru une seconde.

Ma poitrine se serre. Pourquoi est-ce que ça me touche autant qu'il dise ça ?

- Je ne sais pas pourquoi je lutte encore pour cette relation, avoué-je dans un souffle. Je l'aime, mais... je ne supporte plus de souffrir sans arrêt...

Mes larmes débordent, inarrêtables.

Benjamin pose mon verre sur la table basse et, sans un mot, m'attrape la main pour me relever. Je m'attends à ce qu'il me raccompagne à la porte, lassé de mes pleurs. Mais au lieu de ça, il m'enlace. Fort.

- Arrête de pleurer pour lui, Mia...

Sa voix est douce. Murmure rauque au creux de mon oreille.

Et contre toute attente, je me sens bien dans ses bras.

C'est étrange, ce sentiment d'évidence. Comme si mon corps le reconnaissait. Comme si c'était ici que je devais être. J'ai déjà été réconfortée par mes amies, déjà cherché du soutien après une dispute avec Valentin, mais rien n'a jamais ressemblé à ça.

Lentement, il relâche son étreinte et recule juste assez pour me regarder. Mes larmes ont cessé.

- Tu ne vas plus laisser des choses comme ça arriver.

J'aimerais hocher la tête, acquiescer, mais je sais que ce serait un mensonge.

- J'essaie toujours de le quitter... Mais je n'y arrive jamais bien longtemps, avoué-je d'une voix tremblante. C'est mon premier amour...

Benjamin se fige. Son expression se ferme.

Il recule.

- Donc tu vas passer ta vie avec un mec qui ne te mérite pas ?

Je secoue la tête.

- J'espère que non... Mais je n'ai pas la force de faire autrement, pour l'instant. Je le vois tous les jours...

Il passe une main dans ses cheveux, l'air contrarié.

- Je comprends. Mais ça me fait de la peine pour toi.

Un silence flotte entre nous.

- J'ai peur d'être lundi, avoué-je finalement. Je ne sais pas comment il va être...

- On ira en cours ensemble. Je peux te rejoindre quelque part, devant chez toi même. On est souvent placés à côté, et tes copines sont là pour les autres cours. Et s'il vient te voir alors que tu n'en as pas envie... tu viens me voir. Ou tu me fais signe.

Il ancre son regard au mien.

- Je ne serai jamais loin.

Sa voix a une certitude qui me fait du bien.

- Tu ne seras jamais loin ?

- Non. Je vais garder un œil sur toi. Voire même les deux.

Je rigole. Et ça fait du bien.

On échange nos numéros, convenant d'aller en cours ensemble pour l'instant.

- Je devrais rentrer chez moi.

- Ton père est parti ?

- Oui... Il a dû partir au travail.

Une lueur traverse le regard de Benjamin. Une déception fugace.

- Je te raccompagne alors. Je te ramène à moto, si ça te va ? Je dois aller à mon entraînement. 

- Oh... Désolée, je ne voulais pas te mettre en retard.

- Tu ne me mets pas en retard. Et même si tu voulais rester plus longtemps, je n'y serais pas allé.

Je le suis jusqu'au garage où est garée sa moto, une machine entièrement noire mat. Il me tend un casque.

- Tiens, essaie celui-là.

Il est noir lui aussi, avec un dessin du Joker et une visière fumée. Il me va parfaitement. Benjamin enfile le sien, orné de flammes bleues et blanches.

Une fois sur la moto, je ne sais pas trop où poser mes mains. À un feu rouge, il lâche le guidon, attrape mes poignets et les place sur ses hanches avant de redémarrer.

Alors, je m'accroche.

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