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Anne-pendragon
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Chapitre 10

De retour au château en fin de journée, je vois Lior bondir, son visage rayonnant de joie. À peine Zéphyr a-t-il posé le pied à terre que son fils se jette dans ses bras, l'étreignant avec une force qui trahit son impatience. Un sourire tendre éclaire le visage de Zéphyr alors qu'il soulève Lior dans les airs, l'enveloppant dans une étreinte protectrice.

- L'hiver ne devrait pas tarder, reste au chaud à l'intérieur, sermonne Zéphyr en déposant un baiser sur le front de son fils.

- Mais papa, tu étais parti si longtemps ! s'exclame Lior, ses yeux pétillants de reproche. J'ai même compté les jours, les heures, les minutes même ! Un mois entier !

- Deux jours, Lior, pas un mois, rectifie Zéphyr avec un sourire amusé. Mais je suis de retour maintenant, et c'est tout ce qui compte, n'est-ce pas ?

Je réprime un rire en observant cette scène touchante, puis les suis à l'intérieur, le cœur léger malgré les épreuves de la journée. Le feu crépite dans la cheminée du salon, diffusant une chaleur réconfortante qui contraste avec le froid mordant. Je m'installe près du foyer, savourant la sensation de bien-être qui m'envahit. Sophia, toujours aussi attentionnée, nous apporte un thé fumant. Je le prends avec gratitude, appréciant ce geste simple mais réconfortant. L'odeur du thé se mêle à celle du bois brûlé, créant une atmosphère chaleureuse et apaisante. Je jette un coup d'œil à Zéphyr, assis près de moi, Lior blotti contre lui. Mon cœur se serre à la vue de cette image de bonheur familial, un bonheur auquel je n'ai jamais eu droit. Je baisse les yeux, un pincement au cœur, me demandant si je trouverai un jour ma place dans ce monde.

- Tu crois que tu pourrais aller jouer dans ta chambre un petit moment, Lior ? demande Zéphyr à son fils d'une voix douce. Élisabeth et moi avons besoin de discuter de choses importantes.

- Oh non, papa ! proteste Lior, les yeux remplis de déception. Je veux savoir ce que vous avez découvert ! Will et Sophia n'arrêtent pas de parler de ça depuis votre départ.

Zéphyr leur lance un regard réprobateur, puis se tourne vers moi, un sourire triste sur les lèvres.

- Je vais vous expliquer, dit-il doucement. Nous avons appris qu'Élisabeth est... la sœur jumelle de Lyra.

Will a la bouche grande ouverte, Sophia est sous le choc ...

- Rosemary l'a abandonnée dans un orphelinat pour ne pas avoir à gérer un deuxième enfant après le décès de leur mère. Daphné n'a même pas appris son existence, elle est morte avant de savoir qu'elle attendait des jumeaux. Reprend Zéphyr.

- Donc Élisabeth est ta belle-sœur et la tante de Lior ! s'exclame Sophia, les yeux écarquillés.

La belle-sœur de Zéphyr... je n'y avais même pas songé. Est-ce vraiment ce que je suis pour lui ? Mais comment puis-je l'être alors que je n'ai jamais eu la chance de connaître Lyra... Est-ce qu'une belle-sœur se blottit dans les bras de son beau-frère quand elle fait un cauchemar ? Aaah, mais à quoi je pense ?!

- Oh, trop chouette, dit Lior, je peux t'appeler tata ?!

- Pardon ? Je... Je... dis-je, sortant de mes pensées.

Je secoue la tête, effrayée par cette soudaine révélation et par les sentiments confus qui m'assaillent.

- Laisse Élisabeth un peu tranquille, Lior, intervient Zéphyr d'une voix ferme mais douce. Je crois qu'elle a besoin d'un moment pour assimiler tout ça.

- Je vous prie de m'excuser, dis-je en me levant précipitamment. J'ai vraiment besoin d'un moment pour moi. Je... je reviendrai pour le dîner.

Je leur adresse un sourire forcé et monte les escaliers, cherchant refuge dans ma chambre.

- Prends ton temps, ma belle, Will va m'aider ce soir en cuisine, dit Sophia.

Will se tourne vers elle en grimaçant, puis il sort un grognement avant de traîner des pieds vers la cuisine.

J'entre dans mes appartements et retire mes vêtements. Sophia a déjà eu la gentillesse de préparer le bain. Elle est vraiment une perle. Je me délecte dans l'eau, cela me procure un soulagement immense. En me savonnant, je souhaite pouvoir également éliminer les sentiments néfastes qui m'assaillent, comme on nettoie la saleté de sa peau. Je respire profondément, des larmes recommencent à couler, même si je pensais avoir épuisé mes réserves depuis longtemps... Une fois hors du bain, j'enfile une chemise de nuit, n'ayant finalement pas le courage de descendre dîner. Je saisis un livre et m'installe près de la cheminée, un remède parfait pour me sentir mieux. C'est un roman à l'eau de rose, juste ce qu'il me faut. Quelqu'un frappe à la porte, probablement Lior en quête d'une histoire.

- Tu peux entrer, mon chaton.

- Mhh, mon chaton ? se demande Zéphyr en entrant dans la pièce, un sourcil levé.

- Zéphyr ! je m'écrie en me levant brusquement, laissant tomber le livre à mes pieds. Je... je suis désolé, je pensais que c'était Lior. Il vient souvent à cette heure pour une histoire.

Il me regarde avec un sourire, puis semble gêné et se retourne.

- Qu'est-ce qui ne va pas ?

Je regarde ma chemise de nuit, presque transparente par endroits à cause de mes cheveux mouillés. Je file dans la salle de bain pour enfiler un peignoir, mais je glisse sur le sol encore humide et tombe lourdement sur les fesses.

- Les dieux doivent m'en vouloir, ce n'est pas possible ! je grogne.

Puis j'entends Zéphyr éclater de rire. J'enfile mon peignoir en grimaçant, je vais avoir un joli bleu demain. Je reviens dans la pièce pour trouver Zéphyr en larmes, totalement hilare, s'appuyant sur la table pour ne pas tomber. :

- Toutes mes excuses, Élisabeth. Je n'ai pas pu m'en empêcher, c'était beaucoup trop drôle ! dit Zéphyr en s'essuyant les yeux.

Au début, je suis mortifiée, mais finalement je rigole avec lui.

- Je voulais juste savoir si tu voulais que Sophia t'apporte ton repas, ne te voyant pas descendre. Tu n'as pas mangé depuis un moment, dit-il en se déplaçant pour ramasser le livre tombé au sol.

- Non merci, je ne pourrais rien avaler.

- Tu risques de tomber malade si tu ne t'alimentes pas. M'avertit-il

- Oh merci de t'inquiéter mais sache que je ne tombe jamais malade !

- Vraiment ? Il semble surpris. Ne prends pas de risques quand même.

- Je ferais attention demain, merci d'être venu...

Alors que je m'apprête à lui souhaiter bonne nuit, il porte un regard indiscret au livre qu'il tient dans la main.

- Amour Éternel au Clair de Lune, murmure-t-il en lisant le titre.

Un sourire malicieux éclaire son visage, je lui arrache les livres des mains :

- Bonne nuit Zéphyr.

Trois jours s'écoulent, et j'aide Sophia à préparer le repas. Will entre dans la cuisine, son regard intense et inquisiteur :

- Tu vas bien ? demande-t-il, l'air soucieux.

- Oui..., je réponds, hésitante, surprise par son intérêt soudain.

- Je pense qu'il est temps pour toi de remonter à cheval, déclare-t-il avec détermination.

- Tu rigoles ? Bien sûr que non ! je m'exclame, surprise et effrayée.

Le souvenir de ma chute et de la douleur est encore vif.

- Si, insiste-t-il. Plus tu attendras, pire ce sera. Va enfiler un pantalon et attends-moi dehors. Il fait froid, on ne risque pas de tomber sur une couleuvre aujourd'hui.

Il sort de la cuisine sans me laisser protester. Sophia me regarde en haussant les épaules, un sourire amusé aux lèvres.

- Il n'a pas tort, tu sais... Tu vas y arriver, c'est un excellent professeur !

Je monte dans mes appartements, enfile un pantalon chaud et un pull en laine, attache mes cheveux en queue de cheval, puis me dirige vers l'extérieur. Will a déjà préparé Tempête, la jument crème qui m'avait tant causé de soucis. Je m'approche d'elle avec appréhension, me rappelant la peur de notre dernière rencontre.

- Bien, voici des gants pour que tu n'aies pas froid aux mains. Allez, grimpe, je reste près de toi.

Je hoche la tête, nerveuse, et commence par caresser doucement Tempête pour établir un lien de confiance.

- Sois sage, ma belle, c'est moi. Pas de vilain serpent aujourd'hui... Sinon, tu peux être sûre que je les servirai au dîner à Will ce soir... dis-je en tentant de blaguer, mais ma voix trahit ma nervosité.

Will éclate de rire et m'observe attentivement pendant que je me hisse sur la selle.

- Très bien ! C'était moins brouillon que la dernière fois. Tu es faite pour ça, ne t'en fais pas.

J'écoute attentivement ses instructions, mais je sens la tension monter en moi. Tempête doit le sentir aussi, car elle s'agite légèrement.

- Tout doux, murmure Will d'une voix apaisante, posant une main ferme sur ma cuisse. Il est important de bien te maintenir à la selle. Tempête peut prendre peur, comme n'importe quel cheval. Tu dois apprendre à te maintenir en selle quoi qu'il advienne.

Il resserre sa main sur ma cuisse pour me faire comprendre, mais à cet instant, Zéphyr arrive et semble s'attarder sur ce geste. Will hausse les sourcils et retire sa main, me regardant étonné. Je hausse les épaules pour lui montrer que je ne comprends pas la réaction de Zéphyr. Will me donne une leçon d'équitation, rien de plus... Zéphyr s'approche, son regard fixé sur Will. L'atmosphère devient électrique, chargée de tension. Une émotion trouble assombrit ses yeux habituellement si doux. Il serre la mâchoire, puis s'éloigne à grands pas sans un mot, me laissant seule avec Will dans l'écurie. Surpris par la réaction de Zéphyr, je me tourne vers Will, inquiète.

- Est-ce que j'ai fait quelque chose de mal ? je demande, appréhensive.

Will secoue la tête, un sourire rassurant sur les lèvres.

- Je ne sais pas vraiment, Élisabeth. Zéphyr est étrange ces derniers temps. Peut-être que quelque chose le tracasse. Concentre-toi sur ta leçon, d'accord ?

Je hoche la tête, mais une inquiétude persiste. Sa réaction soudaine et son regard sombre me laissent perplexe.

- Bon, dit Will en reprenant les rênes de Tempête, brisant le silence. On va te faire trotter un peu aujourd'hui.

Malgré mes doutes, j'acquiesce. Je dois me concentrer sur ma leçon d'équitation et mettre de côté mes préoccupations pour le moment. Je monte sur Tempête, déterminée à surmonter mes peurs.

Après plus d'une heure de leçon, je remercie Will qui part avec Tempête pour la desseller à l'écurie. Mes muscles sont endoloris, mais une nouvelle confiance s'est installée en moi. Je retrouve Zéphyr dans le petit salon, un livre à la main, mais son attention n'y est visiblement pas. Il relève les yeux et un voile de gêne passe sur son visage.

- Élisabeth, commence-t-il, les mots semblant accrocher dans sa gorge, je suis désolé pour mon comportement tout à l'heure. Je ne sais pas ce qui m'a pris, c'était... stupide.

Je m'arrête, surprise par ses excuses :

- Je n'ai pas vraiment compris ta réaction, pour être honnête. Tu avais peut-être quelque chose d'urgent à faire ?

Il hésite, puis répond d'une voix basse :

- Oui, enfin... c'est-à-dire... non, pas vraiment.

Son regard se détourne, fuyant le mien. Un sourire amusé se dessine sur mes lèvres :

- Ne t'en fais pas.

Je fais un pas vers la porte, prête à le laisser à sa lecture. Mais avant que je ne puisse partir, il se lève et se place devant moi, me barrant le passage :

- Élisabeth, reprend-il, une lueur de détermination dans ses yeux saphir, ça te ferait plaisir si je te donnais moi aussi quelques leçons d'équitation ?

Sa question me prend au dépourvu :

- Mais... Will est déjà un excellent professeur, dis-je, hésitante.

- Je sais, répond-il avec un sourire doux. Mais avec le froid qui arrive, j'ai beaucoup moins de travail... Et... ça me ferait vraiment plaisir de passer plus de temps avec toi.

Son regard est si sincère, si intense, que je ne peux m'empêcher de rougir légèrement.

- Si tu veux... Mais je pense que tu pourrais aussi donner des leçons à Lior, il serait aussi très content de passer plus de temps avec son papa, je suggère.

- Bien entendu, répond-il en souriant. Évidemment... Alors on fait comme ça, j'en parlerai à Will.

Il s'éloigne de meilleure humeur, et je ne peux pas m'empêcher de sourire face à son embarras.

Plusieurs semaines passent, et l'hiver s'installe, accentuant l'effervescence au château Brisevent en ce jour de fête, qu'est le solstice d'hiver. Vêtue d'une robe en velours ivoire très élégante, boutonnée jusqu'au cou, je me sens enveloppée par le tissu chaud et raffiné. Le col montant ajoute une touche de sophistication, tandis que les manches longues se terminent par des poignets délicatement brodés. Toute la partie inférieure de la robe est ornée de motifs de branches de houx finement brodées, leurs feuilles délicates et leurs baies rouge vif contrastant élégamment avec le tissu clair. À chaque mouvement, les broderies semblent capter la lumière, ajoutant une touche de raffinement naturel à ma tenue. Sophia m'a aidée à me coiffer ; elle a créé de belles boucles dans mes cheveux brun-roux, glissant çà et là quelques petites feuilles de houx pour une touche subtile et végétale. C'est la première fois que je suis coiffée aussi élégamment, moi qui attache toujours mes cheveux. Mes boucles tombent jusqu'en bas de mon bassin, ajoutant une grâce particulière à mon apparence. Sophia m'a aussi maquillée légèrement, mettant en avant mes yeux émeraude. Pour une fois, je ne cherche pas à dissimuler mes oreilles pointues de demi-faë. Je ne me suis jamais sentie aussi belle, même pour une hybride. Moi, qu'on a toujours appelée le monstre à cause de ma nature, je ressens pour la première fois une étincelle de confiance en moi.

Arrivée au bas des marches, je croise le regard de Zéphyr. Il interrompt sa conversation avec Will et se tourne vers moi, un sourire émerveillé illuminant son visage. La lueur des bougies se reflète dans ses yeux saphir, accentuant leur éclat.

- Élisabeth, dit-il doucement, sa voix teintée d'admiration, tu es resplendissante.

Je sens mes joues s'empourprer sous son regard intense. Un mélange de joie et de timidité m'envahit alors que je m'approche de lui, consciente de la beauté de la robe que je porte.

- C'est grâce à toi, je murmure, mes yeux brillants de gratitude. Je n'ai jamais rien porté d'aussi élégant.

- Ça me fait plaisir que tu portes le cadeau que je t'ai envoyé ce matin.

- Je te remercie, c'est beaucoup trop beau. Mais j'étais folle de joie à sa vue, j'ai toujours rêvé de porter une robe comme ça.

Un sourire timide se dessine sur mes lèvres, et je sens mon cœur battre un peu plus vite.

-Tu n'as jamais été aussi belle, ajoute-t-il, sa voix empreinte d'une tendresse infinie.

Lior, qui nous observait de loin, s'approche de moi avec un grand sourire.

- On dirait une princesse ! s'exclame-t-il, avant que son sourire ne s'efface, remplacé par une expression plus mélancolique. On dirait vraiment maman comme ça.

Je plie les genoux pour me mettre à sa hauteur, prenant son visage entre mes mains.

- Je suis sûre qu'elle est là avec nous ce soir, mon chaton, lui dis-je avec tendresse, espérant apaiser sa peine.

Je me redresse et remarque alors que Zéphyr et Lior sont vêtus de costumes trois pièces identiques, leurs vestes bleu nuit parfaitement coupées et leurs gilets brodés de fils d'argent.

- Vous êtes magnifiques tous les deux, dis-je avec un sourire sincère, mon cœur se remplissant de joie en les voyant si complices et heureux.

Zéphyr me prend la main et m'entraîne vers la grande salle, où Will s'est appliqué à décorer chaque recoin avec soin, la transformant en un espace chaleureux et convivial. Des guirlandes de houx et de pommes de pin ornent les murs, tandis que des bougies scintillent joyeusement sur les rebords des fenêtres. Au centre de la salle, une longue table en bois est dressée avec soin. Des nappes blanches immaculées contrastent avec la vaisselle colorée, chaque assiette attendant patiemment d'être remplie des délices préparés par Sophia. Le fumet des plats mijotés embaume l'air, éveillant les papilles et promettant un festin inoubliable.

Andrew, le cocher, nous a rejoints accompagné de son épouse Agatha, une femme chaleureuse au visage rond et souriant. Ses cheveux gris sont attachés en une simple tresse, et elle porte une robe traditionnelle aux couleurs vives qui reflète sa personnalité rayonnante. En la voyant, on ressent immédiatement une aura de bonté et de sérénité. Elle m'accueille avec un sourire bienveillant, ses yeux pétillant de malice. Leur petit-fils Charlie est avec eux, ses parents étant partis en voyage d'affaires.

Pendant la conversation, j'apprends que Andrew travaille comme cocher pour plusieurs domaines, mais qu'il préfère avant tout travailler dans les champs. Il nous parle avec fierté de ses enfants, qui ont déjà quitté le nid familial pour tracer leur propre chemin, et de ses deux chevaux fidèles, toujours à ses côtés.

Lior, quant à lui, est ravi de rencontrer un nouveau camarade de jeu de son âge. Après les déceptions passées avec les enfants du village, il est enfin heureux de trouver un petit copain humain avec qui partager ses aventures et ses jeux. Ses yeux brillent de joie lorsqu'il sort une boîte en bois du buffet. Il l'ouvre pour révéler une collection de soldats de plomb minutieusement peints.

Charlie, les yeux écarquillés, s'exclame avec admiration :

- Wow, ils sont magnifiques ! On peut jouer ensemble ?

Lior hoche vigoureusement la tête, un large sourire illuminant son visage.

- Oui, allons dans ma chambre ! Je vais te montrer comment les disposer pour une bataille.

Les deux garçons s'éloignent en courant, leur excitation fait plaisir à voir, et je ne peux m'empêcher de sourire en les regardant partir.

Je me tourne alors vers Agatha :

- Agatha, pourriez-vous ramener Charlie pour jouer avec Lior de temps en temps ? Ils semblent vraiment bien s'entendre tous les deux.

- Bien sûr ! On l'garde souvent, alors ça s'ra avec plaisir. J'viens souvent voir Sophia de toute façon... s'exclame-t-elle avec le même accent prononcé que son mari.

- Merci beaucoup, dis-je avec gratitude.

La soirée est empreinte de convivialité. Autour de la table, les rires fusent, les conversations s'animent, et les verres s'entrechoquent joyeusement. Sophia et Agatha, visiblement éméchées, rient aux éclats, leurs voix résonnant dans la grande salle. Leurs joues rougies par le vin et leurs yeux pétillants témoignent de leur bonheur partagé. Un sentiment de gratitude et d'appartenance m'envahit, me confirmant que j'ai trouvé ma place au sein de cette famille improvisée. Tournant mon regard vers Zéphyr, la curiosité me pousse à lui demander :

- Dis-moi, Zéphyr, je commence, ma voix teintée de curiosité, pourquoi étais-tu sur ce marché si lointain le jour de notre rencontre ? Il y en a un bien plus proche d'ici.

Zéphyr pose sa coupe de vin, un sourire en coin éclairant son visage :

- Je cherchais quelqu'un pour aider Sophia au château, répondit-il en jetant un regard complice à la cuisinière. Elle se plaignait toujours d'être débordée !

- Faux ! s'exclame-t-elle, les joues rosies par le vin, sa voix résonnant dans la pièce. Tu ne m'as jamais demandé ssshiii ... Euh SI j'avais besoin d'aide !

Zéphyr reprend, imperturbable :

- En réalité, j'avais entendu parler d'une hybride un peu plus loin dans la région, et je me suis dit que tu pourrais être la personne idéale pour nous rejoindre. Son regard se voile d'une ombre passagère. Tu sais, pour Lyra... Elle a subi tant d'injustices et de discriminations à cause de sa nature. J'avais besoin de quelqu'un de confiance, capable de comprendre notre situation et de s'adapter rapidement. En embauchant des hybrides, j'espère leur offrir une chance de vivre une vie meilleure, loin des préjugés et de la peur. C'est aussi une façon de lui rendre hommage, d'une certaine manière.

Will, assis à côté de Sophia, lève la main en signe de protestation :

- Mais moi, je suis arrivé il y a deux ans ! s'exclame-t-il, un brin d'agacement dans la voix.

Zéphyr éclate de rire, tapotant l'épaule de Will :

- Oui, mais toi, c'était un accident ! le taquine-t-il.

Un éclat de rire général éclate. Zéphyr reprend alors, un voile de tristesse voilant son regard :

- Mais ça ne se passe pas comme prévu... Tout ne se déroule pas toujours comme on l'espère.

Je l'interroge du regard, surprise par cette révélation :

- Tu ne t'attendais pas à ce que Lior s'échappe ?

Un sourire triste mais tendre éclaire son visage :

- Je ne m'attendais pas à croiser une hybride qui soit la copie conforme de mon épouse disparue..

Je lui offre un sourire sincère, comprenant son étonnement :

- Oui, je comprends. J'ai cru que tu allais mourir de peur au début, puis j'ai même pensé que tu étais fou.

- Oui, je l'ai ressenti, répond-il avec un amusement teinté de mélancolie. Le destin a une drôle de manière de nous surprendre.

Un sourire radieux illumine mon visage, et un sentiment de gratitude m'envahit. Dans ce moment de complicité et de joie, je sais que j'ai trouvé ma place parmi ces personnes qui sont devenues ma famille.

Après les festivités, je monte dans la chambre de Lior. Il montre fièrement ses soldats de plomb à son camarade, qui l'écoute avec admiration.

- Tu vois, celui-ci, c'est le capitaine, explique Lior. Il mène ses troupes au combat !

- Trop cool ! réplique Charlie. On les place comment pour la bataille ?

- Je vais te montrer, dit Lior avec enthousiasme.

- Il est temps d'y aller Charlie, tes grands-parents t'attendent pour rentrer !

- Oh noooooon ! s'exclament en chœur les enfants.

Une ombre de déception traverse les visages des deux garçons.

- Tu pourras revenir quand tu veux Charlie, ce sera avec plaisir, dit Lior.

Charlie, les cheveux blonds ébouriffés et un sourire malicieux sur les lèvres, fait un câlin à Lior avant de descendre rejoindre ses grands-parents, l'excitation de la journée passée avec son nouvel ami se lisant dans chacun de ses gestes. J'aide Lior à enfiler un pyjama.

- Merci pour cette journée, Zabète.

- C'est Will et Sophia qui ont tout organisé, tu penseras à les remercier demain, ma libellule.

Je borde Lior, qui semble s'endormir instantanément, à peine a-t-il posé la tête sur l'oreiller, un sourire sur les lèvres.

Alors que je m'apprête à quitter la chambre, je remarque Zéphyr, appuyé nonchalamment contre le chambranle de la porte, les bras croisés sur sa poitrine. Son regard tendre croise le mien, et une bouffée de chaleur m'envahit, mêlant surprise et douceur. Un sourire timide se dessine sur ses lèvres, et je sens mon cœur battre un peu plus vite. Il s'approche de moi, ses yeux saphir pétillant d'une lueur chaleureuse.

- Ils avaient l'air de bien s'amuser, murmure-t-il, en désignant d'un geste de tête Lior déjà plongé dans un profond sommeil.

- Oui, ils étaient adorables ce soir, je réponds, mon regard se posant sur Lior. Je suis contente qu'il ait trouvé un ami.

Zéphyr acquiesce, un sourire tendre étirant ses lèvres. Il lève la main pour caresser ma joue, son toucher doux et réconfortant. Nos regards se croisent un instant, chargés d'une multitude de sentiments et de non-dits. Un frisson me parcourt, et je sens une connexion profonde se tisser entre nous, une connexion qui transcende les mots et les apparences.

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