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Anne-pendragon
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Chapitre 7

Je me dirige vers les écuries, où je trouve Will affairé à nettoyer un box. Torse nu, ses muscles saillants luisent sous l'effort, sa peau hâlée s'harmonisant parfaitement avec la paille dorée. Ses cheveux roux, en bataille, encadrent un visage concentré. Les manches de sa chemise nouées autour de sa taille révèlent des bras puissants couverts de tatouages, tandis qu'il retire la paille à la fourche.

- Salut.

- Salut Élisabeth, qu'est-ce que je peux faire pour toi ?

- Je viens pour ma première leçon d'équitation.

- Ah oui, c'est vrai, j'avais oublié. Mistral a mis bas cette nuit, je suis en train de nettoyer le box. J'ai été complètement occupé, pris toute la nuit.

- Oh vraiment ?

Je me dirige vers le box voisin et vois Mistral, sublime jument baie cerise, son poulain en train de téter, de la même couleur que sa mère.

- Qu'est-ce que c'est ? je demande, émerveillée.

- Un poulain, me répond-il.

- Mais arrête !!! je m'exclame en lui donnant une petite tape dans le dos. C'est un mâle ou une femelle ?

- Un p'tit gars, dit-il en se plaçant derrière moi pour observer le nouveau-né. Il va falloir lui trouver un prénom, en rapport avec le vent, c'est la tradition ici.

- Typhon ? je suggère spontanément.

- J'aime beaucoup, j'en parlerai à Zéphyr, dit-il en bâillant bruyamment.

Will jette un coup d'œil à ma tenue, puis montre du doigt son propre pantalon :

- Je te ferai ta leçon d'équitation demain, mais n'oublie pas de mettre un pantalon cette fois-ci, ce sera plus pratique qu'une robe. Je vais me pieuter, je ne tiens plus debout. Marmonne-il en plantant sa fourche dans la paille.

- Je comprends, ne t'en fais pas. Alors bonne... nuit ?

Il regarde le ciel où le soleil se lève depuis peu, rit et s'éloigne.

Je me retourne et me dirige vers les jardins pour une balade. J'emprunte une allée reculer, inhalant le parfum enivrant des centaines de chrysanthèmes qui la bordent. Après quelques minutes, je tombe sur un magnifique belvédère en pierre. Je m'approche et vois Zéphyr plongé dans un livre. Je recule doucement, tentant de disparaître sans me faire remarquer. Malheureusement, je marche sur une brindille qui craque sous mon pied.

-Élisabeth ?

-Zéphyr, désolé, je ne voulais pas te déranger. Je ne connaissais pas cet endroit.

Ses yeux saphir plongent dans les miens, un silence s'installe. Le vent souffle doucement, faisant danser ses cheveux noirs détachés. Des pétales de chrysanthème volent dans tous les sens, rendant les lieux presque féeriques. Il inhale profondément et lève la tête vers le ciel.

-Cet endroit était le préféré de Lyra, dit-il d'une voix douce. J'aime m'y rendre de temps à autre.

- Je vois...

- Te voir ici, avec son visage... Il ferme les yeux, visiblement ému.

- Je suis vraiment désolée, Zéphyr, je ne voulais pas te faire de mal. Je voulais juste me promener, les chrysanthèmes sont magnifiques.

- C'est Lyra qui les a plantés, je les aime beaucoup également.

- Qu'est-ce que tu es en train de lire ?

Il me sourit et me tend le livre, « La Farine dans Tous Ses États : Voyage au Cœur des Moulins et de leurs Blés ».

- Oh... Passionnant ! dis-je, ne sachant quoi répondre et incapable de réprimer un sourire.

- Ce n'est pas beau de mentir, me dit-il avec un sourire en coin.

Nos regards se croisent, un sourire complice illuminant nos visages. Dans ce lieu empreint de souvenirs et d'émotions, une bulle de légèreté nous enveloppe, comme si le temps s'était suspendu.

Il se lève et me fait un signe de tête, une invitation silencieuse à le suivre. Nous quittons le belvédère, suivant un sentier discret qui serpente à travers les arbres centenaires. La lumière du soleil filtre à travers les feuillages, créant un jeu d'ombres et de lumières qui danse sur nos visages.

Au détour du chemin, une clairière secrète se dévoile, baignée d'une lumière dorée. Au centre, un saule pleureur majestueux étend ses branches délicates, formant un dais de verdure. Sous son ombre protectrice, une tombe de marbre blanc se dresse, immaculée. Des chrysanthèmes blancs, symboles de pureté et d'amour éternel, l'entourent comme une couronne de fleurs. Un petit moulin à vent en bois, peint avec l'enthousiasme maladroit d'un enfant, est posé délicatement sur la pierre tombale.

Une vague d'émotion m'étreint alors que je comprends. Ce moulin, ce cadeau touchant, ne peut venir que de Lior. Les larmes me montent aux yeux, témoignage de l'amour qui unit cette famille, malgré la douleur de la perte. Je m'approche doucement pour lire l'épitaphe :

« À ma bien-aimée épouse et mère. Lyra »

Une onde de tristesse m'envahit. Je comprends alors que cet endroit est bien plus qu'un simple belvédère, c'est un sanctuaire de souvenirs, un lieu où l'amour et la perte s'entremêlent.

- Elle me manque terriblement, murmure-t-il, sa voix rauque trahissant l'émotion qui l'étreint.

Je pose ma main sur son épaule, un geste de réconfort silencieux, une tentative de partager sa peine sans avoir besoin de mots.

- Tu veux bien me parler d'elle ? je demande doucement, espérant percer la brume de tristesse qui l'enveloppe.

Il se tourne vers moi, ses yeux saphir embués de larmes. Puis, se relevant, il place sa main sur mon bassin et nous quittons la tombe de Lyra, marchant lentement en direction du château.

- Lyra était la personne la plus douce que je connaisse, commence-t-il, sa voix empreinte d'une tendresse infinie. Elle n'avait jamais de mauvaises pensées, ne voyait que la bonté, même dans les personnes les plus sombres. Son innocence était pour moi, au début, une preuve d'immaturité, je n'arrivais pas à comprendre ça. Mais avec elle à mes côtés, j'ai véritablement compris qu'il reste toujours une part de bonté quelque part, enfouie. Elle aimait la nature, les animaux, mais restait malgré tout une personne assez réservée probablement le fait d'être une hybride.

Il s'arrête un instant, comme pour rassembler ses souvenirs, puis reprend :

- Elle avait un véritable don pour apaiser les esprits, pour apporter la lumière là où il n'y avait que ténèbres. Sa présence illuminait chaque pièce, chaque cœur qu'elle touchait. Elle était...

Sa voix se brise, l'émotion l'empêchant de poursuivre. Je partage silencieusement sa douleur.

Il se penche et caresse doucement un chrysanthème, un sourire nostalgique éclairant son visage.

- C'était sa fleur préférée. Elle disait que leur parfum lui rappelait son enfance. Elle aimait venir ici pour lire, se ressourcer, rêver...

Il se tait un instant, puis reprend d'une voix plus grave :

- Elle avait une âme si pure, si lumineuse... Je ne pensais pas qu'il était possible d'aimer quelqu'un aussi intensément. Elle était ma joie, ma lumière, mon souffle de vie. Et puis...

Il s'interrompt, luttant contre l'émotion qui le submerge.

- Et puis, elle m'a été arrachée à moi, trop tôt, reprend-il, sa voix brisée par la douleur. La maladie l'a emportée en quelques semaines, comme une bougie soufflée par le vent. Je me suis retrouvé seul, avec un vide immense dans mon cœur et la responsabilité d'élever notre fils.

Il se tourne vers moi :

- Je ne pensais plus jamais sourire sans elle. Mais... tu es arrivée.

Il caresse ma joue du bout des doigts, son regard brûlant dans le mien.

- Tu es si différente d'elle, et pourtant... il y a quelque chose en toi qui me trouble. Je ne sais pas si c'est ta ressemblance avec elle, ou si c'est toi, tout simplement.

Je reste sans voix face à ces paroles, il glisse une mèche de cheveux derrière mon oreille. Mon cœur s'emballe, tandis que ses yeux plonge dans les miens. Il ferme les yeux, inspire et recule d'un pas.

- Je te laisse, je dois me rendre sur un chantier, je ne reviens que demain. Bonne journée Elisabeth.

Il s'éloigne, le vent souffle doucement secouant les arbres sur son passage.

Je rentre et trouve Sophia en cuisine en train de préparer un ragoût, je m'assoie et suit dans mes pensées

- Tu vas bien Elisabeth ? S'inquiète Sophia.

- Oui, j'étais avec Zéphyr, il m'a montré la tombe de Lyra ...

- Oh ...

- Tu sais, j'ai toujours du mal à comprendre comment elle a pu tomber amoureuse de lui, je veux dire... C'est un faë...

- Tu as des préjugés sur les faës ? Me questionne Sophia, surprise.

- Non, non, pas du tout ! Mais tu sais, les faës ne s'intéressent pas aux hybrides, encore moins aux humains. Je veux dire, regarde-moi, je suis une servante, je suis née de deux espèces différentes, je ne suis qu'une erreur de la nature.

- Tu n'es pas une erreur de la nature, Élisabeth, me dit Sophia avec douceur. Tu es unique et précieuse.

- Merci, Sophia. Mais tu ne peux pas nier que les faës sont souvent cruels et méprisants envers les humains et les hybrides.

Sophia soupire, un air pensif sur son visage.

- C'est vrai, admet-elle. Mais il y a aussi des faës bons et justes, comme Zéphyr. Il a aimé Lyra d'un amour sincère et pur, au-delà des différences.

- Oui, c'est vrai, je suis d'accord avec toi. Il est différent des autres.

Après un moment de silence, Sophia reprend, comme si elle n'osait pas me poser cette question :

- As-tu l'impression d'être une servante ici ?

- Non, bien sûr que non ... dis-je hésitante. Mais suis-je libre pour autant ? Si je décidais de faire mon sac et de prendre ma liberté, est-ce que Zéphyr l'accepterais ?

Elle baisse les yeux, ne sachant comment me répondre. Je sens une boule d'angoisse se former dans ma gorge. Est-ce que je suis vraiment libre ici, ou suis-je simplement passée d'une cage à une autre ?

- Mais est-ce que tu l'aimes bien ? demande Sophia, changeant de sujet.

Je rougis et détourne le regard, gênée par sa question.

- Je ne sais pas, dis-je en haussant les épaules. Il est vraiment gentil avec moi, il me respecte pour ce que je suis... Mais c'est compliqué.

Sophia dépose un ragoût fumant sur la table, son arôme épicé emplissant la cuisine. Des effluves de viande mijotée, de légumes fondants et d'épices exotiques chatouillent mes narines, me rappelant cruellement que je n'ai pas mangé depuis des heures. Mon ventre gargouille, trahissant ma faim.

- Tu as de la famille dans le coin ? je demande, rompant le silence.

- Non, réponds Sophia, sa voix teintée d'une pointe de tristesse. Mes parents sont décédés et je n'ai pas d'enfant.

- Tu n'as personne ?

Je me sens un peu trop curieuse en posant cette question, mais la solitude qui émane de Sophia m'interpelle.

- J'ai eu quelqu'un un temps avant d'arriver ici, mais on n'était pas vraiment compatibles. Mais je ne te cache pas que je cherche encore l'amour, j'ai déjà 31 ans et je rêve d'avoir des enfants.

- Je comprends. Je hoche la tête, une vague de compassion m'envahissant.

L'amour, un sentiment qui m'est étranger, semble pourtant si essentiel pour elle.

- Et toi ? demande Sophia, ses yeux pétillants de curiosité.

- Non... Étant hybride, je fais fuir tout le monde. Je n'ai jamais eu de relation...

- Jamais ? Même pour le plaisir ? demande Sophia, intriguée.

- Le plaisir ?

Cette notion m'intrigue, éveillant en moi une curiosité mêlée d'appréhension.

Sophia pouffe de rire, un regard malicieux posé sur moi.

- Je vois...

- Quoi ?! Je sens mes joues s'empourprer, mal à l'aise face à son amusement.

- Mais rien !!! Tu as bien le temps, ne t'en fais pas. Tu as quel âge ?

- 23 ans.

Elle me regarde pensive, puis ajoute :

- Lyra a le même âge. Enfin, elle avait...

- Ah bon, mais Lior va bientôt avoir 5 ans, non ?

- Oui, elle l'a eu très jeune. C'est assez surprenant que vous ayez le même âge, tu ne trouves pas... Sa voix se perd dans un murmure, comme si elle avait touché à un sujet délicat.

J'acquiesce lentement, troublée par cette coïncidence troublante. La ressemblance entre Lyra et moi va au-delà des apparences, elle semble s'étendre jusqu'à notre âge, comme si le destin avait tissé un lien invisible entre nous. Je prends une bouchée du ragoût fumant, la chaleur épicée envahit ma bouche.

- C'est délicieux, Sophia, dis-je en souriant. Tu as vraiment un don pour la cuisine.

Sophia sourit à son tour, ravie du compliment :

- Merci, Élisabeth. C'est une recette de famille. Ma mère me l'a apprise quand j'étais petite.

Une pointe de tristesse traverse son regard alors qu'elle évoque sa mère. Je ressens une vague de compassion pour cette femme qui semble si seule, malgré sa gentillesse et sa chaleur.

- Tu peux aller chercher Lior pour déjeuner ?

- J'y vais, mais Will ne viendra pas, il est parti se coucher, il était levé toute la nuit. Et Zéphyr vient de partir et ne rentre que demain.

- Oh non ! J'ai préparé bien trop de nourriture...

- Ne t'en fait pas, tu pourras le réchauffer pour ce soir. Et puis, ça te laissera du temps pour toi, tu le mérites bien.

Je retrouve Lior dans la bibliothèque, assis par terre, entouré de livres. Il lève la tête vers moi, un sourire radieux illuminant son visage.

- Lilibeth ! Tu es là ! s'exclame-t-il en se jetant dans mes bras.

Je le serre fort contre moi, heureuse de retrouver sa chaleur et son innocence. Il n'arrive toujours pas à prononcer mon prénom, je n'essaie même plus de le reprendre. Lior est un rayon de soleil dans ma vie, un rappel constant de l'amour que Lyra et Zéphyr ont partagé. Et qu'un avenir futur peut aussi m'être accordé.

- Viens, il est temps d'aller manger.

Le lendemain en fin de matinée, je me dirige vers les écuries. J'ai pensé cette fois-ci à mettre un pantalon. En approchant, j'aperçois Will en train de s'occuper de Tempête, sa jument favorite. Il relève la tête en m'entendant arriver et esquisse un sourire, mais ses yeux restent sérieux.

-Tu es prête pour ta leçon ? me demande-t-il.

Je hoche la tête, un peu nerveuse. Will est un excellent cavalier et un enseignant exigeant, je m'en suis aperçut lorsqu'il donne des leçons à Lior. Je vais avoir beaucoup à apprendre.

- Bien, dit-il en me tendant une brosse. On commence par prendre soin de nos montures. Brosse Tempête pendant que je finis de préparer sa selle.

Je prends la brosse et commence à caresser doucement le pelage couleur crème de Tempête. La jument souffle doucement, semblant apprécier mes efforts. Pendant ce temps, Will ajuste la selle et vérifie les étriers.

- Une bonne préparation, c'est la clé, explique-t-il. Si le cheval est à l'aise, il sera plus réceptif à tes commandes.

Je continue de brosser Tempête, absorbée par le rythme apaisant du geste. Will me regarde avec attention, surveillant chacun de mes mouvements. Il est patient, mais je sens qu'il attend beaucoup de moi.

- Montre-moi comment tu montes, dit-il enfin.

Je prends une profonde inspiration et me dirige vers le côté de Tempête. En m'aidant de l'étrier, je monte en selle. C'est un peu maladroit, mais je parviens à m'installer correctement. Will hoche la tête.

- Pas mal, commente-t-il. Maintenant, fais-lui faire un tour au pas.

Je donne une légère pression avec mes talons et Tempête avance doucement. Je sens la puissance de l'animal sous moi, mais aussi une certaine tranquillité. Will me suit du regard, prêt à intervenir au moindre signe de difficulté. Après quelques tours, il s'approche et prend les rênes :

- Bon, maintenant, on va travailler sur les commandes de base. Écoute bien et sois attentive à chaque détail.

Il commence à m'expliquer comment utiliser les rênes et les jambes pour diriger Tempête, comment sentir le mouvement du cheval et anticiper ses réactions. Ses instructions sont claires et précises, et petit à petit, je prends confiance en moi.

-Très bien, Élisabeth, dit-il enfin, avec un sourire d'approbation. Tu t'améliores.

Je souris, fière de moi. Je commence à m'éloigner un peu plus de l'allée lorsque soudain, Tempête se cabre brusquement à la vue d'une couleuvre qui traverse le chemin. Le cheval renâcle, ses yeux écarquillés par la peur. Je n'ai même pas le temps de réagir, mes doigts glissent sur les rênes et, en un instant, je suis projetée en arrière, le monde tournant autour de moi.

La chute semble interminable, mais avant que je ne touche le sol, une force invisible me retient. Suspendue dans les airs, je sens une brise enveloppante qui me soutient. Zéphyr apparaît soudainement sur sa propre monture, ses yeux étincelants de concentration. D'un geste précis, il intensifie le vent, créant un coussin d'air qui me fait atterrir en douceur. Je soupire de soulagement, le cœur battant à tout rompre.

- Tu vas bien, Élisabeth ?! s'écrie-t-il, affolé, son visage blême de peur.

Mais Tempête ne se calme pas. Elle hennit violemment, les yeux toujours fixés sur la couleuvre, ses sabots frappant l'air avec frénésie. Chaque coup résonne comme un tonnerre, ajoutant à la panique ambiante. Je n'ai même pas le temps de me relever que Tempête pivote brusquement, ses mouvements imprévisibles et désespérés.

Tout se passe en une fraction de seconde. Un sabot se dirige droit vers moi et avant que je ne puisse réagir, je sens une douleur fulgurante envahir ma tête. Une explosion de lumière blanche envahit mon champ de vision, suivie d'un noir absolu.

Les derniers sons que j'entends sont les cris de Zéphyr et les hennissements frénétiques de Tempête, le tout se fondant dans un chaos assourdissant. L'odeur de la poussière et du sang m'envahit avant que tout ne disparaisse dans l'obscurité.

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