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Anne-pendragon
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Chapitre 6

Depuis mon arrivée au château, une nouvelle routine s'est doucement installée. Chaque matin, je me réveille aux premières lueurs de l'aube. Les rayons du soleil filtrent à travers les rideaux, illuminant doucement ma chambre et m'invitant à commencer une nouvelle journée.

Après m'être habillée, je donne le bain à Lior, une tâche que Sophia m'aide à accomplir chaque matin en préparant son bain à l'avance. Je descends ensuite les escaliers majestueux qui mènent au hall principal, déjà animé par les premiers mouvements du jour. Sophia, infatigable, s'active encore partout : elle prépare le petit-déjeuner, nettoie les pièces, et veille à ce que tout soit en ordre. L'atmosphère vibrante est un présage des nombreuses activités qui m'attendent. Rapidement, je trouve mes repères dans cette nouvelle vie au château. Mes responsabilités de gouvernante occupent une grande partie de mon quotidien. J'accompagne Lior dans ses apprentissages, lui enseignant les bases de la lecture et de l'écriture, tout en m'assurant qu'il reste concentré malgré son tempérament souvent turbulent. En parallèle, je collabore avec Sophia pour garantir le bon déroulement des tâches ménagères, veillant à ce que chaque recoin du château soit impeccablement entretenu. Les repas sont des moments privilégiés que je partage avec Will, Sophia, Zéphyr et Lior. Autour de la table, des discussions animées se déroulent, mêlant la légèreté des anecdotes quotidiennes et la gravité des réflexions sur l'avenir. Petit à petit, je me sens intégrée à cette famille, cherchant à trouver ma place dans cet univers autrefois inconnu. Le temps passe ainsi, chaque instant étant une occasion d'apprendre, de grandir et de s'épanouir dans cet environnement nouveau. Chaque soir, alors que le soleil décline et que les ombres s'allongent sur les murs du château, je retrouve la quiétude de ma chambre. Le calme apaisant de la nuit m'invite au repos. Des pensées et des questions tournent encore dans mon esprit, mais je m'endors avec l'espoir que le lendemain apportera son lot de réponses et de découvertes dans cet endroit qui est désormais devenu familier.

Je me lève de bonne humeur, prête à affronter les défis à venir. Lior fait irruption dans ma chambre, bondissant sur le lit avec une énergie débordante. Ses boucles brunes rebondissent joyeusement à chaque mouvement, et ses yeux émeraude pétillent de malice.

- Bonjour Lior, comment te sens-tu ? je lui demande avec un sourire affectueux.

- Bien ! s'exclame-t-il avec enthousiasme.

- Allez, au bain ! dis-je en me levant. Dis-moi, que dirais-tu d'aller au marché avec moi aujourd'hui ?

Lior s'arrête net, un éclair de surprise dans les yeux.

- Au marché ? C'est dans un marché que je t'ai vue pour la première fois, n'est-ce pas ?

Je hoche la tête, un sourire nostalgique aux lèvres.

- C'est vrai, ma coccinelle.

Je lui donne son bain, une routine que j'ai fini par apprivoiser. Lior s'amuse, barbotant dans l'eau et chantant à tue-tête, éclaboussant joyeusement la salle de bain. Je le peigne ensuite avec soin, démêlant ses boucles avec douceur. Une fois prêt, je prends sa main et me dirige vers le bureau de Zéphyr. Je frappe à la porte, attendant patiemment sa réponse.

- Entrez !

J'ouvre la porte et découvre Zéphyr assis à son bureau, entouré de divers dessins de champs de blé et de moulins éparpillés sur son bureau. Je m'efforce de ne pas m'attarder sur ces documents, ne voulant pas paraître indiscrète.

- Monsieur, dis-je en m'inclinant légèrement, seriez-vous d'accord pour que j'emmène Lior au marché ce matin après le petit-déjeuner ? Je pense que cela pourrait être une bonne leçon pour lui.

Zéphyr lève les yeux vers moi, puis vers Lior, qui se tortille d'impatience à mes côtés.

- Dis oui, père, s'il te plaît ! Zézybete m'a fait tout beau ! supplie Lior.

- Élisabeth, je corrige doucement, un sourire amusé sur les lèvres.

- Elébete ! s'exclame Lior, massacrant une fois de plus mon prénom.

Je sursaute, réalisant qu'il vient de dire « Elle est bête ». Je soupire de résignation, et j'entends Zéphyr dissimuler un rire sous une fausse quinte de toux. Il finit par acquiescer d'un mouvement de tête, puis me donne de la monnaie et je quitte le bureau, soulagée.

Nous retrouvons Sophia dans la cuisine, où elle a préparé un délicieux petit-déjeuner composé de brioches et de chocolat chaud.

- Bonjour Sophia, comment vas-tu aujourd'hui ?

- Bonjour Élisabeth, très bien, merci, répond-elle avec un sourire chaleureux. J'espère que les brioches vous conviendront, mais je n'ai plus de confiture ce matin. J'ai complètement oublié d'en acheter.

- Ça tombe bien, dis-je avec un clin d'œil à Lior, nous allons en acheter au marché. Ce sera un bon exercice pour lui !

Lior applaudit joyeusement, impatient de découvrir les merveilles du marché. Après avoir savouré notre petit-déjeuner, nous nous préparons pour notre sortie. J'aide Lior à enfiler son manteau et ses bottes, puis nous nous dirigeons vers l'écurie pour chercher Will.

- Will, dis-je en entrant dans l'écurie, nous allons au marché. Tu as besoin de quelque chose ?

Will secoue la tête, un sourire amusé sur les lèvres.

- Non merci, Élisabeth. Quel cheval aimerais-tu ? Je pense que Tempête sera parfaite pour toi, c'est une jument douce et docile, rien à voir avec son nom, je te l'accorde !

- Je suis désolée, mais je ne sais pas monter, j'avoue en rougissant légèrement. Nous irons à pied, un peu de marche nous fera du bien.

- Très bien, répond Will. C'est assez facile pour s'y rendre. À environ deux kilomètres d'ici, tu tomberas sur le village de Honeywood. Tu te diriges vers le sud, puis tu prends le premier chemin à gauche après la forêt. Tu ne peux pas te tromper : il n'y a qu'un seul sentier.

Lior, impatient, trépigne d'excitation à côté de moi.

- Alors, Lior, es-tu prêt pour ta première leçon au marché ? je lui demande, amusée par son excitation débordante.

- Oui ! Je veux tout voir, tout goûter ! s'exclame-t-il, ses yeux brillants de curiosité.

- Nous allons commencer par acheter de la confiture pour Sophia, dis-je en lui prenant la main. Ensuite, nous verrons ce que le marché nous réserve d'autre.

Nous traversons les jardins du château, admirant les arbres aux couleurs chatoyantes de l'automne. Lior sautille à mes côtés, impatient de découvrir ce qui l'attend.

- Est-ce que je pourrai choisir la confiture ? me demande-t-il, plein d'espoir.

- Bien sûr, mon lapin, je réponds avec un sourire. Tu pourras choisir celle que tu préfères.

Lior pousse un cri de joie et se met à courir devant moi, son rire résonnant dans l'air frais du matin. Je le suis, le cœur léger, heureuse de partager ce moment avec lui.

Nous arrivons bientôt à la lisière de la forêt, où le chemin se rétrécit et devient plus sinueux. Lior s'arrête un instant, intrigué par les bruits étranges qui proviennent des sous-bois.

- Qu'est-ce que c'est ? demande-t-il, les yeux écarquillés.

- Ce sont les oiseaux, je lui explique. Ils chantent pour accueillir le soleil.

Lior sourit, rassuré, et reprend sa course, s'enfonçant dans la forêt. Je le suis, attentive à ne pas le perdre de vue. Le chemin est bordé d'arbres centenaires, dont les branches se rejoignent pour former une voûte naturelle. Des rayons de soleil filtrent à travers les feuilles, créant un jeu de lumière féerique.

- C'est beau ici, murmure Lior, émerveillé.

- Oui, c'est magnifique, j'acquiesce, touchée par son enthousiasme.

Après quelques minutes de marche, nous débouchons sur une clairière baignée de soleil.

Au loin, nous apercevons le village et l'animation du marché. Lior pousse un cri de joie et se met à courir vers le village, impatient de découvrir les étals colorés et les odeurs alléchantes. Je le suis, un sourire amusé sur les lèvres.

Nous arrivons bientôt sur la place du marché, où des dizaines de marchands ont installé leurs étals. Je mets ma capuche pour dissimuler ma nature hybride et mes oreilles pointues, espérant passer inaperçue. Lior s'arrête, ébloui par la profusion de couleurs et de senteurs. Il y a des fruits et légumes frais, des fromages, des pains, des épices, des tissus, des bijoux, des jouets...

- Par où commencer ? demande Lior, les yeux écarquillés.

- Nous allons d'abord chercher de la confiture pour Sophia, je lui rappelle. Ensuite, tu pourras choisir ce que tu veux.

Nous nous dirigeons vers un étal de confitures, où une vieille femme nous accueille avec un sourire chaleureux.

- Bonjour madame, quel parfum avez-vous ? je demande curieuse.

- J'ai de la confiture de fraise, de framboise, d'abricot, de pêche, de mûre... énumère la vieille femme.

Lior se penche vers les pots colorés, humant les différentes odeurs avec délice.

- Je veux celle-là ! s'exclame-t-il en désignant un pot de confiture d'abricot.

- Très bon choix, mon garçon, dit la vieille femme en souriant. C'est ma meilleure confiture.

Je paie la vendeuse, puis nous continuons notre exploration du marché. Lior s'arrête devant chaque étal, émerveillé par les produits proposés. Il goûte un morceau de fromage, renifle un bouquet d'herbes aromatiques, admire un tissu aux couleurs chatoyantes...

Lior, les yeux brillants de gourmandise, s'arrête devant un étal de pâtisseries.

- Zabeth regarde ! Des gâteaux ! Est-ce que je peux en avoir un, s'il te plaît ?

Je souris et acquiesce.

- Bien sûr, mon lapin. Choisis celui qui te fait le plus envie.

Lior hésite un instant, puis désigne un éclair au chocolat.

- Celui-là ! Il a l'air délicieux.

Je paie l'éclair et le tends à Lior, qui le dévore en quelques bouchées.

- Mmmh, c'est trop bon ! s'exclame-t-il, le visage barbouillé de chocolat.

Je ris et essuie délicatement sa bouche avec un mouchoir.

- Doucement. Tu vas t'en mettre partout.

Nous continuons notre promenade, Lior trottant joyeusement à mes côtés. Soudain, il s'arrête net, les yeux fixés sur un groupe d'enfants qui jouent à la balle.

- Est-ce que je peux aller jouer avec eux ? demande-t-il, l'air suppliant, ses yeux pétillant d'espoir.

Je regarde les enfants, puis je me tourne vers Lior, essayant de cacher mon inquiétude.

- Bien sûr. Mais fais attention à toi, d'accord ?

Lior hoche la tête avec enthousiasme et court rejoindre les autres enfants. Je le regarde s'éloigner, un sourire attendri sur les lèvres. Il est si heureux, si insouciant... C'est un moment rare où il peut être simplement un enfant. Mais après quelques minutes, je le vois revenir vers moi, le visage assombri et les épaules affaissées. Mon cœur se serre immédiatement en voyant son expression.

- Je veux rentrer...

Sa voix tremble légèrement, comme si prononcer ces mots lui coûtait déjà trop.

- Tu ne veux pas jouer avec les autres enfants ? Qu'est-ce qui s'est passé ?

Il baisse les yeux, essayant de retenir ses larmes.

- Non... ils ne veulent pas jouer avec moi...

- Pourquoi, mon chaton ?

Il renifle, et sa voix se brise alors qu'il explique, les mots lui échappant presque :

- Les petits humains... ils sont méchants. Ils disent qu'ils ne jouent pas avec les petits faës parce qu'on triche, qu'on est plus rapides... Il renifle bruyamment. Quand j'ai dit que j'étais aussi un peu humain, ils m'ont traité de menteur ! Un autre a dit que si c'était vraiment le cas, alors j'étais une abomination. Je déteste les humains !

Ses mots pleins de douleur me touchent profondément ; je ressens sa peine comme si elle était la mienne. Je fronce les sourcils et me mets à genoux, à sa hauteur, prenant doucement son visage entre mes mains pour croiser son regard embué de larmes.

- Lior, écoute-moi... dis-je doucement, essayant de chasser la douleur de ses yeux.

Je relève délicatement son menton pour qu'il me regarde.

- Tu as un quart de sang humain, même si ça ne se voit pas. Cela fait partie de toi, tout comme ta partie faë. Et tu sais quoi ? Tu es merveilleux tel que tu es, avec toutes tes parties mélangées. Ne laisse jamais personne te dire le contraire.

Je le serre contre moi, sentant son petit corps trembler sous l'effet de l'émotion. Les mots me manquent pour apaiser complètement sa peine, mais je veux qu'il sache qu'il n'est pas seul. Il me fixe de ses grands yeux émeraude, où brillent des larmes retenues. Je caresse sa joue douce, cherchant à apaiser la peine qui l'étreint.

- Tu es unique, Lior. Tu es un mélange de deux mondes, et c'est ce qui fait ta force, je poursuis, ma voix empreinte de conviction. Tu es un petit garçon intelligent et plein d'énergie. Et je suis sûre que tu trouveras des amis qui t'apprécieront pour qui tu es vraiment.

Lior renifle, ses larmes commencent à couler sur ses joues. Je le serre dans mes bras, le réconfortant du mieux que je peux.

- Je sais que c'est difficile mais ne laisse pas les paroles de ces enfants te blesser. Ils ne te connaissent pas, ils ne savent pas quel trésor tu es.

Après un moment, Lior se dégage de mon étreinte, essuyant ses larmes du revers de sa main.

- Tu crois vraiment que je suis un trésor ?

Je souris et hoche la tête.

- Bien sûr. Tu es le plus précieux des trésors.

Lior me sourit à son tour, un sourire timide mais sincère.

- Merci.

Je lui prends la main et nous reprenons la route vers Brisevent, le cœur un peu plus léger.

En chemin, je lui parle alors de la diversité du royaume, de toutes les différences qui composent ce monde. Je lui explique que chaque être, qu'il soit Faë, humain ou hybride, a sa propre valeur et ses propres qualités. Je sais que les Faës peuvent être cruels et méprisants envers les humains, et je crains que Lior ne développe les mêmes préjugés s'il est à nouveau confronté à des situations similaires. Je vais tout faire pour lui apprendre également l'importance de l'empathie et de la compassion, afin qu'il puisse comprendre et accepter les différences des autres.

En arrivant au château, nous sommes accueillis par Sophia, qui nous attend avec un délicieux déjeuner. Les arômes chaleureux de la cuisine emplissent l'air, offrant un réconfort instantané. Je remarque que Zéphyr est absent, probablement occupé par ses affaires. Nous nous asseyons à table, et Lior commence à lui raconter sa matinée. Il semble avoir retrouvé sa joie de vivre, et je suis soulagée de le voir sourire à nouveau.

Après le déjeuner, Lior, fatigué par ses émotions et la marche, s'endort paisiblement dans mes bras. Je le porte jusqu'à sa chambre et le borde tendrement, admirant ses traits angéliques. Je suis remplie d'une affection grandissante pour ce petit être, et je me promets de le protéger de toutes les méchancetés du monde.

Plusieurs jours s'écoulent, Lior et moi sommes assis autour d'une table dans la bibliothèque du château, les livres déployés devant nous. J'ai entrepris de lui enseigner la lecture, et malgré ses réticences initiales, il est maintenant déterminé à apprendre.

- Alors, Lior, prêt pour notre prochain défi ? je demande avec un sourire.

Lior hoche la tête avec enthousiasme, ses yeux pétillants de curiosité. Je lui montre le mot « phénix » dans le livre.

- Voyons si tu peux déchiffrer ce mot.

Lior scrute attentivement les lettres, sa langue pointue dépassant légèrement de sa bouche alors qu'il réfléchit. Après quelques instants, il lève les yeux vers moi, un large sourire illuminant son visage.

- P... H... É... N... I... X ! Phénix ! s'exclame-t-il avec fierté.

Je ne peux m'empêcher de sourire devant son enthousiasme.

-Très bien, Lior ! Tu es doué pour ça. Voyons maintenant si tu peux lire celui-ci, dis-je en lui montrant le mot « dragon ».

Lior se penche sur le mot, ses yeux brillant d'excitation alors qu'il essaye de le décoder.

- Hmm... D... R... A... G... O... N ! Dragon ! annonce-t-il avec assurance.

Je lui lance un regard admiratif :

- Tu es vraiment doué, Lior !

Dans le calme feutré de la bibliothèque, Lior et moi sommes plongés dans notre session de lecture, chaque mot déchiffré l'aidant à progresser. Malgré les défis, son enthousiasme et sa persévérance transforment chaque moment d'apprentissage en une expérience amusante et gratifiante.

Alors que nous nous laissons emporter par notre univers de livres, une voix familière interrompt notre tranquillité. C'est Zéphyr qui fait son entrée dans la pièce. Lior lève la tête, un sourire espiègle étirant ses lèvres :

- Père ! Regarde, je suis en train de lire ! s'exclame-t-il avec enthousiasme, pointant du doigt le livre devant lui.

Zéphyr s'approche, affichant un air impressionné :

- Vraiment ? Et que lis-tu en ce moment ?

Lior lui montre fièrement la page, ses yeux brillant d'excitation :

- Je lis sur les phénix et les dragons !

Zéphyr lève un sourcil, un sourire taquin aux lèvres :

- Ah, les phénix et les dragons, des créatures aussi mystérieuses que fascinantes ! Et dis-moi, en as-tu déjà vu ?

Lior secoue la tête avec sérieux :

- Non, mais un jour, je les verrai !

Zéphyr éclate de rire, posant une main sur son épaule :

- Je n'en doute pas un seul instant, mon fils. Avec une détermination comme la tienne, tu pourrais même apprivoiser un dragon !

Lior lève les yeux vers son père, un éclat de détermination dans le regard :

- Vraiment, Papa ? Tu crois que je pourrais le faire ?

Zéphyr lui adresse un clin d'œil complice :

- Bien sûr, mon fils. Après tout, avec beaucoup de courage, tout est possible dans ce monde.

Sur ces mots d'encouragement, Lior se replonge dans son livre avec un nouvel enthousiasme, tandis que Zéphyr et moi échangeons un sourire complice.

- Mais les dragons et les phénix n'existent pas, pourquoi lui dire ça ? je demande discrètement, perplexe.

- Je préfère que mon fils grandisse avec la tête pleine de rêves, répond Zéphyr avec douceur, son regard brillant d'une tendresse infinie pour son fils. Après tout, les plus grands exploits commencent souvent par un simple rêve.

Après la leçon de lecture, j'emmène Lior auprès de Will pour son cours de poney. De retour, je me dirige vers la cuisine où Sophia s'active pour préparer le repas du soir.

- Qu'aimeriez-tu que je fasse pour t'aider ? je demande.

J'observe le faisan sur le plan de travail avec dégoût et me tourne vers Sophia en grimaçant. Elle éclate de rire :

- C'est incroyable, Lyra aurait réagi exactement de la même manière que toi ! Occupe-toi plutôt d'éplucher les carottes, s'il te plaît.

Je m'apprête à m'atteler à cette tâche lorsque Zéphyr apparaît dans l'encadrement de la porte, le visage assombri par une peine indicible. Son regard me transperce, et je sens instinctivement son malaise.

- Voulez-vous nous aider ? je lui demande doucement, cherchant à briser ce silence pesant et à détourner son attention.

Mais il secoue simplement la tête avant de s'éloigner sans un mot, laissant derrière lui une atmosphère lourde et inconfortable.

- Ça aussi, ça me rappelle Madame... murmure Sophia, désolée.

Je ne peux supporter de voir Zéphyr ainsi.

- Je te prie de m'excuser, dis-je à Sophia, je reviens tout de suite.

Je me dirige vers le bureau de Zéphyr, le cœur battant la chamade. Je frappe à la porte, puis j'entre sans attendre de réponse. Il est assis à son bureau, le regard perdu dans ses pensées, ses épaules voûtées sous le poids de sa tristesse.

- Zéphyr, je ne voulais pas vous faire de la peine, dis-je d'une voix douce, presque un murmure.

Il lève les yeux vers moi, visiblement gêné.

- Il n'y a aucun souci, marmonne-t-il. Vous ne le faites pas exprès. Je ne devrais pas réagir comme ça, ça met tout le monde mal à l'aise.

Je m'approche lentement, sentant mon cœur se serrer face à sa douleur.

- Non, pas du tout, je le rassure. Tout le monde vous comprend, sincèrement. Vous traversez une épreuve difficile, et il est normal de vous sentir bouleversé.

Il me regarde enfin, ses yeux saphir emplis d'une tristesse infinie. Un sourire faible se dessine sur ses lèvres tremblantes.

- On pourrait peut-être commencer à se tutoyer ? propose-t-il d'une voix brisée.

- C'est une excellente idée, je réponds avec chaleur, mes propres émotions à fleur de peau. Je te laisse... je vais retourner aider Sophia. Mais n'hésite pas à venir me parler si tu as besoin de quoi que ce soit.

- C'est noté, murmure-t-il, sa voix chargée de gratitude et de douleur.

Je sors du bureau, le cœur un peu plus léger, mais toujours lourd du poids de la peine de Zéphyr.

Le lendemain matin, un rayon de soleil matinal caresse mon visage à travers la fenêtre, me tirant d'un sommeil paisible. Je me lève, m'habille rapidement et descends prendre mon petit-déjeuner. En entrant dans la cuisine, je croise Zéphyr, vêtu d'une tunique et d'un pantalon en cuir robuste. Il a l'air pressé.

- Tu vas quelque part ? je demande, intriguée par son air affairé.

- Oui, j'ai une construction à faire dans le village voisin, répond-il avec un sourire en coin.

- Une construction ? Je ne savais pas que tu étais dans le bâtiment ! je m'exclame, surprise.

Zéphyr éclate de rire, amusé par mon ignorance.

- Tu ne t'es jamais demandé comment je gagnais ma vie, Élisabeth ?

Je me sens rougir, gênée de n'avoir jamais posé la question. Je secoue la tête, l'air penaud.

- C'est mon métier, me dit-il avec un clin d'œil. Je suis ce qu'on appelle un façonneur de vent. J'utilise mon don pour construire des moulins et d'autres structures qui exploitent la puissance du vent.

Je reste sans voix, découvrant ainsi un talent caché de Zéphyr.

- Je ne savais pas que tu pouvais manipuler le vent... C'est fascinant, dis-je, les yeux brillants de curiosité. J'aimerais beaucoup en savoir plus.

- Je serais ravi de te montrer, dit-il avec un sourire chaleureux. Si tu veux, tu peux m'accompagner aujourd'hui. Ce serait un plaisir de t'expliquer comment je travaille.

- Avec joie ! je m'exclame, enthousiaste. J'attrape mon manteau, impatiente de découvrir ce nouvel aspect de la vie de Zéphyr.

- Parfait ! Je vais demander à Sophia de s'occuper de Lior, dit-il en me tendant la main. Mais dis-moi, tu sais monter à cheval ?

Je ris doucement et secoue la tête.

- Non, je n'ai jamais eu cette chance.

- Mince, dit-il avec un air amusé en remarquant mon hésitation. Je demanderai à Will de t'apprendre à l'occasion. En attendant, tu feras la route avec moi, si cela ne t'ennuie pas.

Un sourire timide éclaire mon visage et je hoche la tête, acceptant son offre avec reconnaissance.

Il s'approche de l'écurie et prend les rênes d'une magnifique jument couleur crème que lui tend Will. D'un geste fluide, Zéphyr monte en selle et me tend la main. Un frisson d'excitation parcourt mon corps alors que je m'appuie sur sa main ferme pour me hisser derrière lui. Je m'accroche à sa taille, consciente de la chaleur de son corps à travers nos vêtements. L'odeur de cuir et de foin se mêle à son parfum naturel, créant une fragrance enivrante qui m'enveloppe.

Zéphyr donne une légère pression sur les flancs de la jument, et nous partons au trot. Le paysage défile sous mes yeux, un mélange de champs dorés, de forêts verdoyantes et de collines ondulantes. Je m'accroche à lui, un peu effrayée par la vitesse et les secousses, mais aussi étrangement excitée par cette proximité nouvelle. Je sens ses muscles se contracter sous mes mains à chaque mouvement du cheval, et je suis frappée par sa force et son agilité. Il me parle du temps, des saisons qui influent sur son travail, et des défis que pose la construction d'un moulin, comme trouver le bon équilibre entre solidité et légèreté. J'écoute attentivement ses explications, fascinée par sa passion et son savoir-faire.

Après un trajet ponctué de conversations animées, nous arrivons enfin au village voisin. Un moulin en construction se dresse devant nous, entouré d'une dizaine de personnes affairées. Je descends de cheval, les jambes un peu flageolantes, et Zéphyr m'aide à retrouver mon équilibre. J'observe avec fascination le faë alors qu'il se met au travail, manipulant les courants d'air autour de lui pour ajuster les pales du moulin. Son pouvoir est vraiment impressionnant. Je suis captivée par la danse gracieuse de ses mains et de son corps, qui semblent ne faire qu'un avec les éléments. Curieuse, je m'approche de lui, émerveillée par ce spectacle inattendu.

- Zéphyr... C'est incroyable ce que tu fais. Comment tu arrives à contrôler le vent comme ça ?

Il lève un sourcil, un sourire malicieux éclairant son visage, purement faë :

- Mon métier, c'est de construire des moulins en harmonie avec la nature, en utilisant les courants aériens à notre avantage.

J'incline la tête, intriguée :

- D'accord, mais... comment tu sais où les placer ? Ou comment les orienter aussi précisément ?

Zéphyr se penche vers moi, expliquant avec passion :

- C'est là que mon don entre en jeu. Je peux sentir les mouvements subtils de l'air, comprendre ses flux. Cela me permet de trouver les meilleurs emplacements pour nos moulins, là où le vent souffle avec force et constance. Et quand vient le moment de les construire, je peux guider les courants pour que les pales captent le vent de la manière la plus efficace possible.

J'acquiesce, impressionnée par ses paroles :

- Tu es vraiment connecté à lui... C'est comme si tu parlais son langage.

Un silence s'installe entre nous, chargé d'une émotion nouvelle :

- Tu as toujours eu ce pouvoir ?

Zéphyr me regarde avec intensité :

- Oui, Élisabeth, j'ai appris à le cultiver au fil des ans. Travailler en harmonie avec la nature est essentiel pour nous, les Faës. C'est ainsi que nous assurons un avenir durable pour notre communauté.

Je regarde autour de nous, comprenant soudainement l'importance de son travail.

- Tu connais chaque souffle, chaque brise... C'est beau. Et utile.

Il acquiesce, les yeux tournés vers la structure qu'il ajuste encore.

- C'est un peu ça, en effet. J'ai passé ma vie à observer, à apprendre, à ressentir le vent. C'est devenu une seconde nature pour moi.

Il se tourne vers le moulin en construction, ses yeux parcourant les détails de la structure avec une attention méticuleuse.

- Chaque moulin est unique. Parce que chaque endroit a sa propre énergie, ses propres vents. Mon rôle, c'est de trouver l'équilibre. Quand tout est bien aligné, le moulin fonctionne sans effort. Et tout le monde en bénéficie.

Je suis touchée par la passion tranquille qui se dégage de lui.

- Merci de m'avoir montré tout ça, Zéphyr. Je comprends mieux maintenant à quel point ton travail est précieux.

Il tourne la tête vers moi, et me regarde avec une douceur inattendue.

- C'est un plaisir, Élisabeth.

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