- Tu veux entrer ? je propose à Zéphyr, un peu mal à l'aise en me dirigeant vers ma porte se situant en face de celle de Lior.
- Avec plaisir, répond-il avec un sourire chaleureux.
Il pénètre dans mes appartements, et un silence pesant s'installe entre nous. Je me rapproche de la fenêtre pour observer la neige qui tombe doucement à l'extérieur, tandis que le crépitement du feu dans la cheminée résonne dans la pièce. J'entends Zéphyr ajouter une bûche au feu, puis ses yeux se posent sur moi. Je rougis instinctivement et me détourne, un peu gênée par son regard intense.
- Je te remercie pour cette journée, dit-il tentant de briser le silence. Lior était tellement heureux. Le voir rire aux éclats, c'est pour moi le plus beau cadeau de la journée.
- C'est un plaisir, je lui réponds empreint de sincérité. C'est vrai que ce n'était pas facile au début, mais je crois que j'arrive un peu plus à le comprendre maintenant. Il a besoin d'attention et de tendresse.
Il se rapproche de moi pour regarder la neige à travers la fenêtre, et son regard semble perdu dans ses pensées :
- Ce n'est pas près de s'arrêter, dit-il en observant les flocons tomber. J'espère qu'il y a suffisamment de réserves. Nous ne pourrons probablement pas quitter le domaine avant un moment, si la neige persiste. Ça nous est arrivé l'hiver dernier, presque deux semaines bloquées sous la neige. Will avait beau déneiger l'allée, il était compliqué de se rendre ailleurs. De toute façon, le marché était aussi fermé...
- Hmmm... je réponds, réfléchissant à ses paroles.
- Qu'y a-t-il ? me demande-t-il, remarquant mon silence.
- Rien... On dirait juste que tu cherches juste à faire la conversation... Mais on peut continuer à parler du temps si tu veux, je lui réponds, essayant de détendre l'atmosphère.
Il esquisse un sourire et se rapproche de moi :
- Qu'aimerais-tu alors ? me demande-t-il, son regard rempli de tendresse.
Je rougis encore plus, captivée par son charisme et sa beauté faë. Mon regard est attiré par ses cheveux noirs mi-longs aux reflets bleutés, qu'il a exceptionnellement laissé détachés et qui encadrent son visage à la mâchoire carrée et mettent en valeur ses oreilles pointues. Gênée par le fait de m'être aussi longtemps attardée sur ses traits, je tente de m'éloigner légèrement, mon cœur battant la chamade, mais il attrape doucement mon poignet, me retenant près de lui. Son toucher envoie un frisson le long de ma colonne vertébrale, et je suis submergée par un tourbillon de confusion et de désir. Mes yeux sont rivés sur ses lèvres charnues.
- Élisabeth... murmure-t-il, sa voix douce et rassurante.
Il plonge ses yeux bleu saphir dans les miens, puis pose délicatement ses lèvres sur les miennes. Un frisson parcourt mon corps, et je suis transportée par l'intensité de ce moment. Je réponds à son baiser, d'abord timidement, puis avec une passion grandissante. Nos corps se rapprochent, attirés l'un vers l'autre comme une force invisible. Son souffle chaud caresse ma peau, éveillant en moi des sensations inédites. Il dépose des baisers tendres derrière mon oreille, glissant le long de ma gorge, me faisant frémir de plaisir. D'un geste impulsif, je fais glisser sa veste sur le sol, mes doigts agiles défaisant les boutons de sa chemise pour dévoiler son torse musclé, impatiente de sentir la chaleur de sa peau contre la mienne. Lentement, il entreprend de déboutonner le col de ma robe jusqu'à ma poitrine, ses doigts effleurent mes seins avec une infinie douceur. Je ferme les yeux, me laissant emporter par un flot de désir dévorant. Il inspire profondément, comme pour capturer mon parfum, puis se fige soudainement. Ses yeux s'écarquillent, et une expression de surprise mêlée de confusion se peint sur son visage.
- Zéphyr ? je l'appelle timidement suite à sa réaction.
Il recule légèrement, son regard semblant chercher quelque chose dans mon visage.
- Je suis désolé, Élisabeth, je ne peux pas, avoue-t-il finalement, son ton empreint de tristesse.
- Je ne comprends pas, je m'y prends mal ? je demande, cherchant désespérément à comprendre ce qui vient de se passer en couvrant ma poitrine exposée.
- Ce n'est pas toi, c'est moi... commence-t-il en reboutonnant sa chemise, son regard fuyant. Pardonne-moi, c'est à son odeur que je m'attendais...
- Son odeur ? Mais de quoi parles-tu ? je demande, la panique montant en moi.
Il me regarde, honteux, et je comprends. Ses pensées vont vers Lyra. Un éclair de douleur traverse mon cœur, me laissant trahie, anéantie. Il ne voit pas en moi la femme qui se tient devant lui, mais un fantôme du passé.
- Je ne peux pas faire ça, je ne peux pas te faire ça, Élisabeth. Je serais le pire des monstres.
Il me regarde désoler, se retourne et quitte la pièce précipitamment, me laissant seule, désemparée. Je m'effondre sur le sol, submergée par une confusion et une tristesse indescriptible.
Mais que vient-il de se passer ... C'était son odeur qu'il voulait... Les larmes inondent mon visage, j'attrape sa veste et la sert contre moi, elle sent l'odeur de Zéphyr, mélange de vent frais et de bois sauvage...
Après un moment, je me redresse, essuyant mes larmes du revers de la main puis reboutonne ma robe. Une soudaine compréhension m'envahit. Les histoires que j'ai lues sur les faës, ces récits mystérieux qui décrivaient leur nature envoûtante et insaisissable, prennent un sens nouveau. Leurs sens, bien plus aiguisés que ceux des humains, sont à la fois un don et une malédiction. La tristesse de Zéphyr, son besoin de l'odeur familière de son épouse, c'était une réaction viscérale, profondément ancrée dans sa nature faë. Le lien sensoriel qui unit les faës à leurs partenaires est bien plus intense que je ne l'aurais jamais imaginé. Il ne s'agissait pas seulement d'une préférence, mais d'une nécessité presque vitale pour lui. Je comprends sa réaction, même si cela me déchire. Je ne suis pas Lyra, même si je lui ressemble. Je n'ai pas son odeur... Si Zéphyr m'avait fait l'amour ce soir, ça n'aurait pas été avec moi qu'il aurait fait... Je ne suis qu'une demi-faë, et je me sens terriblement seule, étrangère à ma propre nature.
Comment est-ce que je vais pouvoir le regarder en face maintenant ? Il ne veut pas de moi, je comprends. Je ne suis qu'un souvenir pour lui. Je ne peux pas rester, ça va le détruire, ça va aussi me détruire... J'éprouve de forts sentiments pour lui, je le ressens au plus profond de moi, mais nous ne pouvons pas continuer comme ça... Des larmes brûlantes coulent sur mes joues alors que je me lève avec un poids oppressant sur le cœur. Chaque fibre de mon être crie de rester, de lutter pour ce que nous avons, mais je sais que ce serait égoïste, cruel même. Lui imposer ma présence alors qu'il aspire à une connexion qu'il ne peut trouver qu'avec Lyra serait une torture pour nous deux.
Je ne peux pas rester ici, je ne peux pas continuer à me consumer dans cette douleur lancinante. Avec une détermination fragile mais nécessaire, je me lève et attrape un sac, pour commencer à y remplir mes affaires. Chaque mouvement est comme un déchirement, mais je continue, car je sais que c'est la seule façon de trouver un semblant de paix, de guérison. Je ne suis pas Lyra, j'ai déjà le sentiment de lui avoir volé une partie de sa vie. Je ne peux pas continuer à lui voler son mari.
Je suis sincèrement désolé Lior mais je ne peux pas rester.
Quand le sac est plein à craquer, je me tiens là, hésitante, mon regard balayant mes appartements une dernière fois. J'ai troqué ma robe en velours ivoire contre une tenue plus adaptée au froid, retiré chaque épingle de mes cheveux avant de les attacher pour qu'ils ne me gênent pas. Un pincement au cœur m'étreint à l'idée de quitter ce refuge douillet, mais je sais que je ne peux pas rester. Je prends une grande inspiration pour me donner du courage et descends ensuite discrètement les escaliers, sans faire de bruit. Par-dessus la rampe, j'aperçois Will, qui ronfle bruyamment, allongé dans le sofa près de la cheminée. Sa grande silhouette semble encore plus imposante avec sa masse de cheveux roux ébouriffés et sa grosse barbe. Il est probablement en train de décuver et ne s'est même pas rendu compte qu'il s'endormait, ce qui ne lui ressemble pas et me fait sourire. Un bruit sourd venant de l'extérieur me fait sursauter, brisant le silence oppressant. Quelqu'un frappe à la porte d'entrée, le son résonnent comme une cloche d'alarme dans la nuit. Je laisse tomber mon sac au pied des escaliers et me précipite vers la fenêtre, écartant les rideaux avec précipitation. Mes yeux s'écarquillent de surprise en voyant une silhouette familière luttant contre la tempête de neige. C'est Margaret ! Mon cœur bat la chamade, un mélange d'espoir et d'appréhension m'envahit. Que fait-elle ici, dans cette tempête ? A-t-elle été renvoyée du manoir ? Est-elle venue me chercher ? Je me précipite vers la porte d'entrée, l'ouvrant à la volée. Margaret s'effondre dans mes bras, son corps grelottant et son visage pâle comme la neige qui tourbillonne autour de nous.
- May, qu'est-ce que tu fais ici ? Par tous les Dieux, tu es transie de froid ! je m'écrie, alarmée par son état.
Elle me regarde avec des yeux remplis de fatigue et de fièvre, un sourire triste étirant ses lèvres.
- Lizzie... murmure-t-elle, sa voix à peine audible.
Je pose ma main sur son front, brûlant de fièvre. La peur me serre la gorge. N'ayant pas la force de la transporter moi-même, je laisse Margaret dans le couloir et secoue Will, qui semble vraiment plongé dans un profond sommeil.
- Will, Will !!! Réveille-toi, je t'en prie !!!
- Hmmm ... marmonne-t-il. Pas de leçon d'équitation aujourd'hui, il neige.
- Will, s'il te plaît, il nous faut un guérisseur au plus vite ! je crie, l'urgence dans ma voix.
Cela le réveille instinctivement. Il ouvre les yeux, d'abord confus, puis alerté par mon expression paniquée.
- Qu'est-ce qui se passe ? demande-t-il, se redressant d'un bond.
- C'est May, dis-je en pointant vers le couloir. Elle est malade, très malade. Il faut trouver un guérisseur.
- Qui ? questionne t'il.
- C'est une amie proche qui travaillait avec moi avant que j'arrive ici, au manoir Hayward ...
Sans perdre un instant, Will se précipite vers Margaret, son visage se crispant en voyant son état. Il la porte et l'installe sur le sofa où il était endormi un peu plus tôt, puis il se tourne vers moi, ses yeux remplis d'une inquiétude grandissante :
- Je vais chercher de l'aide tout de suite, dit-il d'une voix grave. Mais ça risque de prendre du temps, la tempête fait rage dehors. Essaie de faire redescendre sa température.
- Fait vite, je t'en supplie !!
Will, le visage grave, hoche la tête et se précipite vers la porte, il enfile son manteau et semble se figer à la vue de mon sac près des escaliers, il se tourne vers moi. Je secoue la tête refusant de répondre à toutes question, puis il disparaissant dans la nuit glaciale.
Je reste auprès de Margaret, luttant contre le désespoir qui me submerge comme une vague noire. Son souffle est faible, un fil ténu qui s'accroche à la vie. Sa peau, autrefois si douce, est maintenant brûlante sous mes doigts tremblants. Je me sens impuissante face à sa souffrance, chaque minute qui passe est une torture, une éternité d'angoisse. Je ne peux m'empêcher de me demander pourquoi elle a bravé cette tempête de neige pour me rejoindre, risquant sa vie. Des heures semblent s'écouler, chaque tic-tac de l'horloge résonnant comme un glas funèbre.
- Ne m'abandonne pas May, lui dis-je en plaçant un linge glacé sur son front brûlant. Je t'en supplie. Tu ne tombes jamais malade d'habitude, tu es forte, tellement forte... Tu as toujours été là pour moi, ne me laisse pas seule maintenant. J'ai besoin de toi.
Enfin, la porte s'ouvre et Will réapparaît, suivi d'un guérisseur faë vêtu d'une robe sombre. Grand et décharné, il dégage une aura inquiétante, ses yeux noirs perçants semblant sonder les profondeurs de l'âme. Le faë s'approche de Margaret, son visage impassible masquant ses pensées. Il l'examine avec une attention méticuleuse, ses doigts experts tâtant son pouls, auscultant sa poitrine. De légères vibrations semblent émaner de ses mains, comme s'il pouvait ressentir son mal à travers son toucher. Je retiens mon souffle, chaque battement de mon cœur résonnant comme un appel désespéré à la vie. Mais alors que le guérisseur se redresse, son expression est sombre, un voile de tristesse obscurcissant ses yeux :
- Je suis sincèrement désolé, il ne lui reste que quelques heures, il n'y a malheureusement plus rien à faire... souffle-t-il, ses paroles me transperçant comme des lames.
Je me fige, le monde s'écroulent autour de moi. « Trop faible... trop tard... mourir dans les heures qui arrivent. » Les mots du guérisseur qui se suivent résonnent dans ma tête, un écho cruel qui me plonge dans un abîme de désespoir. Margaret, mon amie, si pleine de vie, de rires et d'espoir, va mourir. Une boule d'angoisse se forme dans ma gorge, étouffant mes sanglots. Je me penche sur Margaret, serrant sa main frêle entre les miennes, incapable de retenir les larmes qui coulent sur mon visage. Son souffle est à peine perceptible, un murmure fragile qui s'échappe de ses lèvres pâles. Ses yeux sont clos, comme si elle cherchait refuge dans un sommeil agité, loin de la douleur qui la ronge.
Je me sens impuissante, désemparée, déchirée par la douleur de cette perte imminente. Pourquoi ? Pourquoi a-t-elle bravé cette tempête pour me rejoindre ? Pourquoi le destin s'acharne-t-il ? La colère et le désespoir se mêlent en moi, formant un tourbillon d'émotions qui menace de me submerger.
J'aperçois Will prendre mon sac et le ranger discrètement dans un placard, son regard lourd de jugement pèse sur moi. Que s'imagine-t-il ? Que j'avais donné rendez-vous à Margaret la nuit du solstice d'hiver pour m'enfuir ? C'est ce que je m'imaginerais à sa place... Je détourne le regard, cherchant en vain du réconfort auprès de Zéphyr. Mais il n'est pas là...
Je reste auprès de Margaret, veillant sur elle dans ses derniers instants, luttant contre le chagrin qui menace de m'engloutir. Épuisée par l'émotion et la fatigue, je m'agenouille près d'elle, reposant ma tête près de la sienne, ma main serrant toujours la sienne, comme pour la retenir dans ce monde qui s'apprête à lui échapper.
J'entends la porte d'entrée s'ouvrir, puis Zéphyr entre dans le salon, son visage exprimant la surprise en nous découvrant. Il s'approche du canapé où repose Margaret, examinant attentivement son visage pâle et ses lèvres décolorées.
- Que se passe-t-il ici ? demande-t-il d'une voix rauque, l'angoisse transparaissant dans ses yeux saphir. Qui est cette femme ?
Je relève la tête, les larmes brouillant ma vision.
- C'est May ... Margaret... elle est malade, très malade, dis-je, ma voix brisée par les sanglots.
- C'est une amie ? Elle travaillait avec toi au manoir, c'est bien ça ?
Je hoche la tête, incapable de parler. Zéphyr s'agenouille près de Margaret, posant délicatement sa main sur son front brûlant. Son visage se crispe, un mélange de douleur et de peur se lisant dans ses traits. Il se tourne vers moi, ses yeux remplis de questions silencieuses.
- Le guérisseur a dit... il ne lui reste que quelques heures, je murmure, chaque mot me déchirant un peu plus. Mais où étais-tu ?
Zéphyr évite mon regard un instant, avant de répondre, la culpabilité perlant dans ses yeux.
- Quand j'ai vu Will endormi dans le canapé, je ne voulais pas le déranger. Je suis allé dans les écuries vérifier si les chevaux ne risquaient rien avec cette tempête de neige. J'ai pris soin de Typhon, le poulain, en le protégeant du froid avec une couverture. Et j'avais besoin de réfléchir ... Je ... Je ne me suis pas rendue compte, je me suis assoupi dans le box.
Je le regarde, abasourdie, mon cœur se serrant de colère et de douleur.
- Tu... Tu m'as laissée seule !!! je crie, incapable de contenir ma frustration.
Zéphyr se fige et semble déstabilisé par ma réaction, cherchant ses mots. Mais à quel moment, je pense, en lui disant ça, quand j'attendais le guérisseur ou quand nous étions tous les deux seuls dans ma chambre ? Je secoue la tête pour chasser ces pensées. Ce n'est pas le moment.
Un silence pesant s'abat sur la pièce, seulement troublé par le crépitement du feu dans la cheminée et le souffle court et irrégulier de Margaret. Zéphyr se redresse lentement, son regard se perdant dans le vide, comme s'il cherchait une réponse à une question insoluble.
- Je suis désolé, je ...
- Finalement, laisse-moi ! je l'interromps abruptement. Ta présence ne m'aide en rien...
Mes paroles semblent le blesser, son regard s'assombrit :
- Je comprends ... soupire-t-il ; Je vais voir si Lior est encore endormie. Il ne doit pas voir ça...
Je hoche la tête, mais son visage reste sombre, marqué par une douleur intérieure que je ne peux comprendre. Sans un mot de plus, il se dirige vers la chambre de son fils, me laissant seule avec Margaret et le poids écrasant de mes émotions contradictoires.
Je caresse doucement les cheveux bruns de mon amie, chuchotant des paroles de réconfort que je sais inutiles. La tristesse m'envahit, me submergeant comme une vague déferlante. Comment accepter l'inacceptable, la perte d'un être cher ?
Sophia entre dans la pièce, les yeux encore rougis par l'alcool et le visage marqué par l'inquiétude. Sa silhouette menue est enveloppée dans un châle de laine grise, et ses cheveux blonds, habituellement si soignés, sont légèrement ébouriffés. Elle s'approche de moi, une expression de compassion dans ses yeux marron.
- Will est venu me chercher et m'a expliqué... Comment va-t-elle ? demande-t-elle doucement, sa voix légèrement enrouée par l'alcool et la fatigue.
Je secoue la tête, incapable de prononcer un seul mot. Sophia s'agenouille à mes côtés, posant une main réconfortante sur mon épaule.
- Je suis là pour toi, Élisabeth, murmure-t-elle. Nous sommes tous là pour toi.
- Non, c'est faux ! Je suis seule, je resterai toujours seule ! je m'écrie, les larmes coulant à nouveau, répétant les mêmes paroles dites enfant à la directrice Acacia, à l'orphelinat.
- C'est pour ça que tu voulais partir ? demande Sophia avec douceur, ses yeux cherchant les miens, pleins d'une douleur partagée.
Je reste silencieuse, incapable de répondre. L'émotion m'étreint, me laissant muette face à cette question qui résonne dans ma tête. La pièce semble soudainement plus petite, étouffante, alors que je suis submergée par la solitude et la tristesse.