Les portes massives du palais royal s'ouvrent lentement devant nous, révélant une scène digne des contes les plus grandioses. Les gardes en armure étincelante se tiennent au garde-à-vous, leurs lances dressées en un salut impeccable. Le bruit sourd de leurs bottes contre le sol de marbre accentue le silence solennel qui règne dans l'immense hall d'entrée. Le roi Roderick, majestueux et imposant, avance avec une grâce naturelle, son menton légèrement relevé et son regard fier fixé droit devant lui. Derrière lui, Thorne, imposant et silencieux, ferme la marche, ses yeux couleur d'ambre balayant chaque recoin, chaque ombre, prêt à bondir au moindre signe de danger.
Éblouie par la splendeur des lieux, je suis le roi d'un pas hésitant. Les murs de marbre poli réfléchissent la lumière chaude des torches, créant un ballet de reflets dansants qui amplifie l'atmosphère onirique de cet endroit. Des tapisseries somptueuses aux couleurs chatoyantes, dépeignant des scènes épiques de batailles et de victoires passées, ornent les murs, rappelant la grandeur de ce royaume séculaire.
Alors que nous avançons, je sens les regards pesants des courtisans et des serviteurs faës se poser sur moi. Leurs yeux, emplis de curiosité et parfois de méfiance, suivent chacun de mes mouvements. Je sais qu'il n'y a aucun humain parmi eux, mais je ne peux m'empêcher d'essayer de les chercher du regard. Cette absence me trouble, me faisant prendre conscience de l'ampleur de la distance entre ces deux mondes.
Le roi nous guide à travers un dédale de couloirs sinueux, chaque pas résonnant avec une clarté presque musicale sur le marbre froid. Mon cœur bat la chamade alors que je me demande ce qui m'attend dans ce labyrinthe opulent. Je sens le regard perçant de Thorne posé sur moi, scrutant chaque détail de mon apparence, chaque nuance de mon comportement.
Nous arrivons finalement devant une immense porte en chêne finement sculpté. Le roi l'ouvre d'un geste empreint de gravité, révélant une vaste salle d'entraînement inondée de lumière naturelle filtrée par de hauts vitraux. L'air est empli du cliquetis des armes et du murmure des respirations concentrées. Au centre de la pièce, une jeune femme aux cheveux bruns bouclés et aux yeux émeraude vif s'entraîne à l'épée avec un homme. Ses mouvements sont rapides et précis, son visage exprimant une concentration féroce. Elle porte une tenue d'entraînement en cuir souple qui épouse parfaitement ses formes athlétiques, mettant en valeur chaque courbe de son corps en action. Ses cheveux, retenus en une queue de cheval haute, révèlent la délicatesse de sa nuque et l'élégance de ses traits fins.
Le roi s'avance vers elle, un sourire fier éclairant son visage fatigué par les années et les responsabilités.
- Éléanor, dit-il d'une voix douce mais puissante, j'aimerais te présenter quelqu'un.
Elle envoie un coup de pied fulgurant vers l'homme, qui esquive agilement en pivotant sur le côté. D'un mouvement fluide, il réplique en lui assénant un coup de coude qui la fait vaciller. Éléanor se retourne brusquement, un éclat de défi dans les yeux.
- Deux petites secondes, mon frère, rétorque-t-elle avec une pointe de malice.
L'homme rit joyeusement et esquive ses attaques avec une aisance déconcertante. Une, deux, trois fois, il évite ses coups avec la précision d'un danseur. Finalement, la princesse feint une ouverture et, avec une rapidité surprenante, elle frappe derrière les genoux de son adversaire, le faisant chuter lourdement. Mais dans sa chute, il l'agrippe par le poignet, et tous deux dégringolent sur le tapis moelleux au sol, riant de bon cœur. Leurs rires résonnent dans la grande salle, rompant la tension et transformant leur duel en un ballet gracieux.
Je suis absolument subjuguée par leur combat, une danse parfaite de force et de finesse. Tandis qu'ils se relèvent, encore secoués de rires, je ne peux détacher mon regard de cet homme. La princesse, quant à elle, s'incline avec élégance devant le roi, son frère, tandis que l'homme ramasse les épées dispersées et s'incline respectueusement devant son souverain.
Éléanor me dévisage longuement, une lueur d'évaluation dans ses yeux émeraude, mais c'est le regard perçant de l'homme qui capte toute mon attention. Ses iris rouge sang, envoûtantes comme des braises incandescentes, sont entourées d'un dégradé de noir mystérieux. Ses cheveux chocolat aux reflets rubis semblent danser autour de lui, animés d'une énergie ardente et indomptable. Il me scrute de la tête aux pieds, ses yeux brillants de curiosité et d'un soupçon de défi, et je sens une montée de chaleur et d'appréhension face à son regard intense.
- Pas de doute mon roi, c'est bien votre bâtarde, dit-il d'un ton neutre mais incisif, déclenchant en moi un sursaut de surprise.
Je détourne les yeux vers la princesse, qui semble mesurer chaque mot, chaque nuance de la situation. Son expression se durcit légèrement.
- Tu aideras Élisabeth à maîtriser ses pouvoirs, déclare le roi en se tournant vers Éléanor. Elle a tendance à provoquer des épidémies là où elle séjourne.
Éléanor grimace, ses doigts époussetant distraitement une poussière invisible sur ses vêtements. Elle n'a pas l'air enchantée par la perspective.
- Drake, poursuit le roi en s'adressant à l'homme, vous vous occuperez de son entraînement au combat. J'aimerais qu'elle apprenne à se défendre. J'ai peur qu'une hybride et bâtarde du roi ne soit une cible parfaite ici.
Drake hoche la tête, son regard se durcit légèrement.
Le roi se tourne alors vers Thorne :
- Vous êtes désormais chargé de sa protection, annonce-t-il avec fermeté. Vous aurez des appartements à côté des siens. Nous l'installerons dans une aile destinée aux invités.
Enfin, le roi se tourne vers moi, ses yeux brillant d'une chaleur inattendue :
- Bienvenue au palais, Élisabeth.