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7 - Chapitre 5
8 - Chapitre 6
9 - Chapitre 7
10 - Chapitre 8
11 - Chapitre 9
12 - Chapitre 10
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31 - Chapitre 29
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Chapitre 13

Nora et Maximilien finirent la toilette des familiers en silence, la crainte de la future rencontre avec Theol pour décider de son sort les empêchait d’articuler le moindre mot ; même Arashta ne lançait plus aucune pique. Après avoir passé une demi-heure à scruter les moindres blessures possibles – même si c’était inutile apparemment, juste un moyen de distraire ceux qui ne servaient à rien dans ce palais ou de retarder l’inévitable à l’instant présent –, ils quittèrent la pièce en silence pour se diriger vers la salle du trône, accablés par cette tension asphyxiante. Les questions se bousculaient dans sa tête, mais aucune ne sortit de ses lèvres : Nora connaissait son père, pas son verdict quant à son existence. Alors inutile de l’assaillir d’angoisses dont il n’avait pas la réponse. 

Tous deux arrivèrent face à des portes gigantesques, encore plus fastueuses que le reste. Les deux gardes présents les ouvrir et les annoncèrent, toutes les têtes dans la grande salle se tournèrent vers eux, l’œil curieux comme haineux. Tous les chefs de famille étaient présents, celui des Qhuan paraissait le plus véhément des trois. 

« C’est un jugement. », et cette pensée suffit à affoler l’esprit de Maximilien : plusieurs personnes inconnues se tenaient debout, dans cette pièce bien trop vaste pour si peu de gens, avec en haut des marches Theol et son fameux assistant. Kahl et Osari se tenaient de chaque côté, Almagar en bas avec une femme à ses côtés. Maximilien ne s’attarda pas davantage sur elle, trop obnubilé par ce qui se tramait sous ses yeux. 

– Vous êtes enfin là ! 

Le ton enjoué du Skal l’angoissa plus qu’autre chose, la main de Nora dans son dos – pour l’inciter à avancer – lui permettait de rester connecté à la réalité. Le problème, c’était qu’il ne connaissait toujours pas toutes les politesses et manières de ce pays, alors s’il faisait une seule erreur…

– Baisse la tête, avance tranquillement et tu t’agenouilles devant lui avant moi, en bas des escaliers, lui murmura le Stir, les yeux fixés sur son père. 

Seul un merci lui échappa des lèvres alors qu’ils continuaient leur route, à travers le petit attroupement, pour arriver face à cette tribune populaire : non, ce n’était pas une justice, mais une exécution sociale par pure vengeance. Une personne n’incarnait pas tout un groupe dont il n’était même pas partisan totalement – sur les idées – ; une morale n’était pas une justice, la haine n’était pas une loi. Les genoux au sol, les mains sur ceux-ci, le visage tourné vers le sol, le voilà soumis à cet humain prétentieux qu’il pourrait évincer avec ses pouvoirs temporairement disparus. 

« Qu’est-ce que c’est énervant… »

– Tu as été un peu lent à arriver, mon fils ! 

Le sarcasme n’échappa à personne et certains s’esclaffèrent, d’un rire hypocrite, comme pour s’attirer des faveurs inexistantes. En relevant rapidement le regard, il put voir le chef des Valtorès et celui des Feliaris hausser les sourcils de dépit. Nora mit un seul genou à terre, la mâchoire serrée. 

– Nous nous occupions de mes familiers, père, articula-t-il avec une teinte de colère. 

– Ah, tes bêtes ? soupira Theol. Tu as raison, si une bataille est à venir, il est préférable qu’elles soient prêtes.

– Ce ne sont pas que des bêtes et elles sont toujours prêtes pour n’importe quelle mission, elles savent se battre mieux que quiconque ici. Et leur fonction principale reste de protéger les livres de cette cité et de conserver la mémoire de notre Histoire, de notre Savoir, pas de combler le manque de soldats au sein du palais. Et si vous souhaitez avoir des hommes, demandez de l’aide aux autres pays, même si vous vous obstinez à ne pas le faire.

Kahl et Almagar lâchèrent un sourire approbateur tandis que le reste de la salle s’assombrit sous la provocation de Nora : était-ce parce qu’il avait placé des animaux au-dessus du Skal ? Maximilien jeta un coup d’œil au souverain, mais son expression demeurait impassible. 

– Bien, ignora-t-il, sais-tu pourquoi tu es ici, avec ta petite rose ? 

Une fois de plus, les rires s’élevèrent, mais il ne comprit pas la raison exacte : le surnom semblait les avoir déclenchés, peut-être une référence amoureuse ou sexuelle vu que Nora l’avait pris sous son aile depuis le début. 

De vrais esprits dépravés par leur idiotie. 

Cela eut l’air d’avoir énervé celui à ses côtés, ses yeux verdoyants se plissèrent. 

– Non, mais vous me ferez l’honneur de me l’expliquer, père, pour éclaircir ma stupidité. 

« Ne ris pas sinon tu meurs », mais que c’était dur de se retenir face à l’insolence de Nora et il prenait, à nouveau, bien note de cette petite fierté dès que cela touchait à son intelligence : le sous-estimer l’agaçait au plus haut point. Un petit tic nerveux secoua les lèvres de Theol, son regard se posa sur lui, de véritables flammes prêtes à le calciner sans vergogne. 

– Cela te fait rire, Catal ? 

Malheureusement, il n’avait pas été assez maître de ses réactions, une goutte de sueur dégoulina sur sa tempe, incapable de trouver une réponse adéquate ; à sa plus grande surprise, ce fut Kahl qui intervint. 

– Allons, père, il tremble plus qu’il ne rit, puis il faut avouer que la situation de mon idiot de frère est sacrément marrante. 

Un rattrapage étrange, mais un rattrapage quand même. Le Skal parut se détendre et il caressa sa barbe, ses rides se creusaient dès qu’il souriait. 

– C’est vrai et j’ai une proposition, Nora Morgas. 

– Une proposition ? 

Son étonnement le contamina aussi, persuadé d’être là pour un jugement et non pour une simple proposition. Mais le ton mielleux de Theol lui susurrait qu’un serpent se cachait sous la pierre. 

– Oui, tu as bien entendu. Un entraînement de trois mois où tu deviendrais le mentor de ce Catal avec l’aide de ceux qui ont jugé bon de s’opposer à moi quand je l’ai puni, précisa-t-il, pour le former comme soldat. 

– À quel but ? 

La rapidité à laquelle Nora posa la question donnait la chair de poule à Maximilien : un piège, c’était cela. Juste un bourbier dont il ne connaissait pas l’envers. Quand il vit le regard de Kahl se détourner et les yeux d’Almagar se baisser, cela le convainquit davantage dans ses croyances. Le pire, ce fut la tension qu’il perçut chez Ulios, car lui aussi avait tenté de calmer le Skal pendant le fameux dîner, en vain. Theol écarta les bras, les mains tournées vers le ciel, le soleil éclatait sur sa peau, comme une divinité qui assénait son jugement. 

– À la fin de cette période, reprend-il, un combat sera organisé. Si le Catal l’emporte, il pourra être libre et reconnu comme un citoyen de Laven. Dans le cas contraire… 

Ses deux billes verdâtres scintillèrent entre les rayons, brûlant sur sa peau pâle et amochée. 

– Il sera exécuté sans sommation, s’il ne meurt pas avant. 

Le silence accompagna la phrase, les respirations se suspendirent le temps de quelques secondes et ce fut Nora qui brisa cette ambiance, la voix entremêlée d’émotions impossibles à identifier. 

– Et qui sera son adversaire ? 

Le murmure arriva jusqu’aux oreilles de son père, dont le sourire s’élargit beaucoup trop. Et le nom retentit, une sentence qu’il n’aurait jamais souhaité entendre et encore moins dans ces conditions déplorables. 

– Ton frère, Kahl. 

⋅•⋅⊰∙∘☽༓☾∘∙⊱⋅•⋅

Les pas de Nora tapaient contre le sol fastueux, Maximilien le suivait difficilement avec ses blessures qui le lançaient de nouveau. Sa stature crispée déambulait devant lui, telle une furie en proie à une haine incontrôlable. 

– Nora, tu marches trop vite ! 

Le susnommé, comme écoutant ses mots, s’arrêta net au milieu du couloir et il faillit se prendre son dos en pleine face. La sueur perlait sur sa peau douloureuse et le Stir se retourna, les sourcils froncés et les poings serrés. 

– Tu ne comprends donc pas la situation dans laquelle tu es ? 

La crainte fit vibrer son cœur tandis que le goût âcre de la colère envahissait sa bouche, dont les lèvres asséchées craquaient sous la pression. 

– Que sa proposition est comme une mise à mort ? cracha Maximilien. J’avais bien compris, mais il existe aussi une infime possibilité que je réussisse et… 

– Non, tu ne réussiras pas. 

La radicalité de Nora le poussait petit à petit dans ses retranchements et la rage se propageait dans ses veines, l’amertume créait une bile dans sa gorge. 

– Tu ne sais même pas de quoi je suis capable, asséna-t-il, et je n’accepte pas que quelqu’un parle de mes capacités physiques sans les connaître. Je suis peut-être en mauvais état, mais je sais de quoi je suis capable. 

Plus que quiconque, Maximilien avait conscience de ses facultés : à l’instar d’Elios, qui n’avait pas hésité à écouter les Conquérantes, les Piliers et ne s’était entraîné qu’à maîtriser ses pouvoirs, lui s’était laissé porter par des entraînements intenses de combat pour se défendre au cas où sa puissance céleste ne suffirait plus. Tous l’avaient critiqué et vu comme un être violent et indiscipliné pour cette décision, mais il ne la regrettait absolument pas. Heureusement pour lui, un des maîtres de guerre de Dual l’avait aidé pour apprendre les différentes manières de se battre. 

Nora le toisa de haut en bas, dubitatif et cela suffisait à le faire sortir de ses gonds. 

– Fais au moins semblant de croire en moi, fulmina Maximilien, et même mieux : laisse-moi mourir pendant ce combat, même avant, ça t’évitera bien des conflits ! Quel intérêt de protéger un Catal comme moi, hein ? Un être immonde qui ne mérite que de voir son corps se faire battre et son âme se faire châtier ? Dis-moi ! 

La peine qui voguait dans ses magnifiques yeux, teintés d’un émeraude éclatant, sonnait comme une insulte pour sa personne : à cet instant, c’était la dernière chose dont il avait besoin. 

– Connais-tu l’histoire de ma famille ? finit par dire Nora, dans un soupir las.

– C’est une question piège ? pesta Maximilien.

– Non. 

Ses souvenirs le renvoyaient au moment où il étudiait les mortels et les regardait à travers les glaces et les orbes, pendant de brèves périodes, car les autres divins lui interdisaient l’accès au monde des humains. Même si le nom des Morgas était passé de nombreuses fois sous ses yeux, il ne pouvait plus faire confiance à ses propres connaissances. 

– J’ai lu des livres sur vous, sans savoir s’ils étaient véridiques ou non, admit-il, suspicieux. Pourquoi ? 

– Suis-moi. 

Avec une certaine douceur, Nora lui saisit le bras et le poussa à marcher jusqu’à une pièce, qu’il reconnut directement quand il mit les pieds dedans : sa chambre.

– Tu n’as pas de salle de travail ? marmonna-t-il, une moue provocatrice sur le visage.

– Justement, tais-toi et continue. 

Son ton agacé lui arracha un pauvre sourire et ils finirent par monter des escaliers derrière une porte cachée, jusqu’à atteindre le sommet d’une tour – il le supposait vu le nombre de marches parcourues – et un vent fort, mais tranquille fouetta son visage. Tout comme sa chambre, la pièce restait d’une modestie captivante, aucune fenêtre ne venait arrêter la brise, seuls des piliers en pierre donnaient sur l’extérieur alors que l’intérieur se constituait d’un grand bureau en chêne, de quelques étagères où régnaient livres et dossiers, puis une table où reposaient des… fleurs ? 

– Le bureau en bas ne sert que de leurre ? s’étonna Maximilien. Et pourquoi des fleurs ? Ce sont des décorations ça, non ? 

Sans même chercher son autorisation, il s’avança vers le rebord et lança un regard sur les plantes éparpillées, puis il revint vers le paysage que donnait Laven, cette cité blessée et explosive de vie. 

– C’est magnifique, murmura-t-il. 

– Oui, ça l’est, confirma Nora, et mon bureau en bas est effectivement un leurre où je mets tous les papiers les moins importants. Vu que je gère le secteur marin, le commerce international, toutes les bibliothèques et le bien-être de la cité… Il est préférable de ne pas laisser traîner mes documents n’importe où. Et pour les fleurs… 

Il s’approcha d’elles et tendit les mains pour en effleurer les pétales, le regard dans le vague. 

– J’aime juste la composition florale, c’est un de mes passe-temps. 

– Eh bien, ricana Maximilien, entre les animaux et les fleurs, tu es en réalité un vrai sensible, un petit cœur d’artichaut.  

Quelques rougeurs de honte et de colère s’égarèrent sur les joues du Stir alors que Maximilien lui lançait un sourire mutin, ravi de sa réplique. 

– Je ne vois pas en quoi c’est drôle, tu es un brin trop insolent avec moi, pesta Nora. 

– Oh, mais je ne me moque pas. Je trouve juste que c’est… mignon. 

– Ce n’est pas mignon d’aimer les animaux ou les fleurs, c’est normal. 

« Toujours cette fierté mal placée… ». Cela l’arrêta, peu enclin à entrer dans une dispute sans fin. 

– Je n’ai jamais dit le contraire, c’est même appréciable. 

– Alors cesse de me railler. 

Maximilien revint sur ses pas et laissa son regard couler sur le bleu et le blanc des fleurs posées contre la table, fraîches et délicates. Il ne savait pas quel genre de bouquets il allait faire, mais cela serait sublime. 

– Parle-moi de l’histoire de ta famille, reprit-il, nous sommes ici pour ça, non ? 

Nora, si près de lui qu’il arrivait à sentir la chaleur de sa peau sur la sienne, guigna en sa direction et ses longs cheveux volèrent entre les caresses du vent. Les mots vinrent après une bonne minute de silence, où leurs yeux n’avaient fait que se jauger l’un et l’autre, celui censé haïr et celui censé être haï.

– Notre lignée s’étend depuis plusieurs siècles, sur près de cinq mille ans, débuta-t-il, cassant le contact visuel entre eux. Nous sommes connus pour nos pouvoirs et notre passif controversé, certes, mais notre histoire est d’autant plus réputée grâce à Galiale, le Lion des Vœux. La légende que nous racontons aux enfants relate une bête divine, capable d’accorder des souhaits. Notre famille, il y a des siècles en arrière, aurait eu accès à trois vœux à la naissance du premier fils : le premier venait de la mère, elle souhaitait qu’il soit protégé, peu importe où il allait, que rien ne puisse l’atteindre. Alors Galiale lui a accordé le droit de contrôler la nature. Le père, en deuxième, voulait que personne ne puisse duper son fils, alors Galiale lui conféra la possibilité de pénétrer les esprits. Le dernier vœu revint à Galiale lui-même, qui confia la faculté de se transformer en animal au petit…

– Pourquoi ton père semble si peu prendre en considération tes familiers ? coupa Maximilien, happé par son histoire qu’il connaissait de loin. 

Sa question eut don de faire sourire légèrement Nora, qui se tourna légèrement vers lui alors qu’il assemblait certaines fleurs entre elles. 

– Parce que nos pouvoirs peuvent sauter des générations et mon père en fait partie, d’où sa mauvaise entente avec les animaux et son… ego surdimensionné. 

– Tu veux dire qu’il n’a aucun… enfin, pas de magie ? 

– Il n’a aucune essence magique, de Kin, effectivement. 

Ainsi, c’était bien le terme employé ici pour parler de la base même de la magie qui circulait dans leurs veines. Il ne savait pas si le fonctionnement était similaire, mais le principe demeurait dans des circuits intraveineux qui ne se mélangeaient pas au sang et se dissolvait au moment de son utilisation pour passer dans les pores de la peau. Cette essence intangible se solidifiait selon la nature du Kin, comme un élément chimique qui pouvait se métamorphoser en plusieurs autres éléments par la simple force de la pensée – le cerveau étant la machine qui contrôlait le tout. Ne pas en avoir n’était pas mortel, c’était spécifique à certaines lignées, mais cela restait un désavantage indéniable. Peut-être qu’il existait certaines différences, mais si c’était la même chose… 

Alors il ferait mieux de ne pas retrouver ses pouvoirs tout de suite, car si Nora ou quelqu’un d’autre était capable de détecter le Kin aussi bien que lui et d’identifier la race et les pouvoirs liés, cela lui causerait bien trop d’ennuis. Il se souvint d’ailleurs d’une petite partie de cette histoire de Galiale, qu’il avait déjà lu encore et encore dans ses livres, même s’il n’était plus sûr de sa véracité.

– Si je me souviens bien, continua Maximilien, les parents n’étaient pas satisfaits et voulaient un pouvoir en plus, alors Galiale leur a accordé ce souhait à deux conditions : le pouvoir serait aléatoire à la naissance et si l’enfant n’arrive pas à le maîtriser avant ses dix ans, il meurt. 

– C’est ça, souffla Nora avec un petit rictus moqueur, tu en connais un peu quand même, pour un inculte. 

En disant cela, il s’était quelque peu baissé vers lui, un bouquet de blanc et de bleu entre ses doigts.

– Je peux être surprenant, souffla Maximilien. 

– Je n’en doute pas une seule seconde. Je n’attends que ça, d’être surpris. 

La chaleur dans son regard suffit à le paralyser, il fut hypnotisé par la gentillesse surprenante de cet homme, pourtant ennemi d’un peuple qui se proclamait fanatique de Dual. Maximilien laissa ses yeux tomber sur les fleurs et il prit une profonde inspiration. 

– Et où veux-tu en venir avec cette histoire, au juste ? 

Nora fit tourner les tiges entre elles, pensif. 

– Notre quatrième pouvoir est si puissant que nous pouvons en mourir si nous ne le maîtrisons pas et ce n’est pas un mythe. Kahl, moi et Osari y sommes parvenus. Nous avons toujours été à la tête de chaque cité où nous avons habité, parce que nos pouvoirs surpassaient tout le monde, même ceux de beaucoup de dragons. Alors imagine une seconde si toi, un simple humain sans Kin, te mesurait à mon frère, que penses-tu qu’il arrivera ? 

« Rien du tout si j’avais mes propres pouvoirs. », mais autant ne rien dire et juste jouer le jeu. 

– Je mourrais certainement. 

– Exactement, alors peu importe à quel point tu as de bonnes capacités physiques, Kahl restera toujours trop dangereux.

– Et quelle est sa capacité spéciale, au juste ? 

Une petite pause laissa un certain suspense inutile s’étendre, Nora recula d’un petit pas et passa une main sur son visage, dépité. 

– Il peut changer la matière de sa peau. 

– Pardon ? s’​​​​​​​étonna Maximilien.

– Sa peau peut devenir aussi dur que le diamant comme aussi impalpable que la brume. À partir du moment où il connaît la composition chimique d’une chose, il peut transformer sa peau. 

Cette révélation ne suffisait pas à impressionner Maximilien, même si cela restait un pouvoir puissant et intéressant. Lui, il pouvait annuler toute existence – hormis les divins, c’était plus compliqué – d’un claquement de doigts. 

Sauf que, encore une fois, le voici totalement démuni dans cette situation – avec des bienfaits comme des désavantages. Dans tous les cas, il allait devoir l’affronter dans trois mois, et la réalité le frappa entièrement cette fois-ci : pendant ce laps de temps qui lui était accordé, le but serait de retrouver ce qu’il avait perdu ou de fuir, ce qui restait d’être quasiment impossible pour la seconde option. Mais s’il arrivait à récupérer ses pouvoirs, il y avait de fortes chances pour se faire retrouver par les siens étant donné qu’ils se repéraient mutuellement grâce à leur Kin. Son impuissance était sa meilleure cachette.

Dans tous les cas, les choix qui s’offraient à lui le mettaient à chaque fois dans une mauvaise posture. 

– Quitte à y passer, autant mettre toutes les chances de mon côté, non ? tenta Maximilien.

– Tu n’as aucune chance. Tu es musclé, tu as l’air vif d’esprit et rusé, même si tu manques de connaissance, mais sur le plan de la puissance, c’est un arrêt de mort direct.

Même si Nora n’avait pas tort en apparence, c’était de son devoir de trouver une solution : autant pour sa survie que pour le mystère autour de la mort de Dual, du retournement de veste de ses compères et de l’attaque étrange des Catals sur Laven. Le Stir le vit bien dans ses yeux, cette détermination sans faille, cette volonté d’abattre tout ce qui se mettrait en travers de son chemin. 

Jamais il ne partirait avant d’avoir compris. 

Il se le promit, sur la vie de tous ces peuples et de feu son maître.

Jamais il ne mourrait.

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