Lui qui avait vécu pendant des mois dans un espace empli de sable, de chaleur et d’humidité, se retrouver dans une forêt si vaste, où les fleurs brillaient de leurs pétales, les petits courants d’eau s’entrecroisaient et la lueur du soleil s’amenuisait à cause des grandes feuilles, c’était comme être téléporté dans un autre monde. Sauf que, en y réfléchissant bien, Maximilien avait bel et bien été transporté dans un endroit différent. Toujours en état de choc et déboussolé par la soudaineté de l’événement, il jeta un coup d’œil à sa main, là où il tenait la pierre quelques secondes plus tôt.
Mais rien. Elle s’était volatilisée en même temps que lui.
La panique ne devait pas l’atteindre, surtout pas dans un lieu inconnu dans lequel il pourrait se faire tuer, pourchasser, capturer, peut-être même pire. Il examina son environnement, sans bouger pour ne pas marcher sur un piège ou autre, et il constata avec désespoir qu’il était bien seul. Pas de Nora, d’Almagar ou de Jamila. Juste lui et sa conscience. La faune et la flore lui restaient hors de portée, rien ne ressemblait avec ce qu’il avait déjà vu : des plantes qui finissaient par des pois blancs phosphorescents, des lianes ancrées dans le sol, d’un bleu foncé qui rappelait certains troncs présents dans cette forêt, quelques petits êtres volants et lumineux éclaircissement davantage cet endroit sombre et mystique – comme des lucioles, mais sans vraiment l’être, leur apparence rappelait les pieuvres. L’herbe vacillait entre le vert et le bleu, beaucoup plus douce que la normale, presque comme du satin qui glissait sous ses pieds. Maximilien décida enfin de s’avancer, après avoir analysé la dangerosité de cette forêt, et il tenta de ne pas se laisser perturber par la nature qui l’entourait : son seul objectif restait de retourner à Laven. Mais comment faire quand il ne savait même pas où il se trouvait actuellement ?
Pendant une bonne dizaine de minutes, il marcha sans s’arrêter, le cœur battant à tout rompre, en alerte à chaque bruit qu’il entendait. Au bout d’un certain moment, il arriva près d’une petite falaise, un peu essoufflé, et il s’assit sur une pierre près du rebord, les avant-bras posés sur ses genoux. Il baissa la tête quelques instants, dépité par sa propre situation, jusqu’à qu’un autre son attirât son attention. Il releva les yeux vers sa source et son souffle se coupa instantanément quand il distingua une silhouette entre les arbres. Sans y réfléchir à deux fois, la boule au ventre, Maximilien sauta derrière un arbre, mais quelque chose le fit trébucher ; il se rattrapa de justesse, se positionna derrière le tronc et guigna sur ce qui l’avait fait tomber. Rien. Mais quand il tourna un peu plus la tête pour regarder derrière lui, son angoisse, déjà bien trop présente, s’accrut follement – si cela était possible. Ses ailes, plus légères dans une autre dimension et moins encombrantes, étaient réapparues d’un coup, aussi flamboyantes d’or qu’extravagantes dans cette nature. Nora lui avait pourtant dit qu’il pouvait maintenir son pouvoir jusqu’à une centaine de kilomètres à la ronde…
Où se trouvait-il, bon sang ?
Il tenta de s’envoler, pour mieux se retrouver dans les airs, sauf que ses ailes ne répondirent pas à son appel. Aucune réaction, comme si elles l’ignoraient royalement.
– Par pitié, ce n’est pas moi qui vous ai envoyé dans une autre dimension…
Son murmure ne fut que peu efficace, car même après quelques minutes à les supplier de l’aider, il resta collé au sol sans pouvoir ne rien y faire. D’un accès de rage peu habituel chez lui, Maximilien frappa le sol de son poing à plusieurs reprises, impuissant face à cette situation. Son regard se posa sur l’endroit où se trouvait la silhouette quelques minutes plus tôt, mais elle avait disparu. Il ne pouvait demander l’aide de personne.
– Qu’est-ce que je vais faire, maintenant ? murmura-t-il, des larmes de frustration naquirent au coin de ses yeux.
– Vous levez, dans un premier temps.
Un râle de stupeur sortit de sa bouche tandis qu’il fit volte-face vers la voix, le corps crispé d’anxiété ; cela ne s’arrangea pas quand il constata qu’un groupe l’entourait, les bras levés vers lui et leurs mains scintillantes de Kin. Et quand il les dévisagea un par un, il comprit enfin où il avait atterri.
Des elfes. Il était à Shal’om.
Jamila lui avait expliqué d’où elle venait, avec quelques petites informations qu’il pensait sans importance, mais dont il profitait pleinement à l’heure actuelle. La personne qui avait parlé, une femme aux cheveux blancs et ondulés qui cascadaient dans son dos, habillée d’une longue robe cyan et dont quelques fins bijoux la décoraient, descendit de la pierre sur laquelle elle se trouvait et s’arrêta à quelques pas de lui, l’air impassible. Sa beauté transcendait le reste de cette forêt, mais la force qui se dégageait d’elle surpassait tout.
– Décline ton identité, clama-t-elle, de sa voix rauque.
– Euh, je…
Pris au dépourvu, il en oublia même son prénom, jusqu’à se demander s’il devait bien lui dire la vérité ou non. Au vu de la paire d’ailes qu’il se coltinait dans son dos, c’était plus risqué de mentir que l’inverse. Après une profonde inspiration, il se mit à genoux, le visage tourné vers le sol.
– Je m’appelle Maximilien de Sarte, ma dame, et je viens directement de Laven, là où la princesse Jamila fait sa formation.
Peut-être que mentionner le nom de la petite elfe ne relevait pas de la meilleure idée du monde, surtout qu’il ne savait pas sur qui il était tombé exactement, mais quand il remarqua les yeux écarquillés de surprise de son homologue et la sincère interrogation des autres, Maximilien se persuada de sa bonne décision.
– Tu connais Jamila San Vos’om ? demanda la femme, suspicieuse.
– Oui, depuis plusieurs mois. Elle a un sacré caractère, mais c’est une enfant studieuse et courageuse. Je suis sous les ordres directs de Nora Morgas, le deuxième Stir.
Même si ce n’était pas totalement vrai, sa situation s’en rapprochait. Quitte à donner des noms connus, autant le faire jusqu’au bout. Pourtant, cela ne suffit pas à baisser la garde du groupe d’elfes. Leur cheffe plissa des yeux, l’ambre qui les emplissait s’illumina pendant un instant.
– Je ne sens pas de mensonges venant de toi, susurra-t-elle.
– Belshka, intervint un homme, il faudrait peut-être une preuve de sa part pour confirmer son explication.
– Il est juste, soupira la fameuse Belshka. Prouve-nous ton…
Ses mots restèrent en suspens quand elle posa son regard sur lui, ou plutôt à côté de sa tête, et elle écarquilla les yeux à nouveau, ceux-ci descendirent sur son épaule avant de revenir sur son visage. Elle leva sa main, les sourcils froncés.
– Baissez tous vos mains. Il dit la vérité.
D’un seul mouvement, tous écoutèrent ses ordres et ramenèrent leurs bras le long de leurs corps. Maximilien ne comprit absolument pas pourquoi elle avait tiré cette conclusion, mais il en était très heureux. La jeune elfe lui tendit une main, qu’il accepta sans broncher, et elle l’aida à se relever, tandis que ses ailes trainaient toujours sur le sol, boudeuses.
– Veuillez excuser notre impolitesse, votre grâce, nous sommes toujours sur nos gardes quand des inconnus arpentent nos forêts.
« Votre grâce ? », Maximilien n’osa pas poser la question, de peur de renverser la situation dans son désavantage, et il ne fit qu’acquiescer en maugréant un simple « ce n’est pas grave ». Belshka se tourna vers les siens et éleva sa voix :
– Nous rentrons à Karst’om, avec lui.
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Tous les yeux convergèrent vers eux, aussi intrigués qu’affolés en voyant la paire d’ailes dorées qu’il trimballait depuis le début – il avait perdu l’habitude. Personne ne lui posait, pour l’instant, de questions sur ses origines, mais si cela devait se produire, il ne savait pas réellement le mieux à faire dans ce genre de cas. Maximilien se doutait bien que ce peuple connaissait un peu les textes de sa religion et, par conséquent, il pouvait deviner son appartenance, mais étant donné le peu d’hostilité que ces gens avaient montré à son arrivée, il n’arrivait pas à savoir sur quel pied danser.
Ses yeux se perdirent sur la mysticité de la ville, un long chemin de pierre entrelacé avec des herbes et des lianes se dépliait comme une Grande Allée qui parcourait toutes les rues jusqu’à la limite de cette cité, celle-ci décorée par des maisons de bois, à plusieurs mètres du sol pour certaines, toujours dans des figures plutôt rectangulaires ou hexagonales. Les arbres immenses surplombaient la vallée et créaient un cocon de tranquillité naturelle. Comme plus tôt, les plantes éclairaient une partie de Karst’om et les insectes semblables à des lucioles flânaient au-dessus d’eux. Maximilien lança des œillades à certains elfes qui les fixaient, la totalité d’entre eux détourna le regard, le rouge aux joues. Il baissa les yeux sur lui et se rappela qu’il ne portait qu’un simple pantalon en lin et quelques bijoux.
Peut-être que ce peuple était pudique ?
Vu à quel point ils étaient couverts, sa supposition parut être vraie. Cela n’avait rien à voir avec Laven ou Sarcoce. Maximilien ne saisissait pas réellement cette réserve quant à la nudité, c’était une création purement divine pour lui, totalement naturelle pour eux, alors il n’y avait rien de malsain dedans. Mais après avoir vécu pendant des mois aux côtés des Morgas et des familles nobles, il comprenait quand même leur réticence quant aux regards obscènes des autres peuples. Ils marchèrent encore une dizaine de minutes avant d’atteindre un grand bâtiment, similaire à un manoir en pierre blanche. Ils montèrent les escaliers, ses ailes glissaient sur les marches au point d’en avoir fait trébucher certains elfes derrière lui. Il leur adressa quelques regards désolés, incapable de contrôler ces stupides plumes trop têtues. Belshka le laissa entrer en premier, toujours aussi stoïque.
– Dirigez-vous sur la gauche, c’est le salon des San Vos’om. Nous les avons prévenus de votre arrivée.
– De mon arrivée ? s’étonna Maximilien. Comment ?
Elle ne daigna même pas répondre et s’en alla, le laissant seul face à cet endroit totalement inconnu. Assez vite, ce qu’il supposait être un servant s’approcha de lui.
– Veuillez me suivre, votre grâce, ils vous attendent.
L’angoisse le frappa à nouveau, car il ne s’était pas encore rendu compte qu’il allait rencontrer les parents de Jamila. Il ne sut pas si c’était un coup de chance d’avoir atterri aussi près de chez eux ou une condamnation, étant donné que ses ailes le trahissaient. Maximilien entra dans une pièce, le cœur sur le point d’imploser, puis quand son regard se posa sur l’environnement qui l’entourait, un doute l’assaillit. Des feuilles qui volaient de partout, une table mal rangée, un énorme télescope qui donnait sur le ciel – le plafond s’ouvrait à son bout –, de grandes bibliothèques dont débordaient moult livres, et deux gros sièges en tissu marron, déchiré sur quelques parties sans être choquant. Le sol était recouvert de différents objets et il put en reconnaître certains, avec une certaine difficulté à remettre des noms dessus, mais une chose restait sûre : il faisait face à des astronomes.
Le servant ferma la porte derrière lui, en prévenant juste de son entrée, et le silence retomba. Valait-il mieux rester statique ou s’avancer ? En l’état, il était plutôt compliqué de marcher dans un tel chaos, mais personne ne se montrait. Ses yeux se levèrent vers une sphère au plafond, en mouvement, d’une taille impressionnante, entourée de tiges d’acier épaisses, circulaires, qui partaient dans tous les sens. À bien y regarder, c’était un globe avec différents points lumineux dont il ne connaissait pas la signification. Pas à pas, en tentant de ne rien casser, Maximilien se débrouilla pour atteindre ce grand objet volant, admiratif de croiser une telle machine ici. À Laven, tout fonctionnait grâce au Kin, à cette force qui venait tout droit des corps, donc il n’avait pas encore vu de telles constructions là-bas. Et il ne s’attendait certainement pas à en trouver ici : les rouages se distinguaient dans les fentes de la sphère, d’un bronze resplendissant, avec une autonomie et un automatisme parfaits. Mais pourquoi les elfes, pourtant plus proches de la nature que de ce genre de construction abscons pour lui, possédaient un globe dans ce manoir ?
– Ah, vous voilà.
Cette voix pleine d’entrain, quelque peu bourrue, le sortit de ses pensées. Il pivota vers un homme, habillé d’un pantalon noir rayé tenu par des bretelles qui écrasaient sa chemise beige, celui-ci tenait une redingote sur son bras et des lunettes rondes et épaisses reposaient sur son front. Si ce n’était pas pour sa peau pâle et ses longues oreilles, Maximilien aurait juré que ce n’était pas un elfe. Mais ses cheveux pourpres et ses yeux d’un magenta vif lui confirmèrent aussi son lien de sang avec Jamila.
– Bonjour…
– Elric San Vos’om, compléta l’homme avec un sourire. Ma consœur m’a prévenu de votre venue. C’est un honneur d’accueillir le fiancé du deuxième Stir.
– Le…
Le fiancé ? De qui ? Maximilien le dévisagea, incrédule, croyant à une très mauvaise blague, mais la mine sérieuse de son homologue l’en dissuada rapidement.
– Je ne suis pas le fiancé du deuxième Stir. Il m’a juste pris sous son aile.
– Oh ? gloussa Elric. Alors qu’est-ce donc que ces choses, cher de Sarte ?
De son doigt, il désigna son oreille et son épaule. Maximilien toucha le bijou accroché à son lobe et l’évidence le frappa : la boucle d’oreille de Nora, celle qui le protégeait de toute insulte et qui le faisait passer pour son concubin. Quelques rougeurs s’éparpillèrent sur ses joues tandis qu’il secouait la tête.
– Je ne suis rien de tout ça, monsieur, toussa-t-il, ce n’était qu’un présent de sa part pour m’éviter une mauvaise rencontre. Je ne suis pas son concubin.
– Et ça, alors ? sourit l’elfe en touchant le creux de son épaule. Ce n’est pas quelque chose qu’on donne au premier venu.
Il baissa le regard vers la zone que touchait Elric, sans remarquer quoi que ce soit d’étrange.
– De quoi parlez-vous ?
– Du sort de protection directement lié au Kin du deuxième Stir. Sa source vient de ce point précis et se dilue dans votre corps. C’est comme s’il était toujours avec vous, qu’il avait introduit une partie de son pouvoir dans votre esprit pour vous protéger. Il suffit d’un contact avec les lèvres et d’une invocation pour le faire, mais très peu le font, car les coups que vous subissez, c’est lui qui les prendra à votre place.
– Un contact…
L’espace d’un instant, il se demanda si, à nouveau, il ne le faisait pas marcher, puis il se rappela un moment bien précis, dans la bibliothèque, après avoir visité un des souvenirs de Dual. Quand Nora avait embrassé sa peau avant l’arrivée de son frère. Son visage s’enflamma sous l’embarras de ce constat et il se jura de l’engueuler à son retour pour lui avoir caché un tel acte indécent. Il détourna le regard, se frottant la nuque pour contrôler ses émotions, et Elric le remarqua bien assez vite.
– Vous ne le saviez pas.
– Je ne suis vraiment pas son fiancé, bafouilla Maximilien, il a juste promis de m’aider et de me protéger…
– Eh bien, le deuxième Stir est donc un homme très… dévoué.
La manière dont il avait appuyé sur ce dernier mot le rendit encore plus gêné, il croyait fondre sur place tant son corps montait en température. D’une tentative vaine, il changea de sujet :
– Peut-être, marmonna-t-il, mais ce n’est pas très important. Je suis ici sans le vouloir. J’ai été transporté par une pierre.
Elric ne releva pas sa maladresse pour détourner son attention de sa relation avec Nora et il sourit.
– Comment va ma petite fille ? Vous avez dit connaître Jamila. Sa formation se passe bien ?
– Hein ? Euh… Oui, bien sûr. Elle a du caractère, mais c’est une très gentille enfant. Même si elle a été un peu secouée par les dernières attaques sur Laven.
– Des attaques ?
La surprise qui peignit les traits – plutôt ridés – du père lui indiqua qu’il venait peut-être de commettre une grosse bêtise. Maximilien passa une main dans ses cheveux, ne sachant vraiment comment lui expliquer.
– Les Catals ont attaqué il y a une semaine la cité, comme il y a plusieurs mois, et Jamila a failli être capturé. J’ai pu intervenir à temps et combattre nos ennemis, constitués aussi de certains habitants de Sarcoce, une ville divine.
Mais que lui arrivait-il ? Pourquoi révélait-il tant de détails ? Sa bouche bougeait toute seule, ses pensées se concentraient uniquement sur les faits, la vérité, et un frisson d’horreur parcourut son échine : les yeux d’Elric brillaient et étaient ancrés dans les siens. Ses lèvres restaient closes tandis que le vieil elfe haussa un sourcil.
– Alors vous aussi…
Sa phrase resta en suspens, suscitant vivement l’intérêt de Maximilien, incapable de remuer ni de parler sans son accord tacite : « vous aussi » ? Sous-entendait-il que les elfes avaient subi le même sort ? Elric reprit, le regard pénétrant :
– Je me disais bien que quelque chose clochait depuis que Theol a fermé toute communication possible il y a quelques mois. Sarcoce, tu dis ? C’est une ville mentionnée dans la Catalome, et vu tes ailes, la seule description qui se rapproche de ton physique dans cette religion se rapporte au Lios. Je me trompe ?
– Non, avoua Maximilien sans le vouloir.
– Pourquoi es-tu sur terre et qui est au courant de ton existence ? Donne-moi une bonne raison de ne pas te dénoncer et te condamner à mort.
L’hostilité dont faisait preuve Elric lui donnait des vertiges, la peur lui grignotait petit à petit sa confiance : il était pris au piège et son Kin lui manquait affreusement à ce moment précis.
– J’ai été rejetée par les miens là-haut, bredouilla-t-il, ils m’ont accusé à tort et j’ai été obligé de fuir. Je me suis retrouvé à Laven par un concours de circonstances et je cherche désespérément à comprendre ce qui est train de se passer. Nora, Jamila, Dame Almagar et Katrina sont au courant de mon existence. Et je cherche seulement à protéger ce que tentent de détruire mes compères. Ils ont tué mon Dieu, j’en suis certain, alors c’est à moi de prendre sa relève pour éviter à ce monde de périr sous les vices de ceux que je pensais être ma famille. Et Theol Morgas est mort. J’ai aussi sauvé Jamila d’une mort certaine quand elle a été kidnappée par nos assaillants, je les ai tous tués, jusqu’au dernier.
Sa petite tirade l’essouffla au point qu’il crut s’écrouler, mais la puissance du Kin de son homologue ne le lâchait pas. Pourtant, l’éclat dans ses yeux se brisa et l’étonnement peignit son expression avant de laisser place à de la lassitude. Maximilien reprit son souffle, les yeux écarquillés de terreur ; il venait de révéler trop de choses. Beaucoup trop.
– Le sort de protection de ton amant est coriace, maugréa Elric. Enfin bon, tu n’as pas l’air d’être une mauvaise âme, n’est-ce pas ? Si ma petite Jamila est toujours en bonne santé, je n’ai pas à m’inquiéter. Même si, tu te doutes bien, je pense bientôt demander à ce qu’elle retourne chez moi. Quand tu repartiras sur Laven, tu préviendras les Morgas de ma décision.
Elric s’assit sur un siège et lança un regard à sa cheville, les doigts entremêlés entre eux.
– Tu dis être arrivé à cause d’une pierre ? Comme celle que tu as à ta cheville, je suppose. Je les étudie en ce moment.
– Vous les étudiez ? toussota Maximilien.
– Oui, depuis plusieurs mois. Après qu’elles ont commencé à briller et à pulluler sur nos terres. Des voix sortent d’elles, des gens se téléportent n’importe où dans un intervalle de trois semaines à quatre mois et, le plus étrange, c’est le Kin qui ressort de ces pierres.
– Que voulez-vous dire ?
Du Kin ? Nora n’avait jamais mentionné cela auparavant. Coincé dans des pierres ? Cette essence ne pouvait que circuler dans un corps de chair et de sang, comment était-ce même possible ? À bien y repenser, Dual avait inséré une part de lui dans l’orbe à sa cheville… Dont son Kin, très certainement. Elric se reposa contre le dossier de son siège, le visage tourné au plafond.
– Du peu que j’ai pu tiré en les étudiant, ces pierres ont trois facultés : elles téléportent, elles espionnent et elles revigorent. Plus précisément, elles peuvent améliorer les capacités de celui qui les exploite, mais je n’ai pu le faire qu’une fois, sans savoir comment. Apparemment, ce n’est pas à la portée du premier venu de pouvoir les manipuler et elles semblent n’en faire qu’à leur tête. Et si je te parle de ta pierre à la cheville, c’est que le Kin qui en ressort est similaire, peut-être même identique, à celui des autres. Sauf qu’il parait beaucoup plus prononcé.
Elric se redressa, intrigué par le cadeau que Dual lui avait offert, et il finit par se lever, un air étrange sur le visage.
– Qui t’a donné cette pierre ? souffla-t-il. Je me fiche un peu de tes histoires de famille, mais tous ces événements peuvent avoir un rapport avec elle. J’aimerais l’étudier.
– Non.
La réponse de Maximilien fut sans appel, l’elfe écarquilla les yeux de stupeur : ses yeux ne fonctionnaient pas sur lui à cet instant précis, peut-être grâce à la protection de Nora sur lui. Il recula de quelques pas et son pied heurta un miroir posé sur le sol.
– Je dois savoir ce qu’il se passe sur mes terres, tonna Elric, et ton existence n’est pas innocente à toutes ces attaques. Tu n’es pas vraiment en mesure de t’opposer à moi à l’heure actuelle.
– J’ai dit non.
Alors qu’il s’approchait à grandes enjambées, Maximilien recula encore, jusqu’à monter sur cet énorme miroir. Personne n’avait le droit de toucher ce qui appartenait à Dual, encore moins pour l’étudier. Même si son intention restait bonne, il ne faisait absolument pas confiance à cet homme, père de Jamila ou non. Ses ailes ne répondaient toujours pas à ses appels et, alors qu’il pensait se faire attraper par Elric, il chuta.
– Que…
Le cri n’osa même pas sortir de sa gorge à cause de la surprise qui contracta son ventre. Cette impression de tomber l’enveloppa au point de lui donner la nausée. Au loin, dans un cadre rectangulaire cerné par le néant, il vit la figure de l’elfe penché au-dessus de lui, éberlué lui aussi.
Il venait de tomber dans le miroir.
Oh le vieux calmos il n'y peux rien lui .
Alors la chelou il tombe dans le miroir même le vieux il est choqué.
J'ai hâte de lire la suite bonne continuation, je te soutiens à fond