– Eh bien, je ne t’ai jamais vu aussi pensif, Max !
Son geste se suspendit en même temps que son interruption, tout droit sorti de ses rêveries involontaires. Maximilien, sur le dos d’Arashta, faisait un tour de zone pour surveiller la bonne avancée des constructions et, par extension, les habitants de Laven, aux côtés de Merilda. Leur rôle consistait seulement à évaluer le danger et à prévenir les Stirs, plus précisément Nora, d’une éventuelle attaque. Apparemment, selon ses hypothèses, ils pourraient revenir à n’importe quand pour terminer le travail. Mais il n’était pas tout à fait d’accord, car si les Catals souhaitaient achever les autres peuples à cause de leur hérésie, les Divins, eux, semblaient avoir un tout autre but. À la simple pensée de toute cette soirée deux jours plus tôt, ses joues prirent une teinte rose. Arashta ne manqua malheureusement pas cette information.
– Toi, tu as dû passer de très bons moments avec le Morgas.
– Pardon ?
– Vu ta tête et de ce que je sais, j’en conclus très facilement que tes rougeurs sont provoquées par une seule et même personne : Nora, notre cher deuxième Stir.
La soudaine perspicacité de l’hippogriffe le déstabilisa pendant quelques secondes, mais il n’avait en réalité rien à cacher à Arashta sur leur relation : tout le monde se doutait bien de son traitement particulier, sans vraiment savoir ce qui se cachait derrière. Mais un détail titilla son attention.
– De ce que tu sais ? Que veux-tu dire par là ?
– Que Nora est un vilain cachottier la majorité du temps, mais qu’il est incapable de tenir sa langue dès qu’il boit un peu d’alcool quand ça concerne ses sentiments.
Le petit rire de Merilda ponctua les mots d’Arashta, elle se tenait derrière lui, le regard au loin, mais pour une fois attentive à leur conversation. Une belette en métal restait sur ses genoux, pour communiquer avec eux au cas où.
– Ses sentiments ? s’étonna Maximilien. Peux-tu être plus précis ?
– Pourquoi ? C’est plutôt évident, ne penses-tu pas ? Tu as suscité l’intérêt de notre petit prince, Max, et il a fini par s’attacher à toi après tous ces mois à vivre en notre compagnie. Donc si j’en crois ton attitude aujourd’hui et celle de Nora hier – parce qu’il est venu –, j’ai tiré mes conclusions.
Bien que ce ne fut pas une révélation si choquante, elle n’en restait pas moins troublante : il avait du mal à se situer par rapport au Stir et, plus encore, par rapport à ses propres émotions. De l’affection ? Sans aucun doute. De l’attirance ? Intellectuelle, peut-être même sentimentale. Il le trouvait charmant, mais ses pairs lui avaient toujours appris que l’amour n’était qu’un concept inventé par les mortels qui ressemblait à une sorte d’euphorie constante illogique et, de ce qu’il voyait ici, ce sentiment se traduisait surtout par le contact physique. Pourtant, il ne ressentait pas l’envie d’une union charnelle, non pas qu’il en était dégoûté, mais c’était comme une absence de désir. À ses yeux, leur relation paraissait être un échange de bon sens et de temps qualitatif, sans tomber dans ce que les hommes appelaient l’amour.
Bizarrement, l’idée de ne voir qu’en lui une amitié le dérangeait, l’agaçait, jusqu’à le contrarier. C’était plus que cela, il ne cessait de s’inquiéter pour lui, de penser à lui, de courir vers lui, tout ne tournait qu’autour de lui à certains moments. Mais ce n’était pas de l’amour, pas celui des mortels ni celui des Divins.
Alors qu’était-ce ?
La jeune femme derrière lui tapota son épaule, il pivota vers elle un peu surpris et l’animal sur ses genoux releva la tête :
– Ne te triture pas trop l’esprit à tenter d’expliquer ce qui n’est pas explicable.
Maximilien ne comprit pas réellement où elle voulait en venir, mais elle replongea dans ses pensées assez rapidement, le laissant dubitatif quant à ses paroles hasardeuses, mais peut-être pertinentes si Merilda daignait un jour tenir une conversation plus de deux minutes.
Le soleil commençait à décliner en même temps que ses pensées perdues dans un torrent de questions sans réponses, Maximilien, Merilda et Arashta se posèrent près d’une zone détruite, les habitants s’affairaient à la tâche pour reconstruire leurs maisons et commerces, même si leurs mines contrites ne les quittaient pas depuis presque deux semaines. Jamila, en meilleure forme depuis son réveil il y avait quelques jours, se rapprocha d’eux, un simple carnet dans les mains.
– Tu devrais te reposer, Max, suggéra-t-elle, tu en fais beaucoup depuis le début de la journée. Tu n’as pas arrêté de porter et de transporter les matériaux pour les citadins… Pareil pour toi, Merilda, ton père n’arrête pas de rouspéter concernant ta relation avec Max. Il casse les oreilles de tout le monde.
La jeune femme haussa les épaules en même temps de descendre de l’hippogriffe, montrant bien qu’elle se fichait éperdument des reproches inappropriés de son paternel et il ne put qu’approuver cette attitude détachée : au moins, elle ne se laissait pas faire par les gens qui l’entouraient. Étant donné qu’elle subissait le rejet de sa propre famille, il était évident qu’elle avait fini par se forger son propre caractère.
Il soupira de dépit et se craqua la nuque après tout ce travail accumulé. Même si l’idée de prendre une petite pause ne l’enchantait guère, avec le regard perçant d’Arashta, il comprit assez vite que ce n’était pas seulement une demande. Maximilien suivit la petite elfe jusque sous un arbre, tous deux s’assirent alors qu’il soupirait de lassitude, fatigué d’être toujours aussi perdu quant aux objectifs de ses adversaires : les événements semblaient même plus clairs quand il avait atterri chez les mortels que maintenant.
– Tu as l’air au bord du gouffre, intervint Jamila après avoir ouvert son carnet pour dessiner il-ne-savait-quoi. D’ailleurs, je ne t’ai jamais remercié de m’avoir sauvé la vie, alors merci. Même si ça a valu que tu…
– Laissons ça de côté, coupa Maximilien, je l’ai fait parce que je le devais, c’était tout ce qu’il y avait de plus normal. Je n’attends aucun remerciement de personne pour m’être comporté comme une personne un minimum saine.
La moue agacée de Jamila, suite à ses mots, lui arracha un sourire et il décida de rapidement détourner le sujet, embarrassé de se faire complimenter pour rien.
– Je suis angoissé à l’idée que nos assaillants reviennent et achèvent leur dessein, souffla-t-il, surtout quand nous sommes dans une période aussi instable : le Skal est mort, aucunes funérailles n’ont pu être encore faites, la cérémonie de sacrement n’est pas encore mise en place à cause de tous les débats parmi les grandes familles nobles et j’ai l’impression de passer à côté de quelque chose, sans savoir exactement quoi.
Arashta et Merilda les rejoignirent, un énorme morceau de viande dans la gueule de la bête, et ils s’allongèrent près d’eux. Jamila posa son regard sur l’hippogriffe, l’air évasif.
– Ce n’est pas la première ni la dernière crise de Laven, mais j’ai aussi ce sentiment que quelque chose de bien plus gros se prépare, s’exaspéra-t-elle en griffonnant sur son papier. Avec tous les cristaux confisqués et l’absence totale de communication entre la famille royale et le peuple…
– Une minute, s’exclama vivement Maximilien, les cristaux confisqués ?
– Tu ne savais pas ? Osari est venu les récupérer hier, prétextant qu’il valait mieux les laisser loin de toute personne suite à ce qui t’est arrivé. Je peux comprendre, mais il n’a même pas fait part de sa décision à ses frères et il interdit à quiconque de s’en approcher.
Sur le plan sécuritaire, son choix restait cohérent, même le meilleur, mais pourquoi ne pas laisser les plus expérimentés se pencher sur les pierres ? Surtout qu’il devait en parler à sa famille, au risque de les mettre en péril s’il continuait de cacher ces informations aux autres. Arashta remarqua son malaise et leva la tête de son repas, suspicieux.
– Quelque chose ne va pas, petit ?
– Est-ce que Nora t’a révélé quelque chose de particulier concernant les cristaux ? tenta Maximilien. Une spécificité, un pouvoir jusqu’alors inconnu ?
– Non, il n’a évoqué que leur faculté à transporter les autres ailleurs hier. Kahl et lui voulaient les étudier, mais Osari les a convaincus que c’était peut-être trop dangereux pour l’instant. Apparemment, il les aurait mis loin de tout, à l’extérieur des murs. Pourquoi ?
Son ventre se contracta, une bouffée de chaleur remonta le long de son torse : il persistait à ne rien dire alors que, dans les faits, les cristaux en eux-mêmes ne représentaient aucun réel danger. Mis à part le fait que des hommes pouvaient se téléporter ici grâce à eux, dans un intervalle bien précis selon Elric, ils ne commettaient aucun réel dégât. Et quand il approfondissait sa pensée, quelque chose le brusqua : quand il avait touché le cristal, il lui avait été impossible de contrôler sa destination, ce fut l’œuvre du hasard. Aux dernières nouvelles, les Catals avaient été retrouvés un peu partout dans le monde, aléatoirement, et attaquant tout ce qui bougeait sans distinction. Leurs attaques n’étaient pas vraiment préparées et ils échouaient la plupart du temps.
Cela pouvait dire plusieurs choses : non seulement ils ne pouvaient pas savoir où ils allaient atterrir, et que leur objectif personnel ne consistait pas réellement à détruire les royaumes, à exterminer les peuples, même si c’était une opportunité pour eux. Si c’était le cas pour ses deux suppositions, ils seraient déjà revenus pour les achever. Puis le plus évident, c’était que l’utilisation des pierres pour migrer d’un point à un autre possédait une règle bien précise évoquée par Elric : un homme ne pouvait se téléporter que toutes les trois semaines minimum. Donc les cristaux ne présupposaient aucun réel danger à ce stade. Surtout qu’il ne réagissait pas en la présence des mortels, mais bien avec la sienne, un Lios. Les ordres d’Osari restaient incompréhensibles pour lui. Une idée lui vint à l’esprit, la suspicion s’accroissait dans son cœur aussi vite que sa panique.
– Arashta, s’étrangla Maximilien, sais-tu où le troisième Stir a caché les cristaux ?
– Non, je n’ai eu aucune information sur ça…
– Mais moi, je sais, intervint une autre voix plus grave.
Esthia s’avançait tranquillement vers eux, les yeux ancrés sur les travaux en cours, marchant les mains dans les poches. Jamila se redressa, les yeux plissés d’agacement.
– Comment tu peux le savoir ?
– Parce qu’il y a une enquête en cours sur le potentiel traître dans le palais et que Katrina est accusée, à tort selon mon opinion.
Cette nouvelle fit bondir Maximilien sur ses jambes, éberlué par la nouvelle qu’Esthia venait de délivrer. Il ne s’était pas reparlé depuis leur dernière altercation, mais l’attitude détachée dont il faisait preuve aujourd’hui à son égard le déroutait.
– Pas étonné…, maugréa Arashta.
– Katrina n’a rien à voir avec cette trahison, balbutia Maximilien, qui l’a accusé ?
– Les Feliaris.
Même s’il les avait peu côtoyés hormis Ulios, une seule information restait claire sur eux : ils étaient souvent du côté d’Osari. L’étau se resserrait autour du troisième Stir, comme une évidence.
– Je ne vois pas vraiment le rapport avec le fait que tu saches où se cachent les cristaux, marmonna Jamila.
– L’un des Feliaris a évoqué l’endroit où ils étaient et j’ai malheureusement entendu cette conversation entre lui et le Morgas.
– Où sont-ils ? demanda Maximilien d’une voix blanche. Je dois absolument les voir.
Esthia laissa un blanc entre eux pendant quelques secondes, semblant peser le pour et le contre de sa décision, et il finit par soupirer de dépit, ses doigts frottaient son menton.
– Il va falloir que tu grimpes sur le dos de l’hippogriffe, étant donné que c’est en dehors des murs. On ne risque pas d’être très discrets, mais tu pourras toujours dire que tu faisais de la surveillance, du repérage.
De sa main droite, en même temps qu’il parlait, il invoqua des particules de neige, qui se lièrent autour de lui pour le soulever du sol. Grâce au maintien ferme des flocons près de son corps, ceux-ci lui permettaient de voler comme bon lui paraissait. Maximilien ne se fit pas prier et grimpa sur le dos d’Arashta, qui n’émit aucune protestation particulière. Jamila suivit le mouvement, sautant derrière lui.
– Ne croyez pas que vous allez me laisser toute seule ici ! Merilda, viens aussi !
– Vous croyez que je peux porter combien de personnes, sérieusement…, rouspéta légèrement Arashta sans les arrêter.
Même si Esthia râla dans son coin, Maximilien ne lui adressa qu’un petit sourire bienvenu, et il la prit sous les bras pour la mettre entre ses jambes en même temps que la jeune Qhuan se posta derrière lui.
– Tu seras mieux placé comme ça.
Ils partirent tous les quatre vers les murs où le palais s’étendait, jusqu’à un creux intérieur entre un rempart non loin des chambres royales et une dune assez large. Pensant avoir enfin trouvé les cristaux et possiblement quelques réponses, ils se posèrent près de l’endroit indiqué par Esthia. Mais malgré toute la volonté mise pour trouver les pierres, la petite fosse demeurait bien trop vide.
– Tu es bien sûr que c’est ici ? marmonna Maximilien. Il n’y a absolument rien.
– Sûr et certain, grommela l’archimage, mais je ne sens aucune présence. Présente ou passée, comme si jamais rien n’avait été mis là.
Avec le Kin inscrit étrangement dans ces pierres, il était facile de détecter les autres auras, même si elles n’étaient plus là : une trace de pieds, un cheveu, un vêtement, tout objet se rapportait à quelque chose sans jamais savoir quoi. Le fonctionnement restait le même pour le Kin quand la personne n’était plus là ; un indice sur sa venue persistait. Mais, tout comme Esthia, Maximilien ne ressentait pas cette chaleur habituelle et un frisson d’angoisse remonta le long de son échine alors qu’il assemblait les pièces du puzzle : les Feliaris avaient parlé de ce lieu, Osari leur avait dit. Pourtant, rien ne s’y trouvait. D’une évidence troublante, le troisième Stir avait opté pour le mensonge pour tous : il ne voulait pas révéler la vraie nature des cristaux, il les gardait cachés et il avait persuadé ses propres frères que tout allait bien. Nora devait bien se douter de quelque chose après leur discussion ?
Ou avait-il fermé les yeux sur la situation par principe familiale ?
Si les pierres permettaient non seulement de téléporter des hommes, mais aussi à augmenter la puissance du Kin, si Osari tenait tant à garder leurs capacités secrètes, quitte à mentir à sa propre famille, si les Feliaris tentaient de ralentir l’accès au trône de Kahl, si Theol avait été tué pendant une attaque des Catals, si les cristaux avaient été minutieusement placés à des endroits stratégiques pour parvenir à ce dessein et que personne n’avait pu protéger le Skal à cause de certains ordres donnés…
Si le traître se trouvait à côté d’eux depuis le début, près de la politique, avec un but similaire aux Divins, aux Catals, que Maximilien supposait être la domination, la soumission du monde à des doctrines contournées et malmenées, alors le plus logique serait qu’il fût dans la famille royale. Pour parvenir à de tels résultats, une personne sans pouvoir n’était pas envisageable. Et là, son cœur s’arrêta brusquement, car tout s’était mis en place trop vite, que chaque chose se remettait à sa place avec une évidence folle.
– Ce n’est pas possible, fulmina Esthia, j’ai pourtant bien entendu !
– Esthia…, murmura Maximilien.
– Peut-être que tu n’as pas bien compris l’emplacement ? Ou juste qu’ils se sont trompés ? suggéra Jamila.
– Les Feliaris ne sont pas les plus futés.
– Non, j’en suis sûr ! Je…
– Esthia ! vociféra Maximilien sur le point de craquer.
Le susnommé sursauta à l’entente de son cri, jusqu’à faire volte-face et le dévisager, les yeux écarquillés. Mais quand il vit son air affolé et sa pâleur, il s’approcha directement de lui et ancra son regard sérieux dans le sien.
– Qu’est-ce qu’il se passe ?
– Osari n’a jamais quitté les cristaux, expliqua Maximilien d’une voix blanche, et je suis prêt à parier qu’il compte les utiliser. Trop de coïncidences tendent vers lui, toutes ses actions, tous ses mensonges…
– Des mensonges ? s’étonna Esthia.
– Elric m’a expliqué certaines autres capacités des cristaux, continua-t-il sans l’écouter, qu’ils pouvaient téléporter les gens avec des intervalles entre trois semaines et quatre mois, que cela permettait d’améliorer la puissance du Kin, que c’était un objet pour communiquer à distance… En somme, l’outil parfait pour les espions.
– Tu as rencontré mon père ? s’étrangla Jamila. Mais…
Toujours plongé dans son analyse, Maximilien passa une main dans ses cheveux, les yeux rivés au sol, il se mordit la lèvre au point de sentir le goût âcre du sang dans sa bouche.
– Sauf que les intervalles entre chaque téléportation concernent les mortels. Mais si jamais un Divin arrivait à les utiliser, alors peut-être…
Sans même se rendre compte de sa soudaine révélation, Maximilien se détourna d’eux, Arashta sur ses talons.
– Petit ! cingla-t-il. Je ne sais pas ce que tu as en tête ni ce dont tu parles, mais tu portes des accusations très graves !
– Ce ne sont pas que de simples accusations ! Quelque chose de terrible se prépare et la première personne qu’ils doivent viser pour parvenir à leurs fins…
C’était Kahl. L’héritier direct du trône.
Esthia, Merilda, Arashta et Jamila suivirent Maximilien, tout aussi désemparés face à sa théorie, mais aucun ne rechigna à l’écouter : même l’archimage, dont il se pensait être l’ennemi depuis son envie de l’envoyer valser, semblait enclin à accepter ses suppositions folles. Grâce à sa sensibilité accrue au Kin depuis le retour de ses ailes, même si le sien persistait à rester caché, il pouvait détecter les autres à des kilomètres à la ronde.
Le premier Stir se trouvait dans la bibliothèque royale. Osari près de lui. Mais quelque chose clochait, l’aura supplantait celle de son frère, beaucoup plus que d’habitude.
Puis il sut.
Il courut à en perdre haleine jusqu’au quartier du Temps, les autres sur ses talons, son cœur battait à tout rompre, comme s’il s’apprêtait à briser sa cage thoracique.
Quand Maximilien ouvrit la porte à la volée, le petit groupe derrière lui, son sang cessa de circuler quand ses yeux se posèrent sur la scène qui se déroulait devant lui. L’horreur qu’il ressentit n’avait d’égal qu’à la haine qui coulait en lui, autant pour sa personne, sa naïveté que pour ce traître.
Celui-là même qui tourna la tête vers eux, les sourcils froncés.
– Vous nous dérangez.
Osari, épée en main, le corps parsemé de taches bleues étranges, avait transpercé le torse de son frère.