Loading...
Link copied
Loading...
Loading...
Mark all as read
You have no notification
Original
Fanfiction
Trending tags

Log In

or
@
Astree
Share the book

Chapitre 19

Maximilien n’avait pas autorisé Katrina à retourner dans les jardins depuis ce jour-là. 

Plus exactement, il s’était créé un mensonge pour y aller seul, que Nora n’avait pas été content et qu’il ne souhaitait plus la revoir dans son espace privé. Étrangement, elle n’avait fait aucune protestation et se contentait de ses quelques parfums, plutôt imparfaits, mais dotés de pouvoirs légers inclus par Esthia ou Ajaris, cela dépendait de leur disponibilité. 

– D’ailleurs, je ne comprends pas pourquoi c’est spécifiquement vous et pas Etsumi ou même Ajaris. 

Les deux hommes levèrent la tête vers lui, Esthia était assis en train de lire un énième livre sur la famille des Morgas tandis qu’Ajaris peignait le paysage face à lui, soit la cité de Laven, ce qui arracha une moue interrogatrice à Maximilien. 

– Et j’ai l’impression de ne jamais vous voir en mission, continua-t-il. 

– C’est plutôt que tu es toujours occupé à ne pas te faire tuer, soupira Esthia, j’étais parti aider les citadins pour reconstruire ce qui a été détruit le mois dernier. J’étais avec Osari Morgas pour m’occuper des écoles et épauler les soldats présents sur place. Et je pense que nous sommes les plus compétents pour t’aider, les autres sont soit trop jeunes, soit trop… Juste trop. 

– Et j’ai érigé des remparts aquatiques avec le premier Stir pour abattre le moindre navire inconnu qui pourrait s’infiltrer dans leurs eaux, précisa Ajaris. Nous sommes surtout là pour protéger la ville. Aujourd’hui, nous avons le droit à un peu de repos. 

– Et les autres ? 

L’elfe posa son pinceau sur la petite table à côté de lui, puis prit une petite serviette pour s’essuyer les mains, les yeux baissés vers ses doigts tachés de diverses couleurs. 

– Ils sont plus dans l’aide externe du palais ou d’autres petites missions, je ne leur parle pas énormément.

– Et c’est tant mieux, grommela Esthia, le simple fait de voir Etsumi s’approcher me fout un mal de crâne immense… Sans compter que la présence quasi inexistante d’Ajaris me fout la chair de poule, je ne l’entends jamais approcher.

Ajaris acquiesça et chacun retourna à ses occupations, Maximilien continuait de préparer son prochain parfum, plutôt heureux de se retrouver avec d’autres personnes qui ne désiraient ni le tuer ni le haïr. Même si Esthia lui avait déjà fait part qu’il se fichait de lui comme de sa première dent, il comprenait un peu moins les raisons d’Ajaris de ne pas lui être hostile. Jamila, le peu de fois où il l’avait revue, lui avait expliqué que c’était dans la nature générale des elfes de ne pas détester juste pour des raisons aussi superficielles. Mais son origine à elle seule méritait des années de haine, la Catalome n’avait épargné personne, encore aujourd’hui. Il se contenta de son explication, car il préférait éviter de se mettre à dos les seules personnes qui ne le rejetaient pas ici. Après quelques minutes de silence, Esthia finit par intervenir de nouveau, non sans une pointe d’agacement dans sa voix : 

– … Pourquoi elle est ici, d’ailleurs ? 

D’un geste de main las, il pointa Merilda, assise dans un coin, en train de les regarder tous un par un sans bouger. Maximilien se gratta le crâne, lui-même ne comprenait pas vraiment le comportement assez aléatoire de la jeune femme, mais cela ne le dérangeait pas spécialement. 

– Parce qu’elle le veut bien ? supposa Max. 

– Ou simplement parce qu’elle n’a personne ici, pesta l’archimage. Même son père ne veut pas d’elle, on dirait. 

– Esthia ! Tu es fou de dire ça ? C’est odieux de ta part ! 

– Il n’a pas tort. 

Les trois hommes sursautèrent à l’unisson quand ils virent un petit lapin en métal sortir du dos de Merilda. La créature s’approcha d’eux par petits bonds. 

– Je n’ai aucun ami ici, mon père me méprise, seuls les animaux me donnent un peu de compagnie ou Maximilien depuis plusieurs mois. 

– Tu peux parler à travers tes pouvoirs ? fut surpris Maximilien. C’est ta voix ? 

– Non, j’ai emprunté cette tonalité à quelqu’un d’autre, confia la jeune femme grâce au lapin, mais je peux effectivement utiliser mon statut de mage métallurgique pour communiquer. Je ne le fais pas souvent, car c’est épuisant de parler à des gens incapables d’écouter. 

Contre toute attente, le rire d’Ajaris retentit dans la pièce. Même s’il ne détachait pas son regard de son œuvre, il s’attardait sur leur conversation.

– C’est une bonne initiative, approuva l’elfe, gâcher son énergie pour se battre contre des têtes de mule est impertinent. Ton père le sait ? 

– Non, soupira le petit lapin, et je ne veux pas lui avouer que je suis capable de bien plus qu’il ne le pense. Il me considère comme une ratée parce que je n’ai pas le même moyen de communication qu’eux. Mais je suis tout aussi capable que n’importe qui ici… 

À peine la bête eut fini sa phrase qu’elle se liquéfia et s’évapora d’un coup, comme pour témoigner de la fin de la conversation, ou plutôt du détachement habituel de Merilda quand elle se perdait dans ses pensées en pleine discussion. Cela n’étonnait plus vraiment Maximilien, mais Esthia râla dans son coin, agacé par ce changement soudain d’attitude. 

– C’est quoi son problème, sérieusement ? 

– Elle fait souvent ça, expliqua Maximilien, ça ne sert à rien de tenter de lui parler dans ces moments-là.

L’archimage grommela dans sa barbe, mais il ne rajouta rien pour se reconcentrer sur son livre, en attendant qu’il eût lui-même fini de concocter son parfum. L’ambiance redevint calme assez rapidement et le silence retomba vite. Mais leur petit cocon et ses pensées finirent par se briser à l’entrée d’une nouvelle personne dans la pièce, Maximilien bondit sur ses deux jambes pour la saluer. 

– Dame Almagar ! 

Cette dernière lui lança un petit sourire et s’avança jusqu’à eux, les mains dans son dos, comme une vraie soldate. 

– Cela faisait un petit moment que je ne t’avais pas vu comme ça, mon garçon, souffla-t-elle, je me demandais comment tu allais après ces journées difficiles. 

Il lança un regard vers les deux autres hommes, redressés sur leurs chaises, mais sans accorder trop d’intérêt à leur conversation : c’était entre lui et Almagar. Maximilien se frotta la nuque, quelque peu fatigué par l’évocation de ces dernières semaines. 

– Cela n’a pas été de tout repos, mais je m’en suis sorti, Nora m’a beaucoup aidé dans cette affaire et je lui dois beaucoup. À Katrina aussi, elle a été assez indulgente pour m’accepter près d’elle. 

– C’est une bonne chose, cela me rassure de voir que tu vas bien. 

Elle posa sa main sur son épaule, sa grande taille ne dépassait pas la sienne, mais s’en rapprochait, ce qui restait assez impressionnant, en plus d’avoir une forte poigne. Ses cheveux tressés tombaient jusqu’au bas de son dos, dans une queue de cheval lâche et les yeux de Maximilien remontèrent jusqu’à son visage. Une angoisse soudaine se propagea en lui : elle l’examinait, chacune de ses expressions passait sous son radar et cette envie de fuir éclata en lui. 

– Tout va bien, Dame Almagar ? s’étrangla-t-il à moitié, le cœur battant.

– Bien sûr, souffla-t-elle, je me disais juste que si tu avais quoi que ce soit à me dire ou à me révéler, tu le pouvais, au cas où tu avais oublié certains détails de ton périple ou que sais-je encore. Je me pose toujours des questions sur ton passé, tu sais.

Même si son rictus se voulait chaleureux, ses mots sonnaient comme un avertissement, un conseil précieux qu’il devait prendre. Mais sur quoi ? Sa race ? Ses origines ? Impossible. Jamais elle n’aurait pu deviner cela, c’était impensable. Elle recula de quelques pas et lui ouvrit la porte. 

– Ah, j’avais oublié de préciser que Jamila te cherche, elle aimerait te prendre pour cobaye pour ses expériences. 

⋅•⋅⊰∙∘☽༓☾∘∙⊱⋅•⋅

Après avoir quitté Esthia et Ajaris – le premier ne lui avait pas adressé un regard tandis que le second lui avait souri par compassion –, Maximilien se laissa guider par Almagar jusqu’à une petite salle en passant par des chemins alambiqués, à croire que la petite elfe avait fait exprès. Sans toquer, ils entrèrent et tombèrent sur la mine concentrée de Jamila, qui s’amusait à triturer des sceaux de différentes tailles, inscrits sur des feuilles posées sur une table. 

– Qu’est-ce que tu fais ? s’interrogea-t-il avec une certaine inquiétude. Des invocations ? Ou autre chose ? 

– Non, j’essaye simplement d’apprendre à retrouver l’origine des sceaux. 

Sa réponse le laissa perplexe et il guigna sur Almagar, qui s’approcha des papiers. 

– Nous sommes les deux seules ici capables de remonter dans les souvenirs, expliqua la dragonne, bien plus sérieuse, mon pouvoir provient de ma race, tandis que celui de Jamila prend origine directement dans le sang de sa famille, le sang royal de Shal’om. Nous essayons de remonter les souvenirs de sceaux, sauf que la tâche est plutôt compliquée. 

– Parce que le Kin ne reste pas accroché ? 

– Exactement, soupira Jamila, donc c’est un vrai problème. 

Le principe du sceau résidait dans un concept très simple : le lanceur créait un cercle lumineux à l’aide de ses doigts, dont les traits formaient des dessins complexes, et il le projetait contre le corps du receveur, marquant sa peau pendant un temps déterminé. Ce qui rendait ces sorts redoutables était que le Kin se décomposait jusqu’à s’évaporer et créer une essence unique qui se mêle à la chair de la victime. C’était pour cette raison que Maximilien n’avait pas pu reconnaître le Kin de l’envoyeur directement et que seul le dessin restait sur sa peau, sans aucune puissance magique. 

Ainsi, personne ne pouvait remonter les pistes quand un sceau était apposé sur quelqu’un. 

Mais le fait qu’Almagar et Jamila tentaient de contrer cette difficulté le crispa d’anxiété, car il devinait leur plan derrière cela. 

– Vous cherchez à retracer celui qui était sur mon corps ? Vous l’avez effacé, pourtant.

– En partie, précisa Almagar, et tu as raison. Personne ici n’a jamais vu de sceaux aussi difficiles, avec une faculté d’autorégénération exceptionnelle. Selon les braconniers emprisonnés qui t’avaient récupéré avant de tenter de te vendre comme esclave, tu étais dans un état frôlant la mort : os brisés à certains endroits, d’énormes plaies… Néanmoins, à peine le lendemain de ta capture, la majorité de tes blessures avaient été soignées. Ce n’est pas à la portée du premier venu de créer un tel sort. 

Même s’il était impossible d’identifier le Kin de quiconque à Sarcoce, Maximilien craignait de leur devoir des explications, d’être à nouveau pointé du doigt et menacé. Sauf que, s’il refusait, les autres le verraient d’un mauvais œil et le suspecteraient de cacher son identité – à raison. Pour l’instant, elles n’arrivaient pas à déceler le secret des sceaux, alors il pouvait souffler, mais le jour où elles y parviendraient… 

Maximilien espérait juste être parti loin. 

– Mais ça n’a aucun intérêt pour le moment, non ? tenta-t-il avec un petit sourire. Ma présence n’est pas obligatoire…

– Pour nos tests, pas pour l’instant. Mais nous aimerions dessiner le sceau inscrit sur ta peau, pour l’étudier et après… 

Almagar n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’un bruit sourd fit trembler les murs, les paroles se diffusèrent dans l’air et ils retinrent tous leur souffle, les yeux écarquillés de stupeur. Ce ne fut qu’à la deuxième secousse, quand un pot tomba sur le sol, que Maximilien commença à s’inquiéter. 

– Qu’est-ce qu’il se passe ? Un tremblement de terre ? 

Jamais il n’avait vécu de telles catastrophes naturelles chez lui, mais Jamila le rassura sur ce point-là : 

– Non, absolument pas, c’est autre chose, comme… des explosions par intermittence. 

Ils sortirent de la pièce, Almagar devant eux, et ils coururent jusqu’aux jardins – après avoir monté plusieurs escaliers étant donné qu’ils étaient au sous-sol –, le cœur de Maximilien faillit lâcher quand il découvrit la cause de tout ce vacarme. 

Les nuages éclataient de violence, les éclairs se propageaient sur le sol, et des feux s’élevaient à différents endroits, sans pouvoir concrètement voir ce qu’il se passait dans la cité. 

Laven était attaqué. 

Osari sortit du bâtiment principal et se précipita vers eux, les yeux écarquillés de colère et d’incompréhension. Derrière lui, Etsumi et Ajaris le suivaient. 

– Ne me dis pas que c’est la même attaque que le mois dernier ? s’​​​​​​​égosilla le troisième Stir, parlant au-dessus du bruit des explosions derrière les murs du palais.

Maximilien ne leur accorda que peu d’importance, ses yeux se perdaient dans le ciel éclairé par une couleur violacée, aussi belle qu’inquiétante. Des piques de la même couleur, semblable à des pierres précieuses géantes, se fracassaient un peu partout, de manière aléatoire. Et ce pouvoir ressemblait étrangement à celui de l’une des Conquérantes. Et pas n’importe laquelle.

À celui de sa mère.

– Impossible…, murmura-t-il avec cette peur qui creusait son cœur. 

Des dizaines de soldats se précipitèrent vers les portes en direction de la ville, et son regard se posa sur les statures imposantes de Torik et Arashta, qui volaient vers la source des problèmes : Nora avait dû les envoyer, lui-même devait se trouver sur place à ce moment précis. Tout comme Kahl et Theol, chacun protégeait la cité du mieux qu’il pouvait, même si quelque chose clochait définitivement. 

Puis, comme pour répondre à ses doutes, son sang s’agita à cause des rayons qui flétrissaient l’herbe sous leurs pieds, et une essence qu’il connaissait bien lui retourna le ventre alors que l’angoisse secouait ses membres. 

Elios. 

C’était son Kin. 

Ce qu’il se passait, ce n’était pas une attaque, sinon ils auraient déjà annihilé tout ce qui se trouvait autour d’eux. 

Ce qu’il se tramait, c’était comme une exploration de terrain. 

Une recherche. 

Ils le recherchaient. 

La nausée ne lui laissa aucun répit à partir du moment où la terreur s’empara de son esprit, il pivota vers les autres, en train de se former pour défendre la cité et Almagar parut remarquer son état, elle revint vers lui. 

– Cours à l’intérieur avec Jamila, tu es une cible vulnérable. Mettez-vous à l’abri, nous allons gérer ce conflit.

La petite elfe se posta à ses côtés alors que la cheffe du quartier des Lucioles laissa son Kin l’envahir et sa peau se détendit, se colora d’un or pur, jusqu’à se briser pour devenir des écailles, accompagnées de longues ailes et de longues pattes. Dans un autre contexte, Maximilien aurait admiré le dragon d’or qui se déployait sous son nez. 

Mais actuellement, il souhaitait plus que tout fuir, se terrer dans un trou. 

Osari courut vers eux tandis qu’il hurlait des ordres à certains hommes plus loin. Almagar était déjà partie pour aider l’armée à défendre la cité, sans accorder un regard de plus à lui et Jamila. Une fois près du petit groupe, le troisième Stir posa sa main sur son épaule, le regard dur et assuré. 

– Écoute-moi bien, mon père est toujours dans le palais, sûrement dans ses quartiers. Il devrait être en sécurité avec ses favorites, je veux que tu ailles avec lui pour assurer ta survie, ou du moins dans ses appartements : ce sont les plus sécurisés du palais. Quant à toi, Jamila, dit-il en se tournant vers elle, ne fais rien d’idiot et fais en sorte que tout se passe bien. 

Sans leur laisser le temps de répondre, le Stir se lança dans la bataille, une lance en main, avec derrière lui d’autres hommes et femmes prêts à se battre pour défendre leur foyer. Plus loin, Ajaris et Esthia restaient en retrait, plusieurs sceaux marquaient les murs, de façon à créer un bouclier inébranlable. 

Sauf qu’ils ne savaient pas que leurs ennemis ébranlaient tout ce qu’ils touchaient. 

La petite main de Jamila le tira à l’intérieur et il se laissa porter par elle, sans trop savoir quels couloirs ils empruntaient ni depuis combien de temps ils marchaient. 

– C’est étrange…, souffla l’elfe. On dirait qu’il n’y a personne. Déjà que le palais n’est pas bien rempli en temps normal. Puis ça m’étonne qu’Osari nous ait dit de rejoindre le Skal, surtout à toi.

Ces mots le sortirent de sa torpeur, un véritable électrochoc qui pulsa en lui avec des frissons désagréables : Jamila avait raison, tout était bien trop vide et silencieux. Ils accélérèrent la cadence, animés d’une seule volonté et peur. 

Des hurlements vinrent casser cette tranquillité horrible, ceux d’un homme fou de rage : Theol Morgas. Cette fois-ci, leur marche se transforma en une course effrénée, leurs esprits s’échauffaient à mesure qu’ils s’approchaient de leur but. Les cris se multiplièrent, et Maximilien poussa la porte avec une force insoupçonnée, Jamila près de lui. 

Une odeur de viande brûlée le prit à la gorge, au point d’avoir failli régurgiter tout ce qui se trouvait en son ventre, et ses yeux se bloquèrent sur le souverain, muni d’une épée, les yeux écarquillés de rage.

Et son bras complètement calciné. 

Katrina se trouvait au sol, derrière le canapé, ses joues trempées de larmes et aussi pâles que les siennes. Maximilien guigna sur la fenêtre brisée, sûrement d’où provenait l’attaque, et il resta sur ses positions – les choses ne feraient qu’empirer avec lui – tandis que Jamila le dépassait pour se rapprocher de la concubine. Toutes les autres jonchaient au sol, le corps vidé de toute vie, la haine et le dégoût grimpèrent en lui quand il comprit que ses cadavres demeuraient l’œuvre de ce Skal sans conscience. 

– Qui a osé me trahir ? Qui ? Pourquoi mon corps est si faible ? beugla Theol, agitant son épée dans tous les sens. 

« Ce fou va embrocher Katrina s’il continue, et Jamila dans la foulée ! », ces deux dernières reculaient vers lui, sauf que le souverain accourait comme un fou vers elles, l’épée brandit au-dessus de sa tête. 

– C’est vous ! Je suis sûr que c’est vous ! 

Son hurlement de haine se changea en une souffrance exacerbée, atroce, et l’arme percuta le sol dans un tintement horrible ; Theol s’effondra à genoux, les mains sur ses yeux ensanglantés. 

– Je ne vois plus rien ! Plus rien ! 

Quand ses doigts s’écartèrent, seules deux boules cramoisies se tassèrent dans leurs orbites, tout aussi calcinées que son bras. Maximilien voulut fuir, tout abandonner, les larmes ne montèrent pas, seule la nausée persistait alors que l’odeur de la mort imprégnait les murs maculés de ce carnage. Katrina et Jamila étaient revenues vers lui, sortant de cette pièce morbide.

Theol leva sa main vers lui sans le voir. 

– Que quelqu’un m’aide ! 

Puis un éclair violet transperça une des fenêtres, atteignant directement la nuque du souverain. 

La voix de Theol mourut dans sa bouche.

Sa tête se tordit.

Et tomba.

Comment this paragraph

Comment

No comment yet