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Chapitre 29

Tout se déroula très vite. 

La lame maculée de sang dans le ventre de Kahl se détacha de lui, le faisant tomber à la renverse, sur ses genoux. Osari se tourna vers eux, la mine sombre et sa main se leva vers eux. Maximilien ne bougea pas d’un poil, les secondes défilaient comme des heures, le froissement des pas du Stir résonnait au ralenti, sa respiration s’étira sur le temps, et un coup de vent passa à côté de lui, une présence vive. 

– Arashta ! vociféra Esthia. Emmène-les loin de lui, je m’occupe de le retenir ! Va prévenir les autres ! 

L’hippogriffe ne chercha même pas à répondre et embarqua ses comparses en les tirant grâce à ses ailes. Le regard de Maximilien s’accrocha au corps ensanglanté de Kahl et, d’une folie passagère, alors qu’Esthia projetait Osari grâce à une onde de choc contre un mur, il se précipita vers le Stir et l’aida à se remettre sur pied. 

– Maximilien ! hurla Jamila. Reviens ici, espèce d’idiot ! 

Son bras sous ses aisselles, il marcha rapidement vers eux, le cœur battant à tout rompre, mais Osari n’allait certainement pas les laisser s’enfuir si facilement : des troncs d’arbre énormes sortir du sol, cassèrent le carrelage dans un bruit strident, les livres tombèrent de leurs étagères, Maximilien sentit un frisson d’horreur parcourir son échine quand les bibliothèques tremblèrent et furent sur le point de s’écrouler. 

Mais le pire restait la forêt qui évoluait jusqu’à eux, imposante, dont les arbres possédaient des branches pointues, bien trop pointues. Lui et Kahl n’avaient aucun moyen de s’enfuir. S’il ne réagissait pas rapidement, il ne donnait pas cher de leur peau. À ce moment précis, il aurait voulu voler. 

Ses ailes lui parurent être la seule solution. Maximilien accéléra, mais il savait que c’était en vain, car le tremblement se rapprochait d’eux à une vitesse folle. Du coin de l’œil, il vit Esthia tendre la main, comme pour arrêter l’avancée des troncs, sauf que ce n’était qu’une question de quelques secondes. 

Et qu’Osari l’avait envoyé valser à plusieurs mètres. 

Maximilien ferma les yeux, abattu par sa faiblesse. Pourquoi s’acharner ainsi ? À quoi bon tenter de survivre ? Une dernière pensée lui tirailla l’esprit, une dernière prière à l’égard de son inconscient. 

« Je vous en supplie, juste une fois, écoutez-moi. »

Une feuille frôla son dos, les carreaux éclatèrent sous ses pieds, tous ses souvenirs remontèrent en lui dans une tentative vaine de combler ses craintes, mais seuls les regrets s’imposèrent dans son esprit. Et l’image de Nora resta ancrée comme une dernière mélodie. 

La mort crut l’avoir. 

Mais tout ce qu’il se passa fut l’absence. Maximilien s’effondra sur ses genoux, persuadé d’avoir atteint le bout de sa vie. Son souffle erratique ne s’arrêta pas. Son cœur non plus. Délicatement, il ouvrit les yeux, incapable de savoir si c’était fini. Et quand il leva le regard vers le plafond, seules des ailes dorées les entouraient, lui et Kahl. Des larmes de choc s’installèrent dans le coin de ses yeux et les tremblements l’empêchèrent de se relever, tant le soulagement et la stupeur l’envahirent de toutes parts. Enfin, elles avaient répondu à son appel. 

– Qu’est-ce que… c’est…, murmura Kahl, au bord de l’inconscience. 

Du sang coulait le long de son menton, un liquide qu’il le répugnait plus que tout, mais il allait devoir faire avec et le protéger. Des cris retentirent à l’extérieur, le dôme que formaient ses ailes lui permettait de reprendre rapidement ses esprits, alors il n’attendit pas plus longtemps : elles lui laissèrent le champ libre pour analyser la situation autour de lui. Les arbres tordus, aux troncs épais et aux branches aiguisées, les encerclaient sans les toucher ; ses ailes, quasiment indestructibles, supportaient toutes les attaques, même certaines de ses compères. Maximilien lança un regard à Kahl, peu sûr de son coup, mais c’était la seule option qui se présentait à lui. D’un geste prudent et souple, il le mit doucement sur ses épaules, puis il avisa un passage où le plafond avait été détruit : la forêt était si haute qu’elle avait traversé tous les étages du palais. Maximilien prit appui sur ses jambes et s’élança dans les airs, le poids de Kahl sur ses épaules le ralentissait un peu, mais il restait assez fort pour le supporter. Il atteignit rapidement l’extérieur, à une vitesse fulgurante et resta quelques instants en suspension dans les airs, reprenant son souffle ; il l’avait retenu pendant plusieurs secondes, incapable de contenir son angoisse. 

Ils étaient libres et vivants. 

Mais son repos fut de courte durée, car une explosion retentit sous eux, près du hall principal. Plusieurs soldats inconnus poursuivaient des servants dans les jardins, armes en main, les cris brisaient chaque recoin du palais. Kahl crachait encore du sang sur sa peau, alors il décida de redescendre vers une place plus sécurisée, de trouver une personne sur qui compter. Il atterrit dans le jardin de Nora, en brisant l’une des vitres qui le recouvrait, pile sur un terrain d’herbe entouré de serres. Il posa le Stir sur le sol et examina directement la large plaie qui entravait son torse, plus près du ventre que des pectoraux. Avec un peu de chance, la lame n’avait touché aucun organe vital, mais c’était espéré un miracle. Maximilien posa ses paumes sur la blessure, concentré au point de provoquer un mal de tête horrible : si ses ailes avaient répondu, ses pouvoirs pouvaient être revenus. 

Il tenta de focaliser son Kin, de le malaxer, mais rien ne vint. 

L’entaille profonde restait la même, qui le narguait de son rouge pur. 

Il jura dans sa barbe, les larmes revinrent comme des vieilles amies suffocantes, tentant encore et encore de le soigner avec ses pouvoirs. Son impuissance le consumait, les hurlements devenaient de plus en plus présents, son regard tomba sur le visage pâle de Kahl, qui le fixait en retour, plongé dans un silence perturbant. Cette douce culpabilité s’acharna contre son cœur tandis qu’il baissait la tête, sa rage coulant sur ses joues. 

– Je suis désolé…, s’étrangla-t-il. Mes pouvoirs ne veulent pas revenir…

Kahl se contenta de tourner son visage vers le ciel, les mots se perdaient avec le sang qu’il crachait. Maximilien tenta d’effacer les larmes qui dévalaient sur son menton : si seulement il avait compris plus tôt les capacités des cristaux, si seulement son Kin n’avait pas disparu… 

Si seulement sa famille ne l’avait pas trahi. 

Une rage démesurée explosa, un étau de haine enserra son esprit jusqu’à le comprimer dans une misère jusqu’alors ignorée, niée, et toute la charge qui pesait sur ses épaules devint comme une puissance grandissante, un sentiment aussi pur que destructeur ; il porta à nouveau Kahl, les dents serrées, le fiel contenu dans son corps, sa volonté le poussait à tenter le tout pour le tout, et il courut jusque dans le palais. 

Là, entre les murs constitués d’or et de marbre, le sang éclaboussait le luxe et la richesse, aucune vie ne gambadait, si ce n'étaient les corps encore chauds des morts. Maximilien ignora au mieux les cadavres qui défilaient sous ses pieds et laissa ses jambes le guider, à en perdre haleine. Les cris s’entrechoquaient, les lames se fracassaient, et quand il monta au deuxième étage, plusieurs assaillants poursuivaient les gens du palais. Ils le virent directement, avec leur cible principale sur le dos, et l’hésitation ne traversa même pas leurs visages qu’ils se jetèrent sur lui. Une colère sourde se déploya dans son dos, les mains prises par Kahl, ses ailes demeuraient sa meilleure arme : acérée aux pointes, indestructibles aux plumes. 

Le rugissement qui traversa ses lèvres ne lui ressemblait pas, mais qu’il en fut ainsi : assez de la peur, assez de la faiblesse, assez de tout, c’était maintenant que tout se jouait et jamais, au nom de Dual et de tous ceux qu’il devait protéger, il n’abandonnerait. Il fonça dans le tas, incapable de réfléchir, et ses ailes agirent d’un même homme, en accord avec ses émotions, sa volonté : elles plantaient ceux trop près, d’une souplesse extraordinaire, les portaient du bout de leurs muscles et les écrasaient contre les murs. Tous ceux qui se voulaient obstacles devenaient victimes. 

Encore et encore, il franchissait ses ennemis et une figure se distingua au bout du couloir, combattant à son tour ceux qui tentaient tant de les détruire. 

– Daryl Qhuan ! beugla Maximilien. 

Le chef lui lança une œillade étonnée et remarqua Kahl sur ses épaules. Sans même parler, il comprit la situation d’urgence, même si son regard empestait encore la rancœur : tous les deux grimpèrent au dernier étage, abattant tous les Catals qui se dressaient, et ils enfoncèrent la porte de la chambre de Kahl. Heureusement qu’ils n’étaient tombés que sur des combattants dépourvus de Kin. Ils barricadèrent la porte et Maximilien posa le Stir sur son lit. 

– Chef Qhuan, souffla-t-il à bout de souffle, je sais que vous êtes très proche du premier Stir, il faut absolument le protéger, le soigner.

– Que je le soigne ? Tu lui as causé ses blessures, Catal ? cracha Daryl. Pourquoi est-il dans cet état ? Et c’est quoi ça ? Qu’est-ce que tu es, à la fin ?

Il pointa ses ailes, les yeux prêts à sortir de leurs orbites, mais Maximilien secoua la tête, les sourcils froncés. 

– Daryl Qhuan, fulmina le Lios, peu importe votre haine à mon égard, ne m’accusez pas de l’avoir attaqué alors que je tente désespérément de lui sauver la vie. Pourquoi l’aurais-je rapporté ici si mon but était de l’abattre ? Alors soignez-le et protégez-le ! Et nous n’avons pas le temps pour les questions inutiles !

Contre toute attente, il ne répliqua rien, lui qui aimait tant le désapprouver et le mettre plus bas que terre – au point de vouloir l’égorger vif à chaque fois qu’il le regardait. La mâchoire serrée, il fouilla dans les affaires de Kahl et trouva rapidement des bandages et des produits. 

– Bien, tonna-t-il, je suis bien obligé de te croire pour l’instant. Je vais protéger mon Stir, alors fais en sorte de te rendre utile. Mais si tu oses nous trahir, je te tuerais sans sommation. 

Il ne lui adressa qu’un mouvement de tête, conscient que cela lui demandait beaucoup de le laisser partir et de faire semblant de lui accorder un minimum de confiance à ce moment précis. Mais il s’en fichait pas mal, il passa par la fenêtre de la chambre pour s’envoler haut dans le ciel : une seule personne importait.

Nora. 

La seule façon de le trouver rapidement, c’était grâce à son Kin, alors il se concentra sur ce seul élément parmi tous ceux présents. Certains se dégageaient, notamment celui d’Osari qui ne cessait de grandir grâce aux cristaux qu’il devait utiliser, mais seul lui comptait à cet instant.

Juste lui.

Il ferma les yeux, effrayé de le perdre et enragé d’échouer. 

Et il le trouva. 

D’un coup d’ailes, Maximilien pointa vers le bas comme une flèche et fracassa les portes qui obstruaient l’entrée au hall – des hommes paraissaient les avoir fermées. Il dérapa sur le tapis, les muscles tendus d’appréhension, son sang pulsait dans ses veines et, alors que sa boule au ventre paraissait sur le point d’exploser, cette colère qui l’animait depuis plusieurs dizaines de minutes se transforma en une fureur incontrôlable, heureuse d’enfin sortir. 

Almagar, Ulios et Nora, gravement touchés, se défendaient face à l’attroupement de Catals, mené par Osari ; Ajaris, aux côtés d’Ajaris et de quelques Valtorès comme Feliaris ou Qhuan, combattaient l’autre côté, des soldats du palais tentaient de faire de même, mais la différence de force et de nombre se faisait bien trop ressentir. 

Ce qui n’était pas normal, car même si les cristaux gonflaient le Kin du possesseur, Nora et Almagar restaient de puissants combattants. Peut-être que ces ordures les avaient empoisonnés, de même pour Kahl. Mais il se fichait des théories. 

Maximilien s’élança dans la bataille, balançant plusieurs des ennemis au loin, et le traître qui leur avait servi de Stir fit volte-face, surpris par ce retournement de situation, encore plus quand il vit ses ailes. 

– Que… 

Mais il n’eut pas le temps de réagir que Maximilien tenta de le poignarder de ses ailes. Ce fut sans compter sur ses instincts de soldat, car il fit un bond en arrière et créa un bouclier entièrement constitué de feu. Face à face, les deux se lorgnèrent comme des chiens enragés prêts à se déchiqueter. 

– Tu as réussi à survivre, pesta Osari en regardant ses ailes. 

– Ne cache pas ton plaisir de me voir, cela me toucherait presque, nargua Maximilien non sans le dévisager à son tour en examinant les traces bleutées sur son corps. 

L’animosité dont il faisait preuve l’étonnait encore, mais qu’importait : sa seule mission consistait à protéger son peuple. Nora se posta à ses côtés, de même pour Almagar. Aucune parole, aucune peur, voilà ce qui comptait ; seul le combat les attendait. Maximilien n’attendit pas de signal et ses ailes se déployèrent dans leur entièreté pour pousser et érafler les Catals, sans jamais atteindre Osari. Celui-ci utilisait le vent pour dresser un mur qui renvoyait toutes les attaques en plus puissantes. 

– Mon frère ! hurla Nora. Arrête cette folie, tu tues ton propre peuple, ta propre famille !

Ces mots n’eurent comme effet qu’une rage qui éclaira le visage de leur ennemi. 

– Mon peuple ? cracha Osari. Ma famille ? Je n’ai rien à gagner avec vous, je ne suis que le dernier frère des Morgas, celui qui ne pourra jamais espérer obtenir une quelconque puissance ! Tout ce que j’ai fait, c’est vivre dans l’ombre de Kahl, de mon père, même de la tienne ! Si je me débarrasse de tous ceux qui m’empêchent d’accéder à mes désirs, à cette puissance que j’aurais dû avoir, alors peut-être que je serais plus heureux ! Avec eux, je peux rêver même de l’impossible ! Je peux tout dominer, tout contrôler, tout détruire !

Maximilien le dévisagea, incapable de retenir son dégoût et sa lassitude : il ne reconnaissait plus l’homme dynamique et bavard qu’il avait pu côtoyer pendant ces derniers mois. En face de lui, c’était une toute autre personne, qui désirait seulement une chose : en finir avec sa propre famille, comme il l’avait fait avec son propre père.

Quelle ignominie. 

Avec cette allure fière et majestueuse qui accompagnait toujours la divinité et sied à merveille à sa figure, il se dressa devant lui, le dos droit et le menton haut, prêt à en découdre. Pourtant, Osari, derrière son mur, lui tendit la main. 

– Tu es des nôtres, Max, clama-t-il avec un sourire, tu fais partie de leur groupe, tu es un des Divins, alors rejoins-nous, retrouve ta place légitime parmi nous. 

– Je me doutais bien que les gens de Sarcoce avaient un rapport avec tout cela, mais je ne te pensais pas aussi stupide pour croire à leurs illusions. 

– Je te demande pardon ?

– Tu penses vraiment qu’ils portent un quelconque intérêt aux mortels qu’ils ont toujours méprisés  ? fulmina Maximilien. Ils se servent de vous pour atteindre leurs propres objectifs et vous tueront quand ils les auront atteints. Même si je ne sais pas encore ce qu’ils souhaitent exactement. 

Le temps d’un instant, il crut avoir fait vaciller ses croyances quand il remarqua son regard troublé, presque perdu, mais ses traits se durcirent à nouveau, une détermination étrange les peignit et les taches sur son corps s’étendirent. 

– Tu as donc choisi ton camp ? ricana Osari. Bien, qu’il en soit ainsi. 

La barrière constituée de vent se fracassa sur le sol en une flaque d’eau, et Maximilien se persuada que c’était le moment de l’attaquer. Alors il commença à s’élancer, pour l’abattre définitivement. Mais quelque chose s’échappa de la main du Stir, comme une lame faite d’air. 

Et elle passa dans le reflet de l’eau. 

Il avait suffi d’une seconde pour tout voir basculer. Un gémissement retentit derrière lui, court et abrupt. Alors il s’arrêta dans son élan, horrifié de comprendre ce qu’il venait de se passer. Maximilien se retourna, les yeux écarquillés, et son regard croisa celui choqué de Nora. 

La main sur son cou, du sang s’écoulait entre ses doigts alors qu’il s’écroulait au sol. 

– Les miroirs ne sont pas les seuls à refléter le monde, souffla Osari. 

– Nora ! s’écria Maximilien. 

Almagar tenta de s’approcher de lui, mais d’autres assaillants arrivèrent par-derrière, sur le point d’avoir raison de leurs alliés. Elle dut assurer la défense, mais son visage n’affichait que peur et désarroi. 

Maximilien se précipita vers Nora, ses yeux s’embuèrent quand il remarqua que l’arme avait transpercé sa gorge, en passant par le miroir pile dans leur direction. Il s’agenouilla à ses côtés, tentant désespérément d’arrêter l’hémorragie, même s’il crachait bien trop de sang et que le sol s’en retrouva vite inondé. 

– Je t’en supplie, Nora, murmura-t-il dans un sanglot, tiens le coup. 

Les larmes dévalèrent sur sa peau et tombèrent sur les joues maculées de son Stir, son cœur se déchira davantage quand il lui adressa un sourire désolé, une excuse pour ne pas pouvoir répondre à ses supplications. Osari s’esclaffa, bien trop heureux alors qu’il venait de blesser mortellement sa famille. Son propre frère. 

– Je te laisse encore une chance de nous rejoindre. Si tu restes avec eux, tout ce qui t’attend sont la soumission et la désolation. Le monde appartient aux plus forts, alors viens… 

– Jamais ! 

Son hurlement fit frissonner les murs et les cieux, un cri désespéré de revanche et de tourment alors qu’il enlaçait un homme qu’il estimait tant, en train d’agoniser dans ses bras à cause de son impuissance. Il releva son regard larmoyant vers Osari, les traits plissés de haine, et sa voix explosa dans cette salle où se déroulait la pire des trahisons. Maintenant, plus que n’importe quand, il était sûr. Sûr de qui il était et ce qu’il devait faire : son âme lui appartenait, son esprit ne se dédiait qu’à une seule chose.

– Jamais ! répéta Maximilien, à bout de nerfs. Amusez-vous à vous bercer d’illusions et de rêves malsains, mais jamais je ne vendrais mes valeurs pour des passions aussi vaines que les vôtres ! Coupez-moi les ailes, les jambes, les bras, la tête, torturez-moi à m’en faire pleurer, achevez-moi comme un porc, mais je jure sur Dual que je ne me laisserais jamais berner par vos monstruosités ! 

Une étrange chaleur éclata dans son cœur et s’éparpilla dans tout son corps, un desideratum de changement, d’amour et de protection qui imprégna son sang, sa peau, alors qu’il serrait Nora contre lui, les yeux rivés dans les siens, à la recherche d’une dernière once de vie qu’il trouva et chérit du plus profond de son être. Là, lui qui ne s’était jamais senti à sa place nulle part. 

Il comprit que c’était auprès de cet homme qu’il voulait être. Ses dents se serrèrent pendant une seconde, les larmes s’étaient arrêtées pour laisser place à autre chose. Le regard de Nora changea, imperceptiblement à cause de son existence qui touchait le bout, mais ce fut comme un éclair de surprise, de choc. Maximilien ne pouvait pas le laisser partir, il n’en avait pas la force. 

– Jamais je ne vivrais aux côtés des traîtres, mais seulement avec la Justice ! Si je suis un Divin, si je suis un Pilier, ce n’est pas pour être le bourreau des hommes, mais le protecteur des mortels ! Un Dieu qui aime celui qui le déteste, un Dieu qui pardonne celui qui veut le tuer… 

Osari commença à s’approcher d’eux, la rage au bord des yeux, son épée en main, avec la féroce volonté de les trucider. Alors il le défia du regard, l’impétuosité qui se réveilla en lui se transforma en une puissance jusqu’alors absente. Le traître leva son épée, prêt à le décapiter, ses ailes ne bougèrent pas. 

Comme si elles savaient. 

Et ses lèvres se délièrent une dernière fois. 

– Mon peuple, ma vie ! 

Alors que son cri résonnait, que la lame s’abattit, une puissante aura s’échappa de lui, éclatante de blanc, et il ferma les yeux tant elle l’aveugla. Un hurlement de douleur parvint à ses oreilles tandis que son Kin se propageait dans ses veines, vif et furieux. La fièvre qui le prit glissa sur Nora et l’entoura d’un étau paisible. Tout parut éclater, les murs, les miroirs, les tableaux, les plafonds, rien ne restait de côté. Ce déferlement dura plusieurs secondes, sans pouvoir le contenir, et quand il regagna un minimum de conscience, ses paupières s’ouvrirent délicatement. 

Son souffle se bloqua, ses lèvres tremblèrent de stupeur, car ce qui devait être Osari ne ressemblait plus qu’à un tas de cendres où s’éparpillaient ses habits. Mais le pire, c’était que ce n’était pas de son fait. 

Quand il leva les yeux vers le ciel, au loin, passé les portes, son cœur s’arrêta de battre. Il ne put se maintenir conscient plus longtemps, son corps s’écroula sur le côté, tremblant de tout son soûl et épuisé de ce carnage. 

Mais tout ce qui lui restait à l’esprit, même quand il sombra dans l’inconscient, ce fut ce visage pénétrant, magnifique et resplendissant de beauté, de force, d’arrogance. 

La dernière chose qu’il retint, ce fut la figure divine de son frère. 

Elios de Sarte.

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5 Comments

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Elios sale traître, nonnnn NORA , MAXIMILIEN , j'espère qu'il vont bien.
J'ai hâte du prochain chapitre dit moi qu'il sort bientôt stp.
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Malheureusement, il faudra attendre le deuxième tome de cette trilogie !
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Malheureusement, il faudra attendre le deuxième to...
Nannnnouiiiiiiiii j'ai hâte de lire la suite bonne continuation, j'ai regardé et tu n'es pas sur Wattpad.
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Nannnnouiiiiiiiii j'ai hâte de lire la suite bonne...
Mon pseudo est atropos_astree sur Wattpad ça doit être pour ça ! La suite devrait arriver assez rapidement (fin août) !
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Mon pseudo est atropos_astree sur Wattpad ça doit ...
Ahh merci, oh génial j'ai vraiment hâte, repose toi bien et prends soin de toi
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