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AmbreFauchon
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Chapitre XII:Quand le temps s'arrête

Le battement des tambours de guerre s'éloignait peu à peu derrière les murs du pavillon. Mais dans cette pièce transformée en sanctuaire de fortune, chaque seconde pesait comme une éternité. Li Wuxin s'était levé, vacillant, les tempes battantes. Son corps criait de fatigue, mais ses mains, elles, savaient quoi faire.

"Ouvre la trousse," dit-il à Lu Xiaoquian d'une voix encore râpeuse, ses mots sortant comme un souffle brisé. Il avait l'air d'avoir franchi les limites de ses forces, mais il ne s'autorisait pas à faiblir. Pas ici, pas maintenant.

Elle s'exécuta sans discuter. Les sachets d'herbes s'ouvrirent, l'odeur amère du ginseng, du camphre, et de l'aunée emplit l'air, se mêlant à la douce chaleur du réchaud. Le mélange des senteurs, d'abord réconfortant, devint suffocant, comme si chaque inhalation donnait vie à une nouvelle souffrance. Jiang Lingxian était toujours allongé, le torse découvert, la flèche à moitié brisée enfoncer entre deux côtes. Sa respiration sifflait, chaque souffle menaçait de s'arrêter. Il était entre la vie et la mort. L'homme qu'ils appelaient commandant, celui qui portait l'espoir de tant, gisait désormais dans une mer de souffrance.

"Vous devriez être au lit," murmura Lu Xiaoquian à Li Wuxin, elle le regarda, les mains tremblantes, le cœur serré. Elle savait que son maître était épuisé , mais elle savait aussi qu'il ne se permettrait jamais un instant de répit tant que quelqu'un aurait besoin de lui. Et ce quelqu'un, aujourd'hui, était Jiang Lingxian.

"Le Commandant n'a pas le temps pour que je me repose," répondit Li Wuxin avec une dureté dans la voix. Il savait que le temps était un ennemi qu'ils ne pouvaient se permettre de perdre. Pas avec une vie suspendue entre ses mains.

Il s'agenouilla près du commandant. Lan Boxiao se tenait de l'autre côté, les yeux rougis, le visage figé dans un masque de peur contenue. Li Wuxin ne la regarda pas. Il se concentra. D'abord, il fallait évaluer les dégâts.

"La pointe est restée à l'intérieur," dit-il, ses doigts explorant la chair avec une précision presque inhumaine. "Elle a frôlé le cœur. Il faut l'extraire sans provoquer une hémorragie. Xiaoquian, chauffe le couteau. On va cautériser à l'instant où je la retire."

Elle hocha la tête et alluma le petit réchaud en bronze, glissant la lame dans la flamme bleue. Lan Boxiao serra la main de son maître, murmurant son nom comme un mantra, chaque syllabe une supplication silencieuse, mais dans ses yeux, on voyait la lutte intérieure. Elle savait que la situation était désespérée, mais elle avait l'espoir que Wuxin ferait l'impossible pour sauver le seul homme qui comptait pour elle.

Li Wuxin ferma les yeux une seconde, inspira profondément, cherchant à apaiser le tumulte de son esprit. Puis il planta ses doigts sur la hampe de la flèche. Il avait déjà vécu mille fois cette scène. 

"Maintenant." Sa voix portait tant d'assurance, non pas de l'assurance de la certitude, celle forgée par des années de douleur et de savoir-faire, mais de celle acquise dans la souffrance, celle des gestes répétés jusqu'à la maîtrise absolue.

D'un geste sec, précis, il arracha la flèche. Le sang jaillit en une éclatante onde rouge, mais Lu Xiaoquian était déjà là, la lame chauffée posée contre la plaie. Une odeur de chair brûlée monta dans la pièce, envahissant l'espace comme un spectre. Jiang gémit faiblement, inconscient. Wuxin tamponna la blessure avec une compresse de lotus noir, puis ajouta des gouttes d'un extrait rare, le suc d'épine-rouge, aux propriétés coagulantes. Il savait que chaque seconde comptait, que le moindre retard pouvait être fatal.

"Il faut que tu l'aides à respirer," dit-il à Lu Xiaoquian, d'une voix plus douce, mais tout aussi ferme. "Prépare la décoction des Trois Souffles. Tu te souviens ?"

"Oui. Je la prépare." Elle s'activa, dos tourné, les cheveux tombant en cascade sur ses épaules. Lan Boxiao la suivait des yeux, comme si elle s'accrochait à chacun de ses gestes. Son visage, marqué de cendres et de larmes séchées, n'était plus celui de la disciple inébranlable, mais celui d'une jeune fille brisée, une enfant ayant vu son monde se défaire à l'instant où son maître avait été frappé.

Li Wuxin, lui, ne parlait plus. Ses mains bougeait sur le torse du commandant, appliquant pressions et massages précis, activant les méridiens, aidant le Qi à circuler, à forcer le corps à survivre. Chaque geste coûtait. Chaque respiration lui arrachait un peu plus de son énergie, mais il tenait. Il tiendrait tant qu'il le faudrait.

Lu Xiaoquian revint avec une petite coupe fumante entre les mains. Elle s'agenouilla et approcha la boisson médicinale des lèvres du commandant.

"Aide-moi," dit-elle à Lan Boxiao, d'une voix marquée par l'urgence. "Tiens-le."

La jeune guerrière passa un bras sous les épaules massives de son maître, le redressa lentement, comme si chaque mouvement lui était un fardeau insupportable. Lu Xiaoquian versa la décoction goutte après goutte, priant intérieurement que le remède fasse effet, qu'il l'aide à reprendre conscience. Quand ce fut fait, elle posa sa main sur l'épaule de Lan Boxiao, son regard tourné vers elle, une lueur de soutien dans les yeux.

"Tu fais ce que tu peux. Il sait que tu es là. Il se bat encore." Sa voix, douce mais ferme, portait les espoirs de tous. La présence de Lan Boxiao, l'âme qui s'accrochait à son maître, était ce qui pouvait le sauver.

Lan Boxiao hocha la tête, des larmes pleins les cils. Puis elle tourna les yeux vers Lu Xiaoquian et, sans un mot, posa son front contre le sien. Le monde disparut un instant. Il ne resta que ce contact, cette chaleur, ce lien silencieux qui semblait sceller la promesse de tout faire pour sauver celui qu'elles aimaient toutes les deux.

"Merci," murmura-t-elle. "Pour lui. Pour moi." et elle déposa un légé baiser sur les lévre de Lu Xiaoquian

Li Wuxin les laissa. Il se releva lentement, cherchant appui contre la table. L'effort l'avait vidé. Il avait tout donné, mais il se tenait encore.

"Il ne doit pas bouger pendant deux jours ,et éviter même de parler."

Lan Boxiao se tourna vers lui, le visage bouleversé de soulagement. "Merci."

Li Wuxin n'avait pas l'air satisfait. Il avait le regard voilé, comme un homme épuisé qui venait de dépasser ses limites. Puis, d'un coup, comme si l'idée venait de le frapper avec la force d'un coup de tonnerre, il se raidit.

"Xu Moyao m'a dit que tu avais une lettre, où est-elle ?" demanda-t-il soudain, sa voix trahissant une tension qu'il ne parvenait pas à cacher.

Lu Xiaoquian la lui tendit. Xu Moyao lui avait confiée avant de repartir sur le champ de bataille. Il la déroula, ses yeux parcourant rapidement les mots.

"C'est une convocation. Pas une menace. Ils cherchent à ce que j'aille vers eux. Volontairement."

"Maitre, vous n'y pensez pas !" s'exclama Lu Xiaoquian, les yeux écarquillés de terreur.

"Bien sûr que non," répondit-il, ses lèvres se serrant en une ligne fine. "Mais ils savent qui je suis. Ce que je fais. Ce que je peux faire. Et s'ils reviennent... ils en demanderont plus."

Le silence tomba. Il était lourd, oppressant.

Soudain, un cri. Un appel. Puis plusieurs.

"Lan Boxiao ! Lan Boxiao est partie !"

Lu Xiaoquian se leva brusquement. "Quoi, elle était ici...", La phrase mourue dans sa george, en tournant la tête elle  consta l'absence de celle qui lui tenait la main 5 minute au paravant.

Un messager haletant entra, l'angoisse écrasant son visage. "Je l'ai vue sortir par l'arrière. Seule. Elle n'a pas répondu quand je l'ai appelée. Elle est montée à cheval et a filé vers le sud."

Lu Xiaoquian sentit la panique la saisir, la peur traversant son corps comme un gel froid. Elle courut à l'extérieur, les battements de son cœur plus violents que le tumulte au loin. Le camp était encore agité dans l'aube naissante, mais aucune trace de Lan Boxiao. Rien que des ombres dansantes et l'écho des tambours.

"Pourquoi..." 

Les jours passaient lentement, pesant comme des siècles. Chaque matin, Lu Xiaoquian se réveillait avec un poids lourd dans la poitrine, une sensation persistante de vide qui ne semblait jamais vouloir disparaître. Le camp, malgré son agitation, semblait silencieux. Comme si, d'une manière ou d'une autre, la disparition de Lan Boxiao avait étouffé la vivacité du monde qui l'entourait. Elle n'avait cessé de se poser des questions, des dizaines, des centaines, qui tournaient en boucle dans son esprit.

Pourquoi était-elle partie si soudainement ? Qu'avait-elle ressenti au moment de partir, cette urgence, cette douleur silencieuse qu'elle n'avait pas partagée ? Lu Xiaoquian se sentait trahie, mais pas de la manière dont on se sent trahi par un ennemi. C'était un vide que l'on ressent quand quelqu'un que l'on estime profondément, quelqu'un qui fait partie de vous, s'éloigne sans explication, sans même un dernier regard.

Elle se rappelait encore la chaleur de son contact, ce moment silencieux où leurs fronts s'étaient touchés. Pourquoi ? Qu'est-ce qui l'avait poussée à partir, seule, dans l'obscurité de la nuit ? Lu Xiaoquian se demandait si elle avait fait quelque chose de mal. Si, d'une manière ou d'une autre, son propre comportement avait fait que Lan Boxiao ait ressenti qu'elle n'avait plus sa place parmi eux.

Les journées étaient emplies de ces pensées qui n'avaient ni début ni fin, mais qui étaient d'une intensité dévorante. Elle voyait Lan Boxiao dans chaque coin du camp, dans les visages des soldats, dans les gestes. Mais elle ne la trouvait jamais. Chaque jour sans nouvelles était un autre coup porté à son cœur, et pourtant, elle ne se laissait pas sombrer. Elle savait qu'elle ne pouvait pas se permettre de s'effondrer. 

Li Wuxin la remarqua, bien sûr. Ses yeux perçaient toujours l'âme des gens autour de lui. Ce n'était pas dans son caractère de poser des questions, mais il savait. Et c'était suffisant pour lui.

Un matin, alors qu'elle était occupée à réaliser les dernières préparations pour la journée,  il s'approcha d'elle. Sa silhouette sombre se détacha du fond brumeux, comme une ombre familière, mais sa voix, quand elle s'éleva, était calme, apaisée.

"Xiaoquian," dit-il doucement. "Tu n'as pas à porter ce fardeau seule."

Elle tourna lentement la tête vers lui, ses yeux s'ouvrant sur la fatigue qui s'était emparée d'elle ces derniers jours. Les coins de ses lèvres se haussèrent légèrement, mais cela ne fit que souligner l'inquiétude qui persistait dans son regard.

"Je ne porte rien", répondit-elle, mais sa voix tremblait légèrement, trahissant sa prétendue indifférence. "Je suis juste... occupée."

Li Wuxin ne répondit pas tout de suite. Quand il arriva à sa hauteur, il s'arrêta et la regarda longuement, d'un regard perçant qui en disait plus que des milliers de mots.

"Lan Boxiao n'est pas partie parce qu'elle te fuyait," dit-il enfin, sa voix se voulant être la plus convainquante possible. "Elle est partie parce qu'elle avait besoin de se retrouver. Et cela n'a rien à voir avec toi."

Lu Xiaoquian baissa les yeux, la douleur se réveillant en elle. Elle n'avait pas été naïve, elle savait que ce départ n'était pas dirigé contre elle, mais pourquoi cela la blessait-il tant ? Pourquoi cette absence la frappait-elle de manière aussi poignante ?

"Elle est... partie seule", dit-elle d'une voix brisée, presque inaudible. "Et je n'ai rien pu faire."

Li Wuxin resta silencieux un instant, puis, d'un geste rare, il posa une main sur son épaule. Un contact bref mais fort, rassurant, comme s'il lui envoyait tout ce qu'il pouvait pour combler le vide en elle.

"Tu n'avais pas à tout faire", dit-il doucement. "Tu as fait tout ce que tu pouvais. Parfois, les gens ont besoin de se perdre avant de pouvoir se retrouver. Et toi, Xiaoquian... toi, tu as toujours été là pour les autres, même quand ils ne te le demandaient pas. C'est ça ta force."

Elle releva les yeux vers lui. Il était rare qu'il laisse transparaître autant d'émotion, mais il y avait quelque chose de sincère dans ses paroles, quelque chose qui apaisait peu à peu la douleur dans son cœur. La tristesse n'avait pas disparu, mais elle n'était plus aussi lourde. Elle pouvait respirer un peu mieux.

"Merci, maître", murmura-t-elle, la gorge serrée. "Je sais que vous avez raison."

Il la regarda un instant, puis ajouta : "Lan Boxiao reviendra, quand elle sera prête. Elle n'a pas disparu. Elle a juste pris un chemin différent, pour l'instant."

Les mots de Li Wuxin firent écho en elle comme une vérité simple mais profonde. Elle n'avait jamais vraiment été seule, même quand elle se sentait abandonnée. Elle avait sa place dans ce monde, et elle la retrouverait, comme Lan Boxiao retrouverait la sienne, tôt ou tard.Au prés d'elle.

Le poids dans sa poitrine s'allégea, un peu, et elle se redressa, reprenant son souffle, un léger sourire se dessinant sur ses lèvres. 

Li Wuxin hocha la tête, un regard approbateur dans les yeux.

Elle le regarda, touchée par ses mots, et pour la première fois depuis le départ de Lan Boxiao, elle sentit la force revenir en elle. 

Elle avait sa place. Et Lan Boxiao reviendrait.

Salut tout le monde, merci d'avoir lu le douzième chapitre de mon livre , n'hésitez pas a liker et dire ce que vous en pensez en commentaire. For the readers , the english version is also avaible !

Les dessin sont fait avec mon amie Cisoul ! n'hésitez pas a la soutenir en commentiare

By à la prochaine fois ! 💕

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