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AmbreFauchon
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Chapitre II: Le Renard

La nuit, Li Wuxin ne dormit pas.

Ses yeux passaient sans cesse du registre médical à son journal de traitement, entourant chaque incohérence avec de l'encre rouge. Peut-être était-ce l'adrénaline. Peut-être le thé fort qu'il avait bu plus tôt. Quoi qu'il en soit, quelque chose l'empêchait de trouver le sommeil.

Il n'avait jamais été un gros dormeur. Alors, quand le soleil se leva, il était encore penché sur ses deux livres. Les signes d'épuisement se faisaient sentir : cernes marquées, nuque raide, migraine naissante derrière les tempes. Et pour quoi ? Honnêtement, pour rien. Toute cette nuit d'étude laissait dans sa bouche un goût amer.

La tente était silencieuse, le seul bruit venant du froissement léger des toiles sous la brise.

Puis une voix douce et hésitante rompit le silence.

« Maître ? »

Il cligna des yeux et se redressa, brutalement tiré de ses pensées. Sa disciple se tenait à l'entrée, les doigts encore accrochés au rideau.

« Entre, » dit-il d'une voix plus rauque qu'il ne l'aurait voulu.

Ce n'est que lorsqu'elle pénétra dans la tente qu'il leva entièrement la tête de ses livres. Elle n'eut besoin que d'un regard pour comprendre qu'il n'avait pas dormi. Son visage le trahissait.

Elle s'avança et sortit deux brioches encore tièdes d'un panier.

« Je sais que vous les aimez bien, » dit-elle, d'un ton presque trop détaché. « Je me suis dit que ce serait une bonne idée de vous en apporter. »

En vérité, Lu Xiaoqian avait deux raisons très personnelles. Premièrement : son shizun était notoirement difficile sur la nourriture. Deuxièmement : elle ne voulait pas revivre l'expérience de la dernière fois. Le souvenir était encore bien trop vif — les œufs brûlés, les bords carbonisés, l'odeur...

Dieux, cette odeur. Quelque part entre du caoutchouc fondu et un cadavre laissé au soleil. Elle ne comprenait toujours pas comment un esprit aussi brillant pouvait transformer un œuf en arme de guerre.

Elle frissonna.

« Ne me dis pas que ces œufs te hantent encore. »

Li Wuxin n'eut même pas besoin de poser la question. Il savait exactement à quoi elle pensait. Leurs regards se croisèrent — moitié horreur, moitié complicité — et ils éclatèrent d'un rire discret, presque libérateur, tout en croquant dans les brioches moelleuses.

« Maître... sans vouloir vous manquer de respect, » dit-elle entre deux bouchées, « ce n'était pas une omelette. C'était une perte au combat. Laissez-moi cuisiner la prochaine fois. Vous faites peur aux œufs. »

Li Wuxin émit un léger ricanement. « Tu parles comme si j'avais essayé de t'empoisonner. Ce n'était pas si mauvais. »

Elle tourna la tête vivement, faussement horrifiée. « Monsieur... ne me dites pas que vous les avez mangés. »

Un silence. Puis, plus inquiète : « Et vous êtes toujours vivant ? C'est impressionnant. Mais... vous n'avez pas besoin de prouver votre courage, vous savez. »

Le coup porta. Une attaque directe à la fierté culinaire de Li Wuxin. Et oui, ça faisait mal.

Après avoir mangé, ils se dirigèrent sans tarder vers la tente médicale. La journée commença paisiblement. Les mains plongées dans les mélanges d'herbes médicinales, Li Wuxin semblait calme, mais en réalité, il ne lâchait jamais prise. Depuis l'incident avec l'imposteur, quelque chose le rongeait. Il tentait de paraître serein, mais son esprit revenait sans cesse à cette affaire. Toujours en pensées, il fut surpris lorsqu'un homme blond se présenta devant lui. Petit, les yeux trop grands et verts, comme des émeraudes démesurées, un visage presque enfantin.

« Excusez-moi, maître. » Même sa voix sonnait juvénile. « Je suis un envoyé du Sud, j'ai quelque chose pour vous. » Il fouilla dans son sac. « Tenez, c'est pour vous. »

Une simple lettre.

« Pas de gants ? » nota Li Wuxin mentalement, un doute fugace traversant son esprit.

Il accepta la lettre. Elle était fine, presque vide. Il sentait quelque chose à l'intérieur. L'envoyé s'inclina et repartit.

« Lu Xiaoqian, tu as assez fait pour aujourd'hui. Va te reposer. Je m'occupe du reste... oh, et quand tu auras un moment, cherche le registre des entrées du camp pour les trois derniers mois. Dépose-le sur mon bureau. »

La jeune fille ne comprenait pas bien pourquoi, mais elle obéit et salua chaque patient avant de partir.

Après cette journée de travail, Li Wuxin était exténué. Il traîna les pieds jusqu'à sa tente. Lorsqu'il leva le pan de toile et vit le livre bleu sur son bureau, il sourit.

« Je suis épuisé, mais le travail m'appelle. »

En retirant sa veste, une lettre tomba, flottant lentement jusqu'au sol. Il la ramassa et, sans même la lire, la glissa dans le placard. Il savait déjà ce qu'elle contenait.

Il prit le livre bleu et commença à en consulter les dernières pages.

Le registre était, comme toujours, méticuleusement tenu. Les noms des soldats, messagers, civils passés dans le camp durant les derniers mois, classés par date.

Ses yeux parcouraient les entrées, lentement au début, jusqu'à arriver aux semaines récentes.

L'envoyé du Sud. Le nom figurait bien : « Hao Wei. » Rien d'anormal... jusqu'à ce qu'il remarque la date.

Une semaine auparavant.

L'envoyé était là depuis une semaine. Beaucoup trop long pour une simple livraison.

Ses doigts s'arrêtèrent sur la page. C'était étrange. Pas inhabituel qu'un envoyé reste quelques jours, mais une semaine entière ?

Il tourna la page, cherchant plus de détails. L'entrée était vague : « Arrivée. En attente d'audience. »

Aucune mention de réunions, de missions accomplies, de départs ou d'allées et venues.

Li Wuxin fronça les sourcils. Il avait interagi avec plusieurs officiers supérieurs, mais rien n'était enregistré. Aucune note officielle. Cela n'arrivait jamais.

La suspicion grandissait. Ce Hao Wei avait été trop discret, trop silencieux. Et à présent, il réapparaissait, comme si de rien n'était. La coïncidence était trop grosse.

Le matin arriva, pâle et froid. Li Wuxin, la tête lourde, les yeux flous, repassait mentalement les détails du livre bleu, les gestes suspects de l'envoyé... et cette pensée qui le rongeait.

Cinq personnes vinrent le voir ce jour-là : nausées, vomissements, diarrhée, douleurs abdominales. Deux vomissaient du sang. Leur teint blafard, les yeux vitreux, le vertige dans leurs gestes.

« On dirait bien qu'on fait face à une intoxication alimentaire collective, » murmura-t-il, sombre.

Le lendemain, dès l'aube, la tente médicale débordait déjà.

Huit nouveaux patients. Les mêmes symptômes. Deux cas de fièvre aiguë. Un soldat s'était évanoui de déshydratation.

Il se lava les mains en silence, l'odeur des herbes amères flottant encore dans la vapeur. Pas de repos. Pas maintenant.

Le troisième jour fut pire encore. Les malades s'accumulaient. Lu Xiaoqian semblait elle-même malade. Il la soupçonnait d'avoir été touchée depuis le premier jour, mais de l'avoir caché.

« Soigner ne suffit pas. Si je ne cherche pas la cause, alors je ne suis pas médecin. Juste un retardement. »

Les deux jours suivants, il passa à l'action.

« Amenez-moi le personnel des cuisines, » dit-il sans lever les yeux.

Quelques minutes plus tard, trois silhouettes devant sa tente : deux cuisiniers et un jeune garçon.

Il resta debout, bras croisés, regard perçant malgré ses cernes.

« Qui a préparé le repas d'hier midi ? »

Le plus âgé des cuisiniers, un homme aux doigts brûlés et manches tâchées de suie, répondit : « Moi et Wei Lin. Riz bouilli, légumes secs et porc. Comme d'habitude. »

« D'où venait le porc ? »

« Tente de stockage sud. »

« Et les légumes ? »

« Séchés, arrivés le mois dernier. Inspectés. On suit toujours les règles, Maître Li. »

Il se tourna vers le garçon. « Et toi ? Tu as livré quelque chose d'inhabituel hier ? »

Le garçon hésita. « Non, maître. Juste du sel, un peu d'huile... et une pochette. Un des aides me l'a donnée. Il a dit que c'était des épices du Sud. Un cadeau. »

« Du Sud. » Li Wuxin ne bougea pas, mais sa voix changea de ton. Il connaissait quelqu'un du Sud.

« Qui exactement ? »

« Je... je connais pas son nom. Il était blond. Yeux verts. Un étranger. Il a dit qu'il était un envoyé du Sud. J'voulais pas faire de mal, c'est promis... »

Le garçon fondit en larmes.

Li Wuxin soupira lentement. Les pièces du puzzle commençaient à s'assembler.

« Et cette pochette ? »

« Je l'ai donnée au cuisinier Wei. J'vous jure que je l'ai pas ouverte. »

Wei Lin pâlit brusquement.

« Vous l'avez utilisée ? »

« Je... oui. Une pincée. L'odeur était forte, mais je croyais que c'était un assaisonnement. »

Li Wuxin ferma les yeux. Puis d'une voix glaciale : « Apportez-moi cette pochette. »

Personne ne bougea. Il répéta, plus tranchant : « Maintenant. »

Cinq minutes plus tard, le garçon revint, les yeux encore rouges. Il tendit la pochette : soie rouge fanée, douce. Rien d'alarmant. Mais dès qu'il la tint entre ses mains, Li Wuxin sentit une tension dans sa nuque.

Il défit le nœud. De la poudre grisâtre. Trop fine pour être des herbes, trop lisse pour des racines.

Il en versa dans un plat en porcelaine, ajouta quelques gouttes d'eau distillée.

Un sifflement. Légère effervescence.

Il trempa une bandelette de papier. L'extrémité vira au noir verdâtre.

« Ce n'est pas un assaisonnement. C'est du baifan mêlé à autre chose. Quelque chose de plus fort. Ça réagit à l'acide gastrique. Provoque brûlures, saignements internes... et en dose suffisante, pire. »

Silence.

Wei Lin devint livide.

Li Wuxin prit son journal. Il devait confirmer la molécule, l'origine. Rapidement. Plus vite.

Il ne s'arrêta qu'une fois. Regarda la bande noircie, puis courut vers la tente du commandant.

« Commandant, ne mangez pas ça. C'est empoisonné. »

La réalisation l'avait frappé plus tôt.

Et si la pochette n'était pas destinée à être "partagée"... Alors quelqu'un d'important devait la consommer. Quelqu'un qui ne mangeait pas dans la marmite commune.

Quelqu'un comme...

« Le commandant. »

Ses doigts tremblaient, et la cuillère glissa de sa main, heurtant la porcelaine dans un tintement aigu.

Li Wuxin s'avança d'un pas assuré, attrapant le bol avant que le commandant ne puisse réagir davantage.

« Ce n'est pas un simple ragoût, Excellence. C'est un piège. Et vous étiez la cible. »

Salut tout le monde, merci d'avoir lu le deuxiéme chapitre de mon livre , n'hésitez pas a liker et dire ce que vous en pensez en commentaire. For the readers , the english version is also avaible !

Les dessin sont fait avec mon amie Cisoul ! n'hésitez pas a la soutenir en commentiare

By à la prochaine fois ! 💕

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