"Le prince de la Nation du Nord, Han Yexuan. Vous travaillez pour lui ?"

La voix de Jiang Lingxian était rauque, tendue.

"Vous êtes un traître... et maintenant vous suppliez miséricorde ? Même après avoir conduit mille de nos hommes à leur mort ? C'est audacieux. Vraiment audacieux."

Du sang s'écoulait lentement des tempes de l'homme attaché à la chaise, se mêlant à la sueur et à la poussière. Celui qui se tenait devant lui avait encore le poing serré, la peau déchirée, rouge jusqu'aux jointures. Sa respiration était haletante, sa mâchoire serrée.
Le silence entre eux était lourd.

Puis vinrent des pas.

Le bruit des chaussures humides résonnait, tranchant avec la sécheresse du sol. La neige tombait sans fin depuis des jours. Un épais manteau recouvrait le monde extérieur, lourd et immobile. Quelqu'un entra dans la tente.

Une silhouette vêtue de blanc.

Elle retira lentement son manteau. La capuche glissa doucement, produisant un léger froissement. Un visage apparut—des traits délicats, presque trop raffinés pour un tel endroit. Mais c'était le froid dans ses yeux qui glaçait l'air autour de lui.

Une beauté de jade. Il n'y avait pas d'autre mot.

"Docteur Wuxin, vous êtes là," dit Jiang Lingxian d'une voix basse.

Li Wuxin hocha légèrement la tête.

"Commandant Jiang," répondit-il simplement.
Son regard se posa sur le prisonnier—perçant, sans émotion.

"C'est le traître ?"

Le commandant soupira.
"Malheureusement. Il n'a toujours pas avoué."

"On dit que les hommes de Xuetie sont têtus," murmura Wuxin en s'approchant. Ses manches longues s'agitaient autour de lui comme des vagues de neige, effleurant doucement le sol à chaque mouvement.

Il s'arrêta devant le prisonnier.
Silence.
Puis :

"Vous me le laissez, Commandant ?"

Jiang hésita, son regard restant un instant fixé sur le médecin... avant de donner un signe silencieux et de sortir de la tente.

La toile se referma doucement derrière lui.

Peu de temps après, le tissu de la tente fut à nouveau secoué. Li Wuxin en sortit. Un fin éclat de sang traçait une ligne sur sa joue pâle, semblable à une calligraphie sur de la porcelaine. Jiang le fixa.

"Alors ?" demanda-t-il finalement.

"C'est bien un espion envoyé par la Nation du Nord," dit Wuxin calmement, d'un ton neutre.
Puis il tourna les talons, s'éloignant dans les arbres. Sa silhouette blanche se fondait peu à peu dans le paysage enneigé, comme s'il faisait toujours partie du décor.

Plus tard, au bord d'une rivière, Li Wuxin s'agenouilla.

Son reflet ondulait doucement à la surface de l'eau. Des traits délicats. Calme—trop calme. Trop lisse. Il passa une main sur sa joue, où le sang avait séché. Puis leva les yeux vers le ciel.
Des flocons de neige tombaient dans le silence.
Le froid de l'Est était humide et perçant, mais la neige restait douce, presque pure. Assis là, immobile dans sa robe blanche, Wuxin se fondait dans le décor, tel une silhouette figée dans une peinture à l'encre, enveloppée dans le parfum des pins.

Plus tard dans la journée le conseil de guerre se tenait sous la tente du commandant.

L'espace était éclairé par la lueur vacillante du feu. Les ombres dansaient sur chaque visage. Jiang Lingxian se tenait droit. À ses côtés, sa main droite, Meng Linhai. He Tianyan, représentant de Huengué, se tenait à l'écart, regard de fer. Lin Shuyan, le jeune archiviste, semblait plus pâle que d'habitude. Naturellement, Li Wuxin était là aussi, assis, son regard fixé sur les flammes.

"Maintenant que tout le monde est là," commença Jiang, "discutons du cas de l'infiltré de Xuetie."
Il tourna les yeux vers Wuxin.
"Vous êtes le premier à l'avoir confirmé. Que pouvez-vous nous en dire ?"

Wuxin porta calmement sa tasse de thé à ses lèvres.

"Il avait un symbole brodé à l'intérieur de ses vêtements. Le Xuewu—Le Corbeau des Neiges."

Le stratège se frotta le menton.

"Le Corbeau des Neiges... l'emblème des espions du Nord ?"

Wuxin hocha la tête.

Meng Linhai prit la parole aussitôt :
"Si c'est confirmé, il faudra renforcer les troupes. Immédiatement."

Mais Jiang l'interrompit, sa voix lourde :
"Nous ne pouvons pas. Nos hommes sont épuisés, la plupart déjà blessés."
Il lança un regard au prisonnier, toujours lié non loin.
"Ce qui importe maintenant, c'est de décider de son sort."

Le silence revint. Dense. Insupportable.

Wuxin rompit ce silence, sa voix douce :

"Je suggère que nous le gardions. Encore un peu."
Il marqua une pause.
"Il pourrait encore... être utile."

Lin Shuyan, qui était resté silencieux jusque-là, prit enfin la parole.

"Je suis d'accord avec le Docteur Li."
Il jeta un coup d'œil au commandant.
"Peut-être devrions-nous... attendre. Nous réunir à nouveau une fois que la situation aura évolué ?"

Le commandant ferma brièvement les yeux, comme s'il pesait chaque mot.
Puis, lentement, il hocha la tête et se leva.

Sa cape se souleva derrière lui alors qu'il sortait de la tente, emportant avec lui la chaleur du feu, ne laissant que l'odeur du thé... et un silence plus froid que la neige dehors.

Il était encore tôt. Le soleil se trouvait au zénith, mais comme les journées d'hiver sont particulièrement courtes, Li Wuxin choisit de ne pas traîner et se dirigea directement vers sa tente. "À quoi bon organiser un conseil de guerre pour ça ? Je n'ai pas tant de temps à perdre, je ne sais même pas pourquoi j'ai l'impression qu'il y a quelque chose qui cloche." Il jeta un coup d'œil à la carte posée sur la table en bois, son esprit vagabondant sur la manière dont un seul homme avait pu infiltrer l'armée et ne pas être découvert . "Je ne pourrai pas dormir si je ne résous pas ça," dit-il en prenant la carte sous son bras.

Il s'assit près de la rivière et, avec un bout de bois, reproduisit la carte sur la terre humide. "Ce n'est pas parfait, mais cela fera l'affaire. Xuetie, la nation du nord, et Moying, la nation de l'Est, sont en conflit depuis la mort de l'empereur de l'Est. Certains disent qu'il a été tué par un espion de Xuetie, d'autres disent qu'il a été tué par un membre de la noblesse de Xuetie." Il mordilla son pain à la vapeur. "De l'autre côté, nous avons Yinhé, la nation du Sud, et Huangjin, la nation de l'Ouest. Elles sont très paisibles, l'une est une terre spirituelle et l'autre une terre nomade; elles ne feront rien pour nuire." Il barra deux nations de sa carte, leurs noms effacés comme s'elles n'avaient jamais existé. "Je dois me concentrer sur la Nation du Nord, leur territoire est composé principalement de montagnes escarpées, de plaines gelées, surtout en cette période de l'année, et d'une forteresse imprenable s'élevant au-dessus du givre, la forteresse du ciel hurlant,"murmura-t-il, ses yeux fixés sur un point précis de la carte. "C'est un bastion militaire." Il fronça les sourcils en contemplant la forteresse du nord. "Si le traître vient vraiment de là, le seul chemin plausible qu'il aurait pu emprunter..."L'armée avait été minutieuse, mais cela... c'était différent. Un traître qui avait échappé à leur vigilance ne pouvait être que quelqu'un qui connaissait le terrain trop bien. Son esprit parcourut les possibilités, chacune plus froide que la précédente, jusqu'à ce qu'une seule réponse demeure. La forteresse du nord. Ils avaient raté quelque chose, et il allait découvrir quoi. Son regard resta fixé sur la carte, il demeura silencieux de temps en temps, mais ce silence fut interrompu par le bruit du pain qu'il mâchait. Après un moment, il murmura, "Je deviens fou, je ne suis pas un grand stratège. Comment pourrais-je résoudre cela si ce n'est par hasard ?" Il jeta un coup d'œil à la carte. "Xuétié possède trois espaces notables : le premier est la forteresse du ciel hurlant, le deuxième est le temple de la lame ancienne, et le dernier est les plaines de sang gelé. En y pensant, le tissu utilisé pour ses vêtements semble très coûteux, même à première vue, l'endroit où quelqu'un pourrait porter de telles choses est la forteresse. Donc ma théorie sur ce chemin unique n'était pas si mauvaise."  quelque chose cloche avec se type 

La nuit est tombée. Le camp bruisse encore, mais la plupart dorment.

Le médecin alluma la lampe à huile sur son bureau. Une flamme douce dansait, projetant l'ombre de ses gestes sur les murs blanchis.
Ses doigts, tachés d'encre et de plantes, trouvèrent le grand registre sans le chercher des yeux. Il le reconnaissait au poids. À sa présence.

Il tourna les pages, une à une, jusqu'à tomber dessus :

Nom : Liang Zhuo
Groupe sanguin : B+
Date d'entrée : Il y a trois mois

Signature nette, formelle. Ce n'était pas lui qui avait fait cet examen-là.
Mais il se souvenait très bien de cet homme.
Il y a trois semaines. Épaule transpercée par une balle. Plaie modérée, mais profonde.
Il avait eu besoin d'une transfusion.

Le médecin ouvrit son propre carnet de soins.

« Transfusion réalisée – sang O négatif. Aucune réaction. »

Il resta figé.

S'il avait vraiment été B+, il serait mort.
Convulsions, fièvre fulgurante, défaillance des organes. Une agonie violente, inévitable.

Mais il avait survécu. Sans symptôme. Avec une étrange facilité.

Le dossier était faux.

Il se redressa. Une tension glacée monta doucement dans sa nuque.
Il alla chercher la fiche d'identité militaire. L'empreinte digitale ne correspondait pas. La couleur des yeux non plus.

Le véritable Liang Zhuo... avait disparu. Ou pire.

Cet homme n'était pas lui.
Il portait seulement son nom.

Il resta debout un long moment, face aux papiers.

Pas de colère. Pas de panique.
Juste une certitude froide.

Ce n'était pas une erreur. C'était une infiltration construite. Précise.

Il se rassit lentement. Sortit une feuille blanche. Écrivit de son écriture claire, posée.

« Falsification du dossier médical. Groupe sanguin incompatible.
Identité empruntée.
Complicité interne probable.
Remonter la chaîne d'entrée. Examiner les autres dossiers. »

Il souligna une phrase.

« Ce n'est pas un traître isolé. »

Salut tout le monde, merci d'avoir lu le premier chapitre  de mon livre , n'hésitez pas a liker et dire ce que vous en pensez en commentaire. For the readers , the english version is also avaible !

Les dessin sont fait avec mon amie Cisoul ! n'hésitez pas a la soutenir en commentiare

By à la prochaine fois ! 💕