Le vent balayait la terre.
Ici, les brises du printemps ne parvenaient jamais vraiment , c'était pourtant la saison parfaite pour récolter les champignons au bord de la rivière. Le garçon de neuf ans le savait bien. Les Chapeaux-écume poussaient en grappes serrées sur les pierres humides, là où l'ombre et la brume s'attardaient encore. Leurs bords délicatement dentelés, blancs et mousseux, évoquaient l'écume figée d'une vague.
Poussé par l'envie de créer un nouveau remède, il s'était levé à l'aube. Son père lui avait tendu un petit panier garni de brioches vapeur, puis avait déposé un baiser sur son front avant de le laisser partir. Il était parti en fredonnant une berceuse que sa mère chantait autrefois, le cœur léger.
Le soleil se cachait derrière un ciel gris pâle, chargé de pluie. Mais il marchait sans s'arrêter. Après deux heures de marche, le murmure discret de l'eau lui parvint , la rivière n'était plus très loin.
Il scruta les alentours et aperçut un amas de pierres sombres. Alors qu'il s'approchait, une silhouette étendue dans le courant attira son regard. Un garçon. Pâle comme le jade, les yeux clos. Était-il en train de se noyer ?
Son cœur se serra.
Il courut, les pieds glissant sur les pierres mouillées, et saisit le garçon par les bras. Je ne peux pas le laisser mourir.
Ses petites mains tremblaient. Il mit toute sa force à le tirer hors de l'eau. Ce ne fut pas facile, mais il y parvint. Une fois sur la rive, il attendit, retenant son souffle.
Le garçon toussa. Son torse se souleva, il respirait. Il ouvrit les yeux, d'abord perdus, puis ils se fixèrent sur celui qui l'avait sauvé. Ce fut là que le plus jeune remarqua la couleur de ses prunelles : un bleu profond, calme, semblable à une mer sans tempête.
Ils se dévisagèrent un long moment.
" Merci... de m'avoir sauvé, dit le garçon pâle."
" Ce n'est rien. Je cherchais juste des champignons, "répondit l'autre.
" Des champignons ? Pour quoi faire ?"
" Pour faire des remèdes."
"Je vais t'aider. Ils ressemblent à quoi ?"
"Le chapeau est doux et spongieux, expliqua-t-il. D'un blanc laiteux qui brille quand il est humide. La tige est courte, presque translucide. Fragile, presque irréelle."
Ils se levèrent ensemble, époussetèrent leurs vêtements, puis commencèrent à chercher. Chaque fois qu'ils en trouvaient un, leurs sourires illuminaient la rive, et leurs rires résonnaient comme de petites clochettes dans le vent.
" Voici le Chapeau-écume..., "murmura le plus jeune, une lueur de fierté dans les yeux. C'était l'un des rares qu'il ait vu de ses propres yeux.
À midi, ils s'étaient installés sur la berge, les pieds trempant dans l'eau fraîche, partageant les brioches.
" C'est plus difficile qu'on ne le croit...," souffla-t-il en se frottant les bras, endoloris à force de se pencher.
Il le regarda, puis, sans un mot, lui tendit une gourde. Le garçon hésita un instant avant de l'accepter à deux mains. Un sourire timide, discret comme une feuille portée par le vent, se dessina sur ses lèvres.
" Merci, dit-il simplement."
C'était un geste infime, mais dans ce moment suspendu, au cœur de leur solitude partagée, il disait tout.
Le reste de la journée s'écoula dans une bulle. Ils continuèrent à chercher, à parler, à rire. De tout. De rien. Leur complicité se tissait dans le silence des arbres et le chant discret de la rivière. Le soleil finit par plonger derrière les collines, noyant le ciel d'or et d'ambre.
Ils se prirent dans les bras, brièvement, avec force.
" Adieu, murmura l'un."
"Ne dis pas ça, "répondit l'autre. "On se reverra. Je deviendrai médecin, moi aussi. Je te le promets."
"Je te crois."
Le garçon dont on avait sauvé la vie tourna les talons.
Il fit quelques pas, puis s'arrêta.
Hésitant, il se retourna, son regard se posant sur l'autre, comme s'il voulait graver chaque trait, chaque nuance de ce visage dans sa mémoire.
Sans un mot, il porta la main à son cou et détacha un collier de corde simple, au bout duquel pendait une petite perle de jade, douce et froide comme l'eau de la rivière.
Il la tendit, doucement, presque à contrecœur, comme si ce geste contenait tout ce qu'il n'avait pas su dire.
" Garde-le..." murmura-t-il.Et ainsi se termina leur rencontre.
Sans jamais s'échanger leurs noms.
Salut tout le monde, merci d'avoir lu le prologue de mon livre , n'hésitez pas a liker et dire ce que vous en pensez en commentaire. For the readers , the english version is also avaible !
Les dessin sont fait avec mon amie Cisoul ! n'hésitez pas a la soutenir en commentiare
By à la prochaine fois ! 💕