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Violette_Armary
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Chapitre 11

Point de vue Nathan

Je raccroche avec Samuel. Je passe mes mains sur mon visage en lâchant un soupir. J’ai l’impression de faire un mauvais rêve. Entendre Samuel pleurer, en détresse, me fend le cœur. Je n’arrive pas à croire qu’il y est allé seul, sans le dire à personne. Je soupire de nouveau avant de me tourner vers Héloïse. Elle est en train de se frotter les yeux dans un bâillement, mon appel avec Sam a dû certainement la réveiller :

— Rendors toi Hélo, lui dis-je doucement en lui caressant la joue.

— Il se passe quoi ? demande-t-elle les yeux à moitié fermés.

— Samuel a besoin de moi, il faut que j’y aille…

— Il y est retourné, n’est-ce pas ?

Je penche la tête sur le côté en fronçant légèrement les sourcils : 

— Comment… commencé-je.

Mais elle me coupe la parole : 

— C’était sa seule façon de récupérer les informations, soupire-t-elle.

Héloïse se redresse afin de s’asseoir contre la tête de lit en ramenant ses jambes à elle.

— Je vais venir, annonce-t-elle.

— Il est hors de question que tu viennes, me levé-je. Sam est assez mal comme ça, laisse-moi aller voir dans quel état il est. Je ne pourrais pas veiller sur vous deux.

— Nath…

— Ce n’est pas négociable Héloïse, planté-je mon regard dans le sien.

Elle se mord les lèvres et je vois ses yeux se remplir d’eau. Je lâche un soupir en secouant la tête.

— Hélo, s’il te plaît, si je m’inquiète pour toi, je ne pourrais pas gérer Sam.

Elle finit par hocher la tête en soufflant un “OK”. Je lui fais un bisou sur le front avant de partir dans ma chambre. L’état dans lequel se retrouve Sam m’inquiète. Déjà lundi, je l’ai entendu rentrer tard… Là il m’appelle bourré en pleine nuit… Ça me serre le cœur de le savoir dans un état comme ça. Il rigole toujours d’habitude, même s’il ne le montre pas toujours (voir jamais). J’ai vraiment du mal à imaginer l’état dans lequel il doit se trouver en ce moment même. Néanmoins, il m’a appelé; et ça, je suis fier de lui. Le Samuel d’il y a quelques semaines ne l’aurait jamais fait. Cela prouve qu’il commence à changer malgré tout. Même si toutes ses blessures ne sont pas guéries, il est sur la bonne voie.

Je m’habille rapidement, je fais un sac rapide avec quelques affaires avant de descendre où une odeur de café se fait sentir. Héloïse est dans la cuisine à côté de la cafetière. Je passe une main dans ma nuque avant de m’approcher d’elle.

— Tout va bien se passer Hélo.

Elle hoche doucement la tête avant de se tourner vers moi.

— Je te fais du café pour la route. Mais… je vois que tu y vas en moto…

— C’est pour aller plus vite, mais je suis preneur, merci !

Un voile d’inquiétude passe dans son regard. Je sais qu’elle va s’inquiéter jusqu’à ce qu’on rentre à la maison.

— Essaie de te changer les idées en nous attendant, d’accord ? lui demandé-je en lui prenant les mains.

— D’accord… Sois prudent…

— Je te le promets.

Je lui souris et lui dépose un nouveau baiser sur son front avant de prendre son thermos de café. J’en prends une gorgée avant de le ranger dans mon sac à dos. Elle m'accompagne jusqu’au pas de la porte.

— Reste au chaud, je t’envoie un message quand je suis avec lui, l’enlacé-je doucement.

Elle passe ses bras autour de mon cou et je ferme les yeux en humant son odeur de pêche. Je ne peux lui promettre que tout se passera bien. Samuel était dans un sacré état lorsque je l’ai eu au téléphone. Alors je la sers dans mes bras comme si ma vie en dépendait. Mais la savoir ici, en sécurité me rassure. Je vais faire de mon mieux pour gérer Sam et le reste. Héloïse n’a pas besoin de s’occuper de tout ça. A contre coeur, on finit par se détacher. Je pose mes pouces sur ses joues et les caresse.

— Retourne te coucher Joli Coeur, je t’envoie un message tout à l’heure.

Elle hoche doucement la tête. Mes yeux descendent sur ses lèvres. J’aimerai les embrasser, j’aimerai lui dire ce que je ressens pour elle, mais ce n’est pas le moment. Alors, je lui dépose un énième baiser sur son front avant de sortir où le froid me prend les tripes. Je me tourne vers la fenêtre de la cuisine, où je la voie. Elle me fait un léger signe de main. Mon coeur se serre de devoir la quitter ainsi, mais il le faut. Je lui souris tendrement avant d’aller dans le garage où se trouve ma moto. Là, je la chauffe un instant et pendant que le moteur tourne, je rappelle Sam, qui décroche directement : 

— Est-ce que tu as un endroit où dormir ? lui demandé-je sans détour.

— Non…

Sa voix est cassée, grave et pâteuse. Je soupire, il faut que je parte maintenant.

— Je vais te réserver un hôtel, je t’envoie l’adresse. Tu vas pouvoir gérer ?

— Oui oui…

Je reste en haut parleur, réserve un hôtel avant de lui envoyer l’adresse par message.

— Tu as reçu l’adresse ? le pressé-je.

— Oui…

— Je te retrouve là-bas.

Il répond par un marmonnement incompréhensible puis je raccroche avant de partir en trombe dans la nuit froide. Pendant tout le trajet je ne fais penser qu’à Sam. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé pour qu’il soit dans un état comme ça. Même si j’ai bien ma petite idée, cependant ce n’est qu’une supposition. S’il a revu Théo… Mais je ne peux pas être à cent pourcent certain que ce soit ça. J’accélère sur ma moto. Il faut que j’arrive le plus rapidement possible. Heureusement, à part quelques camions, je ne croise pas beaucoup de voitures.

En cette nuit de fin mars, le froid m’assaille. Malgré ma combinaison, je me sens geler au fur et à mesure que j’avale les kilomètres. Je me concentre seulement sur ma conduite. Néanmoins, mes pensées divergent. Elles vacillent entre Héloïse qui commence petit à petit à prendre conscience d’elle-même tandis que Samuel se perd. Je crains vraiment pour sa sécurité, je ne peux pas le laisser ainsi s’il est en réel danger. Quant à Héloïse, je sais qu’elle va s’inquiéter tant qu’on ne sera pas de retour lui et moi, bras-dessus, bras-dessous. Mais quelle idée il a eu d’y aller seul. Je lui avais déconseillé de le faire. Je lui avais dit que c’était une mauvaise idée, qu’il y avait certainement une autre solution, mais non, il n’a pas voulu m’écouter. Il n’en a fait qu’à sa tête. C’est Sam tout craché. Je ne lui en veux pas. D’un côté je le comprends. Il voulait certainement voir s’il en était réellement capable, s’il pouvait faire ça pour Héloïse. Après tout ce qu’il m’a dit, j’en sais assez pour possiblement connaître les raisons de cet agissement et de cet entêtement.

Le froid ayant eu finalement raison de moi, je m’arrête sur une aire d’autoroute afin de prendre un peu du café que m’a fait Héloïse. Cependant, je grimace. Il est fort, très fort, à faire réveiller quelqu’un du comas. Comment j’ai pu oublier ce détail ? C’est adorable de sa part, mais il n’y a qu’elle pour le boire ainsi. Je ne comprendrai jamais comment elle peut faire pour avaler un truc comme ça. Au moins ça servira peut-être à réveiller Sam. Je soupire avant de reprendre mon chemin.

Le soleil commence à se lever, les étoiles disparaissent peu à peu. Une douce lumière prend le dessus sur la noirceur de la nuit. Le noir laisse place au rose et au orange qui se mélangent dans une étrange danse. Je commence doucement à reprendre une température normale. Ce n’est pas aujourd’hui que je me transformerai en Jack.

Il est à peu près dix heures lorsque j’arrive enfin à l’hôtel. Je me gare avant de rentrer à l’intérieur. Je leur demande le numéro de chambre. 

— Nous nous attendions pas à vous voir, minaude l’hôtesse d’accueil.

— Ecoutez, c’est important, je veux juste une clé supplémentaire et le numéro de la chambre.

— En échange je peux vous donner mon numéro.

— Soit vous me donnez ce que je demande, soit je me débrouille. Mais devinez quoi ? Dans un des deux cas de figure, vous allez le regretter, froncé-je les sourcils.

Je n’ai pas la patience de me faire draguer. La seule personne que je laisserai me draguer avec grand plaisir, c’est Héloïse. Seulement elle n’est pas là et mon pote à besoin de moi. Elle chancelle tandis que je pianote sur le comptoir. Elle me donne le numéro de chambre ainsi qu'un double des clés. Sa main tremble, au moins elle ne recommencera pas à me draguer. Je vais en direction de l’ascenseur. Mais il est lent. Je le trouve long à venir. Je commence à monter en pression. Mes poings se serrent et je tape du pied. Je soupire, j’en ai marre. Au moment où je commence à faire demi-tour afin de prendre les escaliers, il s’ouvre enfin. Je monte dedans, appuie sur le cinquième étage. La musique de l’ascenseur m’énerve. Toujours cette musique classique. Je sais pourquoi ça m’énerve, il n’y a pas Héloïse. Au moins, aucune distraction ne me fera perdre de vue mon objectif principal : Samuel.

Lorsque j’arrive enfin devant la chambre, mon cœur bat à tout rompre. Mon sang pulse dans mes tempes tandis que mon souffle devient court. Je ne sais pourquoi j’ai peur. J’appréhende le moment où j’entrerai dans la chambre. Je ne sais pas dans quel état il se trouve. Ma main tremble lorsque j’ouvre cette maudite porte. Maintenant, je sais pourquoi j’appréhendais. La chambre est ravagée. Et encore, le mot est faible. Seulement, je n’ai pas le temps de m’attarder que je me précipite dans la salle de bain où j’entends de l’eau couler.

Là, mon cœur se brise et je sens les larmes monter. Samuel est assis, sous la douche, avec une bouteille quasiment vide à ses côtés est un joint trempé de l’autre. J’éteins directement l’eau avant de lui donner des claques.

— Réveille toi Sam putain !

— Casse-toi, grogne-t-il.

Au moins, il est toujours en vie. Je me mords les lèvres avant de le débarrasser des merdes qu’il a de chaque côté de lui. Je le mets en caleçon avant de l’essuyer comme je peux. Je le soulève, non sans difficulté, afin de le mettre au lit.

— Laisse-moi, je ne mérite pas notre amitié, marmonne-t-il la voix pâteuse.

Je fronce les sourcils.

— Mais qu’est-ce que tu racontes ?

— Je devrais mourir, grelotte-t-il de froid.

— La ferme et dors, on en reparlera plus tard.

Il soupire, se tourne et deux secondes après, ses ronflements emplissent la pièce. Je soupire puis je m’occupe de remettre la chambre en ordre. Mais qu’est-ce qu’il s’est passé pour qu’il la ravage ainsi ? Une fois que j’ai terminé, j’appelle le room-service afin de commander du café et à manger pour son réveil. En attendant, je vais m’enfermer dans la salle de bain afin d’appeler Héloïse qui répond immédiatement : 

— Alors ? Tout va bien ? se presse-t-elle de demander.

— Il dort, soupiré-je. Quand je suis arrivé, la chambre était dans un état pitoyable et… je l’ai retrouvé hum… assis dans la douche dans un état végétatif avec une bouteille de whisky quasi vide…

Elle soupire tandis que je m’adosse au lavabo.

— Il n’aurait jamais dû y retourner… souffle-t-elle. Il l’a fait pour que je puisse retrouver ma famille… Je… c’est de ma faute…

— Non Héloïse, je t’interdis de dire ça. Ce n’est pas de faute, le seul responsable c’est Théo. C’est uniquement lui, craché-je. Alors enlève-toi ça de la tête, tout de suite. Je ne veux pas que tu penses cela Joli Coeur. Je refuse qu’il soit encore dans ta tête. Tu n’as plus le droit de t’accabler des actions ou des dires des autres. C’est la décision de Samuel s’il est revenu ici, c’est à cause de l’autre pourriture si Sam se retrouve dans un état pitoyable. Tu n’y es pour rien. D’accord ?

Elle renifle, je ferme les yeux en retenant un soupir. Comment lui enlever toutes ces années de maltraitance psychologique ? Comment faire pour qu’elle ne s’accable pas de tous les problèmes du monde ? Sam a fait ça, certes pour elle, mais je pense qu’il a dû le faire pour lui. Pour se prouver qu’il était passé à autre chose. Cependant ce n’est pas le cas. Il a lui aussi des séquelles psychologiques. Et je refuse que les deux personnes que j’aime le plus au monde, continuent de souffrir pour cette ordure.

— Nathan… sanglote-t-elle, je… envoie un message quand il sera réveillé…

— Je te le promets Joli Coeur, essaie de te changer les idées. Vois Sasha ou sors… Peu importe. Change toi juste les idées, ok ?

Elle prend une profonde inspiration.

— Ok… finit-elle par répondre incertaine.

Je soupire : 

— Joli Coeur, tu me fais confiance ?

— Toujours.

Un sourire se dessine malgré moi sur mon visage. Je ferais tout pour la serrer dans mes bras afin de la rassurer. Je ferme les yeux un instant.

— Allez, je te renvoie un message tout à l’heure, ne pense plus à ça. OK ?

— Promis.

— Je t’aime.

Et je raccroche. D’un coup, je me rends compte de ce que je lui ai dit. Bordel mais ce n’est pas vrai. Je vais sur la conversation que j’ai avec Hélo, commence à taper, efface, recommence avant d’effacer de nouveau. Est-ce qu’il fallait que je m’excuse ? Est-ce qu’il fallait que je fasse comme si je n’avais rien dit ? Et si elle ne m’avait pas entendu ? Je vois qu’elle écrit quelque chose, les petits points disparaissent, elle a effacé… Elle doit être dans le flou aussi. Et dire que je lui avais dit de se changer les idées… Mais qu’est-ce que je lui avais dit ? Je soupire. Je finis par verrouiller mon téléphone avant de retourner auprès de Sam. Il dort toujours. Je me mords les lèvres en reprenant mon téléphone.

— Qu’est-ce que je dois faire Sam ? Je lui envoie un message ou pas ? J’attends qu’elle m’en envoie un ?

Un nouveau soupir traverse mes lèvres. C’était sortit si naturellement.  Mon cœur bat à cent à l’heure. J’ai jamais eu aussi chaud de ma vie. Lorsque je la vois écrire de nouveau, mes mains deviennent moites. Alors que je m’attends qu’elle efface son message, elle me l’envoie : 

Joli Coeur- “Fais attention à toi <3”

Je bloque sur le cœur. Elle m’a envoyé un cœur. Jamais elle ne l’avait fait jusqu’à présent. Jamais elle ne m’avait envoyé un message avec un cœur. Malgré la situation, je souris. Je sais qu’elle est loin d’être prête pour une relation sérieuse, mais j’ai bon espoir.

Je sursaute lorsque ça frappe à la porte. Je me lève afin d’aller ouvrir et tombe sur le room-servir. L’odeur de café et de tartines grillées envahissent mes narines. Mon ventre se met à gargouiller mais j’ai commandé ça pour Sam. Je remercie le groom, lui donne un pourboire en récupérant le plateau puis je vais le déposer sur le bureau. Je retourne m'asseoir sur le fauteuil. Je regarde Samuel qui ronfle légèrement. J’ai qu’une hâte, qu’il se réveille, qu’il m’explique tout et qu’on parte d’ici afin de ne plus jamais revenir. Je ne peux supporter l’idée qu’il se soit mis dans un état pareil. Je bouillonne de l’intérieur contre le déchet humain. Il n’a jamais été le meilleur ami de ce type. Il s’est plutôt servi de lui comme il s’est servi de Héloïse. Il les a accablé pour son malheur alors que c’est lui seul le responsable. Je ne peux tolérer cela. Il faut que Samuel tourne la page aussi, qu’il avance et qu’il se défasse du dégoût qu’il a pour lui-même.

Je finis par fermer les yeux pendant un instant, je me sens lessivé avec la route, et les diverses émotions qui me traversent. Entre mon inquiétude pour Samuel et… Héloïse. Juste son prénom évoque en moi tous les sentiments que je ressens pour elle. Le fait de lui avoir dit que je l’aimais ou qu’elle m’ait envoyé un message avec un cœur… Je ne peux dire ce que je ressens avec des mots. La situation se suffit à elle-même. Je me sens sombrer dans le sommeil, lorsque mon téléphone vibre. J’ouvre alors les yeux pour voir un nouveau message de Héloïse : 

Joli Coeur- “Je passe l’après-midi avec Sasha, elle vient à la maison, ça ne te dérange pas ?”

Moi- “Pourquoi ça me dérangerait ?”

Joli Coeur- “Parce que c’est chez toi”

Moi- “C’est aussi chez toi Joli Coeur, cesse de t’inquiéter de ce que je pense. Passez un bon aprem”

Joli Coeur- “Merci… Il s’est réveillé ?”

Moi- “Non, pas encore”

Joli Coeur- “Profite pour te reposer <3”

Moi- “Promis <3”

Elle me répond uniquement par un cœur et je ne peux m’empêcher de sourire à nouveau comme un débile. On dirait un collégien qui découvre l’amour… Cependant j’ai déjà connu ça et mon cœur s’est fini en mille morceaux. Hors là, je sais que Héloïse n’est pas Mélissa. Elle est loin d’être comme elle. Non, Héloïse ne me ferait jamais de mal ou en tout cas, volontairement. Justement, elle veut prendre du temps pour elle afin d’être certaine de ne pas me faire souffrir. Je ne peux qu’admirer sa force et sa détermination à me préserver. C’est avec un léger sourire, que je referme les yeux, l’image de Héloïse flottant dans mon esprit.

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