Point de vue Nathan
Durant le reste du trajet, je me détends sous le contact de la peau de Héloïse. Sentir qu’elle est près de moi ainsi me fait du bien. Surtout après cette semaine où elle était distante. J’ai envie de lui demander pourquoi, de savoir ce qu’il s’était passé cette semaine. Mais… je n’ai pas envie de gâcher ce moment. Je suis bien avec elle à mes côtés. Et la voir déjà un peu plus ouverte comme ça, me remplit de joie.
Lorsqu’on arrive à l’hôtel sur les coups de quinze heures, Héloïse ne dit plus un mot et regarde l’établissement se dresser devant nous.
— Pourquoi tu fais cette tête Joli Coeur ? lui demandé-je une fois garé sur le parking.
— C’est trop Nathan… beaucoup trop…
— Rien ne sera jamais trop pour toi.
Elle roule des yeux avec un sourire qui se dessine sur le bout de ses lèvres.
— Tombeur, réplique-t-elle.
Je rigole avant de descendre de la voiture. Je prends mon sac de voyage ainsi que la valise de Héloïse. Elle va pour prendre sa valise mais je secoue la tête dans un sourire. Nous nous dirigeons alors vers l’entrée où les portes automatiques s’ouvrent sur le hall d’entrée baigné de lumière. En effet, les rayons du soleil s'infiltrent par toutes les baies vitrées qui entourent l’hôtel. Le sol en marbre brille de mille feux tandis qu’une musique classique flotte dans l’air. Nous nous dirigeons vers la réception, un immense comptoir en chêne où des fleurs fraîches sont disposées. Un homme en costume nous accueille, un sourire chaleureux sur les lèvres :
— Bienvenue à l’Aurore Palace, que puis-je faire pour vous ?
— Bonjour, nous avons une réservation au nom de Monsieur Beaudillon s’il vous plaît.
Il hoche la tête et regarde dans son ordinateur quelques instants avant de relever la tête vers nous.
— Bien entendu, vous avez réservé la suite Horizon Bleu. Je vous remets vos clés ainsi que nos brochures. Vous trouverez la salle de sport au moins un avec son spa ainsi qu’une piscine avec vue sur mer à l’extérieur. Nous avons aussi une plage privée et enfin, vous trouverez un restaurant avec un chef étoilé sur le toit. Avez-vous besoin d’aide avec vos bagages ? Avez-vous des questions ?
— Non, c’est parfait, réponds-je dans un sourire, merci.
— Je vous en prie, n’hésitez pas à contacter la réception si vous avez besoin de quoique ce soit.
Je le remercie une nouvelle fois puis, avec Héloïse, nous nous dirigeons vers l’ascenseur en métal. Je sens mon rythme cardiaque s'accélérer, mes mains devenir moites au moment où nous entrons à l'intérieur. Je la laisse entrer en première, elle se tient bien droite, dos au miroir. Nos regards se croisent un instant avant qu'elle ne baisse la tête, toute rouge. Un sourire en coin naît sur mes lèvres tandis que j'appuie sur le bouton. Les portes se referment dans un grincement.
Seule la musique classique se fait entendre. Je tourne la tête vers elle, cherchant son regard, mais non. Elle reste tête baissée. Je me mords la lèvre inférieure et je ressens presque du soulagement lorsqu’on arrive enfin à notre étage. Je la laisse sortir en première où son odeur de pêche flotte derrière elle jusqu’à moi. Je me ressaisis avant de lui indiquer le numéro de chambre. Nos pas sont amortis par la moquette beige du couloir. Les appliques dégagent une lumière tamisée et il y a toujours un peu de musique classique qui résonne. J’ai peut-être légèrement abusé… Mais je voulais que tout soit parfait pour elle. Cependant, le cadre est peut-être légèrement trop romantique ? Je ne sais pas…
Lorsqu’on arrive devant la chambre, je lui ouvre la porte et la laisse encore une fois passer devant moi. Alors que j’entre derrière elle, je suis stupéfait. Nous arrivons dans un salon avec une énorme baie vitrée donnant sur la mer. Nous avons un balcon privé. J’ouvre une porte et tombe sur la chambre, un lit King size trône en plein milieu de la pièce. Le balcon est en continu jusqu’à la chambre. Je sors de la pièce et remarque une porte ouverte dans le mur au fond à droite du salon.
— Hélo ? hésité-je en m’approchant de celle-ci.
En arrivant à la hauteur de la porte, je découvre une seconde chambre avec accès au balcon aussi. Un autre lit King size trône au milieu de la pièce. Héloïse ressort d’une pièce au fond de la chambre.
— Un vrai labyrinthe… sourit-elle légèrement. J’ai trouvé une salle de bain…
Je hoche la tête, gêné.
— C’est… trop ? Je voulais deux chambres attenantes…
— Nathan… une seule aurait suffit…
— Je ne savais pas trop… Comme tu étais… distante cette semaine…
Elle hoche la tête avant de la baisser.
— Je… désolée…
— Ne t’excuse pas, je voulais juste m’assurer que tu ais ton espace… avec ta salle de bain…
— Merci Nath… tu es… toujours si avenant envers moi.
Elle relève sa tête vers moi et nos yeux s’arriment presque immédiatement.
— C’est normal Joli Coeur… Je veux ce qu’il y a de mieux pour toi. Que tu te retrouves…
— Nath… je ne sais pas ce que c’est d’être dans une relation saine… J’ai… j’ai peur de te faire du mal.
— N’y pense pas Héloïse, ok ? Cette semaine c’est pour toi, pour que tu renoue avec ta famille.
Elle hoche doucement la tête, je fais un pas dans sa direction en ouvrant mes bras. Elle vient s’y réfugier directement.
— Merci pour tout…
Je souris et plonge ma tête dans ses cheveux en caressant doucement son dos.
— Je… je vais aller me reposer un peu, annoncé-je finalement.
— Oui… bien sûr…
Elle se détache de moi un léger sourire sur ses lèvres roses. Je lui caresse doucement la joue.
— On se voit tout à l’heure Joli Coeur ?
Elle hoche doucement la tête puis je la laisse afin d’aller un peu me reposer après cette longue route. Je laisse la porte entrouverte derrière moi. Puis je vais dans ma salle de bain où une douche et une baignoire sont installés. Il y a un énorme miroir avec une double vasque. Je soupire. La chambre est peut-être de trop… mais bon… Je me change dans une tenue plus confortable avant d'aller me m'allonger sur le lit. Les bras croisés derrière ma tête, je ferme les yeux en pensant à Héloïse.
Lorsque je me réveille, je mets un certain temps avant de me rappeler où je me trouve. Je soupire quand tout me revient en mémoire. Je prends mon téléphone et vois qu'il est dix-huit heures… avec un message de Samuel.
Sam- “Yo beau brun vous êtes bien arrivés ? Pas que je m’inquiète loin de là”
Je rigole en secouant la tête avant de me redresser.
Moi- “Bien sûr… comme si j'allais te croire. Oui on est bien arrivé.”
Sam- “Ah pas trop tôt. J'ai faillis envoyer la police à vos trousses”
Moi- “Je dormais”
Sam- Avec Héloooo ?????”
Moi- “Non… je vais aller voir ce qu'elle fait pour lui proposer de sortir”
Sam- “Votre premier Date ????”
Moi- “Advienne que pourra”
Je range mon téléphone avant de me lever. Je vois le soleil décliner lentement laissant un doux mélange d'orange et de rose dans le ciel. Je sors de ma chambre et vois la porte de la chambre de Héloïse toujours ouverte. Je me dirige vers celle-ci lorsque j'entends sa voix retentir :
— Je ne sais pas quoi faire Sasha.
Un silence suit sa question. Je veux faire demi-tour. Je ne devrais pas écouter… je le sais… mais… la curiosité l'emporte…
— Non je ne retournerais pas sous la douche s'il y est… rigole légèrement Héloïse. Pourquoi je t'ai raconté ça ? Non… Sérieusement… Cette semaine j'ai réussi à l'éviter au maximum… Mais là… dans la même chambre d'hôtel ?
Elle soupire. Je me mords les lèvres et décide de la laisser avec Sasha au téléphone le temps d'aller prendre ma douche. Même si je suis curieux, je n'ai pas envie de me montrer intrusif alors je retourne dans ma chambre avec ma salle de bain… mais… je laisse la porte déverrouillée exprès…
Une fois sous l'eau, je repense à notre baiser… elle en avait parlé à sa copine… je suis étonné ? Oui… mais heureux. Ça veut dire qu'elle s'ouvre aux autres… Mais à moi ? Au lieu de me dire ce qui n'allait pas… Elle a préféré me fuir… cette semaine, quand je me réveillais, il n'y avait pas un matin où je ne la cherchais pas…
Dans un soupir, je sors de la douche et m'habille d'une chemise blanche, d'un jean, me parfume et retourne dans le salon. Je pointe l'oreille vers la chambre de Héloïse et, n'entendant plus rien, je me dirige vers celle-ci.
Je toque à sa porte, le cœur battant à tout rompre. Elle m'indique que je peux entrer, alors, après une grande inspiration j'entre. Elle est adossée à la tête de lit, son short de pyjama remontant sur ses cuisses. Le soleil reflète dans ses yeux verts, les illuminant.
— T'as bien dormi ? me questionne-t-elle de sa voix douce.
Je hoche la tête, oui mais il me manquait quelqu'un… Toi…
— Hum… oui… Ça te dirait de te promener ?
— Oui… pourquoi pas… je m'habille et je te rejoins ?
Je hoche la tête avec un sourire et retourne dans le salon, refermant sa porte derrière moi. En l'attendant, j'enfile ma veste, prends mon portefeuille avant de me mettre à faire les cents pas. Et soudain, elle est devant moi. Habillée d'un tee-shirt col V blanc, un gilet en laine marron recouvre ses épaules qui descend légèrement plus bas que sa jupe marron. Des collants recouvrent ses jambes avec des baskets blanches aux pieds.
— C'est… trop ?
Je secoue la tête en plantant mon regard dans le sien.
— Non… Tu es parfaite Joli Coeur… sourié-je.
Un sourire timide se dessine sur ses lèvres tandis que ses joues s'empourprent alors que nous sortons dans le couloir. Nous prenons l'ascenseur avec d'autres personnes avant de traverser le hall afin de rejoindre le monde extérieur.
Un léger vent frais contraste avec la chaleur des rayons du soleil. Mais cela fait du bien. Je jette un regard vers Héloïse tandis que nous tournons dans une rue pleine de pavés assez animée.
— Tu as l'air bien pensive… lui lancé-je.
— Je… je pense à plein de trucs…
— Tu veux en parler ?
Elle secoue doucement la tête avec un sourire.
— Ça ne servirait à rien. Tu ne peux pas prédire l'avenir.
— Ah oui ? Qui sait ? la questionné-je avec un ton amusé.
Elle rigole. J'ai gagné un rire. Mon cœur bat légèrement plus vite tandis que son rire s'envole avec le vent.
— D'accord… alors… Madame Irma, que va-t-il se passer demain ?
Je prends un air sérieux.
— Demain sera une journée déterminante mais grâce au beau et fort jeune homme à tes côtés, tout se passera bien.
Elle rigole encore en secouant la tête.
— Beau et fort ? Mmh… je n'en connais pas…
— Tu veux parier ? lui lancé-je sur un ton de défi.
Elle se plante devant moi, les mains sur ses hanches.
— On parie quoi ?
— Tu veux vraiment jouer à ça ?
— Tu veux parier quoi ? insiste-t-elle.
Je rigole lui donne un baiser sur sa joue avant de lui chuchoter dans le creux de son oreille :
— Un autre bisou, où tu veux.
Puis, je la contourne avant de continuer mon chemin. Elle ne met pas longtemps à me rejoindre, un sourire en coin ne quitte pas mes lèvres. Néanmoins, Héloïse ne dit plus un mot à mes côtés.
— On donne sa langue au chat Joli Coeur ?
Je vois ses joues prendre cette magnifique teinte rosâtre. Elle se mord la lèvre en secouant la tête. Je réprime un soupir. Et si j'avais été trop loin ? Mais soudain, nous arrivons au bord de la plage où des restaurants se dessinent à perte de vue.
— Une paella, ça te tente ? proposé-je afin de changer de sujet.
— Avec plaisir… merci Chat.
Elle s'arrête et je vois ses épaules se tendre tandis que moi, je ne peux cacher mon sourire. Je me tourne entièrement vers elle, cherchant ses iris mais elle m'évite…
— Je crois que je n’ai jamais autant aimé un mot sortir de ta bouche, lui annoncé-je dans un sourire.
Je lui tends une main, et lorsqu'elle me donne la sienne, je remarque qu'elle tremble.
— Tout va bien Héloïse… d'accord ?
Elle hoche légèrement la tête avec un sourire timide puis, main dans la main, nous entrons dans un petit restaurant en pierre.
Un serveur nous installe sur une petite table à deux. Nous sommes sur la terrasse avec une vue imprenable sur la mer. Le soleil descend de plus en plus et j'ai l'impression que le cadre devient très romantique. Entre l'odeur de fruits de mer, de sel marin… c'est agréable de se retrouver ici.
Pendant que nous mangeons, nous parlons de tout et de rien mais plus particulièrement de ses frères et sœurs. Je lui pose plein de questions sur eux et je vois à quel point cela l'apaise légèrement d'en parler. J'aime la voir comme ça. Détendue, qu'elle n'ait pas peur de me dire ce qu'elle pense, qu'elle se confie… j'aime la voir prendre cette assurance qui lui manquait il y a encore quelques semaines.
Au fur et à mesure que le repas avance, le soleil continue de décliner lentement vers l'horizon. Ses derniers rayons se reflétant dans les yeux de Héloïse. Si seulement elle se rendait compte de sa beauté.
— Pourquoi tu me regardes comme ça ? J'ai de la paella partout ? me fait-elle sortir de ma rêverie.
Je rigole légèrement en secouant la tête.
— Non. Je me disais à quel point tu es magnifique.
Elle rougit avant de prendre son verre de vin blanc et d'en boire une gorgée.
— Nathan…
— Tu ne m'appelles plus chat ? la regardé-je en faisant une moue triste.
— C'était… Hum… quoi ? Qui m'appelle ? fait-elle mine de regarder partout autour d’elle.
J'explose de rire tandis qu'un sourire amusé se dessine sur ses lèvres. J'ai envie d'envoyer valser la table et de l'embrasser. Elle change délicatement de sujet et je fais comme si de rien était pendant toute la fin du repas.
Une fois celui-ci terminé et payé, nous décidons de marcher le long de la mer. Je glisse mes mains dans les poches de ma veste et elle pose sa main sur mon bras. Je dois avoir l'air d'un ado.
Les étoiles inondent désormais le ciel sans nuage. Le lune, ronde et blanche, se reflète parfaitement dans l'eau calme de la mer. L'air frais marin me fait un bien fou après ce repas copieux. Nous pouvons entendre le bruit du vas et vient de l'eau venant s'échouer sur le sable. Le rire de quelques enfants avec leurs parents s'évanouit au loin.
Héloïse marche à mes côtés, tout en me tenant le bras, et d'un geste surprenant elle vient déposer sa tête contre mon épaule. Je souris et lui dépose un doux baiser dans ses cheveux.
— Nathan… ? retentit sa douce voix dans la nuit.
— Mmh ?
— Je suis désolée d'avoir été distante avec toi cette semaine, s'excuse-t-elle dans un chuchotement.
Oh. Je fronce légèrement les sourcils en me raclant la gorge afin d'effacer mon trouble.
— Je t'avoue… que je n'ai pas compris…
Elle hoche doucement la tête. Je ne peux pas voir son visage du fait que j'ai une pleine vue sur sa tignasse, cependant, je devine à son court silence qu’elle cherche ses mots.
— Laisse les mots venir à toi Hélo. Ne réfléchis pas et explique moi… la supplié-je calmement.
Elle hoche doucement la tête, soupir avant de prendre une grande inspiration :
— Je voulais… m'éloigner un peu de toi… parce que sinon… si je reste tout le temps avec toi… j'avais peur… de… ne pas… hum… je ne sais pas comment dire…
Je m'arrête de marcher et elle fait de même. Je me tourne face à elle, nos regards se trouvent immédiatement. Je ne dis rien, je prends simplement ses mains dans les miennes, caressant sa peau douce de mes pouces. Elle se mord les lèvres, j'ai envie d'insister, j'ai envie de lui dire de me balancer tout ce qu'elle a sur le cœur. Mais je sais que c’est la meilleure façon pour elle de se braquer.
Cependant, alors que je m'attends à ce qu'elle parle, elle se rapproche de moi. D'un geste lent, maladroit. Elle se met sur la pointe des pieds. Mon cœur se met à cogner plus fort dans ma poitrine, je sens mon sang pulser dans mes veines. Mon souffle s'accélère légèrement tandis qu'elle pose ses lèvres délicates sur les miennes. Je ferme les yeux, je lâche une de ses mains pour la poser doucement sur sa joue. La sienne vient se glisser dans ma nuque tandis que nos langues dansent une valse. Sa seconde main me lâche pour agripper ma chemise. Ma main de libre, glisse alors dans le bas de son dos.
Je perds toute notion du temps et de l'espace. Je ne pense qu'à elle. Qu'à ses lèvres sur les miennes, nos souffles se mélangeant.
Soudain, ses lèvres quittent les miennes. Je ressens tout de suite le manque de celles-ci. J'aimerai plus, mais je sais que je ne peux pas succomber.
— De ça… dit-elle le souffle court. J'avais peur… de ça… et… de vouloir plus avec… toi…
Elle s'humecte les lèvres en jouant avec mes cheveux dans ma nuque. Je continue de caresser sa joue avec mon pouce, d'un geste qui se veut rassurant. J'écarquille légèrement les yeux, surpris par ses mots. Mon cœur est proche de l'explosion et si ça ne tenait qu'à moi, je m'abandonnerai à elle, tout de suite maintenant.
— Héloïse… me raclé-je la gorge. J…
Mais elle me coupe la parole, d'un doux baiser chaste.
— Je n'attends pas forcément de réponse Chat… je… je voulais juste te le dire…
Je hoche doucement la tête avec un sourire niais sur les lèvres avant de lui déposer un doux baiser sur la joue. Puis, main dans la main, nous reprenons notre balade nocturne.